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valet de chambre du prince de Poix. Il avoit tenté d'enrôler quelques personnes, entre autres le sieur Mouran, ancien chapelier de la duchesse de Berri, dont la déposition a principalement motivé la condamnation. Le jury l'a déclaré coupable, mais avec des circonstances atténuantes : il a été condamné à dix ans de détention.

· Après trois jours de débats, M. Thomas de Lahoussaye, le plus jeune des quatre fils de M. Guérin de Lahoussaye, de Josselin, qui avoit été arrêté pour chouannerie, a été condamné à la déportation, comme coupable d'attentat et de complot. Si des circonstances atténuantes n'avoient pas été admises. la peine de mort auroit été prononcée contre lui. Deux paysans du Morbihan,, arrêtés avec lui, les nommés Marouille et Leguen, ont été acquittés. Cette affaire a encore présenté le scandale de l'intervention d'un homme vendu à la police, dont la déposition chargeoit principalement les accusés; c'est le nommé Cadoret, cordonnier à Vannes, qui, accablé par la honte de son rôle, n'osa pas reparoître aux débats le second jour. A peu près semblable à celui qui figuroit dans le procès de M. Berryer, ce témoin avoit disparu. Il fallut que la police le recherchât; et, ramené à l'audience, il ne voulut plus rien dire. La cour le fit sortir, après l'avoir condamné à 100 fr. d'amende.

MM. Roche et Lionne, gérant et imprimeur du journal le Mouvement, qui ne paroît plus depuis long-temps, étoient traduits le 24 devant la cour d'assises, sous la prévention d'avoir, en février dernier, excité à la haine et au mépris du gouvernement, en critiquant les actes de l'ancien ministère. Ils ont été acquittés.

Une rixe a eu lieu la semaine dernière à la Guillotière, à Lyon, entre des sapeurs du génie et des habitués d'un bal public. On compte plusieurs blessés de part et d'autre. Une discussion fortuite a seule causé cet évènement.

On craignoit à Lyon quelques mouvemens parmi la population ouvrière pour le 21, anniversaire des trois jours de combat avec la troupe de ligne. Des mesures extraordinaires ont été prises pendant plusieurs jours. La tranquillité n'a pas été troublée.

-M. le duc de Fitz-James est opposé, pour les élections royalistes de Quimperlé, au candidat du gouvernement, qui est M. de Kermorial.

· M. de Gibert, ancien aide-de-camp du général Martial, a adressé au préfet de l'Eure sa démission des fonctions de maire de la commune de St-Germainlès-Gany, en déclarant que sa conscience ne lui permettoit plus de servir le gou

vernement.

· Le dépôt des réfugiés espagnols, à Montferrand, va être dissous. Une décision du ministre de l'intérieur supprime les secours accordés jusqu'ici, à partir du 1er janvier prochain. Cette suppression est motivée sur l'amuistie que le gouver

nement espagnol a accordée à ces exilés.

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La garde nationale de Châlons-sur-Saône est dissoute, par ordonnance du 20 novembre.

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Des commissariats de police viennent d'ètre créés à' Altkirch (Haut-Rhin) et à St-Pierre-sur-Dives, arrondissement de Lisieux (Calvados).

Le général Horace Sébastiani, député et ancien ministre des affaires étran gérǝs, est arrivé le 19 à Toulon, se rendant en Italie, où il va passer l'hiver.

Une dépêche télégraphique, transmise le 19 à Toulon, a donné l'ordre de lever l'embargo qui étoit mis sur le navire hollandais stationné dans le port. En vertu de cet ordre, qui a étonné tout le monde, les scellés ont été retirés ; mais l'on a laissé une garde de douaniers à bord du bâtiment.

On a saisi à Marseille le journal la Feuille du commerce, parce qu'il donnoit à madame la duchesse de Berri le titre de régente de France.

L'organisation de l'armée de l'Est ou de la Meuse, qui paroît destinée à être opposée à l'armée d'observation de la Prusse, se poursuit avec activité. Le centre est à Verdun.

Les nommés Bonnigal, Roches et Besnard, accusés de voies de fait envers la force publique, à l'occasion du passage à Amboise des chefs vendéens, ont été condamnés par la cour d'assises d'Indre-et-Loire, le premier à vingt jours d'emprisonnement et les deux autres à dix jours de la même peine.

Marie Bossy n'est pas la seule domestique des demoiselles Duguigny qui soit restée inflexible à l'or et aux menaces de la police; on cite encore sa compagne, Charlotte Moreau. La fille Marie Bossy a demandé que sa compagne partageât le produit de la souscription ouverte par quelques journaux. Elle voudroit même refuser ces offres en ce qui la concerne, déclarant qu'elle n'a fait que son devoir.

Le commissaire de police Joly, l'un des principaux agens de l'arrestation de madame la duchesse, et qui faisoit partie de son escorte jusqu'à Blaye, reste dans la citadelle pour s'occuper de la surveillance.

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M. Legallois, capitaine de vaisseau qui commandoit à Ancône, est arrivé à Alger, pour prendre le commandement de la station navale, en remplacement de M. Cosmao-Dumanoir.

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- L'armée du Nord aux ordres de M. le maréchal Gérard a complété son mouvement devant Anvers. Les divisions Sébastiani et Fabre devront fournir les troupes chargées des opérations du siége, et occuper les postes sur la rive gauche de l'Escaut pour la défense des digues. Les divisions Janin et Achard sont en avant, en corps d'observation, pour couvrir les routes de Breda et de Berg-opZoom; elles sont éclairées par les brigades de cavalerie légère du duc d'Orléans et des généraux Lawoestine et Simonneau. La cavalerie de réserve, ayant avec elle la division d'infanterie du général Schramm, est entrée en ligne; ainsi tous les préparatifs sont terminés, et si le géuéral Chassé fait une réponse négative à la sommation, le siége commencera avant la fin du mois.

Les croiseurs anglais et français continuent à capturer des bâtimens hollandais dans la mer du Nord. Le 16, deux frégates des escadres forcèrent, à coups de canon, en vue de l'île Schowen, un grand nombre de navires danois et hanovriens à arborer leurs couleurs.

Un accident fâcheux a eu lieu le 17 à deux bâtimens des flottes combinées. La nuit étant fort obscure, le vaisseau anglais le Talavera, et la frégate la Calypso, courant à bord opposé, se heurtèrent inopinément. Le côté de båbord de la frégale fut enfoncé, et son grand mât craqué en trois endroits. Le vaisseau anglais perdit son beaupré et un taillemer. La frégate faisant 40 pouces d'eau fut dirigée vers la Tamise, accompagnée du Talavera. L'amirauté fait réparer à Chatam ces bâtimens.

- La discussion de l'adresse a été calme et prompte au sénat de la Belgique; On y a inséré un paragraphe relatif à la détention de M. Thorn. M. le baron de Stassart, président du sénat, a présenté le 19 novembre cette adresse, qui étoit favorable au ministère.

La discussion de l'adresse a occupé les dernières séances de la chambre des représentans de la Belgique. Les orateurs de l'opposition ont critiqué la marche suivie dans la question relative à la Hollande, et ont paru étonnés de ce que les troupes belges ne remplissoient aucun rôle dans la guerre qui commençoit. Le ministre de l'intérieur a répondu que, si une seule bombe étoit lancée sur la ville d'Anvers, ou, si les Hollandais faisoient un pas sur le territoire, l'armée belge seroit appelée au combat. On a repoussé l'épithète de généreuse que M. de Robiano vouloit faire donner à la France.

M. le comte F. de Mérode a inséré, dans l'Union de Bruxelles, une lettre dans laquelle il critique la démarche de M. Janvier en faveur de madame la duchesse de Berri, et traite la princesse d'une manière assez impertinente. On ne conçoit pas qu'un homme du nom de M. de Mérode ait mis son nom à cette diatribe. Il ne faut pas croire que, parce qu'on est libéral et révolutionnaire, on ait le droit d'insulter à une princesse et à une princesse malheureuse. La qualité de neveu de Lafayette a porté malheur à M. de Mérode.

Le roi de Hollande a ordonné la formation en bataillons des hommes des trois bancs de la schuttery, qui ne sont pas encore mobilisés, sous la dénomination de réserve de la schuttery. Ils ne pourront quitter leurs communes, etl seront exercés deux fois par semaine.

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- Le projet de loi relatif aux dépenses extraordinaires de 1833 a été voté aux états-généraux de Hollande, à la majorité de 34 contre 12. Les orateurs ont tous insisté sur la nécessité à donner au gouvernement les moyens de soutenir l'honneur de la Néerlande.

Le général Chassé a adressé le 18 novembre une proclamation aux troupes de la garnison d'Anvers. Il cherche à ranimer tout leur courage, pour se défendre jusqu'à la dernière extrémité.

– On prétend que les élections anglaises qui auront lieu à la fin de décembre ne se préparent pas en faveur du ministère Grey. La guerre contre la Hollande et l'alliance avec la France ont assez déplu en Angleterre, pour que la population cherche à renverser le cabinet en entier.

Le roi de Prusse est malade, mais son état n'a rien d'inquiétant. Sa perte seroit un évènement dans la situation actuelle des affaires en Europe.

Dans le cours de cette année, 26 journaux allemands ont été interdits. La diète en a supprimé 11, et les différens gouvernemens 15.

La popnlation de Pétersbourg étoit, au 1er septembre dernier, de 479,993 personnes, dont 335,336 hommes et 140,757 femmes. C'est probablement la seule capitale où la disproportion numérique entre les deux sexes soit aussi grande.

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Un envoyé extraordinaire de l'Amérique centrale, M. Herrera, vient d'être accrédité à Paris.

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Les dernières nouvelles de la Syrie annoncent que Hussein-Pacha a livré les gorges du Taurus à l'armée égyptienne, et s'est retiré à son approche, sans opposer de résistance.

Extrait d'une lettre du Père Marie-Joseph de Géramb, religieux Trappiste, datée du Mont-Carmel en Syrie, le 18 juillet 1832.

« Il y a trois jours que je suis arrivé ici de Nazareth. Le monastère des Carmes où je suis descendu n'est encore qu'à moitié rebâti. Il fut brûlé et ruiné de fond en comble il y a quelques années par l'ordre d'Abdallah, pacha d'Acre, qui s'imagina que deux bons religieux qui y demeuroient songeoient à s'y fortifier. On répare aujourd'hui le couvent, et il y a déjà quelques chambres habitables. Celle que j'occupe a vue sur la mer, sur des montagnes imposantes et sauvages et sur Caiffa, qui est au pied du Carmel. Vis-à-vis et au bout de la baie, on voit SaintJean d'Acre ou plutôt les ruines de cette ville abîmée sous une nuée de boulets et de bombes qui n'ont cessé de tomber sur elle pendant six mois. Ainsi s'est écroulé ce repaire du despotisme où des pachas se jouoient depuis tant d'années de la vie des hommes. Le dernier de ces brigands a montré une lâcheté qui ne sauroit étonner au surplus de la part de l'assassin de Malhem-Hahim, son bienfaiteur. Pendant les six mois que la garnison s'est vaillamment défendue, Abdallah n'est sorti de son harem que le dernier jour. Lorsqu'il reçut l'ordre de paroître devant Ibrahim, qui lui envoya un mouchoir blanc comme une sauvegarde, il se le mit au cou, se jeta tout tremblant aux pieds du vainqueur, embrassa ses bottes et lui demanda pardon en pleurant.

» On m'avoit engagé à aller à Saint-Jean d'Acre et à voir Ibrahim, Cette curiosité m'a paru déplacée dans un péleriu. Après avoir suivi avec respect les traces du Sauveur dans les lieux marqués par tant de mystères, il m'eût été pénible de voir les vestiges de la guerre, des dévastations et de la barbarie. Tout ce sol fume encore de sang humain. Ibrahim peut avoir des talens, mais son entreprise n'est au fond qu'une révolte. Quelle malheureuse contrée! On diroit qu'elle est destinée par la Providence à être le théâtre d'éternelles calamités.

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Hier, appuyé sur ma fenêtre, je considérois cet amas de ruines sur lesquelles la lune répandoit une pâle clarté. Il me sembloit y voir l'ombre de Djezzar, pacha, dégouttante encore de sang et assise sur des cadavres. Les monstres dont l'antiquité nous a transmis le souvenir n'avoient rien de plus odieux que ce tyran farouche, et on en raconte des choses effroyables. Cependant on cite aussi de lui des traits

qui prouvent qu'il n'avoit pas totalement abjuré les sentimens d'humanité. Il fut clément envers Soliman, qui l'avoit cruellement offensé, et il se montra juste une fois envers un père de famille. Le récit en est assez curieux; voici le fait, tel qu'on me l'a rapporté.

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Un jeune chrétien à qui Djezzar témoignoit quelque intérêt, devoit se marier. Il logeoit dans une maison dont la meilleure pièce étoit au second étage. Cette pièce étoit occupée par son père, vieillard infirme. Pour plaire à sa future, il le prie de lui céder son logement pour quelques semaines, promettant de le lui rendre peu après le mariage. Le père y consentit et descendit au rez-de-chaussée qui n'étoit ni agréable ni sain. Au bout d'un mois, le père redemande sa chambre, on le prie de la laisser encore. Il y consent; mais, quand il vient la demander au terme convenu, le fils refuse de la céder et maltraite même son père. Tout le quartier étoit indigné de ce procédé. Djezzar en fut instrnit par ses espions; il mande le fils et le reçoit devant le divan rassemblé.

signe de la croix.

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» De quelle religion es-tu, dit le pacha en colère? L'autre épouvanté ne répondoit pas. Le pacha répète sa question. Le jeune homme répond qu'il est de la religion chrétienne. Eh bien! fais donc le signe des chrétiens. Le fils fait le Prononce les paroles. Le fils dit: Au nom du Père, du Fils... en portant sa main, comme à l'ordinaire au front d'abord, puis à la poitrine. Ah! dit Djezzar d'une voix terrible, le père est sur le front et le fils sur la poitrine; le père est donc en haut et le fils en bas. Va, malheureux à ta maison, et si dans un quart d'heure il n'en est pas ainsi, ta tête roulera bientôt dans la poussière. Nous n'avons pas besoin d'ajouter que le jeune homme alla demander pardon ́à son père et rétablit tout dans l'ordre. On savoit trop que les menaces de Djezzar n'étoient pas vaines.

Plusieurs abonnés, qui ne possèdent pas la collection des OEuvres de Fénelon, ont demandé s'ils pourroient se procurer la Revue de ces OEuvres, que nous avons annoncée, et qui est un ouvrage extrêmement remarquable par la sagesse de la critique, et par l'intérêt, la clarté et l'à-propos des discussions. Nous nous empressons d'annoncer qu'il a été fait un tirage à part de cette Revue, dont le prix est de 4 fr., et 4 fr. 75 c. franc de port, au bureau de ce journal.

COURS DES EFFETS PUBLICS.

Le Gérant, Adrien Le Clere.

- Bourse du 26 novembre 1832.

Trois pour 100, jouissance du 22 juin, ouvert à 67 fr. 25 c., et fermé à 67 fr. 25 c. Cinq pour 100,jouissance du 22 sept., ouvert à 96 fr. 00 c., et fermé à 95 fr. 95 c. Actions de la Banque.

1655 fr. oo c.

IMPRIMERIE D'AD, LE CLERE ET COMP.

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