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Un article de la Gazette de l'Ouest sur la procession de Brillac, dont nous avons parlé n° 2004, 2009 et 2015, a donné lieu à une plainte du fils dur maire de Brillac, le sieur Joseph Peyraud, contre les gérans de la Gazette. Ik se plaignoit qu'on lui eût fait jouer dans l'article un rôle assez ridicule. Il a plaidé lui-même son affaire, le 9 novembre dernier, à l'audience du tribunal correctionnel de Confolens, et a beaucoup déclamé contre le jeune et estimable curé de Brillac. MM. de la Bouralière et de Verdilhac, gérans de la Gazette, ont été défendus par M. Eugène Guillemeteau, avocat d'Angoulême. Il a rappelé l'affaire de M. Chabaudie devant le même tribunal, et a déclaré qu'il partageoit les principes de la Gazette. Il a ensuite discuté les faits et montré qu'ils ne pouvoient constituer un délit. M. Gueret, procureur du Roi, a soutenu l'accusation, et a conclu à 10 jours de prison et 25 fr. d'amende pour les prévenus. M. Guillemeteau a répliqué pour eux, et ils ont été renvoyés de la plainte, et le lieutenant Peyraud condamné aux dépens. Tout n'est pas rose, même pour les amis de la révolution.

--L'assassinat de M. Delpech, à Montpellier, que nous avons déjà annoncé, est un évènement affreux par toutes ses circonstances. Ce professeur jouissoit d'une réputation bien méritée par son caractère, par ses counoissances, par ses travaux, par les services qu'il avoit rendus, par ceux qu'il pouvoit rendre encore. M. Jean Delpech étoit né à Toulouse, en 1772, de parens sans fortune. Il perdit son père de bonne heure; mais sa mère, femme de mérite, pourvut à son éducation. Il commença ses études de chirurgie à Montpellier, et les acheva à Paris sous M. Boyer. En 1813, la chaire de clinique chirurgicale de Montpellier étant venue à vaquer par la mort du professeur Méjean, fut mise au concours; M. Delpech l'emporta sur ses concurrens. Il se distingua dans cette place par la facilité de son élocution, comme il se distinguoit dans la pratique par l'habileté de ses opérations. Sa clinique à l'hôpital Saint-Eloi étoit fort suivie, et avoit une grande réputation. Louis XVIII et Charles X lui avoient donné des marques de bienveillance et d'estime. M. Delpech ne fut point ingrat; il alla en Ecosse visiter la famille exilée, et publia à son retour un ouvrage sur le choléra, qu'il avoit observé à Sunderland. A mesure que la fortune lui sourit, il se plut à la partager avec sa mère, qui a la douleur de lui survivre. Il avoit quatre fils, et leur incufquoit, dit un journal du Midi, l'amour de la religion par ses entretiens, et surtout par ses exemples. On assure qu'exact à remplir les devoirs qu'elle impose, il approchoit même des sacremens plusieurs fois dans l'année; que, quand il fit le voyage d'Angleterre, il s'y prépara en chrétien, et qu'il se faisoit honneur de suivre les instructions de M. l'évêque de Montpellier. L'établissement qu'il avoit formé, pour le traitement des enfans attaqués de quelques infirmités, contribua à sa fortune autant qu'à sa renommée. Tel est l'homme qu'un misérable, auquel il avoit donné ses soins, a ravi à sa famille et à la société. Le 29 octobre, à une heure après midi, M. Delpech fut assassiné sur la grande route, à cent pas de Montpellier; son domestique, qui étoit à côté de lui dans son cabriolet, fut tué aussi. L'auteur du crime étoit un sieur Demptos, de Bordeaux, qui avoit été dans l'éta

blissement orthopédique de M. Delpech; il en étoit sorti guéri, et on n'a que des conjectures sur le motif qui a pu le porter à ce meurtre. Le fait est qu'il guettoît M. Delpech, et que, le voyant venir en cabriolet, il sortit et tira deux coups de fusil, dont le premier tua le domestique, et le second le professeur. Le cheval effrayé prit le galop, et M. Delpech tomba de son cabriolet, et expira sur la route. Un cri d'horreur s'éleva de toutes parts; la foule se rassembloit. Pendant ce temps le meurtrier, étant monté dans sa chambre, se brûla la cervelle d'un coup de pistolet; on en a trouvé un second dans sa poche. Le fusil fatal étoit à ses pieds. Toute la ville a été consternée de cet évènement, et chacun s'est fait un devoir d'assister aux obsèques de l'habile professeur, On a de lui plusieurs ouvrages, tous sur la médecine et la chirurgie; un Mémoire sur la pourriture d'hôpital en 1815; un Traité des maladies réputées chirurgicales, 1816, 3 vol. in-8°; la Chirurgie clinique de Montpellier, 2 vol.; de l'Orthomorphie, 2 vol.; le Mémorial des hôpitaux de Montpellier et du Midi, qu'il rédigea peresque seul pendant deux ans ; un Traité du cholera-morbus, etc. Un propriétaire du village de Sachy, près Carignan, département des Ardennes, en cultivant son champ, a trouvé trois pièces d'or et 183 pièces d'argent. Ces pièces, collées emsemble par le vert-de-gris dont elles étoient couvertes, formoient une espèce de pelote. Elles avoient sans doute conservé la forme que leur avoit imprimée le vase qui les contenoit et dont on n'a retrouvé aucun vestige. Il a fallu, pour les dégager de cette couche de vert-de-gris, employer l'eau-forte affaiblie par quatre fois autant d'eau naturelle. Ces pièces sont parfaitement bien conservées. Celles d'or, qui étoient placées au centre de la pelote, pèsent un peu plus qu'une pièce de vingt francs; et celles d'argent pèsent un peu moins qu'une pièce de quinze sous. Elles sont des règnes de Domitien, de Nerva, de Trajan, d'Adrien, d'Antonin-le-Pieux et de Marc-Aurèle. Comme il y en a peu de ce dernier, il est probable que c'est sous son règne que le trésor a été enfoui près ́du monlin de Sachy. Parmi ces pièces il s'en trouve quelques unes de Sabine, femme d'Adrien; de Faustine, femme d'Antonin-le-Pieux, et d'Ania Faustine, fille de la précédente et femme de Marc-Aurèle. En creusant au-dessous de la place où étoit le trésor, le propriétaire a trouvé un petit vase de terre cuite si défectueux, que le moindre contact l'a fait tomber en petits morceaux. Les objets renfermés dans ce vase lui ont paru être des cendres et des petits os brûlés. On sait que les anciens, dans leurs voyages ou dans leurs émigrations, emportoient souvent avec eux les cendres et les os de leurs ancêtres, et les regardoient comme la portion la plus précieuse de leur trésor.

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Les protestations en faveur de madame la duchesse de Berri se multiplient. A celles que nous avons mentionnées, il faut joindre actuellement les adresses à la princesse, signées par de nombreux habitans des villes de Lyon, d'Alby, de Montauban et de Clermont-l'Hérault. Les dames de Montpellier et de Montauban, en particulier, ont rédigé une adresse à S. A. R. Les dames de la Halle de Bordeaux, ne pouvant être admise par députation auprès d'elle, lui ont envoyé un magnifique bouquet ; mais il a été confisqué par les geoliers de l'anguste captive.

M. l'amiral Roussin, qui vient d'être nommé à l'ambassade de Constantinople, joindra à ses fonctions diplomatiques la direction supérieure des forces navales françaises dans le Levant.

Le maréchal-de-camp baron de Lascours est nommé au commandement de la première brigade d'infanterie de la garnison de Paris, en remplacement du général Schramm, qui passe à l'armée active, par suite de sa promotion au grade de lieutenant-général.

M. Dunoyer, préfet de la Mayenne, passe à la préfecture de la Somme, et est remplacé par M. Boby de La Chapelle, préfet de Seine-et-Marne.

M. Fumeron-d'Ardeuil, qui étoit préfet de la Somme, est nommé directeur de l'administration départementale et communale au ministère du commerce ét des travaux publics. M. Didier est nommé directeur du personnel des établissemens d'utilité publique et de bienfaisance, et du haras au même ministère.

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M. Dechamps et Blot sont nommés sous-préfets à Cosme et à Villefranche (Rhône).

Le 26, la cour d'assises a condamné les nommés Pluvinet et Santenoye, qui avoient recélé à cette époque de la poudre volée, le premier à 5 ans de réclusion, et l'autre à 3 ans d'emprisonnement; le sieur Brocard, qui avoit désarmé un garde national, à 18 mois de la même peine, et les sieurs Thielement et marchand, accusés d'avoir pris part à l'insurrection, à 7 ans de détention : ces deux derniers faisoient partie de l'association gauloise, dont le but étoit à ce qu'il paroît le renversement du gouvernement.

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Le 27 a comparu la fille Louise Bretagne, marchande ambulante de fruits, décorée de la médaille de juillet, qui, le 6 juin, avoit excité des habitans de la Cité à s'insurger et à construire des barricades. Elle a été condamnée à cinq ans d'emprisonnement, et s'est répandu après l'arrêt en injures contre les jurés.

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Une ordonnance du 27 novembre autorise l'établissement d'un entrepôt réel dans la ville de Metz.

L'état général du recensement des citoyens portés définitivement au contrôle de la garde nationale mobile du département de la Seine, tel qu'il a été arrêté à l'Hôtel-de-Ville le 27 novembre dernier, est de 69,759.

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Sur la proposition de M. Parquin, bâtonnier de l'ordre des avocats, seil de discipline a nommé une commission chargée de réunir les matériaux nécessaires à la rédaction d'un projet de loi ou règlement sur l'exercice de la profession d'avocat, lequel projet sera soumis ultérieurement à l'autorité. Cette commission est composée de MM. Archambault, Hennequin, Gairal, Lami, Caubert, Dupin jeune et Mollot. Elle sera présidée par M. Parquin.

- Les journaux ministériels comtinuent à faire mention d'adresses de félicitations de conseils municipaux et de gardes nationales, à l'occasion de l'évènement du Pont-Royal. On sait que ces adresses sont provoquées par les préfets.

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- L'instruction relative à l'évènement du Pont-Royal se poursuit avec activité.

Aucune charge sérieuse ne s'élève, dit-on, contre les individus arrêtés. MM. Flocond, Donneaud, Romagny et Bravard ont été mis en liberté, M. le chevalier d'Ariol, ancien introducteur des ambassadeurs, que l'on a arrêté dernièrement, est prévenu de complicité dans cette affaire. La cour royale a joint les poursuites commencées contre lui avec celles dirigées contre les autres accusés.

M. Jules Marnier, lieutenant-colonel au corps royal de l'état-major, vient, par une décision du ministre de la guerre, d'ètre attaché au cabinet de M. le lieutenant-général Schneider, directeur du personnel et des opérations militaires.

Dans son audience du 28, la cour d'assises a acquitté les sieurs Sarrazin et Contat, accusés d'avoir pris part aux actes des 5 et 6 juin, le premier par des cris séditieux, et l'autre par des violences envers un garde national.

- L'Espérance, journal du peuple, vient d'être saisi, pour offense envers Louis-Philippe et un prince de sa famille.

- M. Lachassaigne, auteur d'une Lettre à Louis-Philippe, publiée il y a un mois, et qui avoit été saisie, vient d'être arrêté.

Les journaux royalistes de province, tels que la Gazette de l'Ouest, du Maine, de Metz, se sont empressés d'ouvrir des souscriptions en faveur de la fidèle et courageuse Marie Bossy. M. Denef, libraire, à Nanci, a pris le même parti.

- Au mois de septembre dernier, M. Bact, chef de bataillon de la garde nationale des Carrières-St-Denis, avoit été insulté an moment de l'exercice par le nommé Cardon, dit Bibi, pompier dans cette garde, et il s'en étoit même suivi sur le terrain, entre ces deux personnes, un duel à coups de poing, où le ponpier fut maltraité. Traduit au tribunal correctionnel de Versailles, Cardon n'a été condamné, attendu ces circonstances atténuantes, qu'à 50 fr. d'amende. La compagnie de pompiers, qui avoit montré de la rébellion contre le commandant Bact, a été dissoute par l'autorité.

MM. Maillard - Delamorandais, Julien, Legrand, Lefevre-Dethimart, Garanton. Dufresne, Lelièvre et M. l'abbé Bodet, transférés devant la cour d'assises de Blois comme accusés de complot dans l'Ouest, ont été acquittés le 21 novembre. M. Janvier a défendu avec talent M. Dufresne. Ce procès a aussi offert en petit les circonstances scandaleuses qui avoient signalé celui de M. Berryer. Deux lettres avoient été saisies au domicile de M. Delamorandais, pendant son absence: elles portoient la date de septembre 1831, mais cette date en a été déchirée pour ajouter aux charges.

Le conseil municipal de Tours avoit été convoqué par le maire, le 23 novembre, pour rédiger une adresse sur l'attentat du 19. La majorité du conseil a pensé qu'il n'entroit pas dans ses attributions de s'occuper d'une adresse qui pouvoit entraîner dans des discussions politiques, qui, d'après la loi, ne doivent point avoir lieu dans le sein des conseils municipaux.

M. Lecoutre de Beauvais, gérant de la Gazette de Guyenne, a été ar

rêté à la suite de la saisie du numéro du 25, pour un article relatif à madame la duchesse de Berri. Un mandat de comparution a été lancé contre M. Petit, capitaine au long cours, domicilié à St-André-de-Cabzac.

- M. Foy, aide-de-camp du ministre de la guerre, est depuis quelques jours à Blaye, où il est chargé d'une mission qui se rattache, à ce qu'il paroît, aux moyens de surveillance de la citadelle.

La discussion de l'adresse a continué les 26 et 27 à la chambre des représentans de Belgique. Des orateurs de l'opposition ont encore prononcé des discours véhémens. On a cependant adopté, mais seulement à la majorité de 44 contre 42, un amendement de M. Dumont, portant qu'au milieu des circonstances pressantes et dans l'état incomplet des négociations, la chambre croit, dans l'intérêt de l'Etat, devoir s'abstenir de se prononcer sur la marche suivie par le ministère. Du reste, cet amendement exprime le vœu que le roi Léopold défende avec la dernière énergie les droits et les intérêts des Belges et l'honneur national, la mesure des concessions étant comblée depuis long-temps. L'adresse a été adoptée le 27, à la majorité de 44 contre 38. A l'ouverture de cette séance, M. Lebeau, ministre de la justice, a annoncé à la chambre qu'à la suite du vote de la veille, qui n'a eu lieu qu'au moyen des voix des ministres députés, ceuxci avoient cru devoir offrir leur démission au Roi. On ne sait si ces démissions ont été acceptées.

Plusieurs journaux ayant parlé de mouvemens de troupes qui auroient lieu en Pologne, le Courrier de Varsovie à été chargé d'annoncer qu'il n'y a eu d'autres mouvemens qu'un changement dans la garnison de cette capitale, et la concentration d'nn corps pour les manœuvres ordinaires d'automne, après lesquelles ces différens détachemens retourneront dans leurs quartiers.

Les troupes russes, cantonnées dans la Moldavie et la Valachie, ont reçu ces mois derniers des renforts considérables; ce qui, joint à l'armement général de la population, donne aux principautés un aspect assez belliqueux. Plusieurs nouveaux régimens sont aussi entrés dans la Bessarabie; de manière que les forces, rassemblées dans les principautés, sont plus considérables qu'avant la révolution de Pologne, et peuvent être évaluées à jo ou So,coo hommes.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

La séance du 27 s'étant prolongée jusqu'à sept heures du soir, nous n'en avons donné qu'un tableau succinct dans le précédent numéro.

M. Roul a fait une sortie contre l'opposition de la tribune et celle de la presse; il les a représentées comme les instigateurs des émeutes. Dans ses observations assez vives, et qui n'ont cessé de soulever des murmures, il n'a pas craint de solliciter des lois d'exception.

Après MM. Havin et Giraud, M. de Sade a critiqué fortement l'état de siége et

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