Images de page
PDF
ePub

ment de Neufchâtel n'ont point voulu s'associer à cet espionnage, et l'ont témoigné hautement dans leurs réponses à M. le souspréfet.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. A côté du grand Turenne, qu'un boulet venoit d'étendre mort, le général Saint-Hilaire se trouvoit aussi renversé par une grave blessure. Comme le fils de ce dernier, uniquement occupé de l'auteur de ses jours, étoit tout entier à sa douleur filiale : « Ce n'est pas sur moi, lui dit son généreux père, c'est sur ce grand homme qu'il faut pleurer....» Il se passe dans ce moment au fort de Ham quelque chose qui rappelle cette scène touchante. M. de Peyronnet et M. de Guernon, Ranville, les yeux tournés vers le château de Blaye, montrent de loin à leurs amis l'auguste prisonnière qu'il renferme, C'est elle qui occupe leurs tristes pensées; ponr elle qu'ils demandent des larmes et des attendrissemens. M. de Peyronnet a déjà exprimé ses douleurs dans un journal, et l'on annonce pour samedi pro chain, un écrit sur le mème sujet, de la part de son compagnon d'infortune. Il semble que la tradition des nobles sentimens ne puisse jamais se perdre en France,

c'est

Il paroît que les idées ne sont pas encore bien nettes sur l'essence de la royauté de juillet. Le parti de M. Guizot tient toujours à ce que Louis-Philippe soit sorti du vœu national, de préférence à tous les autres, parce qu'il y avoit de la quasi-légitimité dans son fait. Le parti de M. Dupin, au contraire, veut que l'élection du Roi des Français soit un acte de souveraineté nationale, uniquement dú au mérite personnel du candidat; mérite tellement supérieur et incontestable, que la tache du nom de Bourbon n'y a rien fait. La déconverte de M. le président de la chambre des députés, sou quoique Bourbon, a même reçu les honneurs dú bis, à la tribune, de la part d'un de ses anciens confrères du barreau de Paris; lequel s'est plu à répéter que c'étoit le mot le plus pittoresque qui pût s'appliquer au vœu national du 7 août 1830. Pour le dire en passant, M. Dupin, qui en est l'anteur, a fait un signe de tête approbatif, comme pour marquer que c'étoit une réminiscence qui ne lui déplaisoit pas. Ainsi, voilà déjà deux manières d'envisager la royauté de juillet. Mais ce n'est pas tout: Un nouveau pair de France, M. le comte de Montlosier, prétend que Louis-Philippe règne eu vertu de son droit héréditaire, et que c'est la vieille constitution monarchique qui l'a fait ce qu'il est. S'il n'y avoit pas quelque témérité à vouloir prononcer entre ces trois opinions, nous dirions qu'elles se valent toutes, et que cependant aucune des trois ne dispense d'en chercher une quatrième, si l'on tient à en avoir une bonne.

[ocr errors]

Un journal, qui se donne pour le principal organe de la république, nous paroît manquer aux principes de son parti, dans une vive sortie qu'il vient de faire contre M. le député Roul. D'abord, il reproche à ce M. Roul de n'être qu'un maître de roulage, qui n'est venu à bout de se faire nommer qu'en mettant tous ses chariots en mouvement pour envoyer chercher un supplément d'électeurs dont il avoit besoin. Ses griefs contre lui sont fondés sur ce qu'un homme de cette farine, si bas placé de toute façon, étoit un indigne con

current par rapport au candidat qu'il ́a supplanté. Et! bon Dieu, d'où nous viennent donc ces nouveaux républicains, ces espèces de talons-rougés de la révolution de juillet! On ne les reconnoît plus à ce ton de hauteur dont ils parlent des hommes de néant et bas placés que le nouvel ordre de choses fait surgir. Ne devroient-ils pas être enchantés de voir que les honneurs aillent chercher les simples rouliers à leurs chariots, comme la république romaine envoyoit autrefois chercher les Cincinnatus à leur charrue ? Ah! la révolution de juillet a bien raison de dire qu'elle ne veut pas ressembler à sa mère : celle-ci n'étoit pas si fière, vraiment. Elle alloit fort bien trouver les tisserands à leur navette pour les constituer législateurs et juges des tyrans.""

On sait, dit la Gazette de l'Ouest, que l'évêché de Poitiers fut bâti du temps de M. de Pradt. A cette époque, la ville' fit placer 'd ¿devant la porte d'entrée un réverbère, qui éclairoit en même temps la place de l'évêché et la rue adjacente. Dernièrement, le maire, M. Regnault, a jugé dans sa sagesse que la ville seroit bien plus riche, si elle avoit un réverbère de moins à allumer, et il écrivit à M. l'évêque pour lui annoncer que, s'il vouloit avoir un réverbère à sa porte, il faudroit qu'il le payât. Le prélat crut que le maire ne connoissoit pas bien les localités, et lui répondit que le réverbère en litige n'éclairoit pas seulement la porte de l'évêché, mais une place publique et une rue qui ne seroient plus praticables, si on le supprimoit, M. Regnault, homme d'expédiens, a imaginéė un moyen. Le réverbère a trois becs; on continuera d'en allumer un pour la place et un pour la rue, mais on supprimera le troisième. Cette importante décision a été notifiée à l'allumeur public, et elle s'exécute ponctuellement. Honneur, dit la Gazette, à l'administration prévoyante et économe qui augmente de 50,000 fr. nos octrois, mais qui, en revanche, a su retrancher dans nos dépenses un bec de réverbère.

1

La députation de la chambre des pairs a présenté l'adresse le 29 novembre à huit heures du soir. Louis-Philippe a répondu qu'il étoit satisfait d'y trouver des sentimens conformes aux siens, et il a remercié les pairs de leur empressement à lui témoigner leur indignation de la tentative du 19 novembre. Nous ne donnons pas le texte de cette adresse, qui n'est qu'une simple paraphrase du discours de la couronne, et qui n'a subi aucune modification lors de sa discussion. Nous aurons soin de publier l'adresse de la chambre des députés, qui a été coutroversée, et qui est plus remarquable sous différens rapports.

Soixante-huit départemens ont fait connoître jusqu'à ce jour le relevé numérique du recensement des citoyens mobilisables. Le total s'élève à 1,465,948 individus, dont 927,402 célibataires de 20 à 35 ans : c'est environ 60 mobilisables sur 1,000 habitans. En évaluant sur le même pied le relevé numérique des dix-huit départemens qui n'ont pas encore fourni les renseignemeus, le total des gardes nationaux mobiles des différentes classes iroit à 1,945,896.

-

La commission chargée d'examiner le projet de loi des trois douzièmes provisoires est composée de MM. Lepelletier d'Aulnay, Odier, de Montépin, Pavée de Vaudeuvre, Ch. Dupin, Bailliot, Sapey, d'Estourmet, de Mosbourg.

M. de Schonen a donné sa démission de colonel de la 9" légion de la garde nationale. Son élection étoit attaquée, et l'annulation en étoit poursuivie avec succès devant le jury de révision. Mais M. de Schonen, dans une lettre adressée aux journaux, a soin de motiver sa démission sur le besoin de vaquer plus librement à ses travaux législatifs et judiciaires.

- La police a saisi le 20 novembre, chez les libraires du Palais-Royal et chez l'auteur, une brochure intitulée : Première Philippique, au roi Louis-Philippe, par M. Parfait.

On a saisi également l'écrit légitimiste intitulé: Madame, Nantes et Blaye, par M. de Chollet, comme renfermant des offenses envers Louis-Philippe et sa famille; et chez M. Fonrouge, imprimeur lithographe, un dessin intitulé : Première course dans les montagnes, qui n'a rien autre chose de séditienx que la représentation d'une promenade de M. le duc de Bordeaux.

[ocr errors]

M. de Balbi, auteur d'une Géographie étendue et de plusieurs tableaux géographiques, vient d'être nommé membre de la société de géographie.

Vingt-cinq témoins ont été entendus le 30 novembre par M. le conseiller Vincens St-Laurent, sur le coup de pistolet du Pont-Royal. La demoiselle Boury a été interrogée. Plusieurs personnes ont été confrontées avec cette femme, qui est restée pendant plusieurs heures chez M. Vincens.

[ocr errors]

On a arrêté le 29 novembre, à Chauny (Aisne), le jeune Benoît, officier de santé, compromis dans l'affaire du coup de pistolet. Le préfet avoit reçn de Paris, dans la nuit, les ordres nécessaires. M. Benoît a été aussitôt transféré à Paris.

La cour de cassation a rejeté le pourvoi de M. Bacchi, propriétaire du Carlo-Alberto, contre l'arrêt de la cour royale d'Aix, qui a refusé de juger l'action en revendication du navire, par la raison que la cour d'assises du Rhône est saisie du procès contre les passagers.

La cour de cassation, malgré les efforts de M. Mandaroux-Vertamy, a rejeté le pourvoi de la Gazette de France contre l'arrêt de la chambre d'accusation qui la traduit devant les assises, à raison d'un article où les droits de Louis-Philippe au trône sont discutés.

M. Viennot, gérant du Corsaire, étoit prévenu de provocation à la rébellion dans deux articles relatifs aux évènemens de juin. Traduit le 30 novembre devant la cour d'assises, il a été défendu par M. Moulin et acquitté.

Après cette affaire, a été plaidée celle de M. Ledieu, poursuivi pour excitation à la haine et au mépris du gouvernement,.et diffamation envers le ministre de la guerre, dans une brochure publiée à l'occasion des mêmes évènemens. M. Ledien a lu un discours pour sa défense. M. Mermilliod, avocat, a ajouté quelques observations en sa faveur. Le prévenu n'a été déclaré coupable que du second délit. Il a été condamné à 6 mois de prison et 500 fr. d'amende.

M. de Calvimont, gérant du Revenant, a été condamné par défaut, le même jour, à 6 mois de prison et 2000 fr. d'amende, pour diffamation envers le préfet de Maine-et-Loire, en annonçant que ce fonctionnaire avoit traité avec inhumanité les quatre enfans du chouan Pottier.

er

M. Sugier, qui avoit été traduit dernièrement devant les assises, comme ayant porté le fameux drapeau républicain du 5 juin, y étoit cité le 1' décembre - pour délit de la presse, en sa qualité d'éditeur de Jérôme-le-Franc-Parleur. Il a été également acquitté.

[ocr errors]

-La 1 chambre de la cour royale, présidée par M. Brière de Valigny, a prononcé samedi sur le procès en nullité de testament du duc de Bourbon. Ni M. Hennequin, qui avoit plaidé en première instance pour la famille de Rohan, ni l'avoué qui s'étoit constitué devant la cour, ne se sont présentés, quoique les conclusions respectives eussent été prises. La cour, après avoir entendu de courtes explications de M. Philippe Dupin pour M. le duc d'Aumale, et de M. Lavaux pour madame de Feuchèrea, a, conformément aux conclusions de M. Delapalmę, avocal-général, confirmé le jugement du tribunal de première instance, qui ordonne que le testament sera exécuté selon sa forme et teneur.

Le prix du paiu de quatre livres est élevé de 11 sous et demi à 12 sous, à partir du 1er décembre.

On a remarqué que la chambre des députés avoit accueilli avec indifférence et même avec dégoût les documens de police dont M. d'Argout est venu la fatiguer, pour établir que l'on avoit poursuivi avec activité madame la duchesse de Berri.

M. de Riccé, ancien préfet du Loiret, vient de mourir d'une attaque d'apoplexie foudroyante. Il étoit âgé de 75 ans.

– M. Fulchiron a déposé à la chambre des députés une pétition des fabricans de Lyon, pour demander la libre sortie des soies françaises, sauf néanmoins un droit protecteur.

--

Au second tour de scrutin, l'académie royale de médecine a élu M. Chervin, membre titulaire. Son concurrent étoit M. Andral.

M. Conte, directeur, et Piron, sous - directeur de l'administration générale des postes, ont été obligés de revenir de Londres à Paris, sans avoir pu terminer les arrangemens proposés pour l'établissement d'un service journalier d'estafelle entre la France et l'Angleterre. De nouvelles tentatives seront faites par ces fonctionnaires.

L'administration de la Bibliothèque royale, voulant constater l'état du département des imprimés, et connoître d'abord quels sont les ouvrages incomplets ou dépareillés qui s'y trouvent, vient d'arrêter que toutes les personnes auxquelles il a été prêté des livres de la Bibliothèque, seront tenues de les rapporter au 15 décembre au plus tard. Le prêt des livres au dehors sera suspendu dè: -'ors pendant trois mois, pour l'exécution de la vérification arrêtée.

Le commandant Foy, aide-de-camp du ministre de la guerre, est de retour à Paris de sa mission à Blaye. Un autre aide-de-camp du maréchal Soult, M. le colonel Guyot, vient d'être envoyé dans cette ville.

Les bâtimens de la maison de justice de Montbrison viennent d'être dis posés pour recevoir les prisonniers du Carlo-Alberto et de Marseille. Aucune précaution n'a été négligée pour prévenir leur évasion. Voilà sept mois qu'ils attendent leur jugement.

Le conseil municipal de Strasbourg a rejeté, à la majorité de 21 contre 6, la proposition de voter une adresse à Louis-Philippe sur l'évènement du PontRoyal.

[ocr errors]

Le gouvernement a donné l'ordre d'armer les places fortes de Metz, Thionville, Longwy, Bitche, Marsal et Toul. On commence à armer la place de Metz. L'artillerie de la garde nationale a commencé le 27 novembre un service actif. Elle reçoit une haute-paie de 1 fr. 50 cent.

Des ordres ont été aussi donnés pour armer, sur un pied respectable, la place de Strasbourg et les autres villes fortifiées de l'Alsace. On a commencé à placer des canons sur les remparts de la première.

[ocr errors]

La division d'infanterie de réserve, commandée par le général Schramm, est parti le 29 novembre de Valenciennes pour la Belgique, afin d'augmenter les forces de l'armée du Nord, qui ne paroissent pas suffisantes. Tous les postes militaires de Valenciennes ont été remis à la garde nationale.

La sommation au nom de la France et de l'Angleterre, d'évacuer la citadelle d'Anvers, a été faite au général Chassé, par le maréchal Gérard, le vendredi 30 novembre, à onze heures du matin : elle a été portée par le colonel Auvray. Le maréchal a signifié qu'en cas de refus il alloit attaquer les forts, et il a engagé le général Chassé à ne point tirer sur la ville, en lui déclarant qu'en cas de bombardement les deux puissances alliées exigeroient des indemnités équivalentes aux dommages. Le général Chassé a répondu : il consentoit à regarder la ville comme neutre, pourvu qu'on ne se servît pas des fortifications de la ville contre lui; it demandoit aussi à conserver la libre communication avec la Hollande par l'Escaut. Le maréchal Gérard a refusé ce dernier point: on négocioit encore sur le premier point. Les Hollandais ont en même temps commencé le feu sur les travailleurs, et ont inondé les alentours du fort de Burgt. La tranchée avoit été ouverte à huit heures du soir par les Français. Le maréchal Gérard et le duc d'Orléans en out parcouru la ligne, et ont donné des encouragemens aux militaires qui travailloient avec zèle, malgré une pluie épouvantable. Les deux premiers jours nous avons eu peu de soldats tués. Les Belges ont remis aux Français les postes avancés de la ville et le fort de Montebello. De part et d'autre on s'accusoit d'avoir commencé les hostilités.

-

Le président de la chambre des députés de la Belgique ayant demandé te 28 novembre, au roi Léopold, le jour et l'heure où il pourroit recevoir la députation chargée de lui présenter l'adresse, le roi a répondu qu'it se voyoit à regret forcé d'ajourner cette réception, n'ayant pas de ministère en ce moment, et étant constitutionnellement dans l'impossibilité de faire une réponse à la chambre.

Le roi des Belges n'a pu encore parvenir à former son ministère. Des propositions faites à MM. de Meulenaere, de Theux, Dubus et Fallon, sont restées sans résultat. La réorganisation d'un cabinet paroît encore plus difficile ici que dans un pays voisin.

Un message royal a été porté le 23 novembre à la seconde chambre des états-généraux de Hollande, relativement à la levée en masse.

« PrécédentContinuer »