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glise et par y faire sa prière. Le 10 octobre, le saint Père est allé chez les religieux réformés de Castel-Gandolfo, et le 11, chez les Minimes observantins de Nemi, où il a prié devant le crucifix miraculeux qui s'y conserve, et prit quelque rafraîchissement. Le 13, S. S. alla à Marino, entra dans la petite église consacrée à la sainte Vierge, et pria devant l'image révérée qu'on y garde. Le 15, elle visita les Capucins defGenzano, et accepta un dîner dans leur couvent. Après le dîner, elle alla à pied visiter les maîtresses pieuses instituées en ce lieu, en 1734, par le cardinal Caraffa. Les habitans des divers lieux reçoivent le saint Père avec de grands témoignages de joie, et des personnages de distinction viennent chaque jour de Rome ou d'ailleurs lui rendre leurs hommages.

Abraham Palpeliz, né, en 1804, à Bregentz dans le Tyrol, d'une famille juive, qui se trouvoit, depuis six ans, à Naples, y a abjuré le judaïsme le 30 septembre, dans l'église de Donna Regina (Dame Reine), et a embrassé la religion catholique. Il a réçu au baptême les noms de Joseph-Michel-Antoine, en gardant son nom de famille. Le vicaire du Dôme l'a baptisé, et D. Horace Giordano a été son parrain.

de

PARIS. Il a paru dans un journal étranger un article envoyé de Paris, et qui porte ce titre : Les doctrinaires devenus théologiens. Cet article, d'assez mauvais goût, est d'un bout à l'autre un persifflage sur la Sorbonne, taut ancienne que nouvelle. On s'y moque la vieille fille de Robert Sorbon, morte et gisante depuis long-temps dans la poussière de la scolastique. Il est généreux, sans doute d'insulter aux morts, et de s'amuser de la disgrâce d'un corps frappé par

la révolution, et qui ne conserve plus qu'un petit nombre de ceux qui l'ont le plus honoré. C'est saisir l'à-propos que de tourner en ridicule cette célèbre Faculté au moment où ses membres descendent chaque jour dans la tombe. L'auteur de l'article fait d'assez froides plaisanteries sur le projet de ressusciter la Sorbonne; effectivement combien il seroit déplorable qu'on parvînt à fait revivre une école d'où sont sortis tant d'hommes recommandables, tant de bons évêques, tant de prêtres utiles dans tous les degrés de la hiérarchie; une école qui s'est prononcée avec force contre les protestans, contre les jansenistes, contre les philosophes, et qui pourroit rendre encore de si grands services à l'église de France! Quelle calamité si cette illustre Faculté alloit renaître de ses cendres! et ne convient-il pas de flétrir le projet de la rétablir? Le même article finit par des sarcasmes d'un genre tout-à-fait brutal contre un des docteurs qu'il nomme par son nom pour qu'on ne s'y méprenne pas. Entre autres reproches ridicules, on l'accuse de vouloir quelquefois mener la Faculté avec le knout. Cette absurde imputation décèle beaucoup plus de méchanceté que d'adresse et d'esprit. L'auteur de l'article auroit-il quelque raison personnelle d'en

vouloir à celui qu'il poursuit avec tant de dureté? et outre son antipathie pour la Sorbonne en général, auroit-il quelque sujet de rancune particulière contre le doyen? Cela n'est pas sans vrai

semblance.

L'Album catholique, qui se publie à Toulouse et dont nous avons déjà parlé, a donné, dans son second numéro, celui de septembre, l'Encyclique du Pape et le bref aux évêques de Pologne. Il fait l'éloge de l'Encyclique, et remarque que, parmi les journaux, les uns l'ont commentée avec perfidie, les autres n'en ont parlé que d'une manière si froide et si vague, qu'il y a lieu de croire que cet acte pontifical n'a pas obtenu leur suffrage. L'Album rapporte les différentes déclarations que nous avons publiées relativement à l'Encyclique, sauf pourtant celle de M. Dubois, qu'il n'a pas insérée, apparemment parce qu'il l'a trouvée un peu longue; c'étoit cependant la plus précise et la plus satisfaisante de toutes. Aux déclarations déjà connues, l'Album a joint celle qui lui étoit adressée par M. Paulinde-Puymirol, qui a donné quelquefois dans des journaux de Toulouse et même, je crois, dans l'Avenir, des articles en faveur de quelques-unes des doctrines nouvelles, entr'autres sur l'enseignement. L'Album n'a point rapporté sa lettre en entier et n'en cite qu'un paragraphe qui en est la partie la plus importante et que nous croyons devoir reproduire :

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S'il y avoit dans mes écrits des phrases ou quelques sentimens qui auroient pu ne pas paroître conformes à la vraie doctrine catholique, je les rétracte ici; je dis ce que j'ai toujours dit et ce que je dirai toujours : Pierre a parlé, la cause est finie, son jugement est la vérité même. Aussi je dois publier hautement, pour la satisfaction de ma conscience et par amour pour la vérité, que je crois fermement du profond de mon ame à tous les enseignemens que notre saint Père le Pape vient d'adresser à tous les évêques de l'Eglise catholique dans son admirable Lettre encyclique. Puisse cette déclaration, émanée du dernier des enfans d'Israël, en amener d'autres plus consolantes pour notre sainte mère l'Eglise catholique, apostolique et romaine. Castel-Sarrazin, 9 septembre 1832. PAULIN DE PUYMIROL. »

L'Album annonce qu'avant la publication de l'Encyclique, plus de 50 évêques avoient envoyé leur adhésion à la censure de Toulouse. Nous pouvons donner à cet égard des renseignemens plus précis. Il y a 35 évêques qui ont adhéré à la censure, sans compter les 13 premiers signataires. D'autres, à ce qu'on dit, examinent encore; d'autres ont pensé peut-être que, depuis l'Encyclique, il n'y avoit plus à s'occuper de cette affaire."

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M. Guizot a débuté à son entrée au ministère de l'instruction publique par un choix qui a été remarqué. Il a nommé inspecteurgénéral des études un protestant, M. Matter, ancien professeur à la Faculté de théologie luthérienne de Strasbourg, et inspecteur

de l'Académie de cette ville. Mais ce n'étoit point assez de cette haute faveur M. Matter est chargé en outre de présider à la rẻdaction d'un recueil destiné à améliorer l'instruction primaire. Ainsi voilà un professeur protestant chargé de faire un livre pour nos écoles catholiques. Cela n'est-il pas bien rassurant pour les familles attachées à leur religion? Car ce recueil, quand il sera rédigé, sera obligatoire; on forcera les instituteurs à s'en servir. M. Matter, je le pense, n'attaquera point les doctrines catholiques, mais il ne les énoncera pas. Il ne parlera apparemment que des dogmes communs aux deux communions, ou peut-être il sera tenté d'insinuer adroitement les opinions luthériennes. De quelque manière qu'il s'y prenne, j'ai peur qu'il ne fasse de mauvaise besogne, et que même, à son insu, ses préventions particulières ne se glissent dans le travail qu'on lui confie.

-Nous avons parlé en passant, la semaine dernière, d'une proclamation du sous-préfet de Montmorillon, relativement à la résolution du comité cantonnal de cette ville. Le Patriote de l'Ouest est venu au secours de M. le sous-préfet, dont la Gazette de l'Ouest avoit cité la proclamation. Voici le plaidoyer du Patriote en faveur de ce fonctionnaire, qui se nomme M. Pinoteau :

K

« Quant à la proclamation de M. le sous-préfet, voici ce qui a motivé ce qu'elle a d'un peu véhément contre ces mauvais citoyens qui essaient de soulever les passions et d'exciter les murmures. Dès que le bruit se fut répanđu de la suppression de l'école des Frères, les curés de Montmorillon se rendirent auprès de M. le sous-préfet, et insistèrent fortement pour la conservation de cette école, annonçant de la manière la plus positive que, si l'on persistoit à vouloir la supprimer, il y auroit du trouble à Montmorillon. En effet, le jour même, une quinzaine de femmes dans le plus grand état d'exaltation vinrent assaillir la maison de M. le sousus-préfet en poussant des cris confus, au milieu desquels on distinguoit cette phrase qui leur avoit été évidemment apprise : Nous ne voulons faire de nos enfans ni des avocats, ni des députés. Il étoit facile de pénétrer le mystère de cette espèce d'émeute, et M. le sous préfet surtout ne pouvoit pas s'y tromper. En effet, les curés, dans l'entrevue qu'il avoit cue avec eux, lui en avoient exprimé la pensée, et cette pensée venoit de recevoir dans cette manifestation bruyante et confuse un commencement d'exécution. Le doute pour lui n'étoit plus possible; c'étoit donc aux auteurs de cette ridicule tentative de troubles, et à eux seuls, que s'adressoient ces expressions de mauvais citoyens dont il s'étoit servi dans sa proclamation.

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Ainsi pour défendre M. Pinoteau, qui, dans sa véhémence, a adressé une injure grave à ses administrés, on vient calomnier des hommes respectables et respectés, et on va jusqu'à les accuser d'avoir soulevé le peuple contre l'autorité! Et quelles sont les preuves de cette atroce imputation? C'est que les curés de la ville

ont prévu le mécontentement populaire. Admirable logique! Quiconque prévoit un complot en est complice; quiconque réclame contre une injustice, contre une mesure fâcheuse qui excite le mécontentement d'une population, est responsable des suites de ce mécontentement. Cette belle jurisprudence pouvoit être en usage autrefois chez ces tyrans monstrueux que nous offre l'histoire ancienne, et qui excitent encore l'horreur de la postérité. Mais en Turquie même on rougiroit sans doute aujourd'hui de bâtir une accusation sur des motifs aussi frivoles. Aussi il est juste de dire que ce n'est point M. le sous-préfet de Montmorillon qui parle ici. Il est seulement fâcheux pour lui d'avoir un avocat qui le défende par de tels moyens.

Nous sommes heureux de pouvoir annoncer que le sclrisme qui s'étoit formé à Saint-Augustin dans les Florides, et qui duroit depuis deux ans, est éteint; nous avons parlé, no 2946, des prétentions des marguilliers et de l'étrange jugement qui leur donna gain de cause. Un journal américain, Catholic Miscellany, raconte comment ce schisme s'est formé, et comment M. l'évêque de Mobile est parvenu à ramener la paix dans cette église. Noas tirerons de son récit ce qui nous paroîtra plus digne d'intérêt. Avant la cession des Florides aux Etats-Unis, la cure de SaintAugustin étoit fort négligée; le titulaire étoit un bon homme, mais qui n'avoit ni assez de zèle ni assez de moyens pour se livrer à l'instruction de son troupeau. La paroisse étoit sous la juridiction de l'évêque de la Havane, qui étoit trop éloigné pour remédier au mal. Après la cession, ce prélat n'exerça plus sa juridiction, et aucun évêque américain n'étoit autorisé à administrer cette colonie. Le curé mourut peu après, et ne fut point remplacé. Seulement il venoit de temps en temps quelques missionnaires de Charleston, qui étoit le siége le plus voisin. Quelques-unes de ces visites furent utiles; d'autres eurent de fâcheux résultats par la mauvaise conduite de ceux sur le compte desquels on avoit élé trompé. Les Florides furent placées par le saint Siége sous la juridiction de l'évêque de la Nouvelle-Orléans, et ensuite on la confia à un vicaire apostolique. M. Portier fut nommé vicaire apostolique et sacré avec un titre d'évêché in part. Dès le commencement, il visita St-Augustin, il y fut reçu avec affection, travailla à y ranimer la religion, et pria M. l'évêque de Charleston d'accepter des pouvoirs de vicaire-général pour les Florides orientales; M. England y consentit. Pendant l'absence de M. Portier, qui vint en Europe pour chercher des missionnaires et des fonds, M. England chargea un de ces missionnaires, M. Edouard Mayne, de desservir la paroisse de Saint-Augustin, et la direction de cet ecclésiastique fut agréable aux habitans et approuvée de M. l'évêque. Le docteur M. Portier, étant à Rome, demanda et obtint que le siége de Mobile fût érigé. Ainsi sa juridiction devint fixe. Pendant

son séjour en France, ne sachant point que M. England avoit envoyé un prêtre à Saint-Augustin, il y nomma un curé qu'il fit même son grand-vicaire, et il lui donna un second. M. England, instruit de ces dispositions, écrivit à M. Mayne de céder la place aux deux prêtres nommés par l'ordinaire. M. Mayne obéit; et, s'il resta sur les lieux, ce fut de l'aveu du nouveau curé, M. Bourdet, qu'il seconda dans l'exercice de son ministère. M. Bourdet, voyant que les biens de l'église à Saint-Augustin étoient mal administrés, crut qu'il ne pourroit être fort utile. Il se retira et céda sa place au prêtre qui l'avoit accompagné; mais il laissa à M. Mayne des preuves de sa confiance et de son estime. Quelque temps après, l'évêque de Charleston crut devoir engager le prêtre, envoyé par M. Portier, à s'abstenir de ses fonctions jusqu'à ce que ce prélat eût pu éclaircir certains faits qui avoient besoin d'être examinés. Il chargea en même temps M. Mayne de gouverner de nouveau la paroisse jusqu'à la décision de M. l'évêque de Mobile. L'ecclésiastique qu'il remplaçoit fut sans doute mécontent de cet arrangement. Il quitta Saint-Augustin, et ne se présenta jamais devant son évêque; mais il paroît qu'avant son départ il avoit échauffé les esprits contre M. Mayne. Les reproches qu'on faisoit à ce dernier étoient assez ridicules; ce fut néanmoins le prétexte d'un schisme qui a duré près de deux ans. Les laïques, qui étoient à la tête du complot, n'étoient certainement pas guidés par le zèle de la religion, et n'en prenoient même pas l'apparence. Eux qui étoient gardiens de l'église, ils la fermèrent et en retinrent les propriétés sans en rendre compte. M. Mayne remplissoit ses fonctions dans une maison particulière pour les fidèles qui vouloient recourir à son ministère. Le juge ne crut pas être autorisé à accéder à la demande de M. Mayne pour forcer les wardens à lui rendre les clefs de l'église. Mais nous ne voulons pas revenir ici sur cette décision et sur ses motifs que nous avons appréciés dans le compte que nous avons rendu de cette affaire. Tel étoit l'état des choses quand M. l'évêque de Mobile arriva le mois de février dernier à Saint-Augustin. Le soir même de son arrivée, les wardens lui offrirent l'usage de l'église. Le prélat ne voulut point accepter leur offre jusqu'à ce qu'il fût bien instruit de leurs réclamations, de leur conduite antérieure et de leur disposition à le reconnoître pour leur évêque. Dans une réunion qui cut lieu pour cet effet, on sembla faire craindre que la majorité de la congrégation ne s'opposât à ce que M Mayne remplît les fonctions de pasteur. Mais comme deux des wardens étoient absens, on engagea M. l'évêque à attendre leur retour. M. Portier ne voulut point cependant entrer dans l'église, et officia dans un local étroit, incommode et notoirement insuffisant. Au bout d'une quinzaine, les plaintes devinrent générales sur ce que l'église étoit toujours fermée. Les wardens furent tous présens à une réunion où M. l'évêque

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