Images de page
PDF
ePub

parole, et qui avoit à confondre dans son discours, et des félicitations pour une circonstance solennelle, et des actions de grâces pour la renaissance de la compagnie. Quel changement! Combien de fois, depuis soixante-dix ans, cette même salle avoit retenti de discours bien différens! Le précepteur luimème des enfans de Jean VI, Joseph Monteiro da Rocha, qui avoit été professeur, puis recteur de l'Université, et qui est mort depuis peu d'années, y avoit prononcé autrefois un discours qui a été imprimé, et où il présentoit la suppression des Jésuites en Portugal comme le chef-d'œuvre du ministère de Pombal, et le plus glorieux monument du règne de don Joseph Ier. Qui lui eût dit qu'un de ses élèves rappelleroit cette compagnie si humiliée, la replaceroit à Coïmbre, la combleroit de marques de bienveillance? Le réformateur actuel de l'Université, M. l'archevêque d'Evora, n'étant encore que professeur du collége des Arts, et faisant, il y a trois ans, le discours pour le même anniversaire, avoit été un des premiers qui eût osé y exprimer publiquement des regrets pour l'absence de la compagnie; il ne prévoyoit pas sans doute que, trois ans après, la voix d'un Jésuite retentiroit dans cette même enceinte.

Ces rapprochemens eussent peut-être été encore plus vivement sentis en Portugal, si les esprits n'y avoient pas été comme absorbés par l'importance des intérêts qui s'agitoient alors en ce pays, et par l'attente de la lutte qui alloit se décider à Porto. Cette circonstance a pu affoiblir un peu l'impression d'un changement si extraordinaire, et tempérer ce qu'il pouvoit offrir d'amer pour plusieurs de ceux qui assistoient à la séance du 26 octobre. Comment ne pas s'étonner néanmoins du rétablissement d'un corps qui sembloit anéanti sous les coups d'une si longue proscription, et contre lequel on avoit cherché, depuis plus de soixante-dix ans, à amasser tant de préventions et de haines? N'est-il pas permis de voir là l'œuvre de cette Providence qui souffle sur les vains projets de la politique, qui se joue des passions humaines, et qui dissipe, quand elle le veut, les combinaisons les plus artificieuses et les plus effrayantes? Les Jésuites se sont d'ailleurs montrés depuis leur rentrée en Portugal ce qu'ils ont été partout ailleurs. Au passage de don Miguel à Coïmbre, ils lui ont offert d'aller prendre soin des blessés, et d'employer ainsi aux œuvres de charité le loisir que leur laisse le délai de l'ouverture des classes, délai motivé par la proximité du théâtre de la guerre,

Coïmbre n'étant qu'à dix-sept lieues de Porto. Leur offre a été reçue avec joie et avec reconnoissance. Tous les particuliers et tous les corps se signalent par des dons volontaires pour la même cause. Il convenoit que les Jésuites, qui en ce moment ne possèdent rien en Portugal, payassent du moins de leurs sonnes, et ils l'ont fait avec empressement.

per

On fait dans tout le royaume des prières pour le succès d'une campagne à laquelle sont attachées les destinées du Portugal, et qui peut même exercer une grande influence sur les affaires génerales de l'Europe.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Le vicomte Vilain XIV, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire du roi des Belges, près le saint Siége, est arrivé ici venant de Florence.

- Le 11 novembre, il a été célébré, dans l'église de Sainte-Marie-du-Monserrat et de Saint-Jacques, une messe solennellle d'actions de grâces pour le rétablissement de la santé du roi d'Espagne, Le 8 de ce mois, on a fait à Velletri l'ouverture du conseil provincial de la nouvelle légation établie en ce lieu.

[ocr errors]

PARIS. Nous désirions répondre à des calomnies et des outrages contre un de nos évêques les plus distingués, lorsque nous avons reçu la lettre suivante, qui atteint notre but mieux que nous n'aurions pu le faire nous-même, et qui réduit à leur juste valeur les assertions contradictoires de quelques feuilles révolutionnaires :

[ocr errors]

Bourbon-Vendée, le 28 novembre 1832.

Monsieur le rédacteur, j'avois pensé que l'Ami de la Charte et l'Indépendant des Deux-Sèvres, deux feuilles qui fourmillent de mensonges et se servent d'écho, se lasseroient enfin de calomnier M. l'évêque de Luçon, prélat également cher à son clergé et aux fidèles de són diocèse. Mais l'Ami de la Charte, du 19 de ce mois, ayant reproduit un article aussi faux et plus offensant encore pour notre évêque que tout ce qu'il avoit écrit jusqu'à ce jour, j'ai l'honneur de vous adresser quelques réflexions que je vous prie de vouloir bien insérer dans votre estimable journal.

» M. l'évêque de Luçon pourroit confondre ses infâmes délateurs, s'il daignoit leur répondre. Tout le monde sait avec quel courage et quelle vive sollicitude il s'empresse de défendre ses prêtres, dont il a toujours su faire triompher l'innocence contre leurs injustes et nombreux accusateurs. Mais si la noblesse de son caractère et la loyauté de sa conduite, sí généralement estimées, l'ont placé trop haut pour qu'il ne puisse accorder autre chose que son mépris aux articles mensongers de quelques misérables journaux, tels que l'Ami de la Charte et l'Indépendant;

membre moi-même de ce clergé dont il est le consolateur et l'appui dans ces jours d'épreuves, je croirois manquer à mon devoir, si, connoissant tout ce que les ennemis de l'honneur et de la vertu ont publié de faux et d'injurieux contre mon évêque, je ne m'empressois de flétrir ses calomniateurs.

[ocr errors]

Ma tâche est facile; il suffit d'analyser les rapports des journaux qui veulent le dénigrer à tout prix.

» D'abord, M. l'évêque de Luçon est accusé de conspirer contre le gouvernement de juillet. « C'est à l'évêché de Luçon, disoit un de ces journaux, que s'our» dissent toutes les trames de la contre-révolution. De là partent les ordres qui >> font mouvoir les bandes de chouans. »

'»'Aussi, `visites domicilaires, interrogatoires, espions, consignation dans sa ville épiscopale, menaces d'exil, rien n'est épargné. Cependant, pas un écrit, pas un mot sur lesquels on ait pu le prendre; et ce qui est à remarquer encore, dans le diocèse de Luçon, il n'y a pas eu un seul ecclésiastique, pas un seul, l'entendezvous? pas un seul ecclésiastique compromis dans les troubles de la Vendée. Un officier de police avouoit même que M. l'évêque de Luçon avoit trop de sagacité pour donner prise sur lui.

כל

› Cependant l'Ami de la Charte annonçoit, il y a peu de temps, que M. l'évêque promenoit dans sa voiture madame la duchesse de Berri. Un autre journal vient ensuite nous apprendre que l'évêque de Luçon est chargé par le gouverne ment de négocier entre Louis-Philippe et l'auguste princesse, afin de décider cette noble héroïne à retourner paisiblement aux terres étrangères. Dernièrement, pour couronner ces calomnies ineptes, l'Indépendant des Deux-Sèvres a l'impudence d'annoncer que M. l'évêque 's'est vendu au gouvernement pour.... le dirai-je ?.... pour faire l'infâme métier de Vidocq et compagnie!.... Ce journal va même jusqu'à dire que M. l'évêque a reçu 100,000 fr. pour prix du concours qu'il auroit promis. Mais l'estimable M. Rampillon de La Largère a fait justice de cette basse calomnie. Enfin, que ne dit-on pas ? Ces mêmes feuilles ont cherché à accréditer le bruit que c'est encore M. l'évêque qui a livré madame la duchesse de Berri à prix d'argent, et moyennant la promesse d'un siège archi-épiscopal. Quelle absurdité!

[ocr errors]

Quoi! ́un évêque que vous accusiez naguère de conspiration flagrante, que vous avez accablé d'outrages comme un de vos ennemis les plus ardens, à qui un magistrat subalterne se vante d'avoir osé dire qu'il regardoit le clergé comme l'ennemi le plus persévérant et le plus irréconciliable de notre nouvel état social, seroit aujourd'hui dans vos rangs, pour jouer le rôle de traître et d'espion! Et vous croyez abuser le peuple de la Vendée! Eh bien! sachez que notre évêque s'honore de vos injures. La haine que vous lui portez relève son mérite aux yeux de son diocèse, et ajouteroit, s'il étoit possible, à la haute considé ration et aux respects dont il est entouré. Il n'est personne qui ne voie dans cette tactique odieuse la crainte qu'il inspire aux ennemis de l'ordre et de la paix, puisque, ayant vainement cherché à le compromettre, tous vos efforts tendent maintenant lui ôter sa réputation,

[ocr errors]

• Si, fidèles aux leçons d'un de vos coryphées, vous espérez par vos mensonges gagner quelque chose, croyez-moi, mentez avec plus d'adresse. Au reste, on comprend clairement que ces feuilles mensongères sont aux ordres d'une puissance occulte, qui veut à tout prix anéantir la religion et renverser les trônes.

[ocr errors]

Agréez l'assurance de la considération très-distinguée, avec laquelle j'ai l'honneur d'être, Monsieur,

A. D. M., prêtre du diocèse de Luçon. »

L'église de Verdun vient de perdre un modèle de vertu dans personne de M. l'abbé Mollerat de Bréchainville, doyen du chapitre de Verdun, mort le 26 novembre dernier, à l'âge de près de quatre-vingt-six ans. M. Francois-Charles-Nicolas Mollerat de Bréchainville étoit né le 10 décembre 1746. Il fit ses études ecclésiastiques à Paris, et étoit de la maison de Navarre. Il entra en licence en 1782, et fut reçu docteur en 1784. Peu après, il fut pourvu d'un canonicat de la cathédrale de Verdun. Sa longue vie n'a été qu'une suite non-interrompue de bonnes œuvres. If a succombé à une longue et douloureuse maladie, pendant laquelle sa foi et sa patience ont fait l'admiration de ceux qui l'approchoient. Une mort si édifiante a touché jusqu'aux larmes le médecin qui le soignoit, et qui est protestant. Nous nous proposons de revenir sur cette perte, et de faire connoître les vertus et les services d'un si excellent prêtre.

[ocr errors]

Un journal de Belgique se félicitoit dernièrement de ce que l'on ne voyoit point dans ce pays de ces insultes brutales à la religion et de ces profanations audacieuses dont la France, depuis deux ans, a donné si souvent le scandale. Mais il étoit impossible qu'avec la licence de la presse, avec les déclamations et les attaques continuelles de certains journaux, et avec l'esprit irréligieux qui se propage par ces moyens et par les rapports fréquens entre ce pays et le nôtre, il étoit impossible, dis-je, qu'il n'y éclatât pas bientôt des actes d'impiété. Dans la nuit du 24 au 25 novembre dernier, une profanation odieuse a eu lieu dans un cimetière à Namur. On avoit établi en 1830, vis-à-vis le palais de Justice, un cimetière pour ceux qui avoient péri au mois d'octobre en combattant contre les troupes du roi Guillaume. Une grande croix, supportant un Christ, étoit adossée au mur. Des mains impies ont profané l'asile des morts, et détaché et mis en pièces le Christ. Le dimanche matin, des femmes qui passoient ont trouvé, à quelques pas du cimetière, des débris des bras et des jambes du Christ; plus loin étoit le buste et d'autres débris, ainsi que la lanterne qu'on allumoit tous les soirs. Les portes du cimetière étoient ouvertes, on ne les fermoit point à clef. Qui auroit cru à Namur qu'il fallût des cadenas et des verroux pour mettre une croix et des tombeaux à l'abri des profanations? La police n'a encore rien pu découvrir sur un attentat qui fait gémir tous les coeurs chrétiens.

La nouvelle de la mort de M. l'évêque de Cincinnati ne s'est que trop confirmée. Le prélat est mort du choléra dans un lieu appelé Wooster, dans le comté de Wayne, en revenant à Cincinnati, après une longue et pénible visite dans des parties éloignées de son vaste diocèse. Depuis six semaines il avoit un peu de dysenterie, et peut-être n'avoit-il pu dans ses voyages prendre assez de précautions pour l'arrêter. Lorsqu'il se sentit atteint du choléra, il envoya chercher le prêtre le plus voisin; mais les progrès du mal furent si rapides, que le prêtre n'arriva qu'après la mort du prélat. Ce triste évènement a eu lieu le 26 septembre. M. Edouard Fenwick étoit né au Maryland le 19 août 1766. Après ses premières études, il entra, en 1784, au college des Dominicains anglais de Bornheim, près Anvers, y prit l'habit, y fit profession et y fut ordonné prêtre. Il y resta ensuite quelque temps comme professeur, mais la Flandre ayant été prise par les Français au commencement de la révolution, le père Fenwick fut obligé de fuir et retourna dans sa patrie, où il exerca d'abord le ministère dans le Maryland. M. Carrol, évêque de Baltimore, l'envoya dans le Kentuckey, où le zélé missionnaire établit en grande partie, à ses frais, un couvent de son ordre et une école. Cette maison a produit plusieurs missionnaires. En 1810, le père Fenwick commença à aller prêcher dans l'Etat de l'Ohio, où il fut d'abord seul missionnaire. On lui adjoignit ensuite un de ses confrères, le père Young. En 1821, Pie VII érigea un évêché à Cincinnati, dans l'Ohio, et y nomma le 19 juin le père Fenwick, qui fut sacré, le 13 janvier 1822, dans son couvent de Sainte-Rose par M. Flaget, évêque de Bardstown. La plupart des Dominicains le suivirent dans son diocèse. En 1824, le prélat vint en Europe pour solliciter des secours. I alla à Rome, visita la France, et excita l'intérêt par son zèle et sa piété. Nous avons parlé plusieurs fois de ses travaux dans ce journal; voyez entr'autres la notice sur son diocèse, no 1786, tome LXVIII. On peut consulter aussi les tomes II, III et IV des Annales de la propagation de la foi. La perte de ce digne évêque est une calamité pour une église naissante. Il étoit perpétuellement en voyage pour visiter les catholiques dispersés dans l'Ohio. De plus, il étoit administrateur des territoires du Michigan et du Nord-Ouest, de sorte que sa juridiction s'étendoit sur d'immenses contrées. Ce qu'il avoit fait, depuis vingt ans qu'il étoit dans l'Ohio, étoit prodigieux. Tant de travaux étoient une assez belle préparation à la mort. On peut dire qu'il est mort victime de son zèle; car s'il n'eût pas été en voyage, il auroit été facile peut-être de prévenir la terrible maladie à laquelle il a succombé.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Nous voudrions pouvoir donner des nouvelles de Madame la duchesse de Berri, mais nous savons très-peu de chose de ce qui se passe dans la citadelle de Blaye. Les communications avec le dehors sont très-rares et exactement sur

« PrécédentContinuer »