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M. Serres, qu'il étoit cependant nécessaire de savoir précisément sa demeure, afin de veiller à sa sûreté. M. Caillard demandoit le temps de consulter les personnes qui avoient offert un asile au prélat. Le préfet insista; il croyoit devoir inspirer plus de confiance; madame la duchesse d'Orléans étoit fort inquiète, et il avoit ordre de ne retourner au Palais-Royal, le soir, qu'après avoir pris des mesures pour la sûreté de M. l'Archevêque. M. Caillard, se confiant en la loyauté de M. Girod (de l'Ain), nomma M. Geoffroy-St-Hilaire, et toutes les mesures convenables furent prises aussitôt. Quelques jours après, le prélat alla remercier la duchesse de l'intérêt qu'elle avoit pris à lui, et des soins qu'elle s'étoit donnés pour sa sûreté.'

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Le mardi 20 dovembre, il a été tenu au Vatican, en présence de sa Sainteté, une congrégation générale des Rits sur l'héroïsme des vertus du vénérable Charles Caralta, du duc d'Andria, Napolitain, fondateur de la congrégation des pieux ouvriers et d'autres institutions de charité.

Le Jeudi 23, M. le vicomte Vilain XIV a eu l'honneur d'être admis à l'audience du saint Père, auquel il a présenté ses lettres de créance comme envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire du roi des Belges près le saint Siége.

-Le roi de Naples, qui s'étoit rendu à Gênes pour son mariage, y étoit attendu par la famille royale de Sardaigne. Le 21 novembre, le roi et la reine de Sardaigne, la princesse Marie-Christine, fille de Victor-Amédée, le roi de Naples et la reine Marie-Christine, veuve du dernier roi Charles-Félix, sont partis avec leur cortége pour le sanctuaire de Notre-Dame-de-l'Eau-Sainte, à quelques lieues de Gênes. C'est là que s'est faite la cérémonie. M. le cardinal Morozzo, évêque de Novare, a donné la bénédiction nuptiale aux deux époux.

— M. Frescobaldi, secrétaire du cabinet du grand duc de Toscane, a fait parvenir à M. l'évêque de Fuligno la somme de 500 écus pour le soulagement des victimes du tremblement de terre. Le prince a ajouté une nouvelle grâce à ce bienfait en laissant ignorer la main d'où il provenoit. Mais on a deviné le bienfaiteur, et M. l'évêque a adressé ses remerciemens au prince. Le grand duc a permis qu'on ouvrit des souscriptions et qu'on fit des quêtes dans ses états pour le même objet. M. le cardinal Welo, qui à lui-même beaucoup donné pour les malheureux ruinés par le tremblement de terre, s'est aussi chargé d'intéresser en leur faveur les étrangers de divers pays. II a envoyé en Toscane un affidé pour recueillir des dons, et 300 écus ont été le résultat de ses soins et de sou zèle.

PARIS. La neuvaine en l'honneur de sainte Geneviève, patronne de Paris, aura lieu dans l'église métropolitaine comme les années précédentes. Les reliques de la sainte demeureront exposées depuis les premières vêpres, le 2 janvier prochain, jusqu'au 11 du mois, inclusivement.

Les Sœurs de la providence de Portieux, fondées il y a euviron 60 ans dans les Vosges, se sont répandues promptement en Lorraine, en Champagne et en Bourgogne. Elles doivent leur origine au zèle d'un prêtre vertueux, M. Moye, qui fut quelques temps missionnaire en Chine, et qui, obligé de revenir en Europe à cause de ses infirmités, dirigea l'institut jusqu'à sa mort, arrivée à Trèves le 5 mai 1794. M. Řaulin, chanoine de Saint-Diez, lui succéda dans la direction de l'OEuvre. Depuis le Concordat, M. l'évêque de Nancy en chargea M. Feys, curé de Portieux, arrondissement de Mirecourt. La maison chef-lieu s'est établie à Portieux où il y a un noviciat. La congrégation fut autorisée par une ordonnance du 2 août 1816. Les Soeurs étoient alors au nombre de près de 500; il y avoit un noviciat pour la partie allemande à Hautmartin, près Sarrebourg. On peut voir sur cette congrégation les statuts des Sœurs de la Providence, avec quelques détails historiques, Saint-Diez, 1826, in-12 de 132 pages. Cet écrit paroît rédigé par M. l'abbé Feys qui, dans une lettre datée de Portieux le 10 avril 1826, dit que le nombre des Sœurs s'élevoit alors à plus de 1200, et qu'elles avoient 89 établissemens dans les villages des Vosges. Leur institut a pour but de faire l'école aux filles pauvres. Nous avons déjà parlé de cette congrégation n° 435, tome XVII. Aujourd'hui, nous avons à entretenir nos lecteurs d'une division qui a éclaté dans son sein. En 1823, M. de Boisville, évêque de Dijon, qui a attaché son nom à tant d'œuvres utiles, désira avoir des Sœurs de Portieux pour la ville de Flavigny, qui est de son diocèse. Elles arrivèrent à Flavigny le 3 février 1824. Il alloit sans dire que cette maison dépendroit de la maison mère de Portieux. L'ordonnance royale qui autorisoit l'établissement, le portoit même expressément. Sans cela, si chaque établissement se prétendoit indépendant, il n'y auroit plus d'unité et d'ensemble dans une congrégation; chaque supérieur local secoueroit le joug et romproit les liens avec le chef-lieu. Cette prétention s'est manifestée dans plusieurs autres congrégations, et a éclaté aussi à Flavigny. La supérieure de cette nouvelle maison place les Sœurs comme elle le veut, leur défend d'avoir des communications avec celles de Portieux, et borne ses relations avec la maison mère à des protestations générales de déférence et d'égards. M. l'évêque de SaintDiez, qui par les statuts est supérieur général de l'ordre, se crut obligé de faire cesser cet abus; il envoya la supérieure générale à Flavigny pour essayer d'y faire reconnoître son autorité. Elle y reçut l'accueil le plus froid et on refusa de lui rendre aucun

compte. Sur les plaintes qui furent portées, M. le précédent évêque de Dijon en écrivit le 26 octobre de l'année dernière à M. l'évêque de Saint-Diez. Le prélat déclaroit qu'il avoit eu toute sa vie horreur des schismes, et qu'il souhaitoit que la supérieure de Flavigny consultât souvent la supérieure générale de Portieux et lui rendit compte de l'état de sa maison. Il approuvoit même que les dettes de la maison une fois payées, on fit passer quelque offrande à Portieux. Mais M. de Dijon eroyoit cette redevance impraticable dans un temps où la maison de Flavigny avoit encore des dettes à acquitter. Il estimoit aussi qu'on ne pouvoit forcer les religieuses de Flavigny à se rendre à la retraite de Portieux ni à changer de résidence suivant les ordres de la supérieure générale. Il est clair, par cette lettre, que le prélat vouloit maintenir quelque dépendance envers la maison de Portieux, puisqu'il exprimoit le vœu que la supérieure de Flavigny consultât souvent celle de Portieux et lui rendît compte de l'état de sa maison, mais cela même ne se faisoit point. M. l'évêque de Saint-Diez, dans sa réponse du 20 novembre à M. de Dijon, fit valoir la disposition précise des statuts des Sœurs qui prescrivent une soumission absolue et sans restriction de toutes les Soeurs à la supérieure générale, et qui veulent que toutes se rendent de temps en temps à Portieux. Il insista sur les inconvéniens de ces scissions réitérées qui livreroient un corps à l'anarchie et nuiroient au bien qu'il pourroit faire. D'un autre côté, M. Dard, aumônier de la maison de Flavigny, assuroit dans un mémoire que les rapports entre les deux maisons avoient été réglés dans l'origine tels qu'ils existoient en ce moment; on le nioit à Portieux, où l'on disoit que ces conventions devoient être nulles si elles étoient contraires aux statuts primitifs. M. l'évêque de Dijon ayant été transféré à Aix, quitta vers ce temps son premier diocèse, et l'administration capitulaire ne voulut pas prendre sur elle de rien changer à l'état présent des choses. Elle s'en référoit à ce qu'ordonneroit le nouvel évêque. M. de Saint-Diez écrivit le 2 juin de cette année à la supérieure de Flavigny pour savoir d'elle si elle vouloit ou non se soumettre à la maison de Portieux; elle ne répondit point. M. l'évêque de Saint-Diez accorda deux mois de délai. Au commencement de septembre, il ordonna à la supérieure générale de Portieux, Thérèse Mouray, de se rendre de nouveau à Flavigny et dans les autres établissemens des Sœurs dans le même diocèse et d'y annoncer que le noviciat de Flavigny étoit supprimé et que les novices devoient se rendre immédiatement à Portieux. Elle devoit en outre demander aux Sœurs si elles consentoient à se soumettre à la maison mère, et en cas de refus leur déclarer qu'elles ne faisoient plus partie de la congrégation. L'ordonnance de M. l'évêque de Saint-Diez qui ordonnoit ces dispositions étoit du 1er septembre. Cette mission fut aussi inutile que les précédentes, la supérieure revint sans avoir rien pu faire. M. de

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Saint-Diez accorda encore un nouveau délai; enfin, le 20 octobre dernier, il rendit une ordonnance épiscopale dont voici la sub

stance :

Considérant que la maison de Flavigny, diocèse de Dijon, en refusant opiniâtrément de suivre les statuts de la congrégation et de reconnoître les supérieurs qui la dirigent, s'est placé dans une telle position, qu'elle ne peut plus être regardée comme appartenant à la maison de Portieux, mais comme formant, par le fait même de son indépendance, une association entièrement distincte; considérant que l'autorité dụ supérieur général, celle du supérieur délégué et celle de la supérieure générale ont été méconnues, que les actes de juridiction pour faire rentrer dans l'ordre ce qui s'en étoit écarté, ont rencontré des obstacles à leur exécution et sont restés sans effet, ordonne ce qui suit :

» Les établissemens de la congrégation de la Providence qui sont dans le diocèse de Dijon, sont entièrement séparés de la congrégation de Portieux pour ne plus en faire partie en aucune manière. Les supérieures cesseront dès ce moment tout rapport avec ces établissemens. Comme dans ces maisons il peut y avoir des Sœurs qui, ayant fait leur noviciat et leur profession à Portieux, ne voudroient pas se joindre au schisme de Flavigny, elles devront faire savoir leur intention à la su périeure générale. Les réfractaires seront rayées du registre des Sœurs de la congrégation.

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On ne peut que regretter que ces différends soient venus entraver les progrès de la congrégation de la Providence et nuire au bien qu'elle a fait et qu'elle peut faire encore.

-M. Martin, curé de Donces, diocèse d'Angers, étoit prévenu d'avoir tenu en chaire des discours hostiles pour le gouvernement et injurieux pour la garde nationale. On l'a traduit pour cela en cour d'assises à Angers, et une vingtaine de témoins ont été entendus pour et contre. Les uns affirmoient les propos tenus, les autres les nioient. Il a paru qu'à Donces, comme ailleurs, il y avoit des gens peu bienveillans pour les prêtres et disposés à envenimer leurs discours. M. Allain-Targé, avocat-général, a regardé les faits comme constans, et s'est plaint surtout que M. Martin eût émis cette idée que le gouvernement veut détruire la religion. Quelle coupable erreur, s'est-il écrié, ou plutót quelle déplorable mauvaise foi! Le gouvernement au contraire ne se montre-t-il pas constamment le protecteur du culte catholique? N'est-il pas très-indulgent envers le clergé? M. l'avocat-général auroit pu citer ici des faits à l'appui de ses assertions. Le désastre de Saint-Germain-l'Auxerrois et la clôture de l'église, depuis bientôt deux ans, prouvent éloquemment combien le culte catholique est efficacement protégé. L'archevêché de Paris deux fois pillé, puis démoli, des séminaires dévastés et fermés, des curés expulsés, d'autres privés de leur traitement sur une simple dénonciation, auroient achevé de montrer combien la supposition de M. Martin étoit absurde et de quel côté

étoit ici la mauvaise foi. L'avocat du curé a soutenu qu'on avoit mal compris son discours, que les témoins à charge étoient prévenus et exagérés. Le jury, ayant écarté deux des questions de l'accusation, et, ayant résolu affirmativement la troisième, le ministère public a réquis contre le curé cinq jours de prison et 50 francs d'amende. La cour l'a condamné à 100 francs.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Les réclamations en faveur de madame la duchesse de Berri ne se ralentissent pas. Une pétition des habitans de Montpellier a été envoyée aux chambres, pour protéster contre toute mesure de rigueur à son égard. Elle est signée par 40 avocats de cette ville, et par plus de 2000 personnes. Une semblable pétition a été faite par les habitans des villes ou communes de Cournonterral, Lauret, Valflauny, Vacquiers, Santeirargues, Alairac, Ferrières, Campagne, Guarigues (Hérault), et par ceux de Paray-le-Monial (Saône-et-Loire). De nouvelles protestations ont été signées par les habitans de Grenoble, d'Aries, de Digne, de Draguignan, des communes voisines de Toulon, de Joyeuse (Ardèche), de Flo→ rensac et Marsillargues (Hérault); par ceux de plusieurs villes du département de Seine-et-Marne, et par les dames de Versailles, de Lyon, de Gauges et Marseillati (Hérault). Les habitans d'Angoulême, de Carcassonne, de Dieppe, de Dijon, de Tréguier (Côtes-du-Nord), de Caderousse (Vaucluse), de Gramat (Lot), des communes de l'arrondissement de Nîmes, et les daines d'Angoulême et de Fontainebleau ont encore rédigé des adresses à S. A. R. On doit une mention particulière à l'adresse de M. le vicomte de Suleau, ancien préfet, et à la protestation de MM. le baron de Balzac, ancien député, et d'Albis de Salze, à Requista. Les habitans de Castillon (Gironde) ont fait parvenir des félicitations aux- fidèles Marie Bossy et Charlotte Moreau. M. de Conuy a réclamé auprès du président du conseil contre le refus qu'il a reçu de M. de Preissac, préfet de la Gironde, son ancien ami, de faire tenir sa lettre à la princesse. Il prie le maréchal Soult de se rappeler ses anciens sentimens, et en particulier ceux qu'il manifestoit pour la Bretagne, lorsqu'il sollicitoit l'établissement d'un monument pour les héros de Quiberon. La Quotidienne, du 11 décembre, contient aussi une touchante protestation de cet ancien député de la droite contre la conduite du gouvernement, au milieu des réclamations. Madame la marquise de Valory, à Marseille, qui avoit demandé à partager la captivité de MADAME avec ses deux filles, a reçu du président du conseil un refus fort succinct. Mlle Hortense de Bois-Robert, de la même ville, a adressé une semblable supplique à M. Thiers. La souscription ouverte à Marseille s'élevoit le 4 décembre à 16,951 fr., et celle d'Aix à 30,608 fr. M. le marquis d'Arbaud-Jouques et M. le comte d'Arbaud-Mison figurent pour 1,000 fr. dans les dernières offrandes de cette seconde ville.

Une perruche, plus heureuse que beaucoup de dames françaises qui voudroient bien être à sa place, a obtenu la permission de partager la captivité de madame la duchesse de Berri. Le Constitutionnel, qui ne manque jamais une occasion de veiller au salut de la patrie, remarque avec une sorte d'inquiétude que

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