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tale du monde chrétien, où il reçut le baptême le 3 février 1828. MADAME n'a été sa marraine en aucune manière. S. A. R. ignoroit probablement jusqu'à sou existence, laquelle, hélas! ne lui a été que trop révélée depuis.

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La conversion du néophyte étoit certainement sincère; témoin la lettre qu'il écrivit en cette circonstance à son vieux père, qu'il aimoit passionnément, et qui devoit en avoir le cœur navré. « Me voilà catholique, lui écrivit-il, grâce à Dieu, depuis quatre jours. Il étoit temps; j'étois tombé jusqu'au fond de l'abime de l'incrédulité; car, ainsi que tu me l'as dit souvent, très-cher père, qu'est-ce qu'un Dieu à qui tous les cultes séroient indifférens ? qu'est-ce qu'une religion qui n'admettroit pas les peines et les récompenses de l'autre vie? Oui, il étoit temps, car les eaux avoient pénétré jusqu'à mon ame. Maintenant, je suis si calme, si content! Je ne l'étois pas depuis long-temps, comme tu le sais toi-mème. Que » Dieu daigne me continuer cette grâce. Ma jeunesse a été, hélas! une des plus » orageuses. Je te disois souvent que notre religion ne m'offroit aucune consolation, » parce que mon cœur éprouvoit le besoin d'un culte d'amour... »

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» Ce langage ne sauroit être que celui d'un vrai converti. Mais bientôt après, dominé par de violentes passions, que peut-être il ne s'étoit jamais appliqué à combattre, il mit en oubli les promesses qu'il venoit de faire. Dès ce moment, la catholicité de Deutz devint plus qu'équivoque à Rome et partout où il se montroit. Quiconque a étudié tant soit peu le cœur humain, n'en sera pas étonné. Hyacinthe soulevoit des doutes sur les vérités les plus importantes de notre religion ; et bien entendu, les résolvoit dans l'intérêt de ses penchans.

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Incapable de s'occuper utilement, et ne songeant qu'à se procurer de nonvelles jouissances, Deutz faisoit incessamment des excursions dans les différentes villes d'Italie. Cette ressource de distractions étant épuisée, il alla voyager en Amérique dans l'été de 1830. Le nouveau monde devint bientôt, à son tour, trop étroit pour les courses vagabondes du moderne juif errant, et il revint en Europe. Il aborda, l'hiver de 1832, à Londres, où il gagna la confiance des Français royalistes qui s'y trouvoient. Ils lui procurèrent l'honneur d'accompagner jusqu'en Italie une famille d'une grande illustration; car l'homme qui vient d'attacher à son nom une triste célébrité, possède à un haut degré le dangereux talent de s'insinuer dans les esprits, et d'emporter d'assaut, c'est bien le terme, la confiance des personnes les plus expérimentées.

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Notre court le monde, que l'on me passe cette expression, prit sa route par Massa, où, déjà connu par un parent de ses nobles compagnons de voyage, il obtint la faveur d'être présenté à Madame la duchesse de Berry, et s'arrêta quelque temps dans cette ville. Il se lia avec des personnes attachées à la princesse, et promit de servir la cause de la branche aînée. De là, il se rendit à Rome, où je le revis pour la première fois depuis son baptême.

» It n'est donc pas vrai que ce soit moi qui l'ai présenté à la princesse, bien que dans l'occasion je l'eusse fait sans difficulté, parce qu'il ne me seroit jamais venu dans l'idée de supposer à un homme quelconque l'horrible projet de s'emparer de la confiance de S. A. R. afin de la trahir plus sûrement.

» De Rome, Hyacinthe se rendit une seconde fois à Massa, d'où il courut en Espagne et en Portugal; puis il traversa de nouveau l'Espagne et dirigea ses pas errans vers la France, où il a dû arriver dans la seconde moitié d'octobre. Sa conduite à Nantes est déjà du domaine de l'histoire : c'est un de ces faits que chaque génération se hâte de transmettre à sa postérité comme pressée d'en soulager sa mémoire.

Hyacinthe Deutz n'est pas né à Cologne, mais à Coblentz, dans la Prusse rhénane. C'est en qualité d'étranger, que, par décision du tribunal de la Seine, il a été exempté, ainsi que son frère aîné, de la loi de la conscription. Il n'a jamais eu d'oncle à Rome. Son père demeure à Paris; par respect pour ses cheveux blancs, je ne le désignerai pas par sa qualité. Les journaux, à ce que je crois, ont omis de dire que Hyacinthe est myope, et qu'il porte des lunettes.

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Après quelques autres détails, M. Drach finit par la déclaration suivante : Quant à moi, mes frères, rien ne m'arrêtera dans ma mission de vous prêcher la véritable foi de nos ancêtres. J'ignore ce que la Providence me réserve de la part de ceux qui m'ont fait des menaces atroces. Mais quand on tient pas à la terre, on ne craint point de mourir. Il y a long-temps que le calice d'amertune ne quitte plus mes lèvres. Je désire avec ardeur la dissolution de cette habitation incommode ( terrestris domus nostra) afin que mon âme s'envole dans le sein de son époux céleste (desiderium habens dissolvi et esse cum Christo.) Oh! que je serais heureux de verser jusqu'à la dernière goutte de mon sang pour le Messie divin, qui, le premier, a versé tout le sien pour moi; et en rendant le dernier soupir, je prierai encore pour mes persécuteurs..

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Paul-Louis - Bernard DRACH, Rabbin converti.»

Neuvaine pour se préparer à la fête de Noël, par Muzzarelli (1).

‚‹L'auteur y offre des pratiques, des méditations et des prières pour chaque jour ́de la neuvaine. Il rappelle que le pape Pie VII, par un rescrit du 12 août 1815, a accordé des indulgences à ceux qui feroient la neuvaine avant Noël; savoir, une indulgence de 300 jours pour chaque jour de la neuvaine, et une indulgence plénière le jour que l'on voudra. La Neuvaine de Muzzarelli est très-propre à préparer les fidèles à la fête et à mettre en état de gagner les indulgences.

(P) Un vol. in -18, prix, 40 cent. et 50 cent. franc de port. A Paris, au bureau de ce journal.

Le Gérant, Adrien Le Clere.

COURS DES EFFETS PUBLICS.-Bourse du 12 décembre 1832.

Trois pour 100, jouissance du 22 juin, ouvert à 67 fr. 95 c. et fermé à 67 fr. 90 c. Cinq pour 100 jouissance du 22 sept., ouvert à 98 fr. 00 c. et fermé à 98 fr. 05 e. Actions de la Banque.

1680 fr. 00 c.

IMPRIMERIE D'AD, LE CLERE ET COMP.

SAMEDI 15 DÉCEMBRE 1832,

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(N° 2037

QUESTION DE DROIT PUBLIC. Le ministre des cultes peut-il refuser à une population qui s'engage à doter une église le titre légal de succursale ou de chapelle?

Je considère cette question comme appartenant à notre droit public, puisqu'elle intéresse la liberté des cultes consacrée aujourd'hui par presque toutes les constitutions de l'Europe, et en particulier par l'art. 5 de notre Charte..

Quelles limites le pouvoir peut-il mettre à cette liberté pour en prévenir les abus? n'est pas chose facile à fixer en général, mais rien n'est plus aisé sur le point particulier qui nous occupe. J'ai beau chercher un motif au refus de reconnoitre légalement un titre de succursale ou de chapelle vicariale, je ne puis en trouver qu'un seul, celui de ne point grever le trésor par de nouvelles charges. Aussi, sous l'empire de nos anciennes lois, alors que l'Eglise possédoit des biens fonds et des dimes, il étoit reconnu que l'évêque seul érigeoit des cures, parce qu'il pouvoit les doter par union de dîmes et autres revenus ecclésiastiques (voyez l'édit de 1695, art. 24). Aujourd'hui que les dimes sont abolies et les biens du clergé envahis, on explique l'art. 62 de la loi organique, ainsi conçu: « Aucune partie du territoire français ne pourra être érigée en cure ou en succursale sans l'autorisation du gouvernement, »> mais on ne l'explique et on ne le justifie que par la nécessité de recourir au budget de l'Etat. Le budget! voilà le grand et l'unique motif de recours au pouvoir. Nous ne demandons que l'on abolisse, ni même que l'on élude la loi qui le crit, mais nous pouvons désirer, et nous avons le droit de demander que son esprit ne soit point méconnu; or, il l'est évidemment quand une commune ou une section de commune sollicitent un titre de succursale ou de chapelle, en offrant de payer l'allocation qui en est la conséquence, et que le gouvernement refuse de les satisfaire.

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Que demandent-ils au fond? A ce qu'ils ne soient pas obligés d'aller chercher au loin le lieu où se fait la prière publique, à ne pas exposer les enfans qu'ils présentent au baptême à tous Tome LXXIV. L'Ami de la Religion.

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SEINE

les accidens qui menacent leur frèle existence dans un trajet plus ou moins long, à avoir auprès d'eux le cimetière où reposent les cendres de leurs pères, à éviter les inconvéniens qui sont la suite du déplacement des enfans contraints d'aller à une grande distance recevoir les instructions de leur pasteur. Je le demande, qu'y a-t-il dans une réclamation aussi raisonnable que le pouvoir le plus ombrageux puisse redouter? Je cherche des motifs, et je ne trouve pas même des prétextes. Cependant le refus existe; nous en citerons des preuves si on le désire.

Ce n'est pas ainsi que les cultes dissidens sont traités dans

un pays où ils forment au plus le quinzième de la population. Ce n'est pas seulement des titres sans allocation qu'on leur accorde, ce sont des titres bien rétribués, des secours abondans pour bâtir ou réparer des temples, et cela pour des populations moins nombreuses que les populations catholiques repoussées par un refus. Ainsi les protestans, qui n'ont rien perdu, sont mieux traités que les catholiques, dont le clergé a été dépouillé. Les protestans, dont les temples n'exigent ni décorations, ni ornemens sacerdotaux, ni vases sacrés, obtiennent plus pour leurs édifices que nous pour nos églises. Les protestans, dont les ministres n'ayant ni mission, ni hiérarchie, ni loi du célibat à observer, peuvent se recruter partout où il y a des hommes capables de parler en public, chose aujourd'hui si commune, et d'expliquer quelques vérités morales, chose que tout homme d'une éducation ordinaire ne peut ignorer, les protestans, dis-je, obtiennent pour leurs pasteurs ce que nous ne pouvons obtenir pour les nôtres, dont la position réclameroit plus de faveur. Enfin la partialité à notre égard va jusqu'à nous refuser un titre que toute réunion inoffensive obtient sans peine. Voilà un exemple entre mille autres de la manière dont le ministère entend la liberté religieuse et l'article de la Charte qui promet à chacun une égale protection pour la profession de son culte.

Nous avons dit qu'il ne pouvoit exister un motif plausible du refus fait à une commune d'un titre légal de succursale ou de chapelle, lorsque ce titre n'entraînoit aucune charge pour le trésor. Nous avons en ce moment sous les yeux une lettre ministérielle où l'on prétend que le traitement est inséparable du titre d'où il faudroit conclure que le pouvoir, à qui une dis

position législative accorde évidemment le droit indépendant de faire l'érection civile d'une église, ne peut agir sans le consentement des chambres, maitresses de refuser ou d'accorder les fonds. C'est méconoître le sens non équivoque de l'art. 63 de la loi organique; c'est méconnoître l'ensemble de toute la législation concernant le clergé, qui n'établit nulle part une connexité nécessaire entre ces deux choses, qui suppose même que cette connexité n'existe pas; car toutes les succursales érigées en 1802 le furent d'abord sans dotation: c'est confondre la distinction des pouvoirs, et mêler les droits de l'administration avec ceux de la puissance législative. On ne pourroit en conclure que le gouvernement est libre de supprimer les traitemens. Il les doit, non-seulement parce les lois annuelles des finances les accordent à tous les titulaires ecclésiastiques, mais encore parce qu'ils constituent une indemnité, foible compensation des biens enlevés au clergé. Mais de ce qu'une commune ne réclame point une part dans le bienfait, ou plutôt dans cet acte de justice, s'ensuit-il qu'elle ne puisse et ne doive rien obtenir? La conséquence est inadmissible. Mais que ferez-vous, nous dira-t-on, de ce titre? Il servira, sous plus d'un rapport; car l'église qui ne l'obtiendroit point n'auroit pas un droit rigoureux à réclamer la protection de l'autorité pour le culte qu'on exerce; celle-ci pourroit même céder à quelque fantaisie d'arbitraire, et la faire fermer sans autre forme de procès. Les églises non reconnues sont de droit la propriété des paroisses conservées. Un titre les soustrait à cet envahissement; et, après toutes les spoliations de notre première révolution, il en empêche de nouvelles. Un titre est un engagement pour les habitans d'une commune de conserver les édifices religieux qu'ils possèdent, et une dispense de concourir à l'entretien et aux réparations d'une autre église, à laquelle ils ont été forcément réunis, c'est-à-dire qu'il prévient une double charge ⚫ pour les communes les moins populeuses, et tous les débats, toutes les haines qui résultent d'une obligation aussi peu équitable.

Autre objection: l'allocation des communes ne constitue pas une dotation permanente; c'est une allocation volontaire que les habitans pourroient supprimer. Pourquoi, répondronsnous, ne pas supprimer les écoles primaires, les colléges, tous les employés payés par les budgets municipaux? ils ne subsistent qu'au moyen d'allocations volontaires. Pourquoi érigez

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