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leur dit que, s'ils avoient des plaintes à faire contre leur pasteur, il étoit prêt à les entendre, mais qu'il falloit, avant tout, reconnoître son autorité; sans quoi il seroit obligé d'interdire l'église et de prendre des mesures contre les auteurs du schisme. On ne put alléguer contre M. Mayne aucun sujet de plaintes, et il fut manifeste que l'opposition ne partoit que de caprices et de répugnances qui n'avoient aucun motif plausible. Le soir suivant, il y eut une réunion de toute la congrégation, et l'immense majorité se prononça pour la cause de l'ordre et de la discipline contre un nombre infiniment petit d'opposans. Les wardens se sentant vaincus sollicitèrent un ajournement qu'on leur accorda. Mais, dès le lendemain, leurs propres réflexions les amenèrent à cesser cette lutte. Ils allèrent trouver M. l'évêque, reconnurent ses droits, et le mirent en possession de l'église. Le prélat y introduisit M. Mayne, qui officia à cet autel dont il étoit exclus depuis si long-temps. Un Te Deum fut chanté; le 18 mars, plus de cent vingt personnes furent admises à la communion, et cent trente reçurent la confirmation ainsi se termina ce schisme funeste. Parmi les résolutions adoptées, il en est qui portent que l'église ne sera jamais fermée au prêtre envoyé par l'évêque diocésain; que dans le cas de plainte contre un prêtre la décision de l'évêque fera autorité; que le revenu des deux années, les réparations déduites, sera mis à la disposition de l'évêque, et que le revenu à écheoir appartiendra au prêtre nommé régulièrement. M. l'évêque de Mobile a confirmé M. Mayne dans ses fonctions pastorales, et l'a nommé de plus grand-vicaire pour le district. La paix et la bonne intelligence ont été rétablies, et l'esprit de religion a recouvré son influence là où la discorde avoit fait tant de mal.

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NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Une grande question s'agite depuis quelque temps entre les journaux du ministère et ceux de l'opposition : ces derniers prétendent que Louis-Philippe doit s'en tenir à régner sans gouverner. Les autres, comme de raison, ne veulent pas qu'il soit privé du mérite qui revient naturellement à celui ou à ceux auxquels nous sommes redevables de nos félicités actuelles, du doux repos et de l'état de prospérité dont nous jouissons. Selon eux, tout cela part de son imagination et de sa capacité personnelle; et ils n'ont garde de consentir à ce qu'il soit privé de la gloire que des envieux cherchent à lui disputer. Pour nous, s'il faut l'avouer, nous avions négligé, jusqu'à présent, de remonter à la source de notre bonheur. Sans examiner d'où le bien nous arrivoit, nous nous contentions d'en profiter et de le prendre comme il nous venoit. Mais à présent que nous savons à quoi nous en tenir, nous aurons soin de rapporter dorénavant au roi Louis-Philippe tout ce qui pourra nous arriver d'heureux, sans oublier tous les autres bienfaits que sou gouvernement à déjà répandus sur nous depuis le 7 août 1830. Il ne tiendra qu'à lui que nous ayons beaucoup de bonnes choses à porter à son compte; et il

peut être sûr que, s'il nous en vient de cette espèce, nous ne lui ferons pas l'injustice de les attribuer à M. Barthe ou à M. Thiers.

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Nous espérons que nos lecteurs nous savent bon gré de ne point les avoir associés à toutes les vicissitudes de paix et de guerre par lesquelles les autres journaux ont fait passer leurs lecteurs, depuis un temps infini, au sujet des affaires de la Belgique. Nous en serions, eux et nous, pour nos frais de dissertation, et nous nous trouverions aujourd'hui tout aussi peu avancés qu'il y a un an dans nos conjectures. Des expéditions préparées et contremandées, des protocoles modifiés ou suspendus par des protocoles, des ordres détruits par des contreordres, une complication de difficultés auxquelles on finit par ne plus rien comprendre, tempêtes élevées et apaisées tour - à - tour, plus de fumée que de feu de tous côtés; voilà en somme à quoi se réduit et à quoi se réduira la grande tourmente qui tient une partie de l'Europe en émoi depuis si long-temps. S'il étoit permis de conjecturer quelque chose sur la manière dont on sortira de tous ces embarras, nous dirions que c'est l'argent qui coupera le nœud gordien. Après quelques transactions de forme entre les amours-propres, les hommes de comp

toir d'Amsterdam se présenteront avec des sacs, et, en dernier résultat, ce seront les florins de la Belgique qui feront évacuer la citadelle d'Anvers. Seulement ces florins ne prendront pas la route de Paris pour nous indemniser de nos dépenses; et, de toute cette affaire, il ne restera pour nous que les frais de guerre.

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Jules-César se méfioit avec raison des gens sournois qui marchent à petit bruit, sans laisser découvrir ce qu'ils ont dans la pensée. Cassius étoit à ses yeux un de ces caractères qu'il redoutoit; et quand on lui conseilloit de prendre garde à certains conspirateurs bavards qu'on lui désignoit : « Ce ne sont pas ceux-là que je dois appréhender, disoit-il, mais plutôt ces hommes pâles, maigres qui se piquent d'austérité.» En raisonnant d'après la même règle de jugement, peut-être le ministère actuellement vivant devroit-il se méfier, depuis un mois environ, de la marche silencieuse de l'opposition parlementaire. Précédemment, elle faisoit un bruit à éveiller tout le monde; elle écrivoit dans les journaux pour la moindre chose, et mettoit le public dans la confidence de tous ses petits chagrins: maintenant, elle est taciturne et nous donne très-peu de ses nouvelles. C'est un mauvais signe pour ces Messieurs de la doctrine, et il se pourroit qu'il y eût là quelque chose de plus menaçant que dans une polémique à grands fracas. Qu'ils y prennent garde; les hommes pâles et maigres ne dorment probablement pas autant qu'ils en ont l'air. On n'entend plus parler de leurs banquets, de leurs toasts patriotiques, ni de leurs ovations; ils n'ont plus d'épanchemens pour les journaux et pour le public; enfin, ou ne sait plus de quoi ils s'occupent, et ils marchent sans qu'on les entende. Encore une fois, ceci peut paroître de mauvais augure, et, à la place des ministres de Louis-Philippe, Jules-César auroit eu eu peur.

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MM. Ganneron et Reynard, députés, Legrand, conseiller d'Etat, Verne, banquier, et Désaugiers, ancien consul-général, sont nommés membres du conseil supérieur du commerce.

Les maréchaux-de-camp Villatte et Gusler viennent d'être nommés au commandement de la première et de la seconde brigade de la division de cuirassiers à l'armée du Nord. Le maréchal de camp d'Hinocourt passe au commandement de seconde brigade de la 4 division d'infanterie, qui a pour chef le lieutenantgénéral Fabre.

MM. les maréchaux-de-camp Berthier et Schouller sont nommés au commandement, le premier de l'école d'artillerie de Toulouse, et le second de celle de Rennes.

- Le général Bernard, aide-de-camp de Louis-Philippe, remplace le général Valazé dans la direction des fortifications de Paris. On avoit besoin de cette publication, pour savoir que l'on songe encore à ces fortifications que l'on espéroit être en quelque sorte abandonnées.

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On dit que le duc de Joinville fera un second voyage maritime au printemps prochain.

Le numéro du 30 octobre de la Tribune a été saisi à cause d'un article sur l'origine de la Charte.

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Un commissaire de police s'est présenté le 31 octobre chez M. Bouvet, pour saisir un écrit intitulé : République ou Monarchie, ou Principes d'ordre social.

Dans sa dernière session, la cour d'assises de Bourbon-Vendée a condamné pour faits de chouannerie les sieurs Bernard, Gillet et Boucher à la peine de mort, et le sieur Renaud, dit le Breton, aux travaux forcés à perpétuité; pour proposition de complot, les sieurs Dubois, Mauvilain et Mandin à 2 ans de prison; pour cris séditieux, les sieurs Bégaud, Bourgoin et Catheau à 2 ans, 1 mois et 6 jours de prison; et pour offenses envers Louis-Philippe, le sieur Fourrier à 6 mois de la même peine.

Ou a appelé samedi dernier, après le jugement des accusés du cloître SaintMéry, la cause de M. Cabet, député, poursuivi pour une brochure qu'il a publiée sur la révolution de 1830. M. Cabet étant à Dijon, M. Joannès, avoué, a sollicité la remise de la cause au 16 novembre. L'avocat-général a dit qu'il y consentiroit, si cet avoué vouloit s'engager, sur l'honneur, à ce que son client se présentât ce jour. M. Joannès a répondu qu'il ne pouvoit prendre personnellement un semblable engagement. La cour a consenti à la remise, malgré les efforts du ministère public. Ainsi l'affaire ne reviendra que trois jours avant l'ouverture des chambres; et, si M. Cabet fait défaut, il ne pourra être jugé que pendant la session, ce qui exigera le consentement de la chambre des députés, où il y aura sans doute des débats sur l'objet du procès, et peut-être aussi sur les poursuites exercées contre M. Cabet, à la suite de l'insurrection du 5 juin : c'est là ce que l'on vouloit.

Le soi-disant général Lacroix-Boëgard, connu par le procès qu'il a subi comme chef de la division des Volontaires parisiens ou de la Charte, qu'il avoit organisés sans autorisation à la suite de la révolution de juillet, vient d'être arrêté pour de nouveaux enrôlemens auxquels il se livroit, sous le prétexte

d'organiser une expédition destinée à soutenir en Portugal la cause de dona Maria ; mais qui avoit, à ce qu'il paroît, un tout autre but.

Le directeur de l'enregistrement et des domaines a demandé, le 31 octobre, devant le tribunal de 1re instance, l'autorisation de vendre le cautionnement de la Révolution, afin d'avoir paiement de 9,821 fr., montant des amendes prononcées contre M. Thouret, gérant. Celui-ci ne s'est pas présenté, et le tribunal a fait droit à la demande.

M. Tellier de Blauriez, qui étoit premier secrétaire de l'ambassade de France à Londres, va se rendre à Amsterdam en qualité de consul-général.

- M. Conte, directeur, et M. Piron, sous-directeur de l'administration générale des postes, sont partis pour Londres, afin d'y conclure, avec l'administration des postes anglaises, un traité entre les deux pays, pour l'établissement d'un service journalier, pour l'abolition de l'affranchissement obligé des lettres et pour d'autres améliorations.

M. le marquis de Lansdown, président du conseil des ministres de la Grande-Bretagne, est arrivé le 30 octobre à Paris. Il a eu un entretien avec Louis-Philippe et aveo le ministre des affaires étrangères.

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L'académie royale de médecine a élu M. Velpeau pour membre adjoint.

La noble conduite de MM. Parigot et Rogues, président et conseiller démissionnaires à Poitiers, ne cesse d'exciter de toutes parts des félicitations. Il vient de leur être envoyé de Paris une adresse revêtue de plus de 3000 signatures de personnes notables.

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Par les soins de M. Lehon, minstre belge à Paris, il a été convenu que les pièces que les chambres de France et de Belgique feront imprimer seront échangées. On prépare en ce moment à Bruxelles, pour la France, une collection de toutes les pièces imprimées du temps du congrès, et pendant la dernière session législative. La même proposition d'échange doit être faite par le gouvernement belge à l'Angleterre.

Madame de Montbel, épouse du ministre de Charles X, a succombé, le 24 octobre, à une maladie de poitrine. Elle est morte dans son château de Garros, à une demi-lieue d'Auch.

- M. de Courtivron, ancien maire de Dijon, et ancien député, vient de mou ́rir dans sa terre auprès de Sombernon.

- M. Saladin, ancien procureur-général à la cour royale de Nanci, et député eu 1824, est mort dans cette ville le 22 octobre.

- M. Jean-Expert de La Grand-Borde, ancien membre de la Convention, est mort à Romengoux, à l'âge de 74 ans.

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Le service des voitures publiques de St-Etienne à Lyon, par le chemin de fer, est maintenant en pleine activité. Plus de 500 voyageurs parcourent journellement cette route dont le trajet se fait en trois heures et demie à la descente, et en cinq heures et demie à la remonte.

On assure que le nombre des réfractaires de la dernière classe du recrutement ne s'élève, dans l'arrondissement de Bressuire (Deux-Sèvres) qu'à 24.

On a arrêté au parquet de Nantes M. de Liger, de Saint-Philibert, compromis dans le dernier mouvement royaliste, au moment où il se présentoit sous le nom de Cesbron pour demander un permis de visiter un prisonnier.

- M. le baron de Forget, préfet de l'Aude, qui avoit écrit franchement au nouveau ministère qu'il ne satisferoit point au vœu du pays, vient d'être destitué, et est remplacé par M. Teissier, ancien sous-préfet : M. de Forget étoit gendre du général Lavalette.

Le vaisseau amiral et quatre frégates de la flotte française de Cherbourg sont entrés le 29 octobre dans la rade de Portsmouth. Deux autres frégates étoient en vue. Le reste de l'escadre étoit attendu au premier moment. On achève les préparatifs de départ de l'escadre anglaise.

- Le parc de siége rassemblé à Douai se compose de quatre-vingts bouches à feu entièrement neuves et parfaitement approvisionnées. Une partie sera conduite par eau, et les autres par des chevaux de train et de réquisition.

Les hussards en garnison à Valenciennes ont reçu ordre de prendre à l'avenir leur fourrage un jour à l'avance, afin de se tenir prêts à tout évènement. Le général du génie Haxo est parti le 30 octobre pour l'armée du Nord. C'est lui qui dirigera les opérations du siége d'Anvers.

Le pont situé à l'extrêmité de la rue Royale, à Dunkerque, s'est écroulé en partie le 26 sous le poids d'un charriot de roulier. Le charriot est resté suspendu sur le pont. Un des cinq chevaux de l'attelage a seulement été blessé : il n'y a pas eu d'autre accident.

- Le roi des Belges signale son règne par des actes de clémence; par un arrêté du 23 octobre, il a encore accordé remise ou commutation de peine à un certain nombre de condamnés.

Par un arrêté du 27 octobre, le ministre de l'intérieur de la Belgique, considérant la cessation presque totale du choléra dans les différentes provinces du royaume où il s'est montré jusqu'ici, a déclaré que les fonctions des commissions sanitaires cesseroient à dater du 8 novembre.

M. de Stassart, sénateur belge, est allé visiter M. Pescatore dans la prison où il est détenu et lui a donné l'assurance qu'il seroit traité avec toute sorte d'égards. M. Pescatore a déclaré qu'il préféroit rester à Arlon d'où il auroit pu diriger ses affaires commerciales. Il n'a pas voulu se loger dans une maison particulière, et a dit qu'on pouvoit faire de lui tout ce qu'on voudroit.

L'ambassadeur d'Angleterre à La Haye, d'après les ordres de son gouvernement, a enjoint à tous les bâtimens anglais qui se trouvent dans les ports de Hollande de les quitter immédiatement, pour éviter l'embargo que le roi Guillaume paroît disposé à y mettre.

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Une grande partie des digues de la frontière méridionale de la Hollande out été percées, les inondations s'étendant jusqu'au-delà de Berg-op-Zoom. La ville de Flessingue présente le même état de défense qu'en 1809. Tout est à la guerre.

Le gouvernement insurrectionnel de la campagne du canton de Bâle a publié,

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