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d'inconvénient à lui accorder la faveur qu'il sollicitoit, et il est probable que MM. les ministres s'en seroient bien trouvés. Mais le malheur a voulu pour eux qu'une autre inspiration leur soit venue, et qu'ils aient réduit M. de Chateaubriand à s'expliquer dans une brochure sur le témoignage de dévoûment et de fidélité qu'il vouloit simplement déposer aux pieds de son illustre cliente. Il est bien à craindre qu'en le dégageant ainsi de toute reconnaissance, les ministres n'aient rendu son essor plus libre, et sa plume plus dure. On annonce que le public ne tardera pas à en juger, et qu'il sera bruit encore une fois de la vigueur connue de son style. Déjà toute la librairie de France est à la porte de son imprimeur, pour épier le moment où son nouvel écrit sera fulminé. On peut dire d'avance que ceux qui l'ont empêché d'aller à Blaye trouveront plus tard qu'il auroit mieux valu pour eux lui laisser prendre un passeport que de lui laisser faire un livre.

- Les journaux de l'opposition révolutionnaire sont comme ces malades condamnés qui se flattent jusqu'à la dernière extrémité. Après la révolution de juillet, ils se sont mis à rêver et à publier partout qu'ils formoient un quatrième pouvoir dans l'organisation du nouveau régime, et ils partent de là aujourd'hui pour ne s'effrayer de rien. Maintenant que les trois autres pouvoirs ont fait défection, disent-ils, et que la presse est le dernier retranchement des patriotes de juillet, c'est à elle à faire bonne garde, et à se charger de la surveillance du maintien de la Charte. La surveillance du maintien de la Charte! cela est bientôt dit. Mais si le quatrième pouvoir n'est pas le plus fort, et que les trois autres viennent à le mettre lui-même en surveillance, que fera-t-il? Avec le gouvernement de la restauration, point de difficulté. Comme il ne connoissoit pas ses ennemis, et qu'il ne se méfiait de rien, on avoit la ressource de pouvoir amasser contre lui des milliers de fusils, et jusqu'à des pièces de canon chez des commissionnaires de roulage. On avoit des banquiers, des sociétés Aide-toi, des incendiaires dans les départemens, pour attirer la garde royale de ces côtés-là. Enfin, les patriotes alors étoient unis comme de bons frères, et, pour nous servir de leurs propres expressions, marchoient comme un seul homme contre le trône de Charles X. Aujourd'hui ce n'est plus la même chose; c'est entre eux que la guerre se fait. Ils ont affaire à d'anciens amis, qui les connoissent pour avoir conspiré et machiné ensemble de bon accord là ruine de l'Etat. Ceux-là savent parer les coups en gens exercés, et ne pas tomber dans des piéges qui leur sont familiers, puisqu'ils leur ont servi à prendre les autres. Ils n'attendent pas que leurs ennemis aient des magasins d'armes pour marcher contre eux ; ils commencent par les empêcher d'en avoir, par disperser leurs réunions, par les mettre en état de siége. En un mot, comme ils en savent aussi long qu'eux, ils les prennent par où ils sentent qu'on auroit dû les prendre eux-mêmes, pour les empècher de réussir dans leurs mauvais desseins. Si donc ils ont reconnu, lorsqu'ils étoient conspirateurs, que la presse est un des leviers qui leur a le plus servi à renverser le trône de Charles X, c'est fait de ce quatrième pouvoir; et ceux qui comptent sur lui, pour surveiller le maintien de la Charte, peuvent se mettre dès à présent à chercher d'autres surveillans.

- La Gazette de Madrid vient de publier un nouveau manifeste de la reine Christine, qui, en expliquant la ligne politique du gouvernement, contient une espèce de rétractation de quelques-uns des actes précédens. La reine, y est-il dit, se déclare ennemie irréconciliable de toute innovation religieuse et politique, qui tendroit à introduire dans le royaume un autre ordre de choses sous tous les rapports que celui existant. S. M. proteste qu'elle continuera, à l'exemple de la France et de l'Angleterre, à garder la neutralité dans la question du Portugal. Ce manifeste, qui est signé de M. Zéa - Bermudez, et qui a été envoyé comme note circulaire aux agens diplomatiques, a pour but de répondre aux opinions diverses que des personnes s'étoient formées, en Espagne et à l'étranger, sur la marche que la reine entend suivre. La reine ne veut point détruire ce qu'a fait Ferdinand. Elle désire seulement modifier sagement les réglemens, et donner plus d'élan au commerce et à l'industrie. Elle tient surtout à ce que la religion conserve la plénitude de son autorité et son indépendance.

A la suite d'un long rapport de M. Humann sur le contrôle des deniers publics, il a été rendu, le 8, trois ordonnances à ce sujet, La première prescrit des mesures à prendre par les receveurs-généraux et particuliers, et payeurs, pour la délivrance des mandats, récépissés, etc. La seconde rend tous les comptables, ressortissant au ministère des finances, responsables du recouvrement des droits liquidés sur les redevables; et dont la perception leur est confiée. Ils devront justifier, avant l'expiration de l'année, de la réalisation des entrées, ou des poursuites exercées pour y parvenir. La troisième astreint à un cautionnement de 50,000 fr. l'agent comptable du grand - livre, et l'agent comptable des mutations et transferts au trésor.

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M. Floret, sous - préfet à Aix, est nommé préfet du Var, en remplacement de M. Prieur Lacomble, décédé; M. de Villeneuve, sous-préfet de Fontainebleau, est nommé préfet du Tarn, en remplacement de M. Combe-Sieys, qui passe à la préfecture de l'Aube. M. de St-Didier, qui avoit cette dernière préfecture, est transféré à celle de Seine-et-Marne.

La commission chargée de l'examen du projet de loi tendant à modifier la loi municipale est composée de MM. Leroy, Hector d'Aulnay, Lallier, Dariste, Duprat, Persil, Vatout, Foy el Prunelle.

La commission chargée de l'examen du projet de loi sur les douanes a nommé M. de St-Cricq pour son président, et M. Ch. Dupin pour son secrétaire.

Un journal ministériel assure que le chiffre du choléra n'a pas excédé, à Paris, dans les dix premiers jours de décembre, celui du mois de novembre entier, et que l'on est persuadé qu'une recrudescence n'est pas à craindre pour le

moment.

Le tribunal correctionnel a condamné le 7 le sieur Jone à 1000 fr. d'amende, pour avoir mis on immeuble en loterie.-Il a ordonné, en outre, l'affiche du jugement au nombre de 50 exemplaires, mais il a pensé qu'il n'y avoit pas lieu à confisquer l'immeuble.

C'est par erreur que l'on avoit annoncé la mise en liberté de M. Giroux de Saint-Geniez, arrêté à la suite de l'événement du Pont-Royal. Il est toujours en prison.

M. Bascans, gérant de la Tribune, étoit cité le 13 devant la cour d'assises, pour offense envers Louis-Philippe, dans les numéros des 2, 3, 27 et 29 juillet dernier. Il ne s'est pas présenté, et la cour l'a condamné, saus intervention des jurés, à 2 ans de prison et 4,000 fr. d'amende.

M. Bascans a été condamné le même jour, en police correctionnelle, à 25 d'amende et 200 fr. de dommages-intérêts, pour diffamation envers M. Challas, ancien agent du duc Charles de Brunswick, que la Tribune avoit traité d'espion de police et d'homme taré.

- Le général Cordova, ministre d'Espagne en Prusse, et qui se trouvoit en congé à Paris, vient d'être rappelé à Madrid.

Une décision prise en conseil des ministres, et dont nous avons parlé, a ordonné que les biens composant le domaine de Chambord seroient immédiatement mis sous le séquestre, et qu'il seroit pris possession de ces biens au nom de l'Etat. Cette décision a été basée sur ce que la loi du 7 août 1830 ayant déclaré le trône vacant, et privé de leurs droits politiques tous les membres de la branche aînée des Bourbons, M. le duc de Bordeaux a perdu tout droit à la possession du domaine de Chambord, qu'il ne possédoit que comme prince français et à titre d'apanage; et que cet apanage a fait en conséquence retour au domaine de l'Etat. On sait que le président du tribunal de Blois, M. Bergevin, devant qui le juge-depaix s'étoit pourvu en référé, sur l'opposition de MM. de Calonne, conservateur, et Bourcier, régisseur du domaine, a défendu de mettre cette mesure à exécution. L'administration des domaines vient d'appeler de cette ordonnance devant la cour royale d'Orléans.

- L'affaire de mesdemoiselles Duguigny a été appelée le 8 au tribunal correctionnel de Nantes. M. Clémenceau, avoué, a demandé et obtenu la remise de la cause au 29 décembre. Mesdemoiselles Duguigny sont inculpées : 1o d'avoir recélé des personnes poursuivies criminellement, 2° d'avoir eu en leur possession une presse clandestine.

-M. Leblanc, capitaine de la frégate la Capricieuse, qui a conduit madame la duchesse de Berri à Blaye, a reçu par le télégraphe l'ordre de se rendre à Paris.

Quatre des chouans détenus dans la prison de Beaupréau se sont évadés le 8; un détachement de troupes s'est mis à leur poursuite : l'un de ces fugitifs, le sieur Rimbaut, chouan de Maulevrier, a été tué, et un autre, le sieur Sinon, de Beaupréau, a été repris.

Une souscription a été ouverte à La Rochelle en faveur de Marie Bossy et Charlotte Moreau. Le nom de M. de La Rochejaquelein figure en tête de la liste des souscripteurs.

Le général d'artillerie Gourgaud, aide-de-camp de Louis-Philippe, ost partí de Paris le 13, pour se rendre au quartier-général du maréchal Gérard.

D'après l'avis du comité des fortifications, une ordonnance vient de classer comme poste militaire le petit port Philippe, ou ville des Smogleurs, construit à l'entrée du chenal de Gravelines (Nord).

Le lieutenant-général Jacquinot, commandant la 2a division de cavalerie de l'armée de l'Est ou d'observation, a établi son quartier-général à Verdun. Le général Vathiez, qui a sous ses ordres la seconde brigade, composée des 6o et 7° régimens de cuirassiers, a aussi son quartier-géneral dans cette ville. Les 5o et 8 régimens de cette arme, qui forment la brigade de réserve, restent provisoirement à Saint-Mihiel et à Commercy.

Les efforts de l'armée du Nord se dirigent en ce moment sur la lunette St-Laurent. Le feu augmente d'intensité de part et d'autre. Dans la nuit du 10 au 11, où la canonnade et la mousqueterie ont été fort animées, un détachement de la garnison de la citadelle a fait une sortie qui a eu, dit-on, pour résultat la capture de 9 des plus habiles mineurs français. Le 11, on est parvenu à isoler la lunette St-Laurent de la citadelle, et l'on a commencé à faire descendre les mineurs dans le fossé plein d'eau, où ils travaillent avec un radeau. Le génie militaire poursuit ses travaux dans toutes les directions avec une ardeur et une intrépidité admirables; mais on rend hommage en même temps à l'habileté et au courage des assiégés.

au 12,

Le feu a encore été très-vif sur toutes les directions, dans la nuit du 11 et dans la journée du 12; mais les Français ont fait quelques progrès dans l'attaque de la lunette St-Laurent, et l'on espéroit qu'elle ne tarderoit pas å tomber en leur pouvoir. Ce fort gêne seul les opérations directes contre le corps de la place. On croit qu'il ne s'y trouve que 500 hommes; ils ne peuvent plus se réfugier nulle part.

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Du 4 au 8 décembre inclusivement, l'armée française a lancé sur la citadelle d'Anvers et les bastions qui en dépendent 14,468 projectiles, savoir, du 4 au 6, 1235 boulets de 24, 626 de 16, 969 obus et 724 bombes; du 6 au 7, 1515 boulets de 24, 752 de 16, 1043 obus et 835 bombes; du 7 au 8, 1574 boulets de 24, 516 de 16, 655 obus et 536 bombes.

Un assez grand nombre de projectiles de la citadelle d'Anvers tombent et restent dans la tranchée. M. le maréchal Gérard a décidé qu'il seroit accordé une indemnité aux militaires qui les apporteroient à l'artillerie. Cette indemnité a été fixée à 25 cent. pour des boulets de tous calibres, à 35 cent. pour les obus, et à 60 cent. pour les bombes.

Le vaisseau anglais le Southampton, de 54 canons, et la corvette française la Créole, de 24, sont partis le 5 décembre, pour aller croiser sur les côtes de Hollande. Tous les autres bâtimens des deux escadres restent dans le port de Deal.

– Des désordres ont éclaté à Stamford, dans le Lincolnshire (Angleterre). Il y a eu dés fenêtres brisées, des boutiques enfoncées, enfin le riot - ací (acte contre, la rebellion) a été lu, non sans quelque danger pour les fonctionnaires chargés de cette lecture.

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M. Strattford - Canning vient d'être nommé ambassadeur d'Angleterre à Madrid. Il a reçu l'ordre de partir sur-le-champ, et l'on croit qu'il est chargé d'une mission relative au Portugal.

Le marquis de Palmella a contracté, dit-on, un nouvel emprunt de deux cent mille livres sterlings à Londres.

Un bâtiment anglais, le Rival, faisant voile de la Clyde pour Porto, et ayant à bord un renfort de troupes pour don Miguel, a péri corps et biens près de Galway, vers le 4 de ce mois. L'équipage se composoit d'environ 420 hommes, dont un seul n'a pu se sauver.

M. Maurocène, envoyé extraordinaire du sultan à Londres, a eu, le 25 novembre, une entrevue avec lord Palmerston, à l'occasion de la mission dont il est chargé.

-

Une insurrection a eu lieu le 21 novembre à Pollizia, petite ville située auprès de Palerme; mais les honnêtes gens ayant pris les armes, ont bientôt comprimé les perturbateurs, et l'ordre a été rétabli.

Un nouveau volcan s'est formé au pied du mont Etna. Les habitans de la ville de Bronte se sont enfuis à temps. La campagne a été ravagée par la lave.

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Le prince Othon de Bavière, roi de la Grèce, est parti de Munich pour son royaume le 3 décembre.

Le roi de Naples s'occupe de supprimer les cumuls d'emploi. Il a défendu à toutes les personnes attachées à sa maison ou à celles des princes d'occuper aucune fonction publique, et réciproquement aux employés de l'Etat d'aspirer à aucune fonction dans la maison du roi.

Le sultan a envoyé la décoration de première classe de son ordre, garnie de diamans, à l'empereur de Russie; celle de seconde classe à l'ambassadeur russe, M. de Boutinief, et celle de troisième classe au consul de cette nation, rappelé d'Alexandrie par Nicolas.

Les négociations entre la Porte et le vice-roi d'Egypte sont rompues. Ibrahim-Pacha a repris l'offensive, et s'est avancé avec rapidité en deux colonnes, par Adana, Kaisarich et Koina. Il a occupé la première de ces villes le 1er novembre. Le grand-visir s'est alors mis en marche contre lui, avec toutes les troupes disponibles.

Le conseil d'appel du Sénégal a condamné à dix ans de bannissement les sieurs Chevremont, négociant, à la Pointe-à-Pitre, armateur de la goëlette la Caroline, Yougmann, capitaine en second, et Trabaud, lieutenant de ce navire, pour traite des noirs. Six matelots ont été condamnés en même temps à cinq ans d'emprisonnement. Tous sont tenus, en outre, au paiement d'une amende égale à la valeur du navire confisqué et de la cargaison.

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