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pelains du roi d'Espagne, et il avoit contracté dans ces pays des liaisons d'amitié qu'il eut peine à rompre. Il retourna cependant en Irlande et fut sacré au mois de novembre dans la chapelle de StPierre à Drogheda, résidence des primats. Le docteur Curtis écrivoit parfaitement en latin. La dignité chez lui étoit tempérée par une grande affabilité. Ses décisions, pesées avec sagesse, étoient toujours reçues avec respect. Il soulageoit les pauvres autant que ses moyens le lui permettoient, et le dernier acte de sa vie fut de donner une somme pour bâtir une chapelle dans sa paroisse natale.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. De nouvelles adresses à madame la duchesse de Berri ont été signées par les habitans de Lille, de Lodève, de Loudéac et Lamballe (Côtes-du-Nord), de Quimper, Morlaix et St-Pol-de-Léon (Finistère), de St-Calais, de Vire, du Puy et du département de la Haute-Loire, par ceux des communes de Grand-Gallargues et Mas (Gard), de Granges (Lot-et-Garonne), de St-Laurent-Terregate (Manche), par les étudians en droit de Toulouse, par la classe marchande de Nantes, et par les dames d'Agen, de Vitré, de Redon, de Vire, du Mans, de Dijon, de Lunel, de Villefranche-sur-Saône, de St-Sauveur-le-Vicomte (Manche). Les habitans de Pont-Audemer, de Montmorillon, des communes de St-André, St-Martin-de-Londres et St Gervais (Hérault), et de St-Beauzille-de-Puleau (Gard), ont souscrit des protestations contre la mesure dont la princesse est l'objet. La Gazette du Périgord en mentionne de nouvelles de plusieurs personnes de ce pays. Le nombre des adhésions à l'adresse de Bordeaux s'accroît chaque jour. Une pétition aux chambres a été envoyée par un grand nombre d'habitans de Rhodez. La Gazette du Bourbonnais contient une lettre qu'une dame de cette province a écrite â la reine, pour la prier d'employer toute son influence pour adoucir le sort de sa nièce. Madame la marquise de Préville, née de Montpigot, â Tarascon, non contente de protester contre son arrestation, a offert à madame la duchesse sa vie, ses services et sa fortune. Nous lisons aussi dans un journal une adresse à S. A. R., par M. le comte de Mailly, à la Roche-de-Vaux (Sarthe), pair de France, réputé démissionnaire par refus de serment. La souscription ouverte à Marseille s'élevoit le 8 à 21,604 fr. M. le comte de Raousset-Boulbon y a joint 500 fr. Celle d'Aix est arrivée à 31,174 fr. On en a ouvert à Toulon'une qui se montoit à 706 fr.

Le départ de Mlle de Kersabiec a été très-sensible à Madame la duchesse de Berri. S. A. R. ayant éprouvé quelque indisposition, on a appelé pour lui donner ses soins M. le docteur Gintrac de Bordeaux. Ce médecin est entré le 10 dans la citadelle. Par suite de son indisposition, la princesse a suspendu sa promenade accoutumée dans le jardin. Pour s'en dédommager, elle a exprimé le désir d'assister à l'appel des soldats. On lui a accordé à cet effet l'ouverture d'un guichet, et MADAME, dont l'âme est toute française, en profite pour voir les petits détails mili

taires.

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A son arrivée à Nantes, Mlle Stylite de Kersabiec a écrit à plusieurs jour

naux que l'intention de la duchesse de Berri étoit que les offrandes dont Marie -Bossy est l'objet fussent partagées avec sa compagne, Charlotte Moreau, qui n'a pas montré moins de dévoûment et de désintéressement lors des menaces et des offres de la police. MADAME elle-même, en se faisant porter pour 1,000 fr. en tête de la souscription que vient d'ouvrir à Nantes le nouveau journal le Rénovateur breton et vendéen, a demandé que cette somme fût partagée également entre ces deux modèles de fidélité.

Voici deux choses que les ministres du roi-citoyen devroient tâcher de ne point faire marcher ensemble, c'est le vœu national et l'état de siége. Il est évident, en effet, qu'ils détruisent par là d'un côté ce qu'il y a de bon de l'autre dans leur affaire. Quand on est sûr du vœu national, il faut savoir s'en tenir là; car il doit répondre de tout, et c'est une contradiction manifeste que de s'en venir demander une législation exceptionnelle, des moyens extraordinaires de force et de vigueur, pour faire aller ce qui va tout seul. Vous dites que la France entière vous soutient de son von national, que vous êtes là par le vœu national; que ce vœu national est votre titre, votre garantie, votre place de sûreté. A la bonne heure; voilà un excellent moyen de gouvernement, qui a le double avantage de vous faire honneur et de vous dispenser d'en chercher d'autres. Mais alors reposezvous donc là-dessus, et ne venez pas gâter une aussi belle position par des soupçons, des méfiances et des inquiétudes d'esprit qui démentent ce que vous affirmez d'un autre côté. Soyez les premiers à donner l'exemple de cette sécurité que vous voulez inspirer aux autres; car c'est une grande inconséquence à vous de vous réclamer du vœu national et de mettre le vœu national en état de siége. Il faut opter: si vous êtes sûrs du premier point, vous devez renoncer à l'autre. L'état de siége et le vœu national sont deux choses incompatibles qui s'excluent mutuellement. Tenez-vous en à la dernière, comme étant la meilleure et la plus honorable, et persuadez-vous bien que vous lui ôteriez beaucoup de son prix en recourant à l'autre.

Si les patriotes du programme ont un peu de bonne foi, ils doivent bien se repentir maintenant de la manière dont ils ont traité leurs pauvres vaincus dans le commencement. En effet, ils ne les maltraitoient si fort, disoient-ils, qu'à cause du peu de goût et d'empressement qu'ils leur supposoient pour le nouvel ordre de choses. Et voilà qu'à leur tour, ils déclarent que ce nouvel ordre de choses est mille fois pire que l'ancien, et que jamais la restauration, avec son droit divin et son article 14, n'auroit osé se permettre rien qui approche de l'arbitraire du pouvoir de juillet. D'après cela, ce devroit être un bien petit péché à leurs yeux que d'avoir douté des bienfaits de la glorieuse révolution et des promesses de la Charte-Vérité. Cependant ils en veulent encore aujourd'hui, autant que le premier jour, à ceux qui ont eu le tort de prévoir, dès le commencement, ce qui est arrivé depuis, et de vouloir attendre que le bonheur public fût un peu plus assuré qu'il ne l'étoit par le peuple des barricades, avant de se déclarer pour les heureux changemens qu'on leur annonçoit. Les patriotes de juillet trouvent toujours que ce manque de foi et d'enthousiasme de la part des vaincus est un crime

irrémissible, et que, tout bien considéré, ce sont encore là les plus grands coupables dont ils aient à se plaindre. Ce ne sont point les vaincus, assurément, qui les mettent en étát de siége, qui les entassent à Ste-Pélagie, qui les écrasent d'impôts, de procès politiques et d'arbitraire. Mais n'importe; le mal qui leur vient de la main de la révolution de juillet n'est rien en comparaison de l'ennui que leur causoit la restauration avec sa monotonie de paix et de prospérité sans exemple.

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La ville d'Oporto, que dón Pédro a envahie, est après Lisbonne la ville la plus importante et le plus beau port de mer du Portugal. Les Romains l'appe loient Portus Gallorum, parce qu'elle étoit habitée par des Gaulois. Elle est à 4 milles de l'embouchure du Douro, et à 175 milles nord-est de Lisbonne. C'est le siége d'un évêque. Elle renferme environ 30,000 habitans. Elle a 7 églises, 12 couvens et 9 hôpitaux, dont un est destiné à goo orphelins. Il y a des manufactures considérables de soie, de poterie et de chapeaux, beaucoup de chantiers et de corderies. La rade est spacieuse et sûre; mais, par certains vents, l'entrée est difficile et dangereuse à cause de la barre. Le port est défendu par le château de St-Jean-de-Foz, et il est visité par plus de 500 bâtimens dans une année. La plus grande partie de ces navires sont étrangers, Le commerce de la ville est considérable, non-seulement avec les anciennes colonies du Portugal, mais avec l'Angleterre, la Hollande, etc. Les principales exportations étoient les marchandises du Brésil, le vinaigre, l'eau-de-vie et le vin; mais les premières ont bien dimínué depuis l'indépendance du Brésil. Cependant le fameux vin de Porto est toujours recherché, quoique la moitié de ce qui se boit sous ce nom n'ait jamais passé la barre d'Oporto. Les importations passent 600,000 livres sterlings, et les exportations 800,000. L'Angleterre avoit la plus grande part à ce commerce qui est bien diminué en ce moment. La Ville-Neuve, qui est proprement un faubourg de la ville, a environ 2,000 habitans.

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- MM. Salverte, Taillandier, Laurence et Eschasseriaux ont déposé à la chambre des députés une proposition relative à l'instruction primaire. C'est la reproduction du projet présenté l'année dernière par M. Daunou.

M. Renouard, conseiller d'Etat, secrétaire-général du ministère de la justice, et M. Dumon, qui vient d'être nommé conseiller d'Etat, sont chargés de soutenir, avec le garde-des-sceaux, la discussion du projet de loi sur la responsabiJité des ministres et des agens du pouvoir.

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M. Dozón, président du tribunal de Châlons-sur-Marne et député, est nommé conseiller à la cour royale de Paris. MM. Lebrun et Hyver sont nommés président à Beaune et procureur du Roi à Reims.

- M. de Warenghien, maréchal-de-camp, est nommé au commandement de la 3 brigade de l'armée d'observation dite de la Meuse.

M. Châtelain, capitaine au corps royal d'état-major, est nommé professeur à l'école d'application de ce corps.

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M. Scribe, avocat à la cour de cassation, est nommé membre du conseil des affaires du domaine privé de Louis-Philippe.

L'académie des inscriptions et belles-lettres a, comme le collège de France, désigné M. Jouffroy pour remplir la chaire vacante par le décès de M. Thurot.

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La cour de cassation a rejeté le pourvoi de madame Lepy, mercière, condamnée par le tribunal correctionnel de Paris à 15 jours de prison et r5o fr. d'amende, pour avoir fait frapper et mis en vente des médailles à l'effigie de M. le duc de Bordeaux.

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Le pourvoi des saints Simoniens a été jugé le 15 par la cour de cassation. Les sieurs Enfantin et Chevalier, condamnés à un an de prison pour outrage à la morale publique, avoient eu le soin de se constituer à l'avance prisonniers. M. Crémieux a plaidé pour ces deux individus et pour le sieur Duveyrier, condamné à l'amende. Il a basé principalement le pourvoi sur le refus du président des assises, d'entendre des témoins qui, sur l'injonction du Père supréme, n'ont pas voulu prêter le serment ordinaire. M. Dupin aîné a combattu le pourvoi en personne et il a été rejeté conformément à ses conclusions. L'incarcération est donc maintenue. Le pourvoi d'un quatrième condamné, le sieur Barrault, a été déclaré non-recevable, attendu qu'il n'avoit pas consigné l'amende de 150 francs. Dix-neuf membres de la société des Amis du peuple étoient cités le même jour devant la cour d'assises, sous la prévention d'être les chefs ou administrateurs d'une réunion politique de plus de vingt personnes. MM. Bonnyas et Raspail, qui ont refusé de se laisser extraire de la prison de Versailles, et MM. Achille Roche, Juchault et Trélat, ont fait défaut. Les treize prévenus présens étoient MM. Sugier, Rittiez, Ploque et Carré, avocats; Cavaignac, ancien capitaine d'artillerie de la garde nationale; Desjardins, Plagniol, Gaussuron-Despréaux et Gabour, hommes de lettres ; Berrier-Fontaine et Delamarre, étudians en médecine; Avril, étudiant en droit, et Caunes, rentier. Les sieurs Cavaignac, Sugier et Rittiez, ont lu des discours dans lesquels ils se sont attachés à soutenir le droit d'association et l'abrogation de l'art. 291 du Code pénal. La peine applicable étoit une simple amende, mais le jury a déclaré que les prévenus n'étoient point coupables. La cour, en prononçant leur acquittement, a condamné néanmoins le sieur Raspail, défaillant, à 50 fr. d'amende pour avoir présidé une société non autorisée, et elle a ordonné la dissolution de cette société.

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Une nouvelle perquisition a été faite le 13 chez M. Fonrouge, imprimeur lithographe. Le commissaire de police ayant outrepassé son mandat, en saisissant des lithographies déposées à la direction, et non incriminées par le ministère public, M. Fonrouge vient de former plainte contre ce trop zélé fonctionnaire.

Le cocher d'une voiture dite Béarnaise, qui avoit écrasé un enfant de dix ans, rue St-Honoré, a été condamné à deux ans d'emprisonnement; et l'administration de ces voitures à payer au père de la victime la somme de 6,000 fr. à titre de dommages-intérêts.

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M. Vernes, banquier, a été élu sous-gouverneur de la Banque de France.' — C'est par erreur que les journaux ont annoncé la mort de M. le duc Dalberg, pair de France. Il paroît qu'il est en pleine santé.

Le commissaire de police Joly, qui a été le principal agent de l'arrestation de madame la duchesse de Berri, est depuis quelques jours de retour à Paris.

Une petite barque, ayant plusieurs hommes à bord, a tenté, dans la nuit du 9 au 10, d'esquiver la croisière établie dans le rayon de la citadelle de Blaye. Malgré un brouillard épais, elle n'a pu tromper la vigilance des marins de garde et des factionnaires du château qui l'ont signalée à l'instant. Tout l'équipage a été sur-le-champ mis en arrestation; mais il paroît que ces hommes, qui sont des ouvriers employés habituellement à l'Ile- sans - Pain, n'avoient d'autre but que d'abréger leur trajet en profitant de la marée. Le commissaire de police n'en a pas moins dressé procès-verbal pour infraction aux règlemens maritimes en vigueur depuis l'établissement de la croisière.

La première pensée de mesdemoiselles Duguigny avoit été de demander leur liberté provisoire sous caution; mais pendant que le tribunal décidoit que ces demoiselles pourroient sortir de prison moyennant un cautionnement dé 10,000 fr., elles ont appris que mademoiselle Stylite de Kersabiec, leur amie d'enfance, arrivoit à la prison de Nantes, et elles ont préféré y rester avec mademoiselle de Kersabiec.

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Après deux jours de débats, MM. de Kersabiec et Guilloré ont été acquittés à la même cour, en quelques minutes, à l'unanimité. Le jury a répondu négativeaux questions que le président avoit posées. M. Hennequin a plaidé avec talent pendant trois heures. Il a reçu de nombreuses marques de félicitation.

Par un arrêté du 6 décembre, le préfet de la Vendée a prescrit des poursuites contre les recéleurs de chouans, et a promis des indemnités, à la charge des communes, aux personnes qui auroient été maltraitées ou pillées par des

des bandes.

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M. Carré de La Serrie, chef d'une bande de chouans, a été condamné à Blois le 12 à 6 ans de détention, les jurés ayant admis des circonstances atténuantes. En entendant l'arrêt, il s'est écrié : Vive le roi, quand même! Son père lui a ensuite serré la main, en lui disant : Madame est captive. M. de La Serrie, par une violation manifeste du droit des gens, avoit été arrêté au moment où il servoit de parlementaire.

Un nouveau journal royaliste paroît à Nantes : c'est le Rénovateur breton et vendéen. Il est destiné à succéder à l'Ami de l'Ordre, et à combattre les mensonges et les calomnies journalières de l'Ami de la Charte. Le Rénovaleur sort des presses de M. Merson, si sévèrement traité par la justice libérale.

Dans la soirée du ro, un commissaire de police s'est transporté à l'auberge du sieur Serre, commune de Calaire, près de Lyon, où se trouvoit une réunion politique présidée par M. Ch. Monier, rédacteur du Journal prolétaire. Le commissaire de police a obtenu l'évacuation de la salle, dont il a fermé les portes, et il a mis en arrestation huit des membres de la société.

Le Courrier de la Moselle, traduit en cour d'assises pour offense envers Louis-Philippe, a été acquitté le 11 de ce mois, sur la déclaration du jury.

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