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NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Il est d'usage que les papes à leur avènement au ponti-ficat, accordent des indulgences plénières en forme de jubilé. Pie VIII publia le 18 juin 1829 des Lettres apostoliques qui annonçoient un jubilé de quinze jours, pour implorer le secours du ciel au commencement de son pontificat. Ce jubilé eut lieu à Paris les deux premières semaines d'août, d'après un mandement de M. l'archevêque. Le Pape actuel n'avoit pu, à raison des circonstances, indiquer encore ce jubilé extraordinaire; mais ayant pris enfin la possession solennelle de son siége à Saint-Jean-de-Latran, et ayant adressé l'Encyclique accoutumée aux évêques du monde catholique, il vient également, comme ses prédécesseurs, d'ouvrir les trésors de l'Eglise, et d'ordonner des prières générales pour fléchir le Seigneur, exciter les peuples à la pénitence, et obtenir la paix de l'Eglise et le rétablissement de la félicité publique. Ses Lettres apostoliques, en date du 2 décembre, annoncent une indulgence à l'instar du jubilé général. Elle commencera à Rome le 23 de ce mois, 4° dimanche de l'Avent, et continuera jusqu'au 13 janvier, 1er dimanche après l'Epiphanie. Pendant ces trois semaines on visitera deux fois l'église de Saint-Jean-de-Latran et celle de Sainte-Marie-Majeure, ou l'une des deux; on y priera quelque temps, on jeûnera le mercredi, le vendredi et samedi de l'une des semaines; on se confessera, on communiera, et on fera quelque aumône. Hors de Rome, ce jubilé durera aussi trois semaines; on visitera deux fois les églises désignées par l'ordinaire, et on fera les mêmes œuvres qui sont prescrites pour Rome. Ces Lettres apostoliques, qui sont assez courtes, sont dans la même forme que celles de Pie VIII, que nous avons fait connoître n° 1563, tome LX. Elles commencent par ces mots : Plura post susceptam, et sont signées, pour le cardinal Albani, secrétaire des brefs, par M. Ange Picchioni, substitut. Il est à remarquer que le saint Père n'assigne point d'époque fixe pour l'ouverture du jubilé hors de Rome. Sa Sainteté abandonne cela à la sagesse des évêques qui choisiront le temps le plus convenable suivant les circonstances. On croit qu'à Paris ce jubilé n'aura pas lieu avant le carême prochain, qui commence dans deux mois.

Dans la séance du conseil municipal de Marseille du 11 de ce mois, on a lu le procès-verbal d'une précédente séance qui avoit été consacrée à l'examen et au voie du budget des cultes. La phrase suivante avoit été ajoutée au compte-rendu: « Le conseil autorise M. le maire à retenir le supplément de traitement aux curés et vicaires dont la conduite ou les discours seroient hostiles au gouvernement. » Or, il se trouva que le fait étoit faux et que le conseil n'avoit ni voté ni pu voter sur la suppression des traitemens, puisque aucune proposition ne lui avoit été faite à cet égard. Qui done

s'étoit permis d'ajouter cette phrase au procès-verbal? Qui avoit fait ce faux ? C'est ce qui ne paroît pas avoir été éclairci. Quoi qu'il en soit, le conseil décida à l'unanimité que l'addition seroit retranchée. Alors un conseiller, M. B. fit la proposition formelle d'accorder au maire la faculté ci-dessus. Il y eut des réclamations, on fit observer que les conseillers n'avoient le droit de faire des propositions que pendant la durée des sessions ordinaires et non dans les séances spéciales. Mais la majorité trouva le moyen d'éluder cette difficulté par une escobarderie; elle prétendit que la proposition de M. B. pouvoit et devoit être regardée comme faisant partie de la discussion sur le budget des cultes. La proposition fut donc adoptée malgré l'opposition de la minorité et malgré la sagesse de ses observations sur la bizarrerie, l'illégalité, et les inconvéniens de la mesure. La Gazette du Midi fait de très-bonnes réflexions à cet égard. Ainsi, dit-elle, le clergé de Marseille est remis à la discrétion du maire, qui pourra priver les ecclésiastiques de la portion de traitement sans laquelle ils ne peuvent subsister. Ordinairement ce ne sont que les tribunaux qui appliquent des peines. M. le maire s'érigera-t-il en tribunal? Quand on lui dénoncera un prêtre, le mandera-t-il à son audience? Appellera-t-il des témoins? Y aura-t-il interrogatoire et débats? Ce seroit une usurpation de pouvoirs qui ne seroit pas tolérée. La peine sera-t-elle prononcée sans les informations et les précautions convenables? Ce seroit un abus de pouvoir tout aussi intolérable. Le conseil n'avoit donc point le droit d'autoriser le maire à prononcer les suppressions dont il s'agit, et le maire ne peut pas en user. Le gouvernement et les tribunaux se réuniraient sans doute pour réprimer cette entreprise. Nous avons cité, no 1953, une circulaire ministérielle où il étoit question des suppressions de traitement des ecclésiastiques. Dans cette circulaire, les préfets n'étoient pas autorisés à supprimer le traitement, ils pouvoient tout au plus le proposer et le ministre se réservoit la décision. Le maire de Marseille auroit-il plus de pouvoir que des préfets? Se croiroit-il permis de faire ce qui est interdit à ceux-ci? Il est vrai qu'il ne s'agit dans la délibération du conseil municipal de Marseille que des supplémens de traitement fournis par la commune. Si ces supplémens de traitemens sont facultatifs, on suppose que l'autorité locale a le droit d'y mettre des conditions. Mais les décrets de Buonaparte, en autorisant les con'seils municipaux à voter des supplémens de traitement, ne disent pas qu'on pourra les rejeter après discussion, se constituer juge des ecclésiastiques et les frapper d'une sentence pécuniaire. Buonaparte avoit senti que le clergé ne pouvoit subsister en beaucoup de pays avec des traitemens aussi exigus, voilà pourquoi il a autorisé les supplémens. Son décret du 5 nivôse an XIII, après avoir fixé le traitement des desservans des succursales reconnues, ajoute que le paiement des desservans et des vicaires des autres succursales de

meure à la charge des communes. Les supplémens ne sont donc point absolument facultatifs puisqu'ils sont, d'après le décret, à la charge des communes. Buonaparte, avec tout son despotisme, n'avoit point imaginé la mesure fiscale qu'on veut réaliser à Marseille.

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Nous avons reçu du diocèse de Troyes une notice sur M. l'abbé Fournerot, grand-vicaire de Troyes, mort le 3 juillet dernier. Cette notice est rédigée avec goût et intérêt, mais elle est un peu longue et nous profiterons de la permission que nous donne l'auteur de l'abréger un peu. M. Louis Fournerot naquit le 8 décembre 1754 d'une famille honorable au Pont Sainte-Marie, près Troyes. Il fit ses études au collège de Troyes et montra dès lors une sagesse supérieure à son âge et qui sembloit annoncer sa vocation à l'état ecclésiastique. Il embrassa en effet cet état, et, quand il eut reçu le diaconat, on l'envoya à l'école militaire de Brienne pour y remplir les fonctions de préfet d'études. Deux ans après, il revint à Troyes pour y être ordonné prêtre. Après son ordination, on lui confia dans le petit séminaire de Troyes la charge qu'il avoit eue à Brienne, et on y joignit celle de répétiteur de philosophie. Il acquit l'habitude de la discussion et parloit le latin avec beaucoup de facilité. Par sa place, il n'étoit point astreint à la loi du serment en 1791, mais la révolution enveloppant tous les prêtres dans ses proscriptions, le força de se retirer en Belgique d'où il passa å Essen, en Westphalie. Nous avons peu de details de ses voyages, nous savons seulement qu'il y éprouva bien des traverses et qu'il s'y distingua par son courage et par sa charité. De retour dans sa patrie en 1802, il établit à Troyes, conjointement avec M. l'abbé Godot, son ami, un pensionnat qui méritoit et qui obtint la confiance et l'estime. Aussi fallut-il bientôt le transporter dans un local plus spacieux. C'est de ce pensionnat qu'est sorti le collège de Troyes, qui devint si florissant sous l'administration de M. l'abbé Lucot et qui a donné à la ville et au département des sujets si distingués. MM. Fournerot et Godot rendirent de signalés services dans leur établissement et acquirent une juste influence. Le premier, malgré une sévérité apparente, étoit aimé de tous ses élèves, et celui qui a tracé cette notice se rappelle avec plaisir les rapports qu'il eut alors comme élève avec cet excellent maître. Le pensionnat de M. Fournerot étoit aussi ouvert à des aspirans au sacerdoce, et c'est ainsi qu'il préluda à la direction du séminaire qui lui fut confiée à une époque où il quitta son établissement pour ne pas se soumettre aux rigueurs du régime universitaire. Après une lutte de modestie entre les deux amis, M. Fournerot, quí jusque-là avoit obtenu de garder le deuxième rang, fut forcé de se charger de la supériorité. Là, ses vertus sacerdotales brillèrent de plus en plus; on admiroit son humilité, son activité, sa sollicitude tout-à-fait maternelle pour ses élèves, sa vigilance pour l'observation de la

règle. Il sollicita une fois la permission de quitter sa place, mais les prières de ses élèves le firent consentir à la garder encore. Nommé grand-vicaire titulaire en 1826, il étoit tout confus d'avoir fixé les regards de son évêque. Dans ce nouveau poste, sa prudence, son abord facile, sa cordialité franche, charmoient ceux qui avoient affaire à lui. M. l'évêque l'ayant prié de diriger provisoirement le petit séminaire dans un moment où cette maison n'avoit point de supérieur, il ne fit aucune difficulté de remplir cette fonction pendant une année. L'épidémie qui a affligé Troyes cette année, le surprit au milieu des soins de l'administration. Il venoit de dire la messe pour les orphelins du choléra lorsqu'il ressentit les premières atteintes du mal. Les progrès en furent rapides. Il témoigna le désir de recevoir les sacremens et les reçut avec les marques d'une tendre piété. Tout son extérieur montroit combien il étoit touché des pieuses exhortations que lui adressoit le prélat lui-même. Ses dernières paroles furent pour Dieu et pour le prochain. Il expira le 3 juillet à l'âge de près de 78 ans. La piété publique se disputa plusieurs des choses qui avoient été à son usage. M. l'évêque assista à ses obsèques, fit l'absoute et prononça un petit discours où il proposoit le défunt comme un modèle aux jeunes prêtres. Nous regrettons de ne pouvoir suivre la notice qui nous a été envoyée dans ce qu'elle raconte du désintéressement de M. Fournerot, de sa simplicité, de son esprit de prière, de son em pire sur ses passions, de sa sagesse dans la direction des consciences.

Nous avons commis une erreur, no 2033, en annonçant la mort de M. l'abbé Mollerat, doyen du chapitre de Verdun, décédé le mois dernier. Nous l'avons confondu avec son cousin, M. Mollerat de Bréchainville, mort à Poisson il y a quelques années. Celui-ci, nommé François-Charles-Nicolas, avoit fait, en effet, sa licence à Paris, et étoit de la maison de Navarre. Mais celui qui vient de mourir, et dont nous avions à parler, se nommoit Jean-Maurice, et n'avoit point fait de licence à Paris. On nous laisse espérer quelques renseignemens sur ce vénérable ecclésiastique.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. La santé de madame la duchesse de Berry paroît décidément rétablie. On l'a vue, le 15, se promener sur les remparts de la citadelle de Blaye. Elle étoit accompagnée de M. de Ménars, de madame Anceler, sa femme de chambre, du colonel Chousserie et d'un gendarme. Elle a examiné un petit pavillon que l'ou construit pour ses délassemens. La duchesse a reçu le magnifique trousseau dont les dames de Paris lui ont fait hommage. Elle a adressé une lettre aimable à M. Bossange, de cette ville, qui lui a offert une collection de livres. Il paroit que le gouvernement a consenti à ce que M. le comte Emmanuel de Brissac se rendit auprès de MADAME, dont M. de Ménars va être séparé. En attendant,

l'autorité a renvoyé M. Gabaud, son maître d'hôtel, qu'on suspectoit parce qu'il a le malheur d'avoir une belle-sœur royaliste.

Les adresses à madame la duchesse de Berry se multiplient chaque jour. Nous avons à citer aujourd'hui celles des habitans de l'arrondissement de Lorient, des villes de Bernay (Eure), d'Ysseugeaux (Haute-Loire), de St-Ambroix (Gard), de Fleix (Dordogne), de Barjolz (Var), de Vleveyrac (Hérault), des villes et cantons de Sémur en Briennais, et Marcigny (Saône-et-Loire), et des dames de Blaye, de Dieppe, de St-Brieux, de Bernay, de Montreuil-sur-Mer, de Riom, de Sauve (Gard), et des environs de Châlons-sur-Marne. Les habitans de Salon (Bouchesdu Rhône), et de Sauve (Gard), ont adhéré à la protestation d'Aix. Un certain nombre d'habitans de la Corse ont aussi signé une adresse et une protestation qui ont été envoyées de Bastia par M. le vicomte de Petri-Coni, ancien sous-préfet. Les protestations particulières sont innombrables. Nous apprenons qu'il eu a encore été signé par MM. Condé, chef de bataillon réformé, à Paris; le comte de Miramon, Jules de St-Félix, d'Amoreux, Anat. de Planhol, Ant. de St-Gervais, Henri Achard, à Villers-le-Boccage, de St-Embrun, à Latour, Huillard-d'Aignans, ancien maire de Vire, et par M. le baron de St-Grantel, à Carpentras, tant en son nom qu'en celui de beaucoup de notables de cette ville. Les habitans de Granges (Lot-et-Garonne), qui avoient déjà souscrit une adresse, ont envoyé une pétition à la chambre des députés. Les dames de Guérande (Loire-Inférieure), en transmettant une adresse à la duchesse, lui, ont fait part d'un vœu qu'elles ont fait, d'aller en personne à la chapelle de Ste-Anne d'Auray, pour remercier Dieu de l'avoir conservée au milieu de tant de dangers, et le prier de veiller sur elle et sur la France. De nouvelles offres de service à S. A. R. ont été faites par MM. Dulçal, avocat à Perpignan, Fouque, avocat à Gap, Reybaud de Favas, ancien magistrat à Aix. M. Lebeschu, père de mademoiselle Mathilde Lebeschu, qui a été arrêtée sur le Carlo-Alberto et est encore détenue à Aix, a offert à MADAME les services de sa seconde fille, âgée de 19 ans. M. Perrot de Beauregard, M. Delonde, à Toulouse, et madame Lemaire, de Dol, demeurant à Paris, doyenne des otages de Louis XVI, ont demandé à être agréés comme otages de l'auguste captive. M. le comte de Correggio, à Bourg-St-Andéol, en se proposant comme tel, a engagé tous les royalistes à suivre son exemple, espérant que le gouvernement sera rássuré par là contre toute tentative de guerre civile. La dernière livraison du Rénovateur contient des réflexions remarquables de M. Bonald sur la captivité de S. A. R. M. le comte Ferd. de Bertier, ancien député et conseiller d'Etat, a envoyé 500 fr. pour lui, et 300 fr. pour madame la comtesse de Baschi, sa belle-mère, au rédacteur de la Gazette du Midi, en lui annonçant qu'il avoit conçu, en même temps que les royalistes de Marseille, le projet d'une souscription à la princesse. La souscription de Marseille s'élevoit, le 13, à 24,796 fr., y compris une collecte de 203 fr., faite par les habitans de la commune de St-Zacharie.

On reproche tous les jours aux ministres de Louis-Philippe de ne pas vouloir reconnoître les services de la révolution de juillet, et de ne faire les choses qu'à contre-cœur, quand il s'agit de lui payer les justes tributs qu'elle réclame.

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