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Il paroît que les hommes qui s'en occupent ne sont point encore satisfaits de leur besogne et qu'ils espèrent toujours la perfectionner. Voilà pourquoi vous les voyez revenir si souvent contre l'anniversaire du 21 janvier, qui est une chose merveilleusement imaginée pour remettre sous les yeux des peuples et des princes la fragilité des grandeurs humaines et le néant de la royauté. Amener celle qu'ils ont créée de leurs mains, il y a deux ans, à signer que la mort de Louis XVI n'est rien ou presque rien, et que ce n'est pas la peine de s'en souvenir; faire reconnoître à Louis-Philippe par une loi de l'Etat, promulguée en son nom, que le supplice des rois n'est plus une affaire digne d'attention dans nos mœurs nouvelles, et qu'en révolution cela doit périr comme tout le reste par la confusion; voilà certainement un but qui ne doit pas être sans importance pour ceux qui ont à cœur d'effacer de plus en plus le caractère de la royauté, jusqu'à ce qu'ils puissent le faire disparoître entièrement. Sans cela, comment expliquer leur persévérance à vouloir étouffer un souvenir qu'ils ne font que réveiller et rendre plus vif en montrant que c'est un remords qu'ils cherchent à secouer? Ce n'est donc ici, de leur part, qu'une espèce de noise et de taquinerie contre la nouvelle royauté qu'ils se sont donnée. Malheureusement pour elle, il est vrai de dire qu'ils choisissent bien le moment pour lui faire subir cette épreuve; car ils ont à lui montrer les débris de la plus grande monarchie de l'Europe dispersés dans les exils et les prisons. Que répondre à un tel argument quand on se trouve engagé soi-même à le soutenir, et qu'on l'a déjà reconnu bon par plusieurs signatures? Quand il n'y a plus à reculer dans une voie, il faut bien qu'on avance.

- Il y a des journaux qui paroissent craindre que le ministère public ne se refroidisse dans la poursuite des délits de la presse, et qui se font dénonciateurs officieux de leurs confrères pour lui épargner de la besogne. Cependant le métier qu'ils font-là n'est pas le pire qu'on ait à leur reprocher. Précédemment c'étoit à l'émeute qu'ils s'adressoient pour signaler ceux de leurs adversaires qu'ils vổuloient faire corriger. Maintenant ils se contentent de les déférer aux parquets des procureurs du Roi avec leurs actes d'accusation tout dressés. C'est ainsi que le Constitutionnel vient d'en user envers la Quotidienne, contre laquelle il a lancé trois colonnes de réquisitoire. Quoique cette nouvelle forme d'accusation ne soit pas ce qu'il y a de plus louable, elle vaut mieux cependant que la méthode précédente du Constitutionnel, qui consistoit à faire exécuter ses confrères tout d'abord, par les délégués de sa justice, sans les prévenir de rien. Ainsi voilà un progrès que nous avons à signaler : c'est une véritable amélioration.

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La commission de la chambre des députés, chargée d'examiner le projet de loi sur la responsabilité des ministres, est composée de MM. Danse, de Remusat, de Montepin, Barrada, Deveaux, Gaillard-Kerbertin, Bérenger, Foy, Caumartin. Celle à laquelle est renvoyée la proposition relative à l'abrogation de la loi relative au 21 janvier, est composée de MM. Bedoch, Passy, Boissy-d'Anglas, Kératry, Réallier-Dumas, Texier-la-Chassaigne, Aug. Portalis, Estancelin, Duboys (d'Angers)."

Sept bureaux de la chambre des députés ont autorisé la lecture d'une pro

position de M. Roger sur la liberté individuelle. C'est la même que celle qui avoit été prise en considération à la dernière session.

Les conseils d'arrondissement sont convoqués pour le 8 janvier prochain, et les conseils-généraux pour le 15. La session des premiers dura dix jours, et celle des seconds quinze jours.

M. Colle, ancien secrétaire-général de la préfecture du Var, est nommé sous-préfet à Aix.

M. J.-P.-P.-J. Bérenger est nommé conseiller référendaire de seconde classe à la cour des comptes.

Le chef de bataillon du génie Morlet, qui a été blessé grièvement le 5 devant Anvers, est promu au grade de lie tenant-colonel.

Le sous-lieutenant Magnier, du 25° régiment de ligne, qui a été amputé d'un bras par suite d'une blessure reçue devant Anvers, a été nommé lieutenant au 45° régiment.

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Le Moniteur du 21 publie l'état des sommes versées depuis le 29 août jusqu'au 3 décembre 1832, à la caisse municipale, en faveur des gardes nationaux et des soldats de la ligne blessés, ou des familles de ceux qui ont été tués les 5 et 6 juin. Le total s'élève à 261,772 fr.

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La peine de mort prononcée contre les nommés Toupriant et Bains, rés coupables d'attentat les 5 et 6 juin, a été commuée en une détention perpétuelle, ainsi qu'on l'avoit fait pour les individus contre lesquels la peine capitale a été prononcée dans la même affaire.

Le général Gourgaud est de retour à Paris de sa mission à Anvers.

La cour de cassation a annulé l'arrêt de la cour royale d'Aix, qui avoit retenu la connoissance de l'affaire relative à l'enlèvement des pièces sur le CarloAlberto. Cette cause est renvoyée devant la cour royale de Lyon.

Dans son audience du 11, le tribunal de première instance a décidé que le propriétaire d'une maison de santé est responsable, vis-à-vis d'un créancier, de l'évasion d'un détenu transféré dans son établissement. M. le docteur Pinel a été condamné en conséquence, même par corps, à payer une somme de 4, 000 francs, ainsi que les intérêts et frais montant de la dette d'un prisonnier évadé.

Le National a été saisi le 21 à la poste et dans ses bureaux.

La Constitution de 1830, pelit journal qui se distribuoit tous les dimanches, à un sou la feuille, n'a pu se soutenir, malgré son dévoûment tout ministériel. Il s'est réuni au Bonhomme Richard.

M. Duboys (d'Angers), est nommé rapporteur de la proposition de M. Portalis, tendant à abroger la loi sur le 21 janvier.

L'académie des inscriptions et belles-lettres a élu M. Séguier académicien libre, en remplacement de M. Cuvier.

Le procès de MM. Guibourg, avocat à Nantes; de Laubepin, ancien sousintendant militaire dans cette ville, et Merson, ancien gérant du journal l'Ami de l'ordre, a commencé le 19 a la cour d'assises de Blois. Il a présenté des incidens assez graves. On avoit appelé en témoignages M. Letourneux, avocat-géréral

à Rennes, et le juge d'instruction de cette ville. M. Hennequin, défenseur de M. Guebourd, a présenté en vain qu'il y avoit incompatibilité entre le rôle du ministère public, qui est celui d'accusateur, et l'intervention des témoins. Leur déposition a roulé principalement sur les circonstances de l'enlèvement des pièces de la procédure. Le 20, M. Hennequin a réclamé avec toutes les instances possible la représentation d'nue lettre de M. Deseraux, invoqué par M. Letourneux sur cette soustraction, en déclarant qu'il avoit des raisons pour la croire une œuvre de la police. M. le conseiller Perrot, qui préside long-temps, a refusé cette communication. On l'a produite enfin et cette lettre a été reconnue fausse. M. Hennequin a ensuite fait ressortir un faux dans la date du procès-verbal de l'arrestation. Le général Dermoncourt, l'un des témoins, a cherché vainement a explique le fait en annonçant que ce procès-verbal avoit été recommencé à Nantes. Il est demeuré constant que les personnes qui avoient concouru à sa rédaction n'étoient plus alors présentes. Tout cela a soulevé de tels murmures d'indignation dans l'auditoire, que le président a fait évacuer la salle.

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Le 21, M. de Roujoux, procureur du Roi, a prononcé son réquisitoire. MM. Lagiraudais, Larclose et Hennequin ont présenté la défense de MM. Merson, de Laubepin et Guibourg. Après les répliques et le résumé du président, les jurés ont délibéré pendant deux heures et ont déclaré les prévenus non-coupables sur tous les chefs d'accusation. M. de Laubepin a seul été mis en liberté. M. Guibourg a été retenu en vertu d'un nouveau mandat dirigé contre lui par le juge d'instruction de Nantes, et¡M. Merson, à qui il reste encore 27 mois de détention à subir par suite des condamnations de l'Ami de l'ordre, sera reconduit à la prison de Nantes.

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Le 20 on a entamé à la cour d'assises de Chartres les débats du procès de 17 personnes, arrêtées pour complicité d'insurrection dans l'Ouest. Au nombre des accusés figurent MM. P. E. de Chièvres, ancien chef d'escadron; J. G. de Chièvres, propriétaire; Wampers, ancien garde du corps; M. Bessan, de Feuillade, âgé de 75 ans; Madame de Maurivet, âgée de 60 ans, et Mademoiselle de Morin. Ces deux premières séances ont été consacrées à l'interrogatoire des accusés, dont les principaux ont été pris dans le bois d'Amaillou.

La cour d'assises d'Orléans a condamné le 17, à la déportation, le sieur Bodinier, chef de bandes de chouans, qui avoit été blessé grièvement dans un engagement; et le lendemain, elle a acquitté sept artisans, la plupart fort âgés, prévenus d'avoir recélé des insurgés.

· La Gazette de Guienne sera définitivement tuée par les énormes amendes qu'on lui inflige. A peine un nouvel arrêt venoit-il de porter des condamnations pécuniaires au-delà de 8,000 fr., que, le 17, on l'a encore condamnée à 8,000 fr. d'amende. La peine corporelle est augmentée d'un an contre M. Lecoutre de Beauvais, géraut de cette feuille royaliste. Le délit, déclaré par le jury, étoit offense envers Louis-Philippe, et attaque contre les droits, résultant de son élection.

Le Rénovateur vendéen et breton avoit inséré un article du Standard anglais dans lequel se trouve cette phrase: Il se fait chaque jour, à Anvers,

un horrible massacre des soldats français, que l'on ne détermine à marcher qu'en les enivrant. Le commandant de la division Drouet-d'Erlon et le préfet Maurice Duval ont aussitôt adressé une lettre collective au procureur du Roi Demangeat, pour requérir des poursuites contre cette feuille à peine naissante. Le Rénovateur a réclamé le 19 contre l'impression qu'a produite cette snsertion. Les rédacteurs de cette feuille déclarent que leurs sentimens sont aussi français que ceux de leurs détracteurs, et qu'ils n'ont emprunté l'article en question que pour montrer de quelle manière l'Angleterre, avec qui nous avons fait alliance, traite notre expédition.

Les sieurs Pouriac, Guillaume et Signoret, traduits devant la cour d'assises du Var, les deux premiers pour manifestation de républicanisme et cris tumultueux, et le troisième par des couplets chantés publiquement, ont été acquittés le 6 sur la déclaration du jury.

La Sentinelle du Jura, en citant plusieurs traits de dévoûment lors de l'incendie qui eut lieu dernièrement à Chilly, fait le plus grand éloge du zèle et de l'intrépidité de M. l'abbé Grappe, vicaire desservant la chapelle de cette commune. M. Grappe avoit donné des preuves d'un courage extraordinaire dans deux incendies dont les communes de Marnoz et Granges - Sauvaget avoient été précédemment le théâtre.

Le préfet de la Haute-Vienne avoit écrit circulairement à tous les maires de ce département, pour les engager à provoquer une adresse sur le coup de pistolet. A Limoges, cette proposition a été repoussée par le conseil.

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Le général Solignac, accompagné d'un maréchal-de-camp, de plusieurs colonels et de 15 officiers, vient de se rendre en Angleterre, pour aller rejoindre l'armée de don Pédro.

Une colonne mobile des Herbiers a fait prisonnier, le 16, le réfractaire Guesdon, qui avoit commandé une bande de chouans.

- L'Echo de l'Est évalue à 25,000 hommes le nombre des troupes stationnant depuis Givet jusqu'à Vaucouleurs, entre la Meuse et la Moselle. Un autre corps non moins nombreux est dans la Moselle.

Un bon nombre des officiers qui se font remarquer au siége de la citadelle d'Anvers appartiennent à la garde royale. M. le capitaine d'artillerie Tiby, qui a été mentionné honorablement, est de ce nombre.

L'armement des batteries de brèche et des contre-batteries devant la citadelle d'Anvers n'a été définitivement complété que le 20 dans la matinée. Des batteries de mortiers et de pierriers ont été également disposées. Le mortier monstre (il est de 1,000 livres) a été mis en place. Le mauvais temps a contrarié et allongé ces travaux, ainsi que ceux de descente souterraine du bastion no 2. Le feu a d'ailleurs été fort animé toute la journée. Le clocher de la citadelle a été renversé. Le maréchal Gérard s'est rendu à l'hôpital militaire pour visiter les blessés. Il leur a donné des encouragemens et fait des promesses.

On ne connoît pas précisément le chiffre des pertes de l'armée française devant Anvers. On a seulement publié un état journalier du nombre des blessé

amenés à l'hôpital de Berchem. Il s'élève, du 4 au 18, à 393, indépendamment de 70, portés à l'ambulance de Hoboken. Le nombre des morts est, dit-on, de 104. Le total des pertes seroit alors de 567, ce qui ne supposeroit que 31 hommes mis hors de combat par jour. D'après un autre document que l'on dit officiel, les assiégeans auroient eu, jusqu'au 19, 438 blessés et 307 morts, tant à la tranchée qu'à la suite des opérations chirurgicales. Le nombre des malades seroit pour toute l'armée de 1,016, dont 305 fiévreux. Le capitaine d'artillerie Corbin a été tué, le 20, par un boulet de canon il laisse deux enfans et une femme enceinte de huit mois.

La division Sébastiani a continué ses opérations sur la rive gauche de l'Escaut. Elle est parvenue à investir, du côté de terre, les forts de la Tète-deFlandre, de Burcht et de Liefkenstoek, et à empêcher la communication de l'escadre hollandaise avec la citadelle. Le maréchal Gérard a fait établir des signaux de jour et de nuit, pour connoître en peu de temps ses moindres mouvemens. Des batteries françaises sont établies sur toute la côte. Des bateaux, armés et montés par des marins français, croisent chaque jour à la marée descendante, pour s'opposer à ce que les dépêches de la citadelle arrivent à l'escadre: celle-ci s'est tenue, depuis le combat du 12, immobile sous le fort Liefkenstoek. En attendant, les troupes terminent l'armement des forts Ste-Marie, St-Philippe et de la Perle.

Le feu des batteries de brèche et des contre-batteries a commencé le 21 à onze heures du matin, et il devoit continuer jusqu'à ce que la brèche fût effectuée à la face gauche du bastion n° 2, dit de Tolède. Les pièces ne sont qu'à 50 mètres de distance de ce bastion. Les autres batteries ont en même-temps redoublé leur feu. Le mortier colossa la tiré deux coups. La première bombe est tombée au centre du bastion n° 1. La seconde a éclaté dans sa course par défaut de sa fusée. Tous les préparatifs de la descente du fossé ont été terminés et tous les moyens assurés pour établir promptement la communication du chemin couvert à la brèche aussitôt que celle-ci sera praticable. Les assiégés ont riposté avec une énergie extraordinaire par le feu de leurs mortiers, de leurs pièces de flanc et de leurs fusils de rempart. La nuit s'étoit passée comme les précédentes, en tirallemens très-animés. On a renoncé à la prise de la demi-lune, cette opération étant considérée comme à peu près inutile et comme trop périlleuse.

Une souscription a été ouverte à Bruxelles en faveur des prisonniers hollandais. Dans la première journée, elle avoit déjà produit 6,000 florins.

Le roi des Belges a encore accordé, le 17 décembre, 212 remises ou diminutions de peines à des condamnés.

La frayeur des cantons avoisinant l'Etna a un peu diminué. Jusqu'au 16 nɔvembre un torrent de lave de la longueur de 18 milles, de la largeur d'un mille et de la hauteur de 30 pieds, menaçoit le pays; mais, depuis le 18, la lave a coulé du côté de la mer. Un nouveau monticule s'est formé. Les dommages ne sont pas si grands qu'on l'avoit craint, la ville de Bronte ayant été épargnée.

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