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sans doute à cause du mauvais temps. Le docteur Gintrac a quitté Blaye, et le gouvernementy a envoyé un médecin de Paris, M. Barthez. Un valet de chambre' nommé Joseph, qui avoit servi Madame en 1828 au Palais-Royal de Bordeaux, et qui avoit obtenu de reprendre son service auprès d'elle, à été compris dans le renvoi de différentes persones de la forteresse. On fait toujours à l'intérieur et autour du château de nouvelles dispositions de sûreté; il est maintenant entouré d'une palissade. Le commissaire de police Joly est de retour de Paris.

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Il a encore été signé des adresses à madame la duchesse de Berry par les habitans de Nérac, Aiguillon, Clairac, Sos et La Magistère (Lot-et-Garonne), de Fontenay (Vendée), d'Issoire (Puy-de-Dôme), de Guingamp (Côtes-du-Nord ), de Sisteron; par les habitans de la ville et de l'arrondissement de Marvejols (Lozère), et par les dames du Quercy et des villes de Coutances, de Loudun, de Lorgues (Var) et de Villeneuve d'Agen (Lot-et-Garonne). Une seconde adresse a été faite à Morlaix. Le nombre de signatures se trouve élevé dans cette ville à plusieurs mille. La Gazette de Guyenne reçoit journellement de nombreuses adhésions à l'adresse de Bordeaux. Une protestation énergique contre les mesures arbitraires dont MADAME est l'objet a été souscrité à Bergerac. Une pétition rédigée dans le même sens a été envoyée à la chambre des députés par les habitans de la ville de Caen.

La souscription ouverte à Marseille, en faveur de madame la duchesse de Berry, s'accroissant chaque jour, on a nommé une commission pour s'occuper des moyens d'encaissement et d'envoi des fonds. Cette commission est composée de MM. Paranque père, banquier, J. Rougier, H., Sairas, Rodet et L. Bounefoy, négocians. Les sommes sont toujours recueillies par la Gazette du Midi, La souscription de Marseille se montoit le 18 à 26,004 fr. Les habitans de Sisterón y ont joint une collecte de 471 fr.; ceux des communes d'Aubagne et de Genenos 913 fr.; ceux du hameau de St-Marcel, près Marseille, 150 fr.. La souscription d'Aix s'élevoit le 15 à 32,930 fr., celle d'Avignon à 2,694 fr., celle de Toulon à 2,021 fr. M, Delavau, officier démissionnaire, figure dans cette dernière pour 500 fr., qu'il a envoyés avec une adhésion à l'adresse de Toulon. Il avoit été recueilli à la même époque, à Arles, 742 fr.de nouveaux dons ; à Salon (Bouchesdu Rhône), 871 fr.; à Lorgues (Var), 1,148 fr.; dans les communes de Trans et du Thor, même département, 2,516 fr. et 472 fr. Presque tous les souscripteurs se nomment. On voit dans les listes, publiées par la Gazette du Midi, les noms d'une foule d'artisans, de cultivateurs et de dames, à côté de ceux de personnes notables.

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L'armée française d'Anvers avoit battu en brèche avec la plus grande activité, le 21 et le 22 décembre. Les assiégés se défendoient avec un nouveau courage. Le 23 au matin, la brèche étoit praticable au bastion de Tolède; on s'occupoit à saper la contrescarpe aux deux extrémités du fossé, et tout étoit préparé pour la jetée de fascines qui devoit conduire les troupes à la brèche. A neuf heures,' deux officiers supérieurs de la garnison de la citadelle se présentèrent aux avant

postes de l'esplanade, en demandant à être conduits an quartier-général du maréchal Gérard à Berchem, pour traiter de la remise de la citadelle et des forts qui en dépendent. Ils lui portèrent une lettre du général Chassé, dans laquelle le commandant déclaroit que, croyant avoir satisfait à l'honneur militaire dans la défense de la place, il désiroit faire cesser l'effusion du sang; il demandoit en même temps la cessation du feu pendant la négociation. Le maréchal fit suspendre le feu à dix heures un quart. Quelques boulets, dont l'un avoit blessé un officier, étant cependant encore partis de la citadelle, il y envoya à midi le capitaine Amelinet pour prévenir de nouveaux malheurs. Le capitaine Lafontaine, aide-de-camp du maréchal, y fut ensuite dépêché pour faire cesser des travaux de fortification intérieure qui continuoient. Enfin, à trois heures, les négociations étant à peu près terminées, le colonel Auvray, sous-chef d'état-major, porta à la citadelle les conditions du maréchal Gérard. A neuf heures du soir, cet officier supérieur rapporta la capitulation signée du commandant Chassé.

La capitulation qui fut signée le 23 décembre, à neuf heures du soir, portoit que le général Chassé remettroit aux troupes françaises la citadelle d'Anvers, la position de la Tête de Flandres, les forts Burght, Zyndrecht et Austerwel dans leur état actuel, avec les bouches à feu, les munitious de guerre et de bouche qui s'y trouvent; que la garnison sortiroit avec les honneurs de la guerre, déposeroit les armes sur les glacis, et seroit prisonnière de guerre; mais qu'elle sera reconduite à la frontière de Hollande, où ses armes lui seront rendues aussitôt que le roi de Hollande aura ordonné la remise des forts de Lillo et de Liefkenskoek; que les officiers conserveroient leurs armes et tous leurs effets; que les malades et les blessés seroient transportés sur le territoire hollandais, et que ceux qui ne seront point transportables seront traités dans des lieux convenables aux frais de la Hollande; qu'enfin la flottille de douze cannonières, stationnée devant Anvers, ne seroit point comprise dans la capitulation. Ce n'est qu'après de vifs et grands débats que ces conditions ont été acceptées par le général Chassé. L'acte a été signé, pour l'armée de siége, par le général St-Cyr-Nugues, chef d'état-major-général. Les journaux patriotes nous apprennent qu'ils désespèrent de voir achever le bien que la révolution de juillet avoit si heureusement commencé. Ils annoncent que tout est frappé de langueur et de mort dans leur parti. On n'entend plus parler que de découragemens et de démissions de députés. Les hommes du compte rendu menacent d'abandonner la partie, et de se retirer en masse un de ces matins, sans vouloir se mêler d'avantage de sauver la patrie. M. Isambert lui-même, que tous les colléges électoraux entendoient frapper à leur porte, renonce à les fatiguer désormais de sa candidature. Il leur fait déclarer par les journaux qu'ils n'entendront plus parler de lui; qu'il est mort pour toujours à la vie électorale et législative, parce qu'il a reconnu la vanité des gloires de la révolution de juillet et des promesses de la charte-vérité. Le voilà heureusement guéri, lui et bien d'autres, à ce qu'on nous dit, des trompeuses illusions auxquelles ils s'étoient abandonnés avec tant de candeur et d'innocence. C'était bien la peine, en vérité, de se plonger aussi avant dans le gáchis, et d'y plonger les autres avec soi, pour ve,

nir ensuite leur annoncer qu'on en est bien fâché, et qu'on voudroit pour tout au monde n'avoir pas fait une pareille sottise. Ah! Messieurs, puisque vous êtes aux regrets de nous avoir si mal embarqués, vous ne nous en voudrez donc pas de chercher à sortir de là nous-mêmes comme nous pourrons? Vous, par exemple, M. Isambert, qui êtes si loyal et si repentant de vos erreurs, vous aurez donc pitié de nous quand nous comparaîtrons devant vous à la cour de cassation, pour quelque petit manquement envers la révolution de juillet ? Mais hélas ! jusqu'à présent, vous vous montrez aussi rigoureux que personne sur ce point; et, à la manière dont vous traitez les pauvres justiciables du gachis, on ne diroit jamais que vous vous reprochez d'avoir tant contribué à les y mettre.

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Au mois de février 1830, le général Lamarque écrivoit à Joseph Bonaparte: Une lutte grande et décisive se prépare. Le résultat définitif n'est pas douteux; mais la victoire peut être péniblement achetée. Peu importe, je suis sur la brèche. » Ainsi vous voyez bien que cette révolution de juillet se trouvoit écrite ailleurs qu'au bas des ordonnances de Charles X, et que les gens qui étoient sur la brèche pour épier le moment ne la faisoient pas dépendre de tel ou tel futur contingent. Voilà de quoi expliquer les belles funérailles que les patriotes de juin ont faites au général Lamarque. Ce n'est pas sans raison qu'ils lui ont immolé tant de victimes pour honorer sa mémoire. Ils savoient apparemment ce qu'ils perdoient.

Louis-Philippe fera prochainement un voyage dans le nord. Il se rendra dans les premiers jours de janvier à Valenciennes, et de là à Lille, où il séjournera quatre jours. Il ira par Compiègne et St-Queutin et reviendra par Péronne. Le but du prince, disent les journaux ministériels, est de recevoir lui-même ses fils à la frontière et de distribuer de ses mains des récompenses à l'armée.

M. Boby de La Chapelle, préfet de la Mayenne, est nommé maître des requêtes en service extraordinaire.

Le collége électoral de Châlons-sur-Marne est convoqué pour le 17 janvier, à l'effet d'élire un député, M. Dozon ayant été nommè conseiller à la cour royale de Paris.

Une ordonnance du 29 novembre porte que la commune d'Enghien (Seinect-Oise) reprendra le nom de Montmorency.

M. Jouffroy, professeur suppléant à la faculté des lettres, est nommé professeur de philosophie grecque et latine au collège de France, en remplacement de M. Thurot; M. Eugène Burnouf, de l'académie des inscriptions et belleslettres, est nommé professeur de la chaire de langue et littérature sanscrites au même collége, en remplacement de M. de Chézy.

D'après le dernier renouvellement des bureaux de la chambre des pairs, les présidens sont MM. de Cessac, Mathieu-Dumas, de Montlosier, d'Haussonville, Roy, Lemercier, Boyer. Le comité des pétitions est composé de MM. Cafarelli, Girod (de l'Ain), de Chabrol, Aug. Périer, Séguier, de Tascher, Dupleix de Mézy.

Les ministres se sont mis d'accord le 24 avec la commission de la chambre.

des Pairs sur la loi relative à l'état de siège. Le travail adopté à l'unanimité par la commission a reçu le consentement du ministère. M. Allent a été nommé rapporteur, et son rapport sera présenté sous quelques jours.

La commission de la chambre des députés, chargée d'examiner la proposition de MM. Eschassériaux et Salverte sur l'instruction primaire, est composée de MM. Dugas-Montbel, de Las-Cazes fils, Teixier-Lachassaigne, Martin, Mahul, Bodin, Arago, Eschassériaux.

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La santé de M. Guizot est meilleure. Ce ministre a présidé le aa le conseil de l'instruction publique.

M. Duport, ancien membre de la convention nationale et du conseil des cinq-cents, vient de mourir à l'âge de 80 ans, il étoit chef de bureau au ministère de la justice.

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La nouvelle de la reddition d'Anvers est parvenue à Paris le lundi 24, à midi. Elle a été annoncée officiellement à la Bourse, et à trois heures, le canon des Invalides et des affiches l'ont fait connoître au public. Le soir, elle a été publiée sur les théâtres. Quelques illuminations ont eu lieu.

- Le général Laferrière, colonel de la garde nationale à cheval dè Paris, a ouvert une souscription en faveur des militaires blessés au siége d'Anvers.

Le Temps remarque que, depuis l'avènement de M. Barthe, on compte 85 nominations au conseil d'Etat. La restauration a moins remué le conseil d'Etat en 15 ans que le ministère en 15 mois.

L'exposition annuelle des produits des manufactures royale de porcelaine et vitraux peints de Sèvres, des tapis et tapisseries des Gobelins et de Beauvais, aura lieu au Louvre depuis le 27 décembre jusqu'au 10 janvier.

Dans la dernière séance, le conseil-général de la Seine a voté, dit-on, la moitié de la dépense de la rue Louis-Philippe, depuis la colonnade du Louvre jusqu'à la barrière du trône. C'est à cette rue que l'on devoit sacrifier l'église SaintGermain-l'Auxerrois.

Le nommé Toula, elerc d'huissier, arrêté le 17 novembre au moment où il se présentoit, sous de faux titres, au couvent du Sacré-Cœur, pour demander un secours à madame de Marbœuf, a été condamné, le 21, en police correctionnelle, à un mois d'emprisonnement. Le tribunal a écarté le grief d'escroquerie, mais il a maintenu celui de mendicité et vagabondage.

Trois ouvriers, prévenus de désarmement d'un poste le 5 juin, les nommés Bénard, Classe et Cerisier, ont été acquittés le 21 à la cour d'assises de la Seine M. Ledne, gérant, et M. Béthune, imprimeur du Courrier de l'Europe, ont comparu le 24 devant la cour d'assises, sous la prévention d'offense envers Louis-Philippe et d'excitation au mépris de son gouvernement. M. Berryer a présenté leur défense. Il a tiré un heureux parti de la nouvelle qui se répandoit de la reddition de la citadelle d'Anvers. Après une courte délibération du jury, Jes prévenus ont été acquittés. M. Leduc a été reconduit toutefois dans la maison de sûreté, où il achève de subir la détention que lui ont imposée des condamnations antérieures.

La cour d'assises a condamné, le 24, à la déportation, comme coupable d'attentat ayant pour but de renverser le gouvernement, le sieur Saint-Etienne, marchand de vins, qui avoit pris part à l'insurrection des 5 et 6 juin. L'accusé a été défendu par M. de Vatisménil.

A la même audience, le nommé Darrambuz, accusé de rébellion et de cris séditieux à la même époque, a été acquitté.

Les prévenus dans l'affaire du Carlo-Alberto sont arrivés, le 21, d'Aix à la prison de Montbrison. Ils étoient accompagnés d'une forte escorte, commandée par un lieutenant-colonel d'état-major. Le préfet de la Loire et le général, commandant le département, étoient allés les recevoir sur la limite du département. Des compagnies de troupes de ligne étoient échelonnées sur la route.

Les audiences des 22, 23 et 24, de la cour d'assises de Blois, ont été consacrées à l'audition des témoins cités par le ministère public dans le procès des chouans du bois d'Amailloux. M. Guillemin, avocat, a fait observer qu'un officier, à qui l'on vient de donner la croix d'honneur, n'avoit point encore déposé. Un autre militaire est convenu à l'audience qu'il ne savoit que par des ouï-dires les faits qu'il avoit annoncés précédemment comme lui étant personnellement

connus.

Un assez grand nombre d'habitans de Loir-et-Cher ont adressé aux chambres, par l'intermédiaire des deux organes royalistes, MM. de Brézé et Berryer, deux pétitions fort remarquables. L'une est une protestation contre les mesures illégales dont nous avons été témoins, telles que la confiscation des journaux et des presses, le régime des garnisaires, les emprisonnemens préventifs et contre les lois d'exception qu'on nous prépare, telles que celle sur l'état de siége. L'autre est une réclamation contre l'élévation des charges, le budget étant moitié plus lourd que sous la restauration, sans avantages pour le commerce ni pour le peuple.

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Par arrêt du 21 juillet dernier, le sieur Robin, de Bordeaux, armateur du navire le Julius Thalès, a été condamné à cinq ans de bannissement et à une amende égale à la valeur du navire et de la cargaison, pour s'ètre livré à la traite des noirs. Il a été, en outre, déclaré incapable de servir à aucun titre sur les bâtimens de l'Etat ou de commerce. Le navire a été confisqué.

Le Patriote de Toulouse a été forcé de suspendre ses publications. Aucùn imprimeur n'ayant voulu lui prêter ses presses..

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Les troupes et les sergéns de ville ont cerné pendant six jours, à Marseille, le cimetière, pour empêcher qu'on ne vînt visiter la tombe du malheureux Rayne, assassiné par un patriote. Lorsque cette mesure a cessé, une foule de personnes s'y sont rendues, avec autant de calme que de respect.

Le chef de brigands Ricciardi, qui faisoit l'épouvante de la Corse, a été tué le 4 décembre à Zalana, après de longues poursuites, par deux voltigeurs corses, qui ont montré beaucoup d'intrépidité.

Les prisonniers hollandais dirigés d'abord sur Valenciennes ont été conduits à Grammont, où ils sont arrivés le 19. Leur officier les y a rejoints.

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