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Aussitôt que la capitulation fut siguée, un bataillon français, sous les ordres du général Castellane, occupa, conformément à un article de cet acte, la demilune et la porte de la courtine du front de la ville. La garnison, qui étoit de 4,000 hommes, ne pouvoit plus tenir sous tous les rapports. La citadelle étoit dans un état épouvantable. Le magasin de vivres avoit été incendié en dernier lieu. A onze heures du soir, le maréchal Gérard fit porter une dépêche télégraphique à Lille pour Paris, et à Calais pour Londres. Il envoya en même temps, auprès du gouvernement français, son aide-de-camp, le commandant Lafontaire, pour porter la capitulation. Une ampliation en fut expédiée à La Haye par un de ses autres aides-de-camp, accompagné d'un officier du général Chassé.

Dans le temps que la garnisou de la citadelle d'Anvers demandoit à capituler et se soumettoit aux conditions qu'on lui imposoit, l'escadre hollandaise a tenté une diversion tardive, mais vigoureuse, sur la rive gauche de l'Escaut. Environ 2,000 hommes ont été débarqués sous la protection de l'artillerie de ses bâtimens, et se sont portés sur la digue de Doel, défendue par 600 hommes de la division Sébastiani. Les Français, après une vive fusillade, ont repoussé à la baïonnette les Hollandais, qui se sont rembarqués.

Un autre évènement, et dont on ne connoît pas encore bien les détails, se passa le même jour devant Anvers, quelques instans après la signature de la capitulation: les douze canonnières qui se trouvoient auprès de la citadelle ne voulant pas se rendre, tentèrent le passage pour retourner en Hollande. Le fort du Nord et les troupes des rives de l'Escaut s'y opposèrent de leurs feux. Vers minuit, on s'aperçut que toutes ces canonnières brûloient ou couloient bas. Ce désastre est, à ce qu'il paroît, le résultat d'une résolution désespérée des officiers plutôt que l'effet du feu que ces bâtimens ont essuyé. Le bateau à vapeur le Chassé a été compris dans la destruction.

Le ministre de la guerre belge a présenté à la chambre des représentans un projet de loi tendant à fixer le contingent de l'armée, sur le pied de guerre de 1833, à 110,060 hommes, non compris la garde civique mobilisée. Il sera fait une nouvelle levée de 12,000 hommes.

Dans sa séance du 30 novembre, la société royale de Loudres a décerné la médaille fondée anciennement par Copley à M. Poisson, de l'Institut de France, pour ses travaux en physique - mathématiques. La société royale avoit déjà donné cette marque d'estime à trois savans du continent; la première fois à Volta, et il y a quelques années à MM. OErsted et Arago, pour leurs découvertes relatives à l'électricité et au magnétisme en mouvement.

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Une proclamation du gouvernement irlandais vient de déclarer en état de trouble la partie occidentale du comté de Cork et de requérir l'établissement extraordinaire d'une force de police.

La reine régente d'Espagne a rendu un décret portant règlement de la profession d'avocat, et un autre pour obliger les juges à rester à leurs siéges. Elle a nommé capitaines-généraux, en Catalogue, le général Manuel Llander; en Audalousie, le général de Las-Amarillas; au royaume de Grenade, le général Abadia.

Le maréchal-de-camp de Diego est nommé gouverneur politique et militaire d'Alicante.

La mission de sir Strattfort Canning à Madrid n'a, à ce qu'il paroit, pour objet que de conclure un traité de commerce, et de demander le paiement des intérêts dûs sur l'emprunt fait à Londres en 1821 par le gouvernement Espagnol. Il y a eu quelques troubles le 5 à Eùtin (Holstein), à la suite du refus de quelques habitans de payer l'impôt. Un rassemblement considérable se forma sur la place du marché, brisa les vitres des deux principaux fonctionnaires et dépava les rues. La force armée ayant été assaillie à coups de pierres, riposta par une décharge et par des coups de baïonettes. Un des révoltés a été tué et huit autres blessés.

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La nouvelle de l'entrée des Egyptiens à Konia ne s'est pas confirmée, Ibrahim a concentré ses forces dans les environs d'Adana, une division de cette armée a voulu pénétrer dans Erekli et y a rencontré une vigoureuse résistance; une autre colonne qui s'est avancée vers le Nord a complètement réussi.

Madame, Nantes, Blaye, Paris; par M. Fortuné de Chollet, rédacteur au Brid' Oison. Seconde livraison (1).

La première livraison a été saisie; nous ne l'avons point vue. La secoude parle du débarquement de MADAME à la Ciotat, des projets formés à cette époque, des bruits contradictoires qui circulent. L'auteur les attribue en grande partie à la police. La fatale politique d'un agent d'Holy-Rood, dit-il, seconda les vues du pouvoir. M. de Chollet ne nomme point cet agent; mais il insinue qu'il y eut beaucoup d'intrigues et de manoeuvres pour faire échouer l'entreprise de la princesse. Il accuse le maire de la Ciotat d'avoir attiré le Carlo-Alberto dans son port par la plus basse des perfidies. Déjà une trahison, dit il; ce ne devoit pas être la dernière. L'auteur suit MADAME dans ses différentes courses et dans ses retraites, et admire son courage et sa présence d'esprit. Tout cela est raconté avec chaleur et enthousiasme.

Sa brochure est terminée par une anecdote tirée, dit-il, d'une séance de la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine. Il n'indique point la date du fait, ni de la séance de la cour d'assises; mais il assure qu'il ne fait que reproduire les débats. Les témoins appelés dans l'affaire attestèrent qu'ils avoient vu 4 réfractaires qui se sauvoient, et qui n'étoient armés que de bâtons; les soldats tirèrent sur un deux coups de fusil : un de ces coups, tirés à trente pas, tua le jeune Jamier, de Cornillé, près Vitré. La balle avoit frappé au dos et étoit sortie par le ventre. Le malheuheureux respiroit encore; sa famille demandoit qu'on le lui laissât pour le soigner: on le refusa inhumainement. On fit monter le mourant en charrette, et on ne permit même pas à ses sœurs de monter avec lui; elles furent obligées de suivre à

(1) L'ouvrage doit former douze livraisons in-8°; prix de chaque livraison, pour les souscripteurs, 60 cent. et 75 cent. franc de port. A Paris, chez Hivert, quai des Augustins, et au bureau de ce journal.

pied. On demandoit à Jamier s'il pardonnoit à l'assassin. Oui, dit-il, je lui pardonne, si Dieu me pardonne à moi-même. M. Levieux, curé de Cornillé, un des témoins assignés, raconte qu'il ne put s'empêcher de reprocher aux soldats leur barbaric. M. Rocher, vicaire de Cornillé, s'approcha de la charrette, et demanda à l'officier la permission de monter pour confesser Jamier: on ne lui répondoit point. Il monta cependant dans un moment où l'officier ne le voyoit point, et confessa le mourant. L'officier lui crioit de se dépêcher. On prétend même qu'il avoit dit que, si Jamier existoit encore, il n'y avoit qu'à l'achever. On n'en ent pas la peine; en arrivant à Vitré, Jamier étoit mort. On ne mit pas moins son corps en prison; presque toute la ville assista à ses obsèques, et il y vint beaucoup de monde des environs.

Tous ces détails sont tirés des débats de la cour d'assises; les journaux ne les avoient point remarqués au milieu de tant de scènes d'horreur qui ont consterné les provinces de l'Ouest. C'est dans cette même séance de la cour d'assises, qu'une fille dit un mot fort remarquable. Le président interrogeoit une sœur de Jamier; un juré demanda si persoune n'avoit conseillé à cette fille de faire la déposition qu'on venoit d'entendre. Si, répond-elle — Et qui donc vous a conseillée? Parlez sans crainte.. C'est ma conscience, reprit avec fermeté Françoise

Jamier.

Où s'est passée cette scène ? Est-ce chez les Turcs ou les Sauvages? Non; c'est dans un siècle et dans un pays dont on vante la civilisation, les mœurs douees et le bon esprit.

La troisième livraison de Madame, Nantes, Blaye, Paris a paru; nous n'avons pu encore en prendre connoissance; nous voyons seulement qu'elle offre une jolie vue du château de Nantes.'

AVIS.

MM. les Souscripteurs dont l'abonnement expire au 1er janvier prochain sont priés de le renouveler promptement, pour ne pas éprouver de retard. Ils voudront bien joindre à leur demande une de leurs adresses imprimées. Prix actuel de l'abonnement : Pour un an, 42 fr.; pour six mois, 21 fr.; pour trois mois, 11 fr. On ne reçoit que les lettres affranchies.

Le Gérant, Adrien Le Clerc.

COURS DES EFFETS PUBLICS.Bourse du 26 décembre 1832.

Trois pour 100, jouissance da 22 dèc., ouvert à 69 fr. 60 c. et fermé à 69 fr. 75 c. Cinq pour 100.juissance du 22 sept., ouvert à 99 fr. 65 c. et fermé à 99 fr. 70 c. Actions de la Banque.

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1700 fr. 00 c.

IMPRIMERIE D'AD, LE CLERE ET COMP.

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SAMEDI 29 DÉCEMBRE 1832.

Dernier extrait de la Chronique de juillet

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La révolution de juillet avoit mis le clergé dans une posi tion fâcheuse. Les prêtres, en butte aux soupçons et aux outrages, avoient été obligés de se déguiser. M. l'Archevêque de Paris étoit caché, sa résidence avoit été dévastée avec une inconcevable fureur. On étoit dans cet état d'agitation qui suit une grande tempête. Un nouveau prince venoit d'être proclamé, une nouvelle Charte avoit été décrétée.. Un serment avoit été prescrit, et il avoit été question d'y astreindre tous les ecclésiastiques. De si graves événemens préoccupoient tous les esprits, et beaucoup de membres du clergé se demandoient avec inquiétude quelle conduite, ils devoient tenir dans des circonstances si difficiles. Il y eut, à ce sujet, une réunion des évêques qui se trouvoient à Paris, et il y fut décidé de consulter le saint Siége sur ce qu'il y avoit à faire au sujet du serment. Consulter par écrit pouvoit entrainer bien des longueurs; il parut plus à propos d'envoyer à Rome quelqu'un de confiance qui put exposer l'état des choses et solliciter une décision. Mais à qui confier cette mission délicate? M. l'Archevêque jugea sans doute qu'il y avoit des inconvéniens à en charger un ecclésiastique, dans un temps où le clergé étoit l'objet de tant de préventions. Il jeta les yeux sur un homme qui venoit de lui donner des preuves de dévoûment dans la dernière crise; il fit choix de M. Caillard, celui-là même dont nous avons parlé dans notre précédent extrait de la Chronique de juillet. M. Caillard a inséré dans ce livre une relation de son voyage, et c'est de cette relation que nous voulons offrir ici la substance. Mais il est bon de remarquer, avant tout, que cette relation est de M. Caillard seul. M. Rozet en prévient, à la page 264 de son second volume: Je n'avois obtenu de M. l'Archevêque, dit-il, que l'autorisation pour M. Caillard de me raconter son voyage; la rédaction qu'on va lire est étrangère à ce prélat, qui n'a pas jugé convenable d'en prendre connoissance. Elle est donc uniquement l'œuvre de M. Caillard, qui pouvoit seul raconter, puisqu'il a seul agi, vu et entendu.

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Tome LXXIV. L'Ami de la Religion.

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Il ne pouvoit entrer dans notre plan de suivre pied à pied M. Caillard dans son récit et dans les réflexions dont il l'accompagne. Ces réflexions sont quelquefois un peu longues, et n'expriment que son opinion particulière sur certains points, opinion qu'il ne s'agit pas de discuter. Nous ne voulons que faire connoitre les principaux faits et le résultat de sa mission. Nous nous bornerons donc à une analyse la plus succincte possible de sa relation, en regrettant qu'il ait négligé d'y joindre une seule date, de sorte que l'on ignore absolument l'époque de son départ, celle de son arrivée à Rome et celle de son retour. On conjecture seulement qu'il a dû partir de Paris vers le 20 ou le 25 août 1830.

Son voyage se fit avec une grande célérité. Arrivé à Rome, il s'empressa de porter ses lettres aux personnes auxquelles M. l'Archevêque l'avoit adressé. Le prélat prioit qu'on obtint le plus tôt possible, à son envoyé, une audience du saint Père. Elle lui fut en effet accordée le surlendemain de son arrivée. Mer Sala, aujourd'hui cardinal, voulut bien le conduire luimême à Monte-Cavallo. L'étranger fut frappé de la simplicité de l'ameublement du palais et de la facilité de l'abord du saint Père. Pie VIII le reçut avec bonté, le fit asseoir, et prit connoissance des lettres dont M. Caillard étoit porteur. L'une étoit d'une personne que celui-ci ne nomme pas, et que nous ne chercherons point à deviner; l'autre étoit de M. l'Archevêque. Le Pape parut surpris que le prélat le consultât sur le serment, car on venoit de recevoir Rome la Gazette de France, qui annonçoit que M. l'Archevêque avoit prêté serment comme pair de France. La Gazette en effet donna dans le temps cette fausse nouvelle. L'envoyé n'eut pas de peine à faire entendre au saint Père qu'il avoit sur ce point des informations plus exactes que la Gazette, qui avoit pu être trompée par de faux bruits, comme il arrive souvent aux journaux. Le Pape parut étonné encore que M. l'Archevêque sollicitât une réponse prompte, et qu'il n'eût pas réuni ses collègues pour se consulter tous ensemble. Le voyageur expliqua facilement que les circonstances étoient pressantes, puisqu'il y avoit la loi nouvelle une époque fixe, passé laquelle le serment ne seroit plus admis. Sur l'autre point, dans l'état actuel du clergé, il n'étoit pas aisé de réunir des évêques. L'envoyé traça un exposé rapide de la dernière révolution.

par

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