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peuvent être en hollandais, en latin, en français, en anglais ou en allemand, et envoyées à Haarlem avant le 1er janvier 1833. »

On voit assez par ce programme quel est le but de la société. A l'exemple de Genève et de l'Allemagne rationaliste, elle cherche à propager en Hollande le déisme sur les ruines du christianisme. Tandis que les protestans admirent cette question comme un résultat du progrès des lumières, et mettent leur cervelle à l'alambic pour y répondre, nous seroit-il permis d'examiner froidement tout ce qui s'y trouve d'incohérent et d'absurde? Nous n'aspirons pas au prix, c'est peut-être une raison pour que nous ne soyons point ébloui des fausses lueurs d'une vaine science et pour que nous trouvions la vérité.

On remarquera d'abord que ce ne sont pas des gens du peuple qui proposent cette question: ce sont des savans, ce sont des hommes qui sont à la tête de l'opinion parmi les protestans. Ne seroit-on pas en droit de leur appliquer ces paroles de saint Paul: Semper discentes et nunquam ad scientiam veritatis pervenientes... et quidam aberrantes conversi sunt in vaniloquium, volentes esse legis doctores, non intelligentes neque quæ loquuntur, neque de quibus affirmant. Ces Messieurs déclarent qu'on a fait parmi les protestans de grands progrès dans la critique et l'interprétation de la Bible, et après ces grands progrès, ils ne sont pas encore assurés de la véritable origine du christianisme! Ils ne connoissent encore d'une manière certaine, ni la personne de J.-C., ni l'essence de sa religion, ni les bienfaits qu'il a apportés au genre humain! Mais un Turc sait que la différence fondamentale entre lui et un chrétien consiste en ce que celui-ci adore un seul Dieu en trois personnes, tandis que lui n'admet en Dieu aucune distinction de personnes. Il sait qu'il n'honore J.-C. que comme un prophète envoyé de Dieu, tandis que le chrétien le regarde comme étant fils de Dieu et Dieu même. Un juif sait aussi la différence qu'il y a entre le chrétien et lui; il n'ignore pas que ce qui les divise, c'est que lui attend encore le Messie et considère J.-C. comme un imposteur, tandis que le chrétien adore ce même J.-C. comme son Sauveur et son Dieu. Et voilà des théologiens protestans qui en savent moins là-dessus que les Juifs et les Turcs! Les voilà qui doutent encore, qui ont besoin d'être éclairés, qui confessent publiquement leur ignorance sur la nature du christianisme, qui appellent de tous côtés des lu

mières! N'y a-t-il pas lieu de s'extasier devant de si admirables progrès, et quel ami sincère de la vérité ne désireroit pas d'être d'une société où, après tant de recherches, d'études et de découvertes, on est parvenu à avoir une idée si nette et si précise du christianisme?

Les théologiens protestans, conséquemment à leur principe, rejettent l'autorité de l'Eglise; autorité qui, abstraction faite des promesses d'infaillibilité, seroit encore supérieure à toute autorité humaine, puisqu'elle a renfermé dans son sein tant de grands exemples de vertus et tant d'hommes profonds en sagesse et en doctrine; et néanmoins ces mêmes théologiens reconnoissent implicitement la nécessité d'une autorité, puisqu'ils recourent dans le cas présent à l'opinion d'un ou de plusieurs individus qu'ils ne connoissent point, et qui, n'ayant aucune autorité, ne décideront rien. Malgré la plus belle et la plus savante dissertation que puissent couronner les théologiens de Haarlem, le rationalisme et le mysticisme poursuivront leur marche en se moquant vraisemblablement un peu de ceux qui s'arrogent une autorité de juger qu'ils refusoient à l'Eglise.

Le prétexte de la réforme, à son origine, fut que l'Eglise avoit altéré et corrompu la foi primitive. Les articles contestés étoient alors si graves et d'une telle conséquence, qu'on mit tout à feu et à sang plutôt que de s'y soumettre. On aima mieux se jeter dans les horreurs de la guerre, du schisme et de toutes les calamités qui en découlent, que de souscrire aux points de la foi de l'Eglise, qui déplaisoient; et aujourd'hui, ces articles ne méritent pas que l'on s'en occupe, on les passe sous silence. On regarde ces disputes comme des vieilleries indignes de fixer l'attention d'un siècle éclairé. N'est-ce pas faire le procès aux premiers réformateurs, et peut-on appeler de grands hommes ceux qui ont fait tant de bruit pour des misères, et qui ont provoqué en Europe tant de troubles, de de guerres et de désastres pour de si minces sujets? N'y a-t-il pas eu dans leur conduite, à cet égard, autant de cruauté que d'impiété?

On prétendoit que tous les protestans étoient au fond d'accord, et que tous convenoient sur les principes essentiels du christianisme. Mais cette distinction est aujourd'hui renversée, puisque les théologiens de Haarlem font si peu de cas des ar

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ticles fondamentaux. C'est l'Eglise catholique, au contraire, qui les conserve précieusement, ces articles fondamentaux, que les protestans de nos jours méconnoissent, ou dont même ils se moquent. Etoit-ce une raison pour se révolter contre elle?

Les catholiques ont souvent objecté aux protestans que leur séparation de l'Eglise catholique, loin d'être une réforme, n'étoit qu'une révolte contre J.-C. et son Eglise, n'étoit au fond qu'une apostasie du christianisme, et que les principes du protestantisme menoient logiquement au déisme. La Providence se sert maintenant des théologiens protestans pour mettre malgré eux cette vérité au plus grand jour. Que sont les rationalistes d'Allemagne, qui nient toute révélation et rejettent les mystères et les miracles? Que sont ces pasteurs de Genève, qui expulsent de leur sein les gens assez simples pour admettre encore la divinité de J.-C. ? Que sont les théologiens de HaarJem, qui ont besoin d'être fixés sur l'origine du christianisme et sur la personne du Sauveur? Ce sont des déistes qui ont abandonné les principes fondamentaux de la religion chrétienne. Au lieu donc de recourir avec eux à l'autorité d'un seul homme, que les protestans de bonne foi, qui veulent être encore chrétiens, reconnoissent avec nous l'autorité de l'Eglise catholique, qui leur donnera la véritable solution à la question proposée par la société anti-chrétienne de Haarlem. Ne diroiton pas que les théologiens protestans de ce pays ont pris à tâche de prouver au public qui raisonne, qu'on ne peut combattre la religion catholique sans tomber dans un abime de contradictions? Ainsi Dieu se sert de l'erreur pour nous montrer le prix de la vérité.

Nous ne nous sommes attaché ici qu'aux considérations les plus générales. Il ne seroit pas difficile d'en tirer, du programme, d'autres non moins frappantes et non moins décisives; mais nous en avons dit assez pour montrer aux esprits judicieux la foiblesse et le ridicule des vaines recherches de ces hommes qui, tout environnés des rayons d'un soleil lumineux, ferment les yeux et marchent à tâtons dans les ténèbres, plutôt que de se laisser guider par la splendeur de la vérité. Ils ne voient pas qu'au dedans et au dehors tout ce qui réfléchit se moque d'eux, et de leur orgueilleux aveuglement, et de leurs stériles investigations, et de leurs prétendus progrès, qui ne sont autre chose que d'immenses et honteuses reculades.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Nous apprenons que le 17 décembre, le saint Père a tenu un consistoire secret où il a donné des évêques à plusieurs églises. Les quatre évêques français y ont été préconisés, savoir: Pour Versailles, M. Louis-Marie-Edmond Blanquart de Bailleul, du diocèse d'Arras, grand-vicaire de Versailles; pour Verdun, M. Placide-Bruno Valayer, du diocèse d'Avignon, chanoine et grand-vicaire de Paris; pour Langres, M. Jacques-Marie-AdrienCésaire Mathieu, curé de la Madeleine à Paris; et pour Beauvais, M. Jean-Louis-Simon Le Mercier, chanoine de Paris. M. MarieNicolas-Sylvestre Guillon a été préconisé dans le même consistoire comme évêque de Maroc in part.

Il étoit difficile d'imaginer une réunion plus imposante que celle qui s'étoit portée à Saint-Roch le vendredi 28. Les abords de l'église étoient couverts de voitures. Dans l'intérieur, la grande nef de l'église étoit entièrement remplie, et l'affluence s'étendoit jusque sur les bas côtés. Beaucoup d'ecclésiastiques, de personnes de distinction, d'hommes de tous les rangs, de femmes de toutes les classes. M. l'Archevêque est arrivé à deux heures; son visage annonçoit quelque émotion. Peut-être que les souvenirs du passé se présentoient involontairement à son esprit et qu'en sortant d'une retraite si profonde et si prolongée la vue de cet immense auditoire lui fit une impression inattendue. Cette impression étoit partagée par un grand nombre des assistans qui ne pouvoient retenir quelques larmes en revoyant le pasteur au milieu de son troupeau après tant d'agitations, d'inquiétudes et d'orages. Le prélat avoit pris pour texte ces paroles de Saint-Paul aux Colossiens: Induite vos, sicut electi Dei, sancti et dilecti, viscera misericordiæ. L'exorde a été touchant et avoit principalement pour objet l'OEuvre des orphelins. Le prélat a considéré la miséricorde dans son précepte et dans son exercice. Il a rappelé les divers motifs qui doivent, nous porter à la miséricorde, les besoins des pauvres, le précepte et l'exemple du Fils de Dieu, la nécessité d'expier nos péchés, etc. L'orateur a passé en revue les diverses œuvres de miséricorde spirituelle et corporelle qui s'offrent à nous dans ces temps de détresse et de calamité. C'est pour les malheureux que le Fils de Dieu est venu sur la terre et nul précepte ne revient plus souvent dans l'évangile que d'être miséricordieux. Aussi la religion, fidèle aux instructions de son auteur, a toujours regardé l'indigence et le malheur comme l'objet particulier de sa sollicitude; et saint Paul, qui a si bien peint les merveilles de la charité, nous a appris à estimer la miséricorde comme la plus belle et la plus touchante des vertus chrétiennes. Toutes ces pensées ont été développées par M. l'Archevêque avec autant de goût que d'onction. La péroraison

surtout a été pleine d'ame et de sensibilité. Les heureuses applications de l'Ecriture, la vérité des tableaux, les grâces du style, toujours aussi élégant que naturel, la noble simplicité du débit, tout contribuoit à l'effet moral de ce discours, qui a été constamment entendu dans un profond silence. La quête s'est montée à plus de 20,000 fr., en y comprenant ce qui a été recueilli hors l'église. Une seule personne a envoyé 500 fr. à chacune des sept quêteuses.

On se souvient de ces quatre jeunes Chinois chrétiens qui vinrent à Paris en avril 1829 pour y achever leurs études et s'y préparer au sacerdoce. Ils excitèrent un vif intérêt, et beaucoup de personnes furent admises à les voir chez MM. de Saint-Lazare où ils demeuroient. Nous donnâmes quelques détails sur ces étrangers n° 1537. Ils devoient passer quelques années en France pour compléter leur éducation ecclésiastique. Mais après la révolution de 1830, on jugea prudent de les renvoyer en Orient ainsi que deux autres de leurs compatriotes qui ne venoient que d'arriver en France. Un de ces jeunes Chinois, celui qui s'étoit fait le plus remarquer par son intelligence, qui parloit le latin avec facilité et qui servoit d'interprète aux autres, étoit Joseph Ly; il est en ce moment à Macao et il vient d'écrire à un des MM. de Saint-Lazare à Paris. Sa lettre a été insérée dans la Tribune catholique, elle est datée de Macao le 14 mai dernier. Elle offre quelques incorrections de style qui n'ont rien de fort extraordinaire pour un Chinois qui n'avoit passé en France qu'un peu plus d'un an; nous nous contenterons d'en extraire ce qu'elle offre de plus intéressant. M. Ly avoit été ordonné prêtre le 9 avril de cette année, il demeuroit au séminaire des Lazaristes à Macao et étoit destiné à y rester comme maître. Quatre nouveaux prêtres chinois s'y trouvoient aussi, savoir: Florien Lo, Jean-Baptiste Kin, Jean Pe et Pierre Ngai. Parmi ces prêtres, Jean-Baptiste Kin paroît être le seul qui se trouvât à Paris il y a trois ans. Les quatre nouveaux prêtres dévoient partir prochainement pour aller en mission. M. Ly dit peu de chose de l'état des missions en Chine. Dans les cinq provinces desservies par MM. de Saint-Lazare, savoir: Le Kian-si, le Kian-nan, le Honan, le Hou-pa et Pekin, il n'y a que 15 missionnaires chinois qui, dit M. Ly, travaillent lentement. Un autre confrère, Ignace Thoug, a été pris en 1830 at envoyé en exil pour cause de religion. M. Ly recommande qu'on prie pour lui ainsi que pour un autre confrère, Chin, pris dans la même persécution que le père Clet et envoyé en exil où il est mort. A présent, il n'y a pas de persécution en Chine de la part de l'empereur qui ne s'occupe pas de la religion, mais quelquefois, les mauvais chrétiens excitent quelque orage. A Macao, il y a 8 prêtres y compris les 5 que nous avons nommés. Les autres sont des Lazaristes français, M. Torrette, qui étoit parti de France en avril 1829, comme nous l'avons dit dans

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