Images de page
PDF
ePub

des Carmes (1); à l'évêché d'Elvas, en Portugal, le père Ange de Notre-Dame de la Bonne- Mort, Franciscain de l'Observance réformée et missionnaire apostolique; à l'évêché de Pinhel, Leonard Brandao, de la congrégation de Saint-Philippe Néri; à l'évêché d'Yucatan, en Amérique, Joseph-Marie Guerra, archidiacre de la cathédrale de Saint-Ildefonse; aux évèchés in part. suivans, de Rodiopolis, Stanislas-Vincent Tomba, de la congrégation des Clers réguliers de Saint-Paul; de Ptolémaïde, François-René Boussen, chanoine de Gand; de Satala, Jean-François-Guillaume Tippman, chanoine de Prague, et au monastère de Saint-Etienne de Banolas, Bénédictin, prévot du monastère de Saint-Cugat, du même ordre.

A la fin du consistoire, le saint Père accorda le Pallium aux archevêques d'Urbin et de Spolète, et assigna des titres aux cardinaux nommés au mois de juillet. Ils ont été ensuite placés en diverses congrégations.

PARIS. Il est imposible dans l'éloignement de se faire une idée de l'état du diocèse d'Angoulême. Cet état est de nature à exciter les alarmes les plus vives chez les amis de la religion. Tout le monde sait dans le pays avec quel zèle le vénérable évêque travaille à fermer les plaies qu'une mauvaise administration avoit faites à la religion. Sans la révolution de 1830, il pourroit jouir aujourd'hui des résultats de ses soins. Hélas! les espérances que l'on avoit conçues se sont bien promptement évanouies. Nous ne citerons. point ici le grand nombre de paroisses que l'émeute a successivement rendues veuves de leurs pasteurs, à commencer par les deux cures de la ville haute, dont l'une, la Cathédrale, est depuis deux ans sans pasteur, et l'autre est occupée par une espèce d'intrus. Il y en a même qui prétendent que l'administration n'est pas étrangère aux sourdes menées qui ont amené cet état de choses; sans admettre ces bruits, nous aurions cru qu'après une satisfaction éclatante, on auroit épargné de nouvelles hostilités au clergé. La bienveillance administrative vient encore de se signaler à son égard. On vouloit faire une économie afin de trouver le montant d'une allocation à l'enseignement mutuel. Cette économie, c'est encore le clergé qui l'a supportée. Le conseil municipal a décidé qu'à partir du 1er janvier 1833, les vicaires de la ville cesseroient de recevoir le traitement de 400 fr. qui leur avoit été jusqu'ici annuellement accordé. Or il est notoire que pour plusieurs de MM. les vicaires, les droits éventuels appelés casuel sont à peu près nuls; et dans ce moment, par suite de l'émeute de février 1831, il n'y a que deux des cinq cures qui soient pourvues de titulaires.

-(1) Là étoient placés, dans l'ordre des promotions du consistoire, les évêques, français que nous avons nommés dans le numéro précédent.

De plus, le petit séminaire, fermé à la même époque, n'a pu encore être rouvert et les ressources du diocèse se réduisent à 35 ou 40 jeunes gens, étrangers pour la plupart au département et recueillis au grand séminaire. Quand écoutera-t-on les vœux de tout un diocèse justement inquiet sur son avenir? Qui croiroit que dans un diocèse limitrophe de celui dont il vient d'être question, plusieurs ecclésiastiques d'un vrai mérite ne peuvent obtenir l'agrément du gouvernement pour des cures où l'absence de pasteur se fait vivement sentir? Comment ne pas s'étonner après cela qu'on soit venu se plaindre à la tribune et ailleurs de l'obstination du clergé à méconnoître les douceurs du nouveau régime et la bienveillance marquée du gouvernement pour lui?

:

- Il y a encore des sorciers, ou du moins des gens qui prétendent l'être les uns par sottise, les autres par calcul font ce triste métier. Le 28 novembre dernier, on a jugé, en police correctionnelle à Agen, un sorcier nommé Ségalié, qui avoit beaucoup de réputation dans le pays, et qui avoit été surpris dans une carrière, la nuit du 13 juillet, au milieu de l'exercice de ses fonctions. IÍ travailloit à faire venir le diable, et étoit entouré de tout l'appareil de la cabale et du sortilége. Il fut arrêté parce qu'on le croyoit coupable d'escroquerie. Ce délit ne fut pas prouvé, et Ségalie fut mis en liberté; mais ensuite il a été accusé d'avoir déterré le cercueil d'un enfant pour en extraire des clous dont il croyoit avoir besoin pour ses opérations. Il a été condamné pour cela en police correctionnelle, à six mois de prison et aux dépens, et a appelé de ce jugement. Un journal, qui a rendu compte de cette affaire, et qui a voulu surtout faire rire par son récit, n'a cependant pas perdu l'occasion de jeter des insinuations malignes sur les prêtres. Je sais bien, dit-il, ce qu'il y auroit à faire pour extirper ces imbécilles opinions; il faudroit que tous les corps constitués, que tous les citoyens éclairés, que le clergé surtout s'y employ assent en toutes occasions. Mais quand le clergé le voudra-t-il? Ce reproche est aussi ridicule qu'injuste. Ce n'est assurément pas la faute du clergé s'il y a des sorciers, ou du moins des gens qui en jouent le rôle. Il n'est pas de curé qui, au besoin, ne cherche à détromper ses paroissiens de ces jongleries. La religion condamne à la fois, et les sorciers véritables, s'il y en a, et les prétendus sorciers qui trompent les ignorans et les simples. La religion condamne tout pacte avec le diable, comme toute escroquerie. Ce qui fait qu'il y a des sorciers, c'est la cupidité des uns et la crédulité des autres. Or, toutes les lumières du monde ne pourroient ni convertir tous les fripons, ni détromper tous les simples. Les premiers savent assez qu'ils font mal, et les seconds sont presque toujours d'autant plus opiniâtres qu'ils sont plus ignorans. Les curés perdroient donc leur latin auprès des uns et des autres, et les corps constitués eux-mêmes, tous les citoyens éclairés, voire les avocats et les journalistes ne

seroient pas plus heureux. Tant que le monde existera, il y aura des passions et des superstitions, des hommes adroits et des dupes, des gens qui spéculeront sur la sottise pour gagner de l'argent, et des sots qui morderont au premier hameçon qu'on leur présentera. Toutes les écoles d'enseignement mutuel, toutes les académies savantes, tous les journaux réunis ne pourroient porter remède à ce double mal; la religion seule peut l'atténuer, parce que seule elle offre les véritables lumières. Ainsi ceux qui attaquent sans cesse la religion, qui la tournent en ridicule, qui travaillent à l'extirper du fond des cours; ceux-là favorisent, au contraire, la superstition, parce qu'il est dans la nature de l'homme de croire, et que les simples à qui vous ôtez les appuis et les consolations de la foi cherchent ailleurs ce qui leur manque, et s'adressent, les uns, aux sorciers, aux charlatans, aux diseurs de bonne aventure; les autres, à des imposteurs plus relevés, à Mesmer, à Cagliostro, à Swedemborg, et, de nos jours, aux Saint-Simoniens.

· Les élèves du petit séminaire de Nantes ont aussi adressé au Rénovateur une lettre de remerciement pour les personnes qui ont bien voulu leur donner asile pendant l'occupation militaire de leur maison. Cette lettre, très-bien faite, est du 26 décembre; elle a été transmise au Rénovateur par M. S. Sagory, supérieur du petit séminaire, qui exprime aussi sa reconnoissance pour l'accueil empressé fait à ses élèves.

[ocr errors]

A Kinsale en Irlande un soldat catholique du 69° régiment. mourut, au mois d'avril dernier, après avoir été visité dans sa maladie par le prêtre catholique du lieu. Il étoit d'usage en pareil cas d'avertir le prêtre de la mort et de l'heure de l'enterrement. On n'eut point cette attention pour le soldat ci-dessus, nommé Jean Bamber, et l'enterrement fut fait par un ministre protestant. M. M'namara, prêtre à Kinsale, réclama et ne put rien obtenir; le major du régiment répondit qu'on suivroit les usages du service. M. M'namara s'adressa à lord Hill, commandant en chef et se plaignit de cette atteinte à la liberté de conscience qui avoit excité de justes plaintes parmi les catholiques de Kinsale. Ils s'étoient réunis à cet effet et avoient adressé aussi un mémoire à lord Hill. Ils s'y montroient blessés de cette acte d'intolérance du major. Lord Hill · répondit qu'il avoit donné des ordres pour prévenir de tels abus et que les soldats catholiques doivent être enterrés avec les cérémonies de leur église. Un journal irlandois dit qu'il faut donner de la publicité à une décision si équitable d'ailleurs, et qui peut, prévenir de misérables tracasseries.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Un certain nombre de jeunes gens des écoles de Paris ont rédigé une adresse à madame la duchesse de Berry, pour lui offrir de lui former une liste ci

vile à laquelle ils sont certains que l'immense majorité des Français s'empressera de concourir. Une protestation contre la captivité de la princessé a été signée à Nantes par plus de 2,000 habitans, parmi lesquels figurent beaucoup de propriétaires électeurs. Des dames de cette ville, au nombre de 1,900, y ont adhéré. D'autres adhésions à cette protestation ont eu lieu de la part des habitans de Champtoceaux, Oudon et Conffé (Loire-Inférieure). De nouvelles adresses à S. A. R. ont été signées par les habitans de Lizieux et Vimoutiers (Orne), de Moncontour: (Côtes-du-Nord), par ceux des villes et des environs de Landernau (Finistère), · Mezin (Lot-et-Garonne), et par les dames de Lizieux et de Vimoutiers. M. Sé- guin, directeur du Cercle des Amis des Arts à Paris, a adhéré à l'adresse des royalistes de l'Ardèche. Comme les membres des cours et des tribunaux étoient dans l'usage, au renouvellement de l'année, de complimenter le roi et les princes, M. le comte de Sèze, président à la cour royale de Paris, réputé démissionnaire, a cru devoir adresser à MADAME, dans une lettre appropriée aux circonstances, le tribut de ses hommages et de son dévoûment.

Les ennemis de madame la duchesse de Berry peuvent être partagés en deux classes: ceux qui se moquent d'elle et ceux qui la persécutent. Ces derniers se trouvent dans une position tout-à-fait avantageuse, et le rôle qu'ils ont choisi n'a aucune espèce d'inconvénient. D'abord ils sont sûrs de ne point déplaire au pouvoir et de ne s'attirer ni poursuites ni disgrace de la part du ministère public. Ensuite, si ce sont des gens en place ou en faveur à la cour, ils n'ont pas à craindre de s'attirer des désagrémens pour cela. Enfin, l'opinion publique sait trop ce qu'elle leur doit pour les troubler en rien dans leurs droits et priviléges de vainqueurs. Ils peuvent donc se régaler de persécution à souhait contre Madame la duchesse de Berry sans qu'il en résulte pour eux aucune conséquence fâcheuse. Mais il n'en est pas de même de ceux qui l'ont choisie pour le sujet habituel de leurs bons mots; de leurs plaisanteries et de leurs gentillesses. L'auguste prisonnière de Blaye ne prête point à la bouffonnerie. Elle n'est ridicule ni comme princesse, ni comme mère, ni comme femme écrasée par l'adversité. Quelle pitié donc et quelle honte pour notre caractère national, que de voir chaque joèr taut de pages de journaux salies par des quolibets et des turlupinades contre la royale captive! Ces malheureux empêcheront-ils que Madame la duchesse de Berry ne soit un plus grand caractère? Sa position seule ne devroit-elle pas leur interdire ces atroces et honteuses plaisanteries?

Les voilà bien embarassés maintenant pour traiter la question du régicide d'une manière passable et sans contradiction! Lisez le rapport présenté samedi à . le chambre des députés, au nom de la commission chargée d'examiner la proposition de M. Portalis ; vous verrez combien la présence de la branche cadette est devenue gênante pour parler de la branche aînée avec toute l'indifférence et le mépris qu'on y voudroit mettre. Par respect pour la nouvelle inviolabilité qu'on cherche à établir, et en vue de la sûreté des nouvelles personnes royales, on est obligé d'accorder d'un côté, des points qu'on auroit la plus grande envie de mé

connoître et de nier de l'autre. On se tire de là comme on peut par des distinctions et des subtilités qui n'expliquent guère en quoi la dynastie de Louis-Philippe se trouve intéressée à ce que le sang de Louis XVI soit condamné à se taire pour laisser en repos les mauvais souvenirs et les mauvaises consciences. On nous en donne pour raison que c'est faire une grave insulte à la nation française, qui n'est coupable de rien, que d'élever à ses frais des monumens expiatoires. Que ne nous disiez-vous cela plutôt, quand vous condamniez cette même nation à rembourser les confiscations révolutionnaires à la décharge des acquéreurs de biens nationaux, qui en avoient tout le profit pour eux seuls? Nous n'étions coupables de rien non plus, nous autres contribuables, qui n'avions fait partie nî de vos déprédateurs ni de vos bandes noires. S'il n'y a pas eu d'offense à nous faire payer un milliard pour vos acquéreurs de biens nationaux, pourquoi voulez-vous qu'il y en ait davantage à nous faire payer un monument pour vos régicides?... Toutefois, M. le rapporteur a fini par émettre une pensée juste et raisonnable, en disant que le régicide et la légalité sont deux mots qui ne peuvent se concilier ni aller ensemble. C'étoit probablement pour rassurer la royauté de juillet sur son inviolabilité, qu'il s'est exprimé ainsi. Mais il trouvera bon que cela nous rassure également sur l'inviolabilité de Madame la duchesse de Berri, et que nous nous souvenions en temps et lieu que le régicide et la légalité sont deux mots qui ne peuvent aller ensemble.

[ocr errors]

Un petit mouvement vient d'avoir lieu dans le ministère. MM. d'Argout et Thiers permutent de portefeuille. Le premier réunira à son département la division des cultes, qui étoit passée au ministère de la justice. M. le comte d'Argout sera ministre de l'intérieur et des cultes, et M. Thiers ministre du commerce et des travaux publics. Les attributions de ces deux ministères sont d'ailleurs rétablies, à l'exception de ce qui a été donné à celui de l'instruction publique, telles qu'elles étoient avant l'ordonnance du 10 octobre dernier. Ainsi le personnel des préfets, la garde nationale, etc., retournent au ministère de l'intérieur, tandis que la police et les élections changent de mains.

M. Lesourd, sous-préfet à Sceaux, est nommé maître des requêtes en service extraordinaire.

- M. le docteur Roullin vient d'être attaché à la Bibliothèque de l'Arsenal, en remplacement de M. Meyranx, décédé.

- La cour royale de Paris a confirmé un jugement du tribunal de première instance, qui déclare valable un legs de 20,000 fr. fait par le général FournierSarlovèze, avec le vœu que les intérêts en soient répartis chaque année aux dix plus anciens militaires ou sous-cfficiers de cavalerie présens sous les drapeaux à l'anniversaire de sa mort.

Les gérans du Figaro avoient cité en diffamation ceux du Mistral, de Marseille, devant le tribunal correctionnel de Paris. MM. Guinaud et David, rédacteurs de ce dernier journal, ont été condamnés à 50 fr. d'amende et à 1000 fr. de dommages-intérêts. Le tribunal a, en outre, ordonné que le jugement seroit inséré dans le Mistral et affiché au nombre de 200 exemplaires.

« PrécédentContinuer »