Images de page
PDF
ePub

Le mortier-monstre du colonel Paixhans, qui a été éprouvé au siége d'Anvers, sera donné, dit-on, à l'armée comme un témoignage de satisfaction. On le placera à l'hôtel des Invalides, à côté de la couleuvrine connue sous le nom de consulaire, qui a été rapportée d'Alger.

[ocr errors]

Les journaux libéraux, qui ne reconnoissent aucune fête religieuse, ont chômé le premier jour de l'an.

Le conseil général de la Banque de France a fixé à 33 francs par action le dividende du second sémestre de 1832. La réserve est de 1 franc 50 centimes par action.

Le choléra fait des ravages dans le Finistère depuis le commencement de juin; le dixième des habitans de Morlaix a été emporté par la maladie. Beaucoup de maisons sont vides. A Brest, il est mort bien du monde dans le quartier de Recouvrance. Douarnené a été aussi fort malheureux. Le préfet avoit engagé la Sœur Marcelline, des Sœurs du Saint-Esprit de la maison de Quimper, à s'y rendre. Elle a été cinq semaines sans se déshabiller; elle s'enveloppoit le soir dans une couverture, et au premier coup d'une cloche qui étoit à sa porte elle étoit dans la rue. Les marins ne vouloient pas des médecins, ils demandoient toujours la Sœur. Une seule hospitalière a succombé, la Sœur Sainte-Hélène. Il n'est pas mort un prêtre. Le choléra est actuellement à Concarneau; les marins ont réclamé aussi la Sœur Marcelline, qui est dans cette ville depuis un mois.

— Après huit jours de débats, MM. de Chièvre et les quinze autres accusés de chouannerie, transférés devant la cour d'assises de Chartres, ont été acquittés. Les plaidoyers de MM. Hennequin, Guillemin, Bouhier de l'Ecluse, Belleval, Bouchard, et autres avocats, avoient produit beaucoup d'effet. M. Berville, premier avocat-général de la cour royale de Paris, qui étoit allé soutenir l'accusation, échoué dans ses conclusions. Ce procès a révélé en faveur des accusés une foule de faits des plus touchans.

Le gérant de l'Orléanais vient d'être condamné, pour le délit d'excitation à la haine du gouvernement, à 6 mois d'emprisonnement et à une amende que l'on a élevée à 5,000 fr. Le ministère public n'avoit conclu qu'à 4,000 fr. On sait que le minimum souvent appliqué n'est que de 150 fr.

M. de Roujou, ancien employé, traduit devant la cour d'assises d'Orléans, pour complicité d'insurrection dans la Vendée, a été acquitté le 29 décembre.

M. de Kergorlay fils avoit porté plainte contre le sieur Seren, geôlier de la prison d'Aix, qui, de son autorité privée, lui avoit interdit de paroître dans l'escalier et de descendre dans la cour sans quitter sa casquette, parce que les couleurs principales de cette coiffure étoient verte et blanche. M. de Kergorlay étoit, en quelque sorte, retenu au secret par ce geòlier, sans qu'aucune décision de magistrat l'ait ordonné. L'affaire a été plaidée au tribunal correctionnel d'Aix ; mais les juges ont pensé que la conduite du sieur Seren étoit suffisamment fondée par la nécessité de prévenir du trouble dans une prison où se trouvoient des détenus de différentes opinions, et M. le vicomte de Kergorlay a été condamné aux dépens.

[ocr errors]

· On a saisi le 28 décembre, au bureau de la Gazette de Normandie, à Rouen, et chez M. Mégard, imprimeur, plus de 8,000 exemplaires, tant brochés qu'en feuilles, d'un almanach royaliste intitulé: Le Bon Normand.

Le sieur Blancher, distributeur de la Gazette du Languedoc, une des denx feuilles royalistes de Toulouse, a été assailli la nuit de Noël par une bande de forcenés, qui l'ont assailli de coups de bâtons. Ce malheureux, qui est père de famille, tomba sur le pavé, baignant dans son sang. Les patriotes lui assenèrent de nouveaux coups et le laissèrent pour mort. Blancher est resté plusieurs heures sans secours, et se rétablira difficilement.

Le conseil municipal de Valognes, par esprit d'opposition au gouvernement, a décidé, à la majorité de 11 contre 6, que l'on donneroit le nom de Lafayette à une nouvelle rue de cette ville.

-

et

Un duel a eu lieu à Châlons entre M. Duchesne, gérant du Patriote, M. Menand, procureur du Roi, qui, dans un réquisitoire, s'étoit livré à des personnalités envers le journaliste.

On presse le retour en France des troupes françaises de l'armée du Nord. Le 29 décembre, à six heures du matin, plusieurs régimens de la division Achard sont partis pour Dunkerque, escortant une partie de la garnison de la citadelle. Le général de Favange se trouvoit avec ces prisonniers. Les divisions Schramm, Jaonin et Dejean, et la brigade de cavalerie Simonneau, sé sont également mises en route. L'artillerie française a terminé le même jour le désarmement des batteries établies devant la citadelle.

La seconde colonne des prisonniers holländais a quitté la citadelle le 30 décembre, à neuf heures du matin. Le général Chassé, qui n'a pas voulu quitter ses soldats, les a suivis dans une voiture mise à sa disposition. Le maréchal Gérard a chargé un officier supérieur d'occompagner ce commandant et de prévenir tous ses besoins. A midi, le général Ruthiere a fait la reinise de la citadelle au colonel Buzen, commandant militaire de la ville, et aux tronpes belges sous ses ordres. Des détachemens de ces troupes ont pris en même temps possession de la Tête-deFlandre et des autres forts dépendans de la citadelle. ·

--

Le capitaine de marine Koopman n'est point traité comme les autres prisonniers. On le considère comme hors du bénéfice de la capitulation, ayant été pris les armes à la main après avoir refusé de la signer. Il est le seul officier désarmé et gardé à vue par un gendarme.

Les marins hollandais qui s'étoient retirés à la Tête-de-Flandres, après la destruction des canonnières hollandaises, ont été transportés, le 29 décembre, à la citadelle. Le soin de recueillir les débris de ces canonnières a été confié à des marins français.

[ocr errors]

Le colonel hollandais de Cumoens est mort à l'hôpital de Berchem, des suites de neuf blessures qu'il avoit reçues pendant le siége.

Le maréchal Gérard a "proposé plusieurs officiers supérieurs belges pour obtenir la croix d'honneur. M. le colonel Buzen, commandant militaire à Anvers;

le directeur de l'hôpital de cette ville, M. Gerber, et les médecins Sentin et Gouzée sont de ce nombre.

[ocr errors]

La proposition de M. Gendebien, tendant à voter des remercîmens à l'armée française et à détruire le lion de Waterloo, a été discutée le 29 décembre à la chambre des représentans de la Belgique. MM. Félix de Mérode et Nothomb ont combattu la seconde partie, et l'on a jugé convenable de la retrancher. La chambre a adopté ensuite à l'unanimité une résolution dans le premier sens.

Le même jour, M. de Robiano a fait au sénat une proposition tendant également à voter des remercîmens à l'armée française, et, de plus, à offrir une épée d'honneur au maréchal Gérard. Cette proposition a été prise en considération, et renvoyée de suite à une commission de douze membres.

-

M. le maréchal, comte de Bourmont, qui se trouvoit à Londres depuis quelque jours, en est parti, le 29 décembre, pour la Hollande. Un accident fàcheux lui est arrivé au moment de son départ. Une cassette, contenant une somme considérable en or et des papiers importans, dont quelques-uns avoient, dit-on, rapport à madame ia duchesse de Berry, a été égarée. On suppose qu'elle a été volée.

- L'ancien évèque de Carthagène, qui avoit émigré en France, et qui a sacré dernièrement deux évêques à Avignon, est rentré en Catalogne, par suite de l'amnistie accordée aux libéraux.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 2 janvier 1833, M. le ministre de l'instruction publique se présente à la chambre pour faire communiquer un projet de loi sur l'instruction primaire. Sa santé étant encore très-foible, il fait lire l'exposé des motifs et le texte du projet par M. Kémusal.

D'après cette lo, l'instruction primaire sera élémentaire ou supérieure. La première comprendra l'instruction morale et religieuse. On consultera sous ce dernier rapport le vœu du père. Tout individu âgé de 18 ans accomplis pourra exercer la profession d'instituteur primaire, sans autre condition que de présenter au maire un brevet de capacité et un certificat de moralité. Toute commune de➡ vra avoir une école primaire élémentaire, et les villes au-dessus de 6,000 habitans une école primaire supérieure. Il y aura auprès de chaque école un comité local de surveillance, composé du maire, du curé ou du pasteur et de 3 conseillers municipaux. Dans chaque arrondissement, il sera formé un comité chargé de surveiller et d'encourager l'instruction primaire. Selon les besoins et les ressources des communes, il pourra être établi des écoles spéciales de filles.

La séance s'est bornée à cette communication. On attend le travail des commissions.

Les bureaux out complété le 31 décembre la commission du budget. Voici la liste des membres :

er

Bureau. MM. de Rambuteau, de Mosbourg, Lepelletier-d'Aulnay, Ch. Dupin. 2 MM. Passy, J. Lefèvre, de Montozon, de Laroche.

3 MM. Calmon, Gouin, B. Delessert, Odier.

4e MM. D'Estourmel, Dumón, Cunin-Gridaine, Genin.

5 MM. Rihouet, Beslay père, Prunelle, Duvergier de Hauranne.

6 MM. Cam. Périer, Bresson, Ardaillon, Martin.

7 MM. Bérard, Legrand, Legendre, Larabit.

8 MM. Sapey, Gillon, Saint-Aignan, Estancelin.

9° MM. de Cormenin, Eschassériaux, Marchal, Dulong.

On parle beaucoup moins des saint-simoniens, malgré leur désir d'occuper le public d'eux. Leur procès n'a pas réussi, pas plus auprès du public qu'auprès des juges. La saison n'est pas favorable pour attirer les curieux à Ménilmontant. Il a donc fallu chercher un autre moyen pour exciter l'attention; on va faire des missions, ou plutôt on est déjà en route pour cela. Des saint - simoniens sont partis dans diverses directions. M. E. Barrault est arrivé dernièrement à Troyes, précėdant quatorze de ses confrères qui vont évangéliser. Il a appris que M. Naudin, qui les a jugés à Paris, venoit de terminer la session de la cour d'assises à Troyes, et il a jugé l'occasion favorable pour l'exhorter à rentrer en lui-même, et à ouvrir les yeux à la lumière. Il lui a adressé une lettre ainsi conçue :

« M. le président, je suis arrivé hier à Troyes, précédant quatorze de mes frères qui y entrent aujourd'hui, et j'ai appris que vous vous trouviez dans cette même ville comme président des assises closes depuis hier. J'ai cherché le sens religieux de cette rencontre du juge et des condamnés. Rassurez-vous; je ne veux point me livrer à d'amères récriminations. Mais je vous le dis, M. le président, et ne refusez pas aujourd'hui d'écouter ma parole:

[ocr errors]

Dieu en vous plaçant sur le passage de ces hommes, qui, frappés par votre arrêt, et plus dévoués que jamais à leur cause et à leur père, vont vivre de la vie de travail et de salaire du peuple, afin de le moraliser; Dieu sans doute a voulu que vous puissiez apprécier les actes de ces hommes dont vous avez condamné les idées. Dieu a voulu que le juge ne restât pas enfermé dans le respect aveugle de la chose jugée, et que sa conscience fût avertie; et c'est pourquoi, au nom de Dieu qui est la bonté infinie, au nom du Père en prison, je fais auprès de vous cette démarche afin que vos yeux commencent à s'ouvrir à la lumière, en attendant ce jour où la femme achèvera de les dessiller, en jugeant en dernier ressort, d'accord avec l'homme, la question d'une morale nouvelle.

>>

La lettre finissoit sans aucune des formules usitées entre gens bien élevés. Seulement M. E. Barrault se donnoit modestement le titre d'apôtre. Il est probable que sa lettre étoit bien autant pour le public que pour M. Naudin, et que l'apótre a cru faire de l'effet par cette pathétique exhortation, et par cette espèce d'appel au jugement de Dieu. Quoi qu'il en soit, M. Naudin, qui est trop poli

pour laisser une lettre sans réponse, a, comme on le dit vulgairement, assez bien rivé à M. Barrault son clou; il lui a adressé cette lettre, qui nous paroît une judicieuse et solide réfutation des rêveries de l'apôtre :

[ocr errors]

Monsieur, en passant à Troyes pendant que je m'y trouve pour la présidence des assises, vous cherchez un sens religieux à cette rencontre du juge et du condamné, et vous souhaitez que j'y voie la volonté divine pour ouvrir mes yeux fermés à ce que vous appelez la lumière.

>> Sans vouloir découvrir des décrets de la Providence dans tous les accidens et les hasards de la vie, ne pourrai-je pas, monsieur, aussi être amené par vos réflexions mèmes à considérer sous un point de vue tont opposé, cette circonstance fortuite, qui vous conduit vous et vos compagnons à Troyes, pendant la tenue des assises que je viens d'y présider, sur les pas du même magistrat qui fut l'organe de la justice, alors qu'elle s'est prononcée contre vos doctrines, et semble ne vous replacer ainsi incessamment en présence de cette même justice, que pour mettre sans cesse la vérité en place de l'erreur, la raison à côté de l'égarement? Pourquoi donc, quand trois jours sont à peine écoulés, depuis qu'un nouvel arrêt d'un tribunal souverain est venu, en quelque sorte, appuyer d'une sanction nouvelle celui que les hommes du pays ont rendu, après de solennels débats, s'obstiner à ne pas voir dans ces décisions auxquelles l'opinion publique prête sa puissante autorité, mieux encore que dans la rencontre fortuite à laquelle vous vous attachez en ce moment, un grand enseignement salutaire, (pour me servir de l'une des expressions qui vous sont familières) qui devroit vous avertir de quitter la voie d'égarement et d'erreur dans laquelle vous cherchez à entraîner le monde qui ne veut pas vous suivre.

[ocr errors]

Ne voyez, monsieur, dans ces réflexions suggérées par votre lettre, aucune intention de vous blesser; descendu du siége où j'ai dû remplir un ministère sévère, je suis toujours disposé à plaindre le sort de ceux qu'ont frappés les arrêts que j'ai prononcés.

» Je n'ai jamais conçu, je ne conçois pas, je l'avoue, ce que ceux qui professent ce qu'on nomme saint-simonisme, appellent leur mission apostolique. Je n'ai pas cru, je ne crois pas que la volonté divine se soit révélée à eux plus qu'à nous autres du commun des hommes. Nous ne vivons pas dans un temps où l'on puisse facilement inculquer la croyance à une mission divine. N'est pas apôtre qui veut, monsieur, aujourd'hui.

[ocr errors]

J'ai néanmoins trouvé dans les doctrines saint-simoniennes des idées quelquefois séduisantes au premier aspect; des théories sociales ou industrielles qui prenoient naissance dans des âmes généreuses et amies des hommes, mais que le moindre examen ne pourroit faire considérer que comme des rêves dans lesquels échappe toujours l'objet à la main qui cherche à l'atteindre, et dont, ce qui pis est, le résultat ne seroit que de porter le trouble et le désordre dans les Etats en bouleversant la société, telle que les temps et les besoins l'ont établie.

» J'ai rencontré parmi les saint-simoniens des hommes qui courent après une

« PrécédentContinuer »