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fontes, il est certes bien plus facile de critiquer, de faire des plans, d'émettre des voeux. Désirer n'exige point de temps et ne coûte aucun travail; il n'y a là point d'obstacle à écarter, point de circonstances fâcheuses à combattre, on ne rencontre aucun écueil; cela s'arrange dans l'imagination sans que l'on ait la moindre connoissance de l'état de la chose que l'on traite. Mais avant que d'aborder vos projets de réforme, nous ne pouvons que nous étonner du manque de réflexion que vous supposiez à votre vénérable pasteur et à son illustre conseil, comme si ce que vous prétendez nous apprendre n'eût jamais pu venir à l'esprit d'aucune des personnes attachées au siége métropolitain, comme si pareille pensée ne s'étoit jamais manifestée dans le cœur de l'homme. Savez-vous donc ce qui se passe dans le conseil métropolitain, quels sont les travaux proposés, quels sont ceux dont on s'occupe, et jusqu'à quel point ils sont avancés, quelles sont les mesures concertées avec le haut clergé? Avez-vous examiné tout ce qu'un diocèse, tout récemment formé d'élémens hétérogènes, où l'éducation et la façon de penser sont si différentes, avez-vous pesé, dis-je, tout ce qu'il faut qu'il tolère, et ce qu'il faut qu'il dédaigne, avec quelle prudence les améliorations doivent être préparées, afin de ne pas indisposer, par des entreprises précipitées, les personnes qui ont de la religion, afin de ne pas jeter des alarmes dans les esprits, afin de ne pas engendrer l'obstination, et de ne pas procurer le mal au lieu du bien? Connoissez-vous l'état de l'archevêché mieux que nous, qui de toutes parts et chaque semaine sommes accablés de doutes qu'il faut lever, de demandes auxquelles il faut satisfaire, et de plaintes sans nombre, qui nous mettent sans cesse à même de bien connoître la tendance générale des esprits? Ne pouvant envisager les choses de ce point de vue, vous eussiez au moins dû montrer plus de prudence. Mais si vous croyez qu'il étoit d'obligation pour vous de nous éclairer de vos lumières pour réveiller notre intelligence assoupie, cela n'eût-il pas pu se faire par un exposé secret de vos souhaits, et falloit-il choisir la voie de la presse, falloit-il que vous en invitassiez d'autres à vous seconder dans votre réforme? Qu'étoit-il besoin de former des partis, qu'étoit-il besoin de la publicité pour nous communiquer de bons avis? On seroit tenté de croire que l'envie de briller suivant la mode de nos jours, a fait errer quelques esprits loin de la simplicité en Jésus-Christ.

Il est une chose que vous désireriez voir abolie par une ordonnance, elle pourroit bien l'être par vous-mêmes. Vous ne voudriez-pas, je pense, que l'ordinaire fût obligé de faire votre propre tâche. Dans plusieurs endroits de l'archevêché, les personnes, en se rencontrant, se saluent par ces mots Loué soit J.-C. C'est un pieux usage que celui de louer en toutes occasions notre Seigneur; si précisément dans vos parages, comme vous vous en plai gnez, cette pratique n'est pas exempte de préjugés, y porter remède

par des instructions bien ménagées, est certes votre affaire; et, si vous ne pouvez venir à bout de pareilles bagatelles, quelle témérité n'est pas la vôtre, de prétendre réformer l'Eglise catholique?

» Vous voulez que l'on défende de recevoir des rétributions pour les messes. N'en acceptez pas, et alors le nombre de ceux qui en reçoivent sera déjà moindre. Inculquez-le dans les conférences pastorales à vos confrères et aux jeunes ecclésiastiques qui vous sont adjoints, et alors, cet usage, qu'une défense ne sauroit abolir, tombera insensiblement. Ce qui se passe en secret ne sauroit être l'objet de mesures prohibitives; l'usage de recevoir des rétributions pour les messes doit, selon vous, disparoître graduellement. Si, par hypothèse pour obtempérer à votre réclamation, nous consentions à faire cette défense, que deviendroient à votre avis les anniversaires et autres messes de fondation, qui, dans plusieurs endroits forment une partie très-considérable des revenus du curẻ ?

pas

»Vous demandez un tarif commun et uniforme pour régler tes droits d'étole, tel est aussi notre désir. Nous avons devant nous des demandes sans nombre, mais tout ce que nous avons pu faire jusqu'ici, se borne à la répression de quelques abus notables. Les usages ne sont pas partout les mêmes, et les travaux du teur sont souvent plus étendus, là précisément où le revenu de la cure est peu considérable. L'ordinaire doit-il dépouiller le prêtre pauvre et le réduire à un état plus fâcheux encore, ou bien sauriez-vous nous indiquer les moyens d'accroître les revenus de la cure et de dédommager un confrère dans le besoin. Vous trouvež que les processions sont trop multipliées dans d'autres communes où un prudent curé a su user de son influence, il y a déjà longtemps que le nombre en est diminué. Vous vous plaignez des pélerinages; dans d'autres communes, c'est avec zèle que le peuple frequente l'église paroissiale, il ne se laisseroit pas volontiers détourner des solides instructions, il ne manqueroit qu'à regret au service divin que son pasteur célèbre avec édification, et il ne sent pas le besoin de trouver mieux'ailleurs.

» Les confréries vous sont à charge, dites-vous; dans quelques communes de l'archevêché elles sont à peine encore connues de nom, et sont en grande partie converties en de simples associations de bienfaisance, non par suite de violentes réformes, mais par des instructions douces et solides, et par un sage emploi des circonstances. Quelques curés ont même fait à cet effet le sacrifice des offrandes que l'on a coutume de donner à certains jours de l'année. C'est ainsi que s'est établi ce qui est aujourd'hui l'objet de l'estime du peuple et de la bénédiction du ciel. De pareils moyens sont aussi en votre pouvoir, et peuvent être proposés et conseillés dans les conférences pastorales.

(La fin à un numéro prochain.)

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

RONE. Le quatrième dimanche de l'Avent, après avoir tenu chapelle au Vatican, le saint Père, accompagné des cardinaux, s'est rendu à la basilique de St-Pierre, pour gagner les indulgences à l'occasion du jubilé. Sa Sainteté fit sa prière devant trois autels et devant les reliques qui étoient exposées.

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Le 24, au matin, Sa Sainteté fit une visite aux princes de Bavière.

Le soir, le saint Père entonna dans la chapelle Sixtine les premières vêpres de Noël, et assista dans la même chapelle à la messe de la nuit, célébrée par M. le cardinal Falzacappa. S. S. avoit fait auparavant, dans la sacristie, la bénédiction de l'épée. Le jour de la fête, le souverain pontife descendit à l'église de St-Pierre, et y célébra la messe solennelle, assisté des cardinaux Galeffi, Marco y Catalan, Rivarola et Riario-Sforza, et de l'auditeur de Rote, M. de Retz faisant fonction de soudiacre. S. S. donna la communion aux cardinaux diacres et aux laïcs nobles. Après la messe, elle donna de l'autel la bénédiction apostolique. Le roi Othon, le prince héréditaire de Bavière, le prince Auguste de Prusse, la grande duchesse de Bade, et d'autres personnes de distinction, assistoient à la cérémonie dans une tribune.

A peine eut-on appris sur les bords du Danube le tremblement de terre de l'Ombrie, que les dames de Vienne s'occupèrent d'une quête pour les malheureux habitans des pays ravagés par le fléau. Après avoir remis ce qu'elles recueillirent à un illustre personnage du clergé romain, elles songèrent à un autre moyen, et travaillèrent à différens objets de goût, pour faire une loterie dont le produit seroit employé pour les victimes du désastre. D'augustes personnes ne dédaignèrent pas d'y travailler de leurs mains. Ces objets furent expédiés à Rome le soir de la fête de Noël, dans les appartemens de l'ambassadeur d'Autriche, M. le comte Lutzow. L'ambassadeur et sa femme ont secondé le zèle de la noblesse de Vienne; et la noblesse romaine, ainsi que toutes les classes, se sont empressées de prendre part à cette bonne oeuvre.

PARIS. Les journaux pullulent, et chaque matin en voit éclore qui durent quatre matinées, et qui descendent ensuite dans le gouffre de l'oubli. M. Auzou vient aussi d'en entreprendre un nouveau, dans l'espérance de donner par là quelque relief à son église. Il a publié dimanche le premier numéro d'un journal, sous le titre du Bon pasteur. Ce journal doit paroître tous les dimanches. Le prospectus est dirigé, moitié contre l'Eglise catholique, moitié contre Chatel, contre lequel l'éditeur paroît nourrir un profond ressenti ment. L'article est signé de P***; on y raconte l'origine de la nou

velle église, mais tout à l'avantage de M. Auzou, qui cependant ne paroît en rien dans ce récit, tant il est modeste. On y relate l'offre faite dans les journaux par Chatel, en octobre 1830, d'aller desservir les paroisses qui n'auroient pas de prêtres ; mais on ne donne point les signatures de ceux qui s'étoient alors associés à Chatel. A la suite du prospectus est un premier et dernier article sérieux sur Chatel, tel est le titre. Cet article rapporte la suite des démêlés entre les deux chefs de la nouvelle réforme. Nous y apprenons que Chatel a voulu louer le Bazar Montesquieu pour y établir son église, mais qu'on n'a voulu lui louer le local qu'à condition qu'il se réuniroit avec l'abbé Auzou. La réunion n'ayant pas eu lieu, M. Chatel n'a pu obtenir de bail; il a fait afficher partout qu'il avoit rompu avec l'abbé Auzou. Le Bon pasteur raconte fort longuement ces démêlés, dont nous faisons grâce à nos lecteurs. Le journal offre ensuite des anecdotes sur des curés que l'on veut tourner en ridicule, entre autres sur M. l'abbé Heuqueville, curé des Batignoles, ecclésiastique fort estimable. Ce qu'on raconte de lui, loin de lui nuire dans l'esprit des hommes religieux, prouve son zèle. Un de ces articles est signé Therain. A en juger par la rédaction de ce numéro, il ne paroît pas que ce journal doive faire une grande fortune. Ce sera, dit-on, le journal de l'église française de Clichy. Mais l'église française de Clichy est en ce moment bien menacée, s'il est vrai que l'autorité a fait mettre les scellés sur les portes de l'église du lieu et veut forcer M. Auzou à évacuer le presbytère. On prétend que le curé par élection du peuple a anjourd'hui le peuple contre lui, tant la faveur populaire est mobile. On a fini par se lasser du culte français, et des discours sur la réforme, et des déclamations contre le Pape et les évêques, et des homélies contre le célibat ecclésiastique, etc. On a fini par penser qu'il étoit un peu plus édifiant et plus utile de parler à des chrétiens de la morale, des devoirs qu'ils ont à remplir chacun dans leur condition, des pratiques que la religion leur prescrit, que de leur adresser de longues diatribes sur les usurpations sacerdotales, qui n'ont pas fait jusqu'ici beaucoup de ravages à Clichy. On n'y connoît guère d'autre usurpation que celle de M. Auzou, qui s'est emparé de l'église sans pouvoirs, et avec un simulacre d'élection. Si le peuple a pu l'élire, il pourroit aussi le destituer; et, en effet, on dit que l'église française est en ce moment dans un grand discrédit à Clichy même, et qu'elle ne se soutient encore que par le patronage d'un ou deux adhérens, qui croient leur honneur compromis si elle succombe.

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On a rédigé à Nantes une pétition qui a été adressée à l'une et à l'autre chambre contre l'état de siége des départemens de l'Ouest. On s'y plaint entre autres amèrement de la mesure illégale et ar bitraire prise dernièrement à l'égard des séminaires de Nantes, de T'expulsion des jeunes gens, et des procédés odieux de l'adminis

tration. Nous citerons cet endroit de la pétition, qui est datée du 21 décembre, et qui se couvroit journellement, dit-on, de nombreuses signatures :

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Aujourd'hui même, la ville de Nantes vient d'être témoin d'un de ces actes violens et sauvages, devenus si communs depuis l'état de siége de nos départemens. Un préfet de cette ville, M. Duval, à la tête de la garnison et d'une troupe d'agens de police, vient de faire irruption dans les trois séminaires de Nantes. Il a dirigé et conduit lui-même cette expédition militaire, qui a été faite en dehors de toutes les formes légales, et accompagnée de plusieurs circonstances odieuses : Sortez à l'instant de chez vous, a dit ce préfet à l'estimable chef à qui nous avious confié ce que nous avons de plus cher, sortez avec tous ces enfans, quittez cette maison que je veux visiter militairement sans vous, et hors de votre présence. Et nos enfans, à l'entrée de la nuit, à la fin du mois de décembre, ont été chassés de la maison de confiance et de sûreté où nous les avions déposés, sous la garantie publique et privée que les droits de la paternité ne seroient pas violes. Près de 400 jeunes gens ou enfans, dont plusieurs de l'age de neuf aus, ont été comme dispersés dans les rues de cette grande ville, sans pouvoir communiquer avec l'intérieur de ces trois établissemens; et pendant les trois jours que ces odieuses visites se sont prolongées pour insulter aux sentimens religieux de nos provinces, nos enfans n'ont pu être recueillis ça et là que par la commisération publique. Ils ont pu apprécier comme nous, avec un sentiment douloureux, quelle sorte de protection ils doivent attendre de ces nouveaux fonctionnaires publics, qui ne cherchent leur force que dans la violence, les persécutions religieuses et les plus viles dénonciations. Ces hommes, qui se montrent si hostiles à la religion, croient-ils faire aimer le pouvoir, en violant toutes les lois qui garantissent l'ordre et la liberté religieuse?

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Les journaux des Pays-Bas donnent une notice sur un ecclésiastique belge qui vient de mourir; nous en extrairons ce qui nous paroîtra le plus digne d'être remarqué. M. Jean-Baptiste Van de Kerckhove naquit le 5 janvier 1790 à Oost-Eccloo; il fit ses études dans le college de Gand, établi alors dans le grand séminaire, et entra au séminaire en 1812, pour y suivre des études ecclésiastiques. Bientôt après, il se trouva compris dans la mesure despotique prise par Napoléon, contre les séminaristes qui avoient refusé de recevoir l'administrateur envoyé pour gouverner le diocèse à la place de M. de Broglie. Il suivit ses confrères à Wesel, et ne rentra au séminaire qu'après la chute de Buonaparte. On l'envoya successivement professer à St-Nicolas et à Ste-Barbe. Ordonné prêtre, il fut vicaire à Sinay, puis à Courtrai. C'est à lui que, dans cette dernière ville, la paroisse Notre-Dame dut l'organisation complète son Ecole dominicale de pauvres filles. Nommé en 1826 à la cure de Rupelmonde, il y érigea une confrérie pour l'extirpation du blaspheme, et eut la consolation d'en recueillir les fruits. Dans les

de

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