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Le maréchal-de-camp Buchet est nommé au commandement de la súbdivision militaire de Lyon.

D'après une décision ministérielle du 31 décembre dernier, les Polonais réfugiés en France ne pourront obtenir aucun passeport, ni visa de passeport, que sur une autorisation du ministre de l'intérieur.

Plusieurs journaux avoient exagéré les pertes de l'armée française devant Anvers. Le Moniteur déclare que le nombre des blessés conduits aux ambulances n'a pas excédé 550, dont 64 sont morts avant leur transport aux hôpitaux. On assure que le roi de Hollande avoit donné l'ordre à M. Fabricius, son chargé d'affaires à París, d'assister le 1o1 janvier à la réception du corps diploma ́tique au château des Tuileries.

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Sun Une escarmouche a eu lieu te 4o janvier entre les Belges et les soldats hollandais à Ste-Croix, en Zélande. Les premiers vouloient élèver une digue pour combattre l'inondation; les Hollandais s'y opposêrent en faisant un feu trèsnourri. Plusieurs Belges ont été tués. Les Hollandais ont eu deux hommes blessés.

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pan Il'a été arrêté à Londres le 30 décembre, entre la France et l'Angleterre, un projet de convention en neuf articles à proposer à la Hollande. D'après cè traité, les forts de Lillo et de Liefkenskoek seroient remis aux Belges dix jours après les ratifications; la navigation de la Meuse seroit soumise aux réglemens établis pour le Rhin. Celle de l'Escaut 'seroit libre jusqu'au traité définitif à iutervenir entre la Belgique et la Hollande. Une amnistie générale seroît accordée pour les délits politiques commis dans Venloo et le Luxembourg. Les armées belges et hollandaises seroient mises sur le pied de paix. Enfin, les propriétés hollandaises confisquées par la France et l'Angleterre seroient restituées. Il paroît certain que ces nouvelles propositions ont été repoussées par le roi Guillaume.

Les généraux portugais Saldanha et Stubbs, qui s'étoient rendus en Angleterre, se sont embarqués le 4 janvier, pour aller vejoindre l'armée de don Pédro.

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Le roi d'Espagne a rétracté solennellement, le 31 décembre dernier, le décret dérogeant à la pragmatique sanction qu'on lui avoit arraché, dit-il, dans sa maladie. Le cardinal-archevêque de Tolède, le patriarche des Indes, l'évêque-coadjuteur de Madrid, les ministres et les principales autorités du royaume, ayant été appelés au palais, par la reine, Ferdinand remit au ministre de la justice, M. del Pino, une déclaration à ce sujet, qu'il signa en leur présence. Le roi d'Espagne proteste dans cet acte que ce n'a pu être que dans un moment d'agonie et de trouble, et par le conseil d'hommes déloyaux, qu'il a rendu un décret détruisant le mode de succession à la couronne, rétabli par son père à la demande des cortès; il proteste qu'il ne pourroit détruire les lois fondamentales du royaume, et dépouiller ses descendans de leurs droits légitimes. Il annulle donc ce décret, qu'on lui avoit représenté faussement comme réclamé par la nation. Le ministre, après avoir donné lecture de cette déclaration royale, a dressé de sa remise un acte qui a été déposé à la secrétairerie d'Etat.

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La reine régente d'Espagne vient de nommer ministre de l'intérieur M. le romte d'Ofalia ambassadeur à Paris.

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Le roi de Hongrie, prince héréditaire d'Autriche, a été atteint subitement d'une maladie qui avoit fait désespérer de ses jours. Il a reçu les sacremens de l'Eglise. D'après les dernières nouvelles de Vienne, il y a beaucoup d'amélioration dans sa santé.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 9, la chambre admet MM. Isambert et André Koechlin, et reçoit la démission de M. Garet, député du Gers.

L'ordre du jour est la discussion des articles de la loi sur l'organisation départementale. La commission propose de maintenir dans chaque département, outre un conseil-général, des conseils d'arrondissement. M. Bérard demande qu'on n'admette que des conseils de canton. Cet oratenr essaie en vain, ainsi que M. de Podenas, d'appuyer cette modification. Le bruit des conversations est intolérable, et M. Piscatory, qui obtient la parole pour le rappel au réglement, se plaint vivement de cet inconvénient.

M. Bresson, combat et M. de Rambuteau défend la suppression des conseils d'arrondissement. Ce dernier rappelle l'opinion de la commission qui avoit examiné la loi départementale de 1829. M. Gillon, rapporteur, insiste sur le maintien du système actuel. M. de Gérando, commissaire du gouvernement, signale des inconvéniens dans l'institution des conseils cantonnaux, et répond aux objections dont les conseils d'arrondissement ont été l'objet. M. Salverte réfute ces observations.

M. le comte d'Argout voit des dangers dans la juridiction nouvelle que propose M. Bérard. M. Odilon-Barrot réplique. M. Mauguin, qui ne partagé pas aujourd'hui son avis, se prononce pour le maintien des conseils d'arrondissement.

L'amendement de la commission est mis aux voix et adopté, et l'établissement de conseils cantonnaux repoussé. On adopte ensuite sans discussion le second paragraphe de l'article premier, portant que nul ne pourra être à la fois membre de plusieurs conseils d'arrondissement ou d'un conseil-général et d'un conseil d'arrondissement.

Sur l'opinion publique.

Définissons, c'est le seul moyen de s'entendre. Ce principe du philosophe auteur de tous nos maux (1), ne peut pas être rejeté, même par les républicains les plus forcenés. C'est pour en avoir négligé la pratique que, depuis quarante-quatre ans, nos écrivains politiques s'occupert à créer des fantômes pour en épouvanter leurs crédules lecteurs. L'opinion publique est la reine du moude, a dit Raynal dans son Histoire philosophique; et sur sa parole, chacun de se prosterner aux pieds de cette illusoire majesté sans prendre la peine de la définir ni même de constater son existence.

Pour obtenir sa définition, j'ouvre le vocabulaire de Wailly qui est toujours (1) Voltaire.

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sur mon bureau, et auquel je ne rougis pas d'avoir souvent recours. J'y lis Opinion, jugement d'une persorne ou d'une chose publique qui appar» tient à tout un peuple. » L'opinion publique est donc le jugement de tout un peuple sur une personne ou sur une chose. Voyons maintenant s'il y'a en France unanimité de jugement sur les personnes et sur les choses. Quels sont les organes de la prétendue opinion publique? Les journaux proclament tantôt qu'ils le sont eux-mêmes, lautôt que c'est la chambre élective, d'autres fois que ce sont les jugemens des jurés.

Pour que les journaux fussent les organes de l'opinion publique, il faudroit d'abord qu'ils fussent toujours d'accord entre eux, ensuite, que tous les abonnés partageassent aveuglément les opinions des rédacteurs. Il n'est pas nécessaire de démontrer que chaque journal a des nuances qui le sépare même de ceux d'une couleur semblable. La Gazette est en opposition, tantôt avec la Quotidienne, tantôt avec le Courrier de l'Europe; le Constitutionnel combat ́le National; les Débats ne sont pas toujours de l'avis du Temps; il n'y a d'accord qu'entre les journaux ministériels, parce qu'ils puisent à une même source.

Abonné depuis dix ans à la Gazette de France, je ne suis cependant rien moins que partisan du vote universel; mais je partage ses opinions sur beaucoup d'autres points, Je ne suis sûrement pas le seul qui se soit réservé le droit d'avoir une opinion à lui,

Je sais que la majeure partie des lecteurs de feuilles périodiques, soumis exclusivement à leurs maîtres, attendent, pour penser, que leur journal soit arrivé; ils n'ont que des pensées à quatre sous et demi, mais alors le journal est créateur de l'opinion et non son organe. Les dociles abonnés n'ont jamais l'idée de révoquer en doute les oracles qui leur sont dictés; est-ce là être organe de l'opinion ou la créer, en éblouissant les lecteurs par le prestige du style et plus souvent par des sophismes?

L'opinion d'un journal n'est réellement que celle de ses rédacteurs, soumise à l'approbation des abonnés, qui, par paresse, ne combattent point des principes qu'ils désaprouvent, et qui souvent même sont tellement dominés par l'empire de l'habitude, qu'ils restent abonnés à une feuille dont ils n'approuvent pas l'opinion.

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Que ferons-nous de cette masse inerte qui ne lit jamais de journaux et qui ne conçut de bonne opinion que celle qui la rend heureuse? Cette masse compacte est cependant la plus nombreuse et a autant de droit que la minorité de la nation à juger les personnes et les choses. Ecoutons la Gazelle de France du 11 juin 1831: « La presse est l'aveugle instrument des opinions les plus disparates, l'incohérente expression des passions les plus contraires, et on pourroit la nommer l'image du chaos, s'il étoit possible que le chaos eut une image... La féodalité du journalisme, cent fois pire que l'autre, écrase sous son joug de fer, intérêts et principes, hommes et choses, réputations et droits acquis.

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Le National dit sagement dans le courant de ce mois : «Tous les partis, hors le parti national, répètent sans cesse la France veut ceci, la France vent

cela. Hé, mon Dieu! au lieu de lui prêter votre langage, que ne la laissez-vous per ler elle-même? Cela mettroit fin, une bonne fois pour toutes, à tant de vanteries, de déceptions, de sophismes et de bavardages. »

La chambre des députés seroit l'organe de l'opinion des électeurs, si aucune brigue n'avoit amené les choix; mais tout le monde sait que si, même à force d'intrigues, il est difficile d'obtenir une nomination, celui qui n'a que son mérite pour recommandation, est bien sûr de ne jamais sortir de l'obscurité. Il faudroit en outre qu'il y eût unanimité dans les votes pour trouver dans la chambre élective l'organe de l'opinion des électeurs; mais en admettant qué cette unanimité existe quelquefois à peu près, de quel droit priverons-nous la très-grande majorité de Ja nation qui n'a point pris part aux élections de l'avantage d'être comptée dans l'opinion publique ?

« La representation, au lieu d'être l'organe du vœu public, n'a jamais été que l'expression des passions qui avoient conquis le pouvoir. (1) »

Les jugemens par jurés, s'ils sont un organe de l'opinion, en sont un bien versatile, car tel accusé, condamné un jour, eût été acquitté si sa cause avoit été remise au lendemain. Il seroit absurde de vouloir appeler publique l'opinion de douze citoyens.

Les hommes changent d'opinion à mesure que l'âge les murit; ils ne pensen § pas de même aux différentes époques de leur vie : obstacle invincible à l'unanimité des jugemens. La mode entraîne la jeunesse à la suite d'opinions ardentes qui flattent la fougue de son imagination. La tenace vieillesse ne voit de bien que ce 'qu'elle idolâtroit dans son jeune âge. Comment accorder des élémens aussi contraires?

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Les journaux représentent les opinious diverses des seuls rédacteurs : la chambre des députés la plus grande force de l'intrigno»: les arrêts des cours d'assises l'opinion d'un petit nombre d'individus. Est-ce là l'unanimité de jugement de tout le peuple?

L'opinion publique est donc une idée vide de sens, inventée pour faire illusion. Il est et sera toujours vrai que tot homines quot sensus, et par conséquent qu'il n'existe point d'opinion publique.

Mareuil-lez-Meaux, le 22 novembre 1832. *

Julien DUJAY,

(1) Gazette de France du 28 juillet 1831.

Le Gérant, Adrien Le Clere.

COURS DES EFFETS PUBLICS.-Bourse du 9 janvier 1833.

Trois pour 100, jouissance du 22 dèc., onvert à 72 fr. 50 c. et fermé à 72 fr. 50 c. Cong pour 100, , jouiss. du 22 sept., ouvert à 100 fr. 85 c. et fermé à 101 fr. 00 c. Actions de la Banque.

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1670 fr. 00 c.

IMPRIMERIE D'AD, LE CLERE ET COMP*,

SAMEDI 12 JANVIER 1833.

(N° 2049)

Réponse de l'Ordinariat archiepiscopal de Fribourg, en Brisgau, à un Mémoire de 11 pretres du Doyenné d'Offenbourg, grand duché de Bade, sur des questions touchant les Réformes ecclésiastiques.

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(Fin du numéro précédent.)

L'administration du sacrement de pénitence ne vous donne aucune satisfaction. Permettez-nous de vous demander à qui il faut en attribuer la faute? Ce sacrement est une des plus belles institutions du catholicisme. Vous savez, ou du moins vous devez savoir dans quel esprit vous devez l'administrer. Ce sacrement est entièrement lié au but sublime du christianisme, c'est-à-dire, à la civilisation du monde, et la seule voie au moyen de laquelle, sans recevoir de rapports étrangers, sans la rumeur publique, on puisse parvenir de la manière la plus noble à la connoissance de l'état moral d'une paroisse. Il vous indique où le mal se dispose à pénétrer, ou à prendre le dessus, quelle en est la source et l'occasion, quelle est la partie qui réclame vos soins, de quel côté vous devez tourner votre sollicitude pastorale. Il vous ouvre un champ vaste et fertile pour les instructions privées, qui sont une partie marquante de vos devoirs. Là, il s'offre des passions à déraciner, des ennemis à réconcilier; là, vous êtes à même de rétablir la paix dans les ménages, d'empêcher des injustices, ou, si elles ont déjà été commises, de les faire réparer; vous pouvez, par de salutaires avis, améliorer l'état moral de chacun en particulier, et accélérer le bien-être de toute une paroisse. Le coeur humain se livre de luimême à vous, si vous savez l'interroger et si vous ne trouvez pas qu'il vous en coûteroit trop de peine pour en sonder les profondeurs et en pénétrer les replis.

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Il n'y a donc sur ce point rien à réformer, si ce n'est les fautes que vous commettez dans l'administration du sacrement de pénitence. Jusqu'ici vous devriez vous apercevoir sans peine que, le plus souvent, vous prononcez votre propre condamnation, et qu'au moyen de la presse, vous vous êtes vous-même déclarés fort coupables aux yeux des personnes sensées.

Venons-en maintenant à celles de vos réclamations qui paroissent mieux fondées. Nous observerons cependant que quelques unes d'entre elles demandent ce qui est au-dessus de la portée de nos pouvoirs. Donnez-vous la peine de repasser attentivement votre plan de réforme à introduire dans l'Eglise catholique, et alors vous ne pourrez manquer de vous apercevoir que, ne composant pas seuls l'Eglise catholique, il ne dé

pend pas de nous d'y satisfaire. Nous vous conjurons encore une fois de ne pas oublier jusqu'où s'étendent les bornes de l'autorité, Tome LXXIV. L'Ami de la Religion.

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