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de ne pas confondre les pouvoirs, mais bien plus, d'en distinguer les diverses branches, conformément à l'ordre hiérarchique établi. Vous nous demandez un catéchisme diocésain, et en cela vous avez raison. D'autres ne s'en tiendroient pas seulement là, mais y mettroient la main et partageroient ce travail avec nous. De trèsvénérables prêtres nous ont déjà fait part de leur jugement critique sur le cathéchisme actuellement en usage; d'autres nous ont envoyé des esquisses et des plans à suivre, et d'autres enfin nous ont fait parvenir des cathéchismes entièrement achevés.

. Vous désirez un Rituel; les conférences pastorales de plusieurs chapitres ont déjà statué sur cette proposition: ils ont examiné ce que le Rituel existant renferme de suranné, ce qui n'est plus approprié à nos temps, ou bien quelles sont les qualités et les avantages que présentent ceux qui ont paru successivement dans l'intervalle, et ce qu'ils y trouvent à redire.

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» Vous demandez un Bénédictionnal particulier. Il fera partie du Rituel. Vous demandez un livre de chant on a rassemblé les livres de chant des différentes parties de diocèses, qui sont incorporés à l'archevêché pour s'instruire de ce que chacun d'eux renfermoit d'utile pour ne pas retrancher au peuple, sans nécessité, ce à quoi il est depuis long-temps accoutumé. Vous demandez que pour l'office divin on se serve de la langue allemande; vous êtes donc les seuls qui ignorez que la langue allemande est déjà plus ou moins autant que faire se peut en usage dans l'exercice du culte. Nous rendons justice à vos observations touchant l'éducation des étudians aspirans au sacerdoce. Il est vrai de dire, qu'il n'est pas rare que des jeunes gens qui veulent se vouer à l'état ecclésiastique, déjà peu civilisés sous le rapport religieux et moral, frẻquentent les hautes classes où ils doivent poursuivre leurs ésudes théologiques. Ici ils grandissent sous l'impulsion tumultueuse, on oseroit même dire, sous l'influence et l'impulsion déréglées de la vie universitaire; on sait quels en sont les suites. Nous ressentons tout cela plus vivement qu'aucun particulier du clergé diocésain, et vous connoissez l'influence que nous exerçons sur les dispositions arrêtées par le gouvernement.

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Dans ces circonstances, c'est sur votre appui, chers confrères, que nous comptons pour nous consoler. Il en est plus d'un auquel le séminaire diocésain a donné sa mission parce qu'il n'osoit le retenir plus long-temps, qui en est sorti, nous laissant en proie à des craintes que nous n'osions manifester, et qui, sous la conduite d'un bon curé dont il partagea les fonctions, a obtenu la grâce de s'assurer qu'il étoit vraiment appelé.

» En continuant l'oeuvre imparfaite de l'éducation cléricale touchant laquelle, vu les circonstances, nous ne pouvons rien prescrire, vous pourrez vous rendre le consolant témoignage d'avoir acquis à l'Eglise un serviteur fidèle. Si vous vous pénétrez une

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fois profondément du poids de nos obligations, de nos continuels travaux, si vous pesez les désagrémens auxquels nous sommes exposés, les entraves que nous suscite un monde mal intentionné, pénurie des ressources, les soins qui nous assiégent de toutes parts, alors, dis-je, vous ne nous affligerez plus, mais vous nous aiderez à soutenir ce qui demande à être soutenu, et à affermir ce qui a besoin d'être consolidé, à attendre du temps ce que l'on ne sauroit obtenir de l'instant présent, et vous ne souhaiterez plus l'impossible.

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Chaque section ou district trouvera en attendant assez de matière pour occuper les conférences pastorales, pour opérer le bien dans son territoire, ou pour nous soulager en préparant les travaux. Pour cette fois, nous ne croyons pas opportun de consentir à la tenue d'une conférence générale du Chapitre.

De par le vicariat général,

Le docteur MARTIN, provicaire général. On reconnoît et on avoue que l'éducation en général, et en particulier celle du clergé, telle qu'elle est en Allemagne, a besoin d'être réformée. On se plaint nommément que, dans les hautes classes de Fribourg, les élèves du sanctuaire sont exposés, surtout de la part du professeur Amann, à l'action de doctrines extrêmement anti-ecclésiastiques, et que les séminaristes anti-célibataires sont traités avec trop d'indulgence. Il est hors de doute qu'il seroit moins nuisible à l'Eglise catholique de manquer de prêtres de temps à autre, que de confier ce qu'elle a de plus sacré à des mains indignes et d'exposer les fidèles à être plutôt scandalisés qu'édifiés. Si l'on ne remédiait pas au désordre que fomentent de mauvais prêtres, il ne faudroit pas s'étonner si de pieuses communes venoient à déclarer qu'elles préféreroient en attendant n'avoir point de pasteur en titre plutôt que d'en avoir un qui soit indigne. Elle est bien çapable de faire naître de sérieuses réflexions, la demande que l'évêque adresse à son archidiacre avant de conférer la prêtrise, lorsqu'il l'interpelle sur la dignité de l'ordinand. D'après la marche actuelle de l'éducation cléricale, l'on ne sauroit assez réfléchir avant de se charger de prononcer sur l'idonéité d'un sujet, quand on n'a d'autre motif d'espérance que quelques mois de séjour dans un séminaire. (Note du Catholique allemand.)

L'espace nous manque pour ajouter quelques réflexions sur le Mémoire des prêtres d'Offenbourg. Leur témérité a beaucoup de rapports avec les innovations scandaleuses dont nous sommes témoins en France. Ainsi partout l'esprit d'indépendance et d'erreur s'agite pour troubler l'Eglise. Réjouissonsnous du moins de voir que l'autorité ecclésiastique supérieure s'élève contre une entreprise audacieuse. La réponse du grandvicariat de Fribourg, si elle ne ramène pas les coupables, servira au moins à éclairer le clergé et les fidèles sur le danger et le ridicule des projets des réformateurs d'Offenbourg.

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NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. M. Marduel, curé de Saint Roch, avoit obtenu sous Buonaparte l'autorisation d'être enterré dans les caveaux de son église à côté de son oncle. Les obsèques étoient annoncées pour le jeudi 10, à onze heures. Tous les billets portoient cette heure et les personnes invitées avoient fait leurs dispositions en conséquence, quand la veille au soir la police fit dire que l'on craignoit des troubles à cette occasion et que l'enterrement devoit se faire la nuit. On ne conçoit pas le motif de cette précaution. Quel pouvoit être le prétexte des troubles? En quoi le curé de Saint-Roch auroit-il blessé les gens de l'émeute? Est-ce parce que jouissant d'une belle fortune de son patrimoine, il en faisoit un généreux emploi en faveur des pauvres de sa paroisse? Est-ce parce qu'il lui étoit arrivé autrefois de refuser les prières de l'Eglise à deux actrices? Ce seroit une grande rancune de la part des amateurs de théâtre; car l'affaire de Mademoiselle Chameroy remonte à trente ans et celle de Mademoiselle Raucourt à dix-huit. Qui pourroit imaginer qu'on voulût après un si long-temps se venger sur un vieillard de 86 ans, et se venger après sa mort de ce qu'il avoit obéi aux mouvemens de sa conscience? Nous ne pouvons croire que la jeunesse libérale la plus fougueuse portât jusque-là le ressentimnet. Quoiqu'il en soit, c'est avec peine, dit-on, que l'on a obtenu que l'enterrement se fit à huit heures du matin. Il est aisé de penser qu'il y avoit peu de monde à cette heure. On n'avoit pu prévenir qu'un petit nombre de personnes et toutes n'ont pas été libres peut-être de venir si matin. La cérémonie étoit finie à dix heures et demie et la plupart des paroissiens qui vouloient rendre les derniers devoirs à leur curé sont arrivés quand tout étoit terminé. Seroit-il possible qu'on eût pris ombrage d'une nombreuse réunion d'ecclésiastiques et de fidèles, et des justes hommages rendus à la mémoire d'un ecclésiastique vénérable par son âge et par ses services?

Ce que nous avons annoncé dans notre dernier numéro sur l'église de Clichy s'est confirmé. On a mis le mercredi 9 les scellés sur les portes. M. le sous-préfet de Saint-Denis s'étoit rendu sur les lieux pour présider à l'exécution de cette mesure. Un journal assure qu'elle a causé un vif mécontentement parmi les habitans de la commune; nous pouvons le rassurer à cet égard, le crédit de M. Auzou étoit tout-à-fait tombé à Clichy. Nous apprenons cependant au moment de mettre sous presse que ses partisans se sont ravisés, qu'une barricade a été formée devant l'église, et qu'il a fallu la faire enlever par un détachement de force armée. Nous reviendrons sur ces désordres, qui ont nécessité la présence du sous-préfet et du procureur du Roi, et qui se sont terminés par quelques arrestations.

Il y a des journaux de province qui le disputent à ceux de la capitale en efforts pour propager l'impiété, en esprit d'inquisition et de tracasseries contre le clergé, et sur divers objets qui ne sont nullement de leur ressort. Il y a par exemple à Poitiers l'Echo du peuple, qui, de son autorité, s'est fait inspecteur du collége royal de cette ville, qui s'est mis en correspondance avec les élèves, se fait instruire par eux des abus ou de ce qu'ils croient tels, gourmande publiquement les maîtres, et veille avec sollicitude à ce qu'on use tres-sobrement dans le collége des pratiques de religion. Ce journal a donné sur ce sujet deux articles qui sont curieux à force d'impudence :

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Depuis quelque temps nous nous étions aperçus de l'absence du tambour daus les promenades périodiques des jeunes gens du collége. Aujourd'hui le bruit nous parvient que, trois fois par jour, on s'amuse à leur faire répéter des prières. Serions-nous par hasard revenus aux temps de jésuitique mémoire, et n'élève-t-on Encore aujourd'hui les enfans que pour en former plus tard des capucins? Nous livrons ces réflexions à M. l'abbé Ranc; plus qu'un autre il doit éviter de semblables reproches; il doit se rappeler d'ailleurs que, si la religion est une des bases de l'éducation de la jeunesse, il faut user très-sobrement avec elle de certaines pratiques extérieures, plus propres à la dégoûter qu'à lui donner une juste idée de ses devoirs religieux. « Numéro du 14 nov.)

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Les élèves du collège royal nous écrivent pour nous remercier du petit article que nous avons inséré dans le dernier numéro de l'Echo. Ils nous signalent en même temps un nouveau grief que nous prendrons la liberté de signaler à M. le censeur.

Il paroît, selon ce qu'on nous écrit, et la lettre est d'ailleurs empreinte de beaucoup de modération, que M. le censeur du college exige, des jeunes gens qu'il a mission de diriger, des marques d'un respect en quelque sorte servi'è, ce qui blesse la juste fierté de nos jeunes concitoyens; nous pensons comme eux que la soumission et un salut doivent suffire à un chef entre les quatre murs d'un college comme partout ailleurs, et nous croyons que M. le censeur le sentira

comme nous.

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Du reste, nous devons prévenir ici MM. les élèves du collége royal que nous veillerons sur eux avec une sollicitude toute particulière, et recevrons toujours leurs plaintes avec intérêt, mais qu'ils doivent user avec une extrême scrupule des moyens de publicité qui leur sont ouverts dans l'Echo. » (Numéro du 24 du même mois.)

Ces articles, ce ton, cette correspondance, ces conseils, ces reproches, tout cela annonce autant de morgue que de zèle pour l'impiété. Le nouvel inspecteur ne veut point qu'on s'amuse à faire réciter des prières aux élèves. Il craint que nous ne revenions au temps des Jésuites et des Capucins; il semble pourtant que le passé

pourroit le tranquilliser, et puisque l'Université a pu former des sujets tels que nous les voyons, des sujets qui ne se montrent ni trop Capucins ni trop Jésuites, on peut se rassurer sur le jésuitisme et les capucinades de la génération actuelle dans les colléges. Les rédacteurs de l'Echo du peuple ont peut-être été élevés eux-mêmes dans l'Université, ce qui doit prodigieusement diminuer leurs alarmes sur le sort des élèves d'aujourd'hui. Qu'ils daignent songer que M. Guizot est à la tête de l'instruction publique, qu'on ne l'a jamais accusé de jésuitisme, et que les inspecteurs de l'Université sont la plupart ou protestans ou philosophes, et ne doivent pas conséquemment être suspects aux ennemis des catholiques. Ce qui est plaisant surtout dans les articles de l'Echo, c'est le ton des rédacteurs dans les conseils et dans les reproches qu'ils adressent, c'est la promesse de veiller sur les élèves avec une sollicitude toute particulière. Cette promesse n'est-elle pas tranquillisante pour les parens, et ne doivent-ils pas une profonde reconnoissance à des protecteurs si désintéressés de la jeunesse, et qui prennent tant de soin de la guider dans les voies de l'indifférence et de l'impiété?

Le Moniteur algérien annonce qu'on vient de convertir une mosquée en église pour les besoins des catholiques qui sont à Alger. Voici comment il raconte la chose :

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Obligé jusqu'ici de chercher un refuge dans une chapelle improvisée à la hâte, le culte catholique, circonscrit et gêné dans son exercice, ne répondoit plus aux besoins d'une population que chaque jour voit s'accroître; il a enfin trouvé un emplacement digne de lui. La conversion d'une des plus modernes mosquées de la ville aura pourvu à l'insuffisance du local provisoire. Bâti avec le soin et l'élégance que les musulmans apportent dans ces constructions, cet édifice est situé dans la rue du Divan. Soutenu par des colonnes de marbre qu'on a fait venir à grands frais d'Italie, terminé par une voûte dont la hauteur ne nuit en rien à la solidité, l'intérieur n'exigera que de légères modifications. Il ne sera même pas sans intérêt pour l'avenir et pour l'historique de la prise de possession d'y retrouver partout le cachet de l'architecture mauresque. La remise de cette mosquée par le muphti et les ulémas d'Alger n'est point le résultat de la force ni de la conquête, mais uniquement d'une négociation conduite avec autant de mesures que de convenance. Enfin, après quatorze siècles d'exil, il étoit réservé à la France de faire reparoître le christianisme sur ces rivages. Dans peu de jours la consécration de la mosquée aura lieu, et une église catholique sera livrée à la piété des fidèles. »

Nous nous félicitons comme le Moniteur, de voir le christianisme reparoître dans ces contrées où il a jeté un si grand éclat aux premiers siècles des chrétiens. Seulement nous sommes fâché que le Moniteur ajoute que le christianisme sera moins austère, moins exclusif, plus tolérant qu'autrefois. Nous croyons qu'on peut se dispenser de souhaiter pour l'Afrique une autre religion que celle

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