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onéreux et les plus désagréables au clergé; il est juste d'observer aussi les articles qui peuvent lui être favorables, et ce seroit une illégalité et une partialité monstrueuse de regarder ces derniers articles comme non-avenus, parce qu'ils déplaisent aux ennemis de la religion. On seroit tenté de croire qu'il y a des gens qui se résigneroient à interpréter ainsi l'ordre légal, et à laisser de côté toutes les dispositions favorables à la religion catholique. Enlever une église à l'autorité ecclésiastique leur paroit une peccadille. Mais supposons que quelque catholique voulût, dans l'ardeur de son zèle, ôter aux protestans l'église de l'Oratoire, ou aux juifs leur synagogue de la rue Ste-Avoye, qui, dans l'origine, étoient des églises catholiques; on se figure aisément quel brouhaha de réclamations s'élèveroit contre cette prétention. On crieroit au fanatisme, à l'intolérance; on invoqueroit la loi de 1802, qui assure aux communions reconnues la jouissance de leurs temples. Mais ce qui est vrai pour les protestans et pour les juifs cesse-t-il de l'être pour les catholiques? Ce qui est pour les premiers un droit sacré, est-il nul pour la religion de la majorité? C'est un argument que le Moniteur auroit pu, ce semble, faire valoir avec plus de force, et qui eût encore ajouté aux considérations et aux preuves qu'il a pré

sentées.

Nous répondrons une autre fois aux allégations de l'autre, journal qui a entrepris de réfuter le Moniteur.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. La neuvaine de Sainte-Geneviève, dans l'église de SaintEtienne-du-Mont, a été constamment suivie jusqu'au dernier jour. Le matin, dans le milieu de la journée et le soir, il y avoit une presque égale affluence. C'est apparemment par distraction qu'un journal de province suppose que ce concours a eu lieu dans l'église de Sainte-Geneviève; tout le monde sait que cette église est fermée depuis deux ans et demi.

La quête pour les orphelins, si heureusement commencée à St-Roch, a continué après la réunion du 28 décembre et est arrivée en ce moment à plus de 33,000 ft. sans y comprendre le prix de la chaine d'or et de la bague en perles fines trouvées dans la bourse à l'église. Ainsi la religion n'a pas en vain fait un appel à la charité des fidèles. Il y a là quelque chose de consolant aux yeux de la foi comme à ceux de l'humanité. Il est assez remarquable que la plupart des dons sont arrivés sans qu'on ait su de quelle source ils venoient. C'est ainsi que la charité procède, elle n'aime point

les listes fastueuses pour des œuvres dont la religion est le principe. Elle suit le conseil du sauveur lui-même sur le secret des offrandes. Qui croiroit que ce succès de l'OEuvre des orphelins, fondée par M. l'archevêque, a donné de l'humeur à quelques philantropes? La Tribune a osé dire qe la quête de Saint-Roch n'étoit pas pour les orphelins, que c'étoient les carlistes qui on étoient l'objet et que c'est pour cela qu'il y avoit tant de beau monde dans l'église. Ainsi l'envie jette son venin sur les œuvres les plus touchantes et sur les dons les plus généreux. Un fait bien simple est la seule réponse que méritent ces insinuations méchantes. Dans le dernier conseil de l'OEuvre, présidé par M. l'archevêque, il a été arrêté que, d'après le succès de la quête, on admettroit cent orphelins de plus. Ainsi le nombre total des enfans placés ou qui reçoivent des secours est de 370. C'est là un argument sans réplique aux perfides soupçons d'une feuille ennemie.

- Le 2 décembre dernier, un nommé Housset, qui a la prétention d'avoir une belle voix et qui en use volontiers, alla à vêpres dans l'église de Saint-André-sur-Cailly, diocèse de Rouen, sa paroisse et troubla tout le chant par ses intonations, ses roulades et son faux-bourdon. Il sortoit d'un copieux déjeûner et il étoit en gaieté. On voulut lui imposer silence et on ne put en venir à bout. A la fin de l'office, au moment où le curé alloit donner la bénédiction, voilà Housset qui entonne le Domine, salvum fac. On le fit taire. Il fut traduit en police correctionnelle pour trouble apporté à l'exercice du culte divin. Au tribunal où il a comparu le 10 janvier, il a fait le facétieux et a voulu chanter. Son avocat a allégué qu'on n'étoit pas justiciable de la police correctionnelle pour avoir chanté faux, que d'ailleurs M. le curé étoit dans son tort pour n'avoir pas fait chanter le Domine salvum à vêpres. Le tribunal a condamné Housset à six jours de prison pour avoir troublé l'office divin par des chants désordonnés.

L'affaire du nommé Chauvet, dont nous avons parlé no 2043, a été portée au tribunal de la Rochelle. La chambre du conseil a jugé que c'étoit spontanément que Chauvet avoit renoncé à son projet homicide. Effectivement, quand le curé, M. Hontang, lui eût fait des représentations pleines de douceur et lui eût demandé au moins le temps de faire un acte de contrition, l'assassin, changé tout à coup, jeta ses armes et se précipita par terre en criant : Ah! tuez-moi plutot. On l'avoit conduit en prison, où le charitable curé lui a montré comment les prêtres se vengent. Il a donc été déclaré à là Rochelle qu'il n'y avoit lieu à suivre, et, en conséquence, Chauvet a été mis en liberté. Puisse-t-il n'en point abuser et puisse la vertu de son digne curé faire impression sur lui et l'engager à mener une vie plus chrétienne! C'est le désordre qui l'avoit poussé au crime et c'est en effet la même cause qui précipite la plupart des scélérats dans les routes funestes où ils s'engagent,

M. François-Joseph Deron, curé de Notre-Dame, à SaintOmer, vicaire-général du diocèse, chanoine honoraire d'Arras et grand doyen de l'arrondissement de Saint-Omer, est mort le 22 octobre dernier. Il étoit né à Aire en 1765 et remporta presque tous les prix au collège de Saint-Bertin, alors très-florissant et dirigé par les Bénédictins de l'abbaye. Cet antique monastère, dont l'église pouvoit passer pour une des plus belles des provinces du Nord, n'offre plus aujourd'hui qu'un monceau de ruines; la tour seule, qui est très-élevée, reste debout et sert de beffroi. A l'époque de la révolution, M. Deron, préférant l'exil à un serment que sa conscience repoussoit, se réfagia en Allemagne et ne rentra dans sa patrie qu'en 1802. Il s'attacha à M. Coyecque, alors curé de Notre-Dame à Saint-Omer avec le titre de vicaire-général pour cette partie du diocèse. Il lui servit de secrétaire et acquit sous lui l'expérience de l'administration. Il lui succéda même en 1824. Son affabilité, la simplicité de ses manières, l'à-propos de ses entretiens, lui avoient concilié l'affection générale. Mais ce n'étoit pas là son seul mérite. Il étoit instruit dans la théologie et on pouvoit s'adresser à lui avec confiance pour la décision des cas de conscience. Il a été enlevé à l'âge de 67 ans, après une maladie de huit jours, et a été regretté de tous les partis. A son service funèbre, qui fut célébré le 24 octobre, le vaste vaisseau de l'église Notre-Dame étoit rempli, et le clergé, les autorités de la ville et des hommes de toutes les opinions ont rendu hommage à sa mémoire. Il est à remarquer que la ville de Saint-Omer a perdu la même année ses trois curés qui n'étoient pas cependant dans un âge très-avancé. Le 27 avril mourut M. Anocque, curé de Saint-Denis, et chanoine honoraire d'Arras; il avoit 72 ans. Le 13 août mourut au même âge M. Ducrocq, curé du Saint-Sépulcre et aussi chanoine honoraire, et enfin M. Deron. Ainsi disparoissent peu à peu ceux qui nous avoient transmis les traditions de l'ancien clergé.

Le Laity's Directory, qui s'imprime à Londres chez Keating et qui est le seul autorisé par les vicaires apostoliques, contient, suivant l'usage, outre l'ordre des offices pour 1833, plusieurs choses dignes de remarque. On a mis à la tête l'Encyclique de Grégoire XVI, en date du 15 août, pièce qui doit être comptée parmi les actes les plus importans du saint Siége dans ces derniers temps, et qui n'est pas seulement pour les évêques, comme l'ont prétendu dans leur dépit quelques esprits désappointés, puisque le saint Père y donne sur beaucoup de points des instructions et des avis qui sont certainement encore plus nécessaires aux troupeaux qu'aux pasteurs. L'Encyclique est en anglais, afin que tous les fidèles puissent comprendre les paroles de sagesse émanées du chef de I'Eglise. Au tableau du clergé catholique en Angleterre et en Ecosse, on a joint pour la première fois le nom des évêques d'Irlande et ceux des évêques dans les colonies anglaises; ces derniers

sont au nombre de 11, nous les ferons connaître prochainement. II y a toujours beaucoup d'églises ou de chapelles en construction et on sollicite en leur faveur les libéralités des personnes qui prennent intérêt à la religion. Il paroît que le successeur de M. Paterson à Edimbourg n'est pas encore nommé, quoiqu'il y ait plus d'un an que ce prélat est mort. Treize prêtres et missionnaires sont morts depuis le dernier tableau ; il y en a 7 du clergé séculier et 6 du clergé régulier. Parmi ces derniers se trouve M. EdouardBède Slater, évêque de Ruspa et vicaire apostolique à l'île Maurice, il est mort au mois de juillet dernier. On nomme aussi 7 ecclésiastiques français, quoiqu'ils ne soient pas tous morts en Angleterre. Ce sont : MM. Duclos, chanoine d'Evreux, mort en octobre de l'année dernière; Pierre Bedel, mort à Thelton le 26 novembre suivant, à l'âge de 70 ans ; Jean-Baptiste Vivien, du diocèse d'Evreux, mort le 14 janvier 1832, à l'âge de 73 ans; Thomas-Claude de Guerry, du diocèse de Rennes, mort le 17 janvier à 74 ans, François-Charles Goudet, du diocèse de Chartres, mort le 6 août à l'âge de 70 ans; Jean-Vincent Longuemare, du diocèse de Rouen, le même qui est indiqué dans le Nécrologe de Paris, et Gabriel Le Chevalier, du diocèse de Rouen, mort à Bath le 2 oc→ tobre. On cite ici sans doute MM. de Guerry et Longuemare parce qu'ils ont résidé long-temps en Angleterre. Neuf religieuses sont aussi mortes dans différens couvens depuis un an. Parmi les laïques, nous ne remarquerons que M. C. Butler, mort le 2 juin dernier à l'âge de 82 ans, il mérite un article à part et nous y reviendrons.

NOUVELLES POLITIQUES,

PARIS. La nation la plus spirituelle et la plus éclairée du monde, (en parlant de la nôtre, bien entendu) est une phrase faite que vous trouvez partout, même dans les journaux qui se piquent d'être les plus spirituels et les plus éclairés du monde. D'après cela, il ne faut pas demander si l'on doit se sentir à son aise quand on a un peu de logique et de bon sens à placer dans un pays comme celuilà? C'est ce qui vous trompe. La nation la plus spirituelle et la plus éclairée du monde se trouve entre les mains de quatre ou cinq journaux à qui elle permet de lui enseigner tout ce qu'ils veulent; promettant de s'en rapporter aveuglément à leur parole, sans rien examiner après eux. Voilà pourquoi elle s'en tient, depuis quarante et quelques années, à tout ce que ces docteurs lui enseignent contre le clergé, auquel ils appliquent perpétuellement cette maxime: Mon royaume n'est pas de ce monde. La nation la plus spirituelle et la plus éclairée n'en demande pas davantage pour croire que toutes les propriétés du clergé sont de bonne prise, et qu'il n'a pas le mot à dire quand on le chasse de chez lui par voie de spoliation, confiscation, pillage ou autrement. De même, si vous voulez savoir de la nation la plus spirituelle et la plus éclairée du monde pourquoi elle a pris le parti-prêtre et les Jésuites en si grand déplaisir, sans avoir la moindre idée de ce qu'ils lui ont fait, elle vous répondra que sa rancune lui vient contre eux de

ce que ce sont des gens de mauvaise morale, qui enseignent qu'on peut détrôner › les rois. Et, à l'appui de sa thèse, elle vous citera deux cents articles du Constitutionnel et autres casuistes délicats qui ont mis cette abomination dans tout son jour, par sollicitude pour les princes légitimes. Si vous lui faites observer qu'elle a renversé trois de ces princes du même coup, et que de sa part, c'est un trait tout pareil à ceux qu'elle reproche aux Jésuites, la nation la plus spirituelle et la plus éclairée du monde ne comprendra plus le mot à ce que vous lui direz, et elle vous renverra au Constitutionnel pour concilier les folies qu'il lui a fait croire avec celles qu'il lui a fait faire.

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La logique du gouvernement de juillet ne regarde peut-être pas d'assez près aux principes qu'elle pose. En voici un, par exemple, que les ministres de LouisPhilippe ont eu grand tort de nous laisser donner par le Journal des Débats, comme un de leurs aphorismes. Les gouvernemens, dit-il, ne sont de droit qu'autant qu'ils plaisent et qu'ils sont justes. Nous comprenons très-bien qu'un tel argument puisse paroître bon à ceux qui sont chargés d'établir le droit de la royauté de juillet. Pour que ce droit lui soit acquis, elle n'a besoin que de deux choses: c'est qu'elle leur plaise et qu'ils la trouvent juste. Voilà qui est bien, quant à eux, sans contredit, puisque le gouvernement de Louis-Philippe remplit à leur gré les deux seules conditions dont ils fassent dépendre la légitimité du pouvoir royal. Celui-ci leur plaît et il leur paroît juste; tout est dit pour ce qui les concerne, et, le principe une fois admis, nous convenons qu'il n'y à point à disputer. Oui, mais aussi il doit être commun à tout le monde; et nous espérons bien que ces messieurs n'entendent pas exclure les autres du droit d'examiner ce qui leur convient, et de dire aussi leur goût. Si les partisans de la restauration, de la république ou de telle opinion, viennent à déclarer qu'ils connoissent quelque chose de plus juste et qui leur plaît davantage, cela constituera-t-il pour eux le droit de se choisir des chefs selon leur cœur? Et, si un homme tel que M. de Châteaubriand s'avance par hazard au nom des idées et des affections qu'il représentè, pour dire en face de ceux qui ne lui plaisent point: Madame, votre fils est mon roi, `qu'aurez-vous à lui répondre, après l'avoir armé de votre aphorisme sur les gouvernemens qui plaisent et qu'on trouve justes? Voilà ce que c'est que de ne pas savoir s'en tenir comme M. de Broglie, en fait de principes, à celui de la nécessité qui tranche admirablement les difficultés et simplifie toutes les questions de droit.

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Il a paru dans le Journal de la Guyenne une très bonne notice sur M. Jean-Guillaume-Vincent, comte de Bonsol, lieutenant-général et grand'croix de l'ordre de St-Louis, mort le 30 décembre dernier dans son château de Bonsol, près La Réole. M. de Bousol étoit né en 1751, et entra de bonne heure au service, Officier dans les garde-du-corps en 1774, il vit les préludes de la révolution, et ne quitta pas la portière de la voiture du Roi, quand on l'amena à Paris le 6 octobre. Dans l'émigration, il fit quatre campagnes à l'armée de Condé. Il se retira après 1815 auprès de son frère, et ils vivoient ensemble dans une douce intimité, versant dans le sein des pauvres les dons d'une charité indivise comme

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