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Les sœurs Hospitalières de Marseille, rappelées aux hospices de cette ville, ont été installées le 10 janvier par le maire, assisté du conseil administratif. M. Fortoul, s'adressant à la supérieure, a fait le plus bel éloge d'une institution dirigée par des motifs si purs, et qui obtient de si touchans résultats. On n'a pas été aussi satisfait de l'allocution de M. le maire, qui a parlé de philanthropie, là où il ne falloit voir qu'une admirable charité. M. l'abbé Flayol, dans le discours qu'il a prononcé plus tard, n'a pas manqué de faire sentir qu'à la religion seule appartiennent les grands dévoûmens, l'abnégation, le désintéressement, le courage, la patience, et ces qualités héroïques dont l'institution des Hospitalières n'a cessé d'offrir des exemples, La ville a appris avec joie le retour de ces religieuses, dont l'absence avoit été cruellement sentie par les malades.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. On n'a point appris que la nouvelle indisposition dont madame la duchesse de Berry avoit été atteinte ait eu des suites. La princesse n'a point été vue ces jours derniers sur les remparts de la citadelle, mais on attribue cette circonstance au mauvais temps qui a régné. Les mesures de précautions se multiplienț chaque jour à la forteresse; on a été jusqu'à craindre que la royale captive ne s'évadát par les cheminées, et l'on s'est empressé de changer la direction du conducteur du paratonuerre établi sur la poudrière. On a apporté de Bordeaux à la citadelle une pompe à incendie à la suite d'un léger feu de cheminée qui s'y est manifesté.

Il a paru de nouvelles adresses à madame la duchesse de Berry. Les principaux lieux d'où elles proviennent sont Orléans, Avallon, Ancenis, Brives (Corrèze), Le Vigan (Gard), Ajaccio, Frontignan, et d'autres localités de l'Hérault. Des habitans du département du Gers et des dames de la province de l'Artois ont fait aussi une adresse collective. A Nancy et à Dizonne (Dordogne), un certain nombre de dames ont signé une protestation de dévoûment à la princesse.

Malgré tout ce qu'on dit des progrès de la raison publique, et de la modération révolutionnaire de nos jours, nous n'oserions pas répondre que la royauté passât beaucoup mieux son temps avec les sages de la génération nouvelle, qu'elle ne l'a passé avec ceux de la génération précédente. La manière dont ils parlent de la mort de Louis XVI n'est rien moins que rassurante pour les personnes royales qui pourroient tomber entre leurs mains dans des circonstances analogues. A l'oċcasion de l'anniversaire du 21 janvier, tous les lieux communs du régicide se trouvent reproduits cette année dans les journaux de la révolution de juillet, avec un sang-froid et un stoïcisme d'esprit qui ne font guère moins frémir que les idées de 93. D'un autre côté, les meilleurs avocats du deuil national, ceux qui veulent bien permettre qu'on se souvienne de la tragique catastrophe du 21 janvier, ne demandent pas précisément que la mémoire en soit conservée par horreur da crime commis envers la personne de Louis XVI, mais bien en considération

des inconvéniens que l'exemple pourroit avoir pour la nouvelle inviolabilité royale; de sorte qu'on n'ose pas aller jusqu'à déclarer l'innocence de la victime et la culpabilité des bourreaux. On se contente d'établir que c'est un acte de régicide auquel il est bon qu'on ne revienne pas souvent ; et de recommander, pour ainsi dire, à ceux qui seroient tentés de le continuer, d'être plus circonspects à l'avenir. Pour l'ombre d'un regret applicable à la personne de Louis XVI, il n'en est pas question, et le deuil national n'est présenté que comme une simple mesure de précaution.

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- Si vous voulez voir une belle apologie de la révolution précédente, et juger des avantages que vous pouvez vous promettre de celle qui est venue la rénouveler depuis, lisez ce peu de mots du journal qui représente le plus vivement l'esprit et le but des glorieuses journées : «S'il falloit prendre le deuil, dit-il, pour tous les jours marqués par des souffrances révolutionnaires, nous serions en jeûne perpétuel. » La conséquence qu'il veut tirer de là, c'est que le jour de la mort de Louis XVI est un jour comme un autre, et que si l'on se mettoit à y penser, on n'en finiroit pas. Cela n'est que trop vrai malheureusement. Mais il y auroit une autre conséquence à tirer de là aussi ; c'est que les hommes qui reconnoissent que des souvenirs de souffrances révolutionnaires sont attachées à chaque jour de la première révolution, auroient bien dû ne pas nous exposer aux souffrances révolutionnaires de la seconde ; et qu'ils ont assez mauvaise grâce à vouloir nous remettre dans le même chemin.

Savez-vous à quels signes les journaux de la révolution de juillet reconnoissent les dames légitimistes, et veulent qu'elles soient marquées du sceau de la suspicion? C'est quand elles refusent les invitations qu'on leur envoie cette année pour les bals ordinaires de l'hiver. Sous peine d'être notées comme carlistes, adhérentes de fait ou d'intention aux adresses et pétitions dont madame la duchesse de Berry est l'objet, elles sont obligées de danser toutes les fois qu'elles en sont requises. Les deux hivers précédens, il n'y avoit que les dames du faubourg St-Germain qui ôsâssent montrer de l'indifférence et de l'éloignement pour les plaisirs de la glorieuse révolution de juillet, et cela ne laissoit pas que de leur attirer de graves menaces de la part des journaux qui disposent de la colère des ouvriers et des bras de l'émente. Cette année, le mal s'étend à tous les quartiers de la capitale, et est signalé comme une mauvaise influence qui nous vient de Blaye. Heureusement, il est assez général pour qu'on n'ose entreprendre de punir un aussi grand nombre de délinquans, et à cause de la quantité de dames qui refusent de danser, on sera forcé de leur faire grâce; de manière que le faubourg St-Germain lui-même profitera de l'impunité.

Un journal nous assure qu'il n'y a plus de révolution ni d'esprit d'arbitraire nulle part que dans la chambre des députés. Si cela étoit vrai, le remède seroit bientôt trouvé. Car la chambre des députés n'est qu'un des trois pouvoirs législatifs; et il ne tiendroit qu'aux deux autres qu'il n'y eût plus d'arbitraire ni de révolution nulle part, il leur suffiroit de n'en pas vouloir. Mais hélas! est-il bien

sûr que tout l'esprit de révolution et d'arbitraire se trouve renfermé dans la chambre des députés ?

Le gouvernement modèle des Etats-Unis d'Amérique est à la veille de se démembrer par une révolution. Ceci embarasse fort nos républicains, nos Lafayette, nos hommes de programmes et de progrès. Une république si fortement constituée, si sagement gouvernée; une république qui nous a tant fait venir d'envies et de mauvais désirs, menace ruine au bout de cinquante ans! Si c'étoit du moins une autre forme de gouvernement, il n'y auroit rien à dire, et les sages de la révolution de juillet n'auroient pas sujet de se désoler pour cela. Mais c'est une république, une sœur du programme de l'Hôtel-de-Ville, une fille chérie de M. de Lafayette. Enfin c'est l'école du monde libéral et de la sagesse des nations qui menace de se fermer. Où irons-nous ensuite étudier les droits de l'homme et le bonheur du genre humain!

Des bruits singuliers ont couru sur les circonstances de l'assassinat de M. Tardif, substitut du procureur-général. Le rapport d'un des médecins auroit exprimé l'opinion que ses blessures, à raison de leur peu de gravité, de leur situation et de leur direction, n'ont pu provenir de malfaiteurs à qui il auroit été facile de frapper mortellement le jeune magistrat alors couché et endormi. On avoit été jusqu'à regarder ces blessures comme le résultat de la vengeance d'une femme, comme le châtiment infligé par un mari offensé, comme une tentative de suicide, ou enfin comme une comédie jouée par M. Tardif pour appeler, disoit-on, l'intérêt sur lui, et détourner le coup d'une destitution, dont il se seroit cru menacé à raison de la tiédeur avec laquelle il a porté la parole dans le dernier procès des Amis du peuple. M. Tardif vient de publier un Mémoire pour prouver la réalité de son assassinat. Il réfute assez bien les assertions ci-dessus. A l'appui de sa défense, il se plaint de la négligence avec laquelle on a instruit son affaire, et surtout du peu de soin que le commissaire de police a apporté pour constater le crime. Il invoque enfin le témoignage du docteur Breschet qui l'a pansé, et dont le rapport établit que les blessures n'ont pu qu'être occasionées par des assassins et malgré la résistance du blessé. M. Tardif, craignant d'ailleurs que son Mémoire ne le justifiât pas assez, vient de demander l'évocation de son affaire à la cour royale.

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- Louis-Philippe n'est parti de Lille que le 16. Les trois jours précédens, il a reçu des députations de différentes villes. Le 13 et le 15, il a passé en revue des troupes de l'armée du Nord auxquelles il a distribué des décorations. Le 14, il est resté avec sa famille dans ses appartemens. Pendant son séjour à Lille, il a visité plusieurs manufactures. C'est le 19 qu'il doit être de retour à Paris.

Dans les promotions qui viennent d'avoir lieu à l'armée, les généraux Haxo et St-Cyr-Nugues ont reçu le grand-cordon de la Légion-d'Honneur, et les généraux Fabre, Achard, de Rumigny et Harlet, la croix de grand-officier.

Ce n'est pas la décoration de la Légion-d'Honneur qui a été remise à la cantinière Antoinette Moreau. Cette femme a reçu une médaille d'or en récom

pense des services qu'elle a rendus et de l'intrépidité qu'elle a montrée pendant le siége d'Anvers.

On lit le passage suivant dans le discours du maire de Tourcoing (Nord) au roi Louis-Philippe : « Ce n'est pas offenser V. M. que de lui dire que notre ville industrieuse a beaucoup souffert de la stagnation du travail; pendant plusieurs mois mème, plus du tiers de notre population a éprouvé des privations bien sensibles. » Le prince a répondu ; « Je regrette que la stagnation du commerce ait fait souffrir votre ville, c'est un mal qui a été général.»

- Le collége électoral de Pontoise est convoqué pour le 7 février, à l'effet d'élire un député, en remplacement de M. Ch. de Lameth, décédé.

Le gouvernement français a reçu le 16, de Berlin, la nouvelle que l'ordre avoit été expédié le 8 au général baron Muffling de mettre sur le pied de paix et de faire rentrer dans leurs anciens cantonnemens les troupes prussiennes for mant le corps d'observation de la Meuse.

M. le vicomte Sosthène de La Rochefoucault ne s'est point pourvu en cassation contre l'arrêt qui l'a condamné à trois mois de prison, pour la brochure intitulée : Aujourd'hui et demain, ou ce qui adviendra. Il s'est constitué prisonnier à Sainte-Pélagie le 16.

MM. Gochter, Jules Lebrun et Cheri, détenus politiques à Sainte-Pélagie, pour l'affaire de la rue des Prouvaires, viennent d'être transférés à Soissons. On croit que les autres condamnés subiront le même sort.

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M. Delpont, député de l'arrondissement de Figeac (Lot), a donné sa démission pour cause de santé.

La chambre d'accusation de la cour royale et la chambre des appels correctionnels se sont réunies le 17, pour entendre le rapport de M. le procureurgénéral Persil sur l'affaire relative au coup de pistolet du 19 novembre, dans laquelle sont inculpés principalement les sieurs Bergeron, Benoît et Giroux de StGeniez. On dit que deux de ces derniers sont renvoyés devant la cour d'assises. Le tribunal correctionnel a, sur l'oppositio. de M. Delisle, gérant du Brid' Oison, confirmé le jugement par défaut qui l'avoit condamné à un mois de prison et 200 fr. d'amende, pour n'avoir pas versé de cautionnement.

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Il résulte d'un état comparatif du produit des impôts indirects dans les trois dernières années que les recettes ont été en 1830 de 572,243,000 fr., en 1831 de 527,023,000 fr., et en 1832 de 559,094,000 fr. Ainsi l'année 1832 présente sur 1831 une augmentation de 32,07 1,000 fr. et une diminution de 13,049,000 fr. sur 1830; cela prouve combien la dernière année de la restauration étoit avanfageuse, malgré le déficit prodigieux que l'on ressentit dans ses cinq derniers mois.

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· A l'occasion du procès de Mlles Duguigny, M. Hennequin a écrit à la Gazette des tribunaux qu'il ne pouvoit accepter les trivialités, ni les hommages au procureur du Roi Demangeat, que le correspondant de cette feuille a bien voulu lui prêter. Il désavoue le compte qu'elle a rendu, et déclare que ses paroles, recueillies par un tachygraphe, ne sont exactes que dans le Rénovateur de Nantes.

Les pièces de la procédure de l'affaire de Marseille sont arrivées de Lyon á Montbrison le 11 janvier. On a commencé de suite les interrogatoires préparatoires des accusés. M. Durand a été chargé de ce soin par délégation du président des assises. L'ouverture des débats est fixée au 25 février. Les principaux défenseurs choisis par les accusés sont MM. Sauzet, Journel et Genton, de Lyon (le premier connu par son plaidoyer dans le procès des ministres); MM. Berryer, Guillemin et Pinet, de Paris; M. Janvier, d'Angers; MM. de La Boullie et d'Alphéran, d'Aix.

Les jeunes gens de Dinan (Côtes-du-Nord), ville où M. de Châteaubriand a passé une partie de sa jeunesse, viennent d'adresser une lettre à cet écrivain, pour le féliciter sur le mémoire qu'il a publié dernièrement.

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Un incendie a détruit dernièrement une partie du village d'Olmes (Puyde-Dôme, et a réduit à la misère un certain nombre de ses habitans.

La réponse du roi de Hollande à la convention projetée par la France et l'Angleterre a été reçue le 13 par lord Palmerstou, qui l'a sur-le-champ communiquée au prince de Talleyrand. Cette réponse, en date du 9, consiste dans un contreprojet que le roi Guillaume veut soumettre aux cinq puissances réunies en conférence, et non aux deux puissances coalisées. Ce prince, tout en insistant toujours sur ses droits, manifeste de nouveau le désir de conserver la paix; mais ses propositions diffèrent assez de celles qui lui ont été faites.

On s'occupe activement à Anvers de remettre la citadelle d'Anvers et les forts qui en dépendant en état de défense. De grands travaux de défense seront aussi exécutés sur les rives du Bas-Escaut.

Par un décret du 4 janvier, le roi d'Espagne a déclaré qu'étant parfaitement rétabli, il alloit reprendre la direction des affaires. Dans ce décret, Ferdinand témoigne à la reine sa gratitude pour les soins qu'elle a pris de sa personne pendant sa maladie, et sa satisfaction du zèle, de la prudence et de l'intelligence avec lesquelles elle a administré le royaume. En reconnoissance de ce qu'elle a si bien répondu à sa confiance, Ferdinand a ordonné qu'il seroit frappé une médaille qui perpétuera le souvenir de ces éminens services.

M. le maréchal comte de Bourmont est reparti de Rotterdam pour Francfort, où il a loué un appartement pour 6 mois.

CHAMBRE DES PAIRS.

Le 17, M. le président Pasquier donne connoissance du message de la chambre des députés, contenant la résolution dans laquelle elle persiste pour l'abrogation pure et simple de la loi relative à l'anniversaire du 21 janvier. Des membres demandent que l'on renvoie cette affaire à la même commission; d'autres, qu'on en désigne une nouvelle. M. Excelmans trouve qu'en adoptant le premier parti, on exciteroit une collision fàcheuse entre les deux chambres. M. de Dreux Brézé appuie également le renvoi à une autre commission. Il faut, dit-il, que la chambre des pairs prouve que la sagesse préside à ses débats, et qu'elle agit sans aigreur en procédant au nouvel examen avec soin et maturité. M. Mounier demande que

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