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l'on suive la marche accoutumée; en nommant une autre commission, ce seroit témoigner peu de confiance à l'ancienne. Le renvoi à la même commission est prononcé après une épreuve douteuse.

On passe à la discussion du projet de loi relatif au règlement définitif des comptes de 1829. Les premiers articles ne donnent lieu à aucun débat. A l'occasion de l'art 8, M. Roy prend la défense de l'administration financière de la restauration. Lorsque la restauration a commencé, dit-il, la France étoit occupée par les étrangers; accablée d'une dette envers ceux-ci de deux milliards et demi. Pendant son cours, tous les droits légitimes ont été respectés, l'industrie et le commerce ont fleuri de plus en plus, une diminution d'un milliard s'est opérée sur la dette flottante, les impôts ont été dégrevés de 30 millions. Quand elle a été renversée, la prospérité étoit parvenue au plus haut degré; les améliorations qui devoient résulter d'un tel état étoient incalculables.

M. le ministre des finances essaie de répondre à ce discours; il accuse la restauration d'avoir amené la seconde invasion; M. Humann respecte le malheur, mais il voit avec peine qu'on ouvre de semblables débats. M. de Dreux Brézé soutient que l'administration financière de la restauration fera époque dans l'histoire. Quant à la seconde invasion, il fait observer qu'elle n'est due qu'à l'ambition. M. le ministre des affaires étrangères demande que l'on ne prolonge pas cette discussion qui est étrangère à la question. Il ne s'agit pas de savoir si la restauration fut un bon gouvernement; c'est à l'histoire à juger.

Après cet incident, la chambre vote sans modification le projet de loi à la majorité de 113 contre 9; puis elle adopte à l'unanimité sans aucune discussion la loi relative à la prescription des sommes confiées à la poste.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 17, on continue la discussion de la loi départementale. L'art. 10 fixe le cens d'éligibilité des conseils-généraux à 300 fr. La commission propose de le restreindre à 200 fr. L'amendement le plus large est celui de M. Cabet, qui voudroit rendre éligibles tous les citoyens imposés, afin que les classes pauvres pussent être représentées. Il est rejeté, ainsi qu'un autre de M. Larabit, tendant à accorder l'éligibité à tous les électeurs de conseils. Celui de la commission est adopté.

M. de Laborde seroit d'avis que l'on rendit éligibles aux conseils-généraux les citoyens qui ont le droit d'élire les deputés, et qui paient 100 fr. de contributions dans le département. Cet amendement est repoussé après un long débat.

On passe à l'art. 10, qui détermine les incapacités d'admissions aux conseilsgénéraux. M. Comte propose d'y comprendre les ministres des cultes. M. Dubois (de la Loire-Inférieure) conçoit que l'on éloigne des conseils-généraux les administrateurs et fonctionnaires du département; mais il y a une grande différence entre eux et les membres du clergé. Il y a injustice à frapper d'incapacité l'homme qui peut avoir la confiance de milliers d'individus. Ne conviendroit-il pas, au contraire, qu'on fit preuve de tolérance en admettant les ecclésiastiques aux chambres? M. de Ludre croit que le clergé sera plus respecté en restant dans ses temples; d'ailleurs, il est quelquefois partie prenante au budget du département.

M. Peyre s'étonne de ce que ceux qui trouvent que l'on n'ouvre pas de portes assez larges à l'élection, soient les premiers à proposer des exclusions. On se plaint de l'intolérance du clergé : comment se montre-t-on si intolérant à son égard? On veut que les prêtres comprennent leurs devoirs de citoyens, et on leur en refuse les droits. Pour qu'ils se rallient au gouvernement, il faut qu'ils apprennent à le connoître. Au surplus, le clergé de France ne présente-t-il pas autant de lumières que la plupart des électeurs que la chambre vient d'admettre?

M. Dupin aîné se hâte de céder le feuteuil à M. Etienne, pour appuyer à la tribune l'amendement. Il trouve la question très-grave. L'adoption du système de MM. Dubois et Peyre auroit, dit-il, les plus funestes conséquences. Le prêtre doit savoir qu'il ne peut être appelé à la direction des affaires du pays; il doit se borner à parler dans la chaire, et prier pour l'Etat au lieu de le gouverner. C'est l'irruption du clergé dans les emplois, et jusque dans les conseils du prince, qui a perdu l'ancienne dynastie. Si on le laisse rentrer dans les affaires publiques, il ne laissera pas de paix qu'il n'ait tout envahi.

M. Dubois (de Nantes) réplique. Il voudroit qu'il y eût pour tous cette égalité que l'on réclame si souvent; que le civil ne fût pas séparé du religieux; que le prêtre ne fût plus regardé comme un fonctionnaire salarié. M. Comte déclare alors qu'il n'a voulu parler que des ecclésiastiques salariés, seulement en considération de leur salaire, et non sous le rapport de la liberté religieuse. M. Renouard combat l'amendement au nom de la véritable liberté des cultes, et attendu que l'élection aux conseils-généraux est un droit pour tous ceux qui paient le cens. M. Dubois trouve fort bizarre l'exclusion que l'on propose, lorsqu'elle n'existe pas pour la chambre des députés. M. Dupin aîné, dans une courte réplique, persiste dans son opinion. L'amendement qui prononce l'exclusion passe à une foible majorité. Une grande agitation succède à ce débat.

M. Dupin, satisfait, reprend le fauteuil, et donne lecture de quelques articles que l'on adopte sans opposition. Ils portent que les membres des conseils-généraux, qui auront manqué à deux sessions, seront réputés démissionnaires; que l'on renouvellera les conseils tous les six ans; que le gouvernement aura la faculté de dissoudre les conseils-généraux.

On arrive aux conseils d'arrondissement. L'art. 18 établit qu'ils auront autant de membres qu'il y aura de cantons, sans que le nombre puisse être au-dessous de neuf. Adopté, après quelques débats.

Le 18, M. J. Lefèvre demande la parole sur le procès-verbal. On y a mis qu'au nombre des fonctionnaires exclus des conseils-généraux seroient les ministres du culte salarié par l'Etat. Le mot salarié a été mis au singulier, ce qui interdira l'entrée des conseils aux ecclésiastiques qui n'exercent aucune fonction rétribuée : telle n'a pu être l'intention de la chambre. Le mot salarié doit s'appliquer aux ministres et non au culte. (Oui, oui ).

M. le président Dupin pense qu'il convient d'autant plus de faire droit à cette réclamation, que, dans l'amendement écrit par M. Comte, le mot salarié est au

pluriel, et que ce député a rendu plus clairement son intention par une explication donnée dans le cours de la discussion. La rectification est ordonnée.

M. Glais-Bizoin se plaint, à cette occasion, de la manière très-inexacte dont le Sténographe reproduit les séances, et de ce que ce journal enfreint la convention de ne point s'occuper de politique, ni se faire l'appui de telle ou telle opinion.

M. de La Pinsonnière lit un rapport sur des projets de loi d'intérêts locaux. M. Dumon fait la proposition de rétablir le traitement des premiers présidens et procureurs-généraux tel qu'il étoit l'année dernière.

On reprend la discussion de la loi départementale. D'après les dispositions adoptées dans cette séance, les conseillers d'arondissement attribués à chaque canton seront nommés par les électeurs de ce canton. Ceux-ci seront en nombre égal, parmi les citoyens les plus imposés, au centième de la population de la commune. On sera éligible, pour les conseils d'arrondissement, en payant 100 fr. de contributions. Les membres des conseils - généraux et d'arrondissement seront tenus au serment. Il est interdit à ces conseils de délibérer sur des sujets étrangers à leurs attributions. Le préfet auroit la faculté de suspendre l'exécution de leurs décisions, sauf à en référer au gouvernement.

Après quelques débats, la chambre a rejeté un amendement de M. Larabit, tendant à rendre publiques les séances du conseil, à moins que cinq membres ne s'y opposent; et un de M. Baudet-Lafarge, laissant la faculté aux conseils d'ordon ner l'impression des procès-verbaux de leurs séances.

Sur la proposition de M. Demarçay, il a été décidé que les conseils ne pourroient voter, si la moitié au moins des membres n'étoient présens.

AVIS.

MM. les Souscripteurs dont l'abonnement expire au 1er février prochain sont priés de le renouveler promptement, pour ne pas éprouver de retard. Ils voudront bien joindre à leur demande une de leurs adresses imprimées. Prix actuel de l'abonnement : Pour un an, 42 fr.; pour six mois, 21 fr.; pour trois mois, 11 fr. On ne reçoit que les lettres affranchies.

Le Gérant, Adrien. Le Clere. པ

COURS DES EFFETS PUBLICS.-Bourse du 18 janvier 1833.

Trois pour 100, jouissance du 22 dèc., ouvert à 73 fr. 05 c. et fermé à 73 fr. 10 c. Cinq pour 100, jouiss. du 22 sept., ouvert à 101 fr. 30 c. et fermé à 101 fr. 30 e. Actions de la Banque.

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. 1662 fr. 50 c.

IMPRIMERIE D'AD. LE CLERE ET COMP.

MARDI 22 JANVIER 1833.

(N° 2053.)

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OEuvres du Père La Colombière, Jésuite;
nouvelle édition (1).

Claude de La Colombière étoit né en 1641 à St-Symphorien d'Ozon, près Lyon. Il entra jeune encore chez les suites et après avoir professé quelque temps dans les colles, sur vant l'usage, il se livra au ministère de la direction des con sciences. On l'envoya en Angleterre comme prédicateur de la duchesse d'Yorck, belle-sœur de Charles II. Cette princesse étoit catholique, et avoit à Londres une chapelle qui portoit beaucoup d'ombrage aux protestans. Les lois pénales contre les catholiques subsistoient dans toute leur force, et les préventions et les haines étoient en quelque sorte plus violentes et plus redoutables que les lois. Il falloit user de prudence pour ne pas effaroucher l'intolérance anglicane. Le Père La Colombière mena la conduite la plus propre à rassurer les ennemis du papisme. Loin de chercher à attirer les regards, il ne sortoit point, pas même pour voir ce qu'il y avoit de curieux à Londres. Il n'alloit même chez la princesse que lorsqu'elle le faisoit appeler, et se bornoit à ce qui étoit de son ministère. Il prêcha dans la chapelle de la duchesse pendant dix-huit mois. Son ministère ne fut pas stérile, et l'on assure qu'il parvint à ramener plusieurs Anglais à la foi de leurs pères, et à toucher plusieurs apostats. Il n'en fallut peut-être pas davantage pour éveiller les soupçons, dans un temps et dans un pays où la haine contre l'ancienne religion de l'Angleterre étoit portée au dernier point. La reine, épouse de Charles Ier,' avoit été forcée de congédier la plupart des prêtres qui l'avoient suivie; la duchesse d'Yorck éprouva les mêmes tracasseries. On ne révoit alors que conspiration de la part des catholiques; le Père La Colombière fut accusé d'avoir trempé dans le prétendu complot dénoncé par l'imposteur Oatès. Il fut arrêté et banni par le parlement. Arnauld lui-même, dans son Apologie pour les catholiques, convient que l'accusation étoit absurde. La Colombière, de retour en France, fut envoyé à Paray-le

(1) Sept. vol. in-12, prix, 15 fr. A Avignon, chez Seguin, et à Paris, chez Ad. Le Clere et compagnie, au bureau de ce journal.

Tome LXXIV. L'Ami de la Religion.

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Monial, en Bourgogne, où les Jésuites avoient une maison qu'il avoit déjà précédemment habitée. C'est là qu'il connut Marie-Alacoque, religieuse au monastère de la Visitation de Paray. Il l'encouragea dans sa dévotion au sacré cœur, et fut lui-même un des plus zélés pour répandre cette dévotion. La piété dont il faisoit profession et les vertus dont il donnoit l'exemple ne pouvoient qu'ajouter une nouvelle autorité à ses exhortations. Malheureusement une maladie de poitrine qu'il avoit contractée en Angleterre ne lui permit pas de rendre tous les services qu'on pouvoit attendre de ses talens. Il mourut à Paray le 15 février 1682, avec la réputation d'un religieux humble, laborieux et austère.

Ses OEuvres se composent de sermons, de réflexions chrétiennes, de méditations, d'une retraite et de lettres spirituelles. Les sermons ont été réimprimés plusieurs fois; en 1757, on en donna à Lyon une nouvelle édition, avec quelques corrections dans le langage. L'éditeur avoit voulu faire disparoître le principal sujet de reproche que l'on faisoit à ces discours, où il y a du naturel et de l'onction, mais où il se trouvoit aussi des expressions surannées, et qui pouvoient nuire aux sages et solides réflexions du prédicateur. C'est cette édition qu'on a suivie dans celle que nous annonçons. Le Père La Colombière avoit prêché deux carêmes devant la duchesse d'Yorck, et tous les dimanches et fêtes pendant dix-huit mois ; il a aussi prêché les dominicales à Lyon, et prononcé d'autres discours dans des occasions particulières. Cependant on n'a point rangé ses sermons sous les divisions ordinaires d'avent, de carême et de dominicale, parce qu'on n'a rien trouvé qui pût guider sûrement dans cette classification. Il y a des sermons pour toutes les grandes fêtes de l'année, pour les fêtes de la sainte Vierge, pour celle de quelques saints, pour le carnaval, sur les principales vérités de la religion, sur différentes vertus chrétiennes, etc. Les sermons remplissent cinq volumes de la présente édition.

Les réflexions chrétiennes occupent les deux tiers du t. VI, et roulent sur divers sujets de religion et de morale, sur des pratiques de piété, sur l'éducation des enfans, sur des vertus et des vices, etc. Ces réflexions peuvent servir de sujets de lecture dans les familles chrétiennes. Le tome VI est terminé par des méditations sur la Passion. Il y a dix méditations en tout

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