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sur les différentes circonstances de la Passion. Ces méditations étoient destinées pour les vendredis de Carême, et paroissent avoir été prononcées; elles ont plutôt l'air d'exhortations familières que de méditations proprement dites. Cependant, elles peuvent très-bien servir sous l'un et l'autre rapports.

La retraite spirituelle est le résultat de la retraite que fit le P. La Colombière, suivant l'usage de Jésuites, en commençant son noviciat du 3o an. Cette retraite doit être de trente jours. Le pieux auteur voulut se rendre compte à lui-même des grâces qu'il avoit reçues, des réflexions qui l'avoient frappé, des résolutions qu'il avoit formées. Depuis, il prit le même soin pour une retraite qu'il fit à Londres en 1677. Ce sont ces deux retraites qu'on a réunies ici. Les ames pieuses consulteront avec fruit ce récit naïf que fait La Colombière de ses pensées et de ses sentimens pendant ses exercices spirituels.

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Le reste du tome VII est rempli par les Lettres spirituelles, écrites par l'auteur à différentes personnes, et particulièrement à des religieuses de la Visitation, dont il avoit été le directeur. Il avoit une sœur dans cet ordre, et plusieurs des lettres lui sont adressées aucune lettre n'a de date. On voit seulement qu'il y en a un certain nombre qui ont été écrites d'Angleterre ; peut-être auroit-on pu essayer de les ranger par ordre chronologique. On a cru sans doute que cela étoit peu important pour des lettres de direction et de piété, dont l'utilité est indépendante des temps et des lieux. Il y a en tout 139 lettres.

On ne peut que féliciter M. Seguin, d'Avignon, qui a imprimé tant de bons livres, d'avoir aussi réimprimé celui-ci. On remarque qu'il a une prédilection particulière pour les ouvrages des Jésuites, et, en effet, cette société en a produit tant de bons et d'utiles dans le genre de la piété, qu'on n'a que l'embarras du choix pour ceux qu'on veut reproduire. Ceux du père La Colombière sont des plus estimables en ce genre.

nouvelles ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Un des plus anciens de MM. les curés de Paris vient d'être enlevé à sa paroisse et à ses amis; M. Louis-Joseph Leriche, curé de Saint-Paul-Saint-Louis, est mort le 16 janvier 1833. 11 étoit né à Paris le 17 janvier 1755 et étudia au collège Sainte-Barbe, où il devint ensuite maître. Il reçut le sacerdoce aux quatretemps de la Trinité en 1779. Peu avant la révolution, il entra

comme précepteur chez le marquis de Juigné, frère de M. l'arche vêque de Paris. Il suivit cette famille dans l'émigration et partagea ses traverses. De retour en France, il fut premier vicaire de la paroisse Notre-Dame. On le nomma en novembre 1810 à la cure de Saint-Paul-Saint-Louis, rue Saint-Antoine, à la place de M. l'abbé Delaleu (*), qui avoit passé à la cure de Saint-Germainl'Auxerrois. M. Leriche a occupé cette cure plus de vingt-deux ans et est mort le jour même où il terminoit ses soixante dix-huit ans, Pasteur estimable, ami des pauvres, il ne savoit leur rien refuser et est mort pauvre. Ses obsèques ont eu lieu le samedi 19. -L'association des Jeunes-Economes, instituée pour le placement des jeunes filles pauvres, célébrera le dixième anniversaire de sa fondation par une réunion de charité, dans l'église St-Germaindes-Prés, le 24 janvier prochain. Après la messe, qui sera dite à midi, sermon par M. l'abbé Mathieu, vicaire-général, curé de la Madeleine, évêque nommé de Langres. Les personnes qui ne pour roient assister à la réunion sont priées de verser leurs dons chez madame Lauras, quai Conti, no 3.

On nous prie de communiquer à nos lecteurs la lettre suivante qui donne des détails sur un fait fort remarquable et qui est munie de témoignages nombreux et imposans:

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Romans (Drôme), le 10 janvier 1833.

Monsieur le rédacteur, j'ai recours à votre estimable journal pour faire connoître un événement que tous les gens de bien apprendront avec plaisir.

» J'avois réclamé les prières du prince de Hohenlohe en faveur de cinq personnes de cette ville, au nombre desquelles je comptois M. Isidore Vial. Ce jeune homme se voyoit depuis trois ans entièrement privé de l'usage de la langue. Réduit à n'employer d'autre moyen pour communiquer sa pensée que la plume et le crayon, il inspiroit à tout le monde le plus vif intérêt. Des médecins distingués de la Faculté de Montpellier, où il avoit passé plusieurs mois, avoient pour le guérir épuisé sans succès toutes les ressources de leur art. La médecine étant impuissante dans ce cas, il en avoit depuis long-temps abandonné les remèdes; mais iļ

(*) Joseph Delaleu, né à Paris en 1751, fut reçu en 1778 docteur de la Faculté de théologie de Paris. M. de Boisgelin, évêque de Lavans, lui donna un canonicat dans sa cathédrale. Mais M. Delaleu préféra exercer le ministère à Paris. Il étoit à l'époque de la révolution second vicaire à Saint-Eustache. Ni l'exemple de son curé ni celui de la plupart des prètres de cette paroisse ne purent le déterminer à faire le serment. Pendant la révolution, il rendit des services dans cette paroisse. Après le concordat, il fut nommé à la nouvelle cure de Saint-Paul-Saint-Louis ; l'église de Saint-Paul ayant été abattue, la paroisse étoit établie à l'ancienne église des Jésuites, d'où lui vient le nom de Saint-Paul-Saint-Louis. En 1810, M. Delalen fut tranféré à Saint-Germain-l'Auxerrois, il occupa peu cette cure, étant mort le 6 juin 1811. C'étoit, un ecclésiastique capable et zélé.

avoit invoqué celui qui sait commander à la nature et faire parler les muets. Madame veuve Vial, sa mère, espéroit toujours, et n'attendoit que du ciel la guérison de son fils. Le 25 novembre 1832, M. l'abbé Forster, curé de Huttenheim, me répondit, au nom du prince, que S. A. prieroit le 13 et le 21 du mois suivant pour les personnes que j'avois recommandées. Madame Vial, que j'informai aussitôt de cette réponse, la communiqua à plusieurs personnes, et commença une neuvaine le 13 décembre. Le 21 du même mois, dernier jour marqué par M. Forster, à 9 heures du matin, l'usage de la parole a été rendu à M. Isidore Vial. C'étoit au moment même où sa mère, au pied des autels, pendant le sacrifice de la messe, unissoit sa prière à celle du prince pour obtenir la guérison de son fils. Depuis cet heureux jour, le jeune homme, qui est âgé de 29 ans, parle avec la même facilité qu'autrefois. Je m'abstiens de toute réflexion. Cet événement a fait une impression profonde sur une population de dix à douze mille ames qui en a été témoin. Une messe d'actions de grâces a été célébrée. La famille de M. Isidore Vial y assistoit: lui-même a voulu témoigner sa reconnoissance à Dieu en le recevant dans la communion. Puisse le bruit de cette guérison retentir au loin et faire bénir ce Dieu bienfaisant qui soulage les maux de ceux qui espèrent en lui!

» Pour ne laisser aucun doute sur les faits que je viens de rapporter, je joins ici le témoignage de plusieurs personnes dignes de foi.

» Je suis avec une considération distinguée, Monsieur...

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CHAMPION, Vicaire de Romans.

Nous, soussignés, joignons avec empressement notre témoignage à celui de M. l'abbé Champion, vicaire de Romans, et déclarons que tout ce qu'il rapporte ci-dessus, touchant la guérison de M. Isidore Vial, est conforme à la vérité.

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Fait à Romans, le dix janvier mil huit cent trente-trois.

I. Viard, veuve Vial, née Talin; A. Bron, Talin, avocat; R. Vial, Talin, Girard, Darier-Roy, directeur de l'hôpital; Barazet, Chapot, Jean Rollet, le comte de Montélégier, commandeur de l'ordre de St-Louis; Chaptal Sulpice, chevalier de St-Louis; P. Eynard, aumônier des Sœurs du St-Sacrement; Deléaud, Rouveyre, B. Montbrun, vicaires de Romans; Michel, supérieur du séminaire, vicairegénéral. »

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Le conseil académique de Clermont a tenu dernièrement une séance pour la distribution des médailles aux instituteurs qui ont obtenu les meilleurs résultats. M. Besse-Beauregard, procureur du Roi et membre du conseil, y a prononcé un discours dans lequel il a rendu justice aux Frères des écoles chrétiennes. Les différentes méthodes pour l'instruction primaire sont appliquées à Clermont; cependant, c'est aux Frères que le conseil académique a décerné la médaille d'argent. M. Besse n'a point dissimulé qu'il avoit des préventions contre les écoles chrétiennes; il avoit probablement entendu des plaisanteries sur les ignorantins et sur leur costume. Mais sa bonne foi n'a pu tenir contre l'évidence; il a visité les écoles des Frères, et il a appris ce que peuvent des hommes

agissant par vocation, poussés par un puissant véhicule, et dégagés des autres préoccupations de ce monde. Nous citerons un passage de son discours, qui a été publié dans la Gazette d'Auvergne :

« Ces écoles, où différentes méthodes sont suivies, sont nombreuses et généralement tenues avec soin. Mais, de tous ces établissemens, ceux qui nous ont le plus satisfaits, sont ceux dirigés par les Frères des écoles chrétiennes. Notre opinion a été unanime à cet égard, et doit paroître d'autant moins suspecte que quelques uns des visiteurs (peut-être que j'étois de ce nombre), n'étoient pas l'abri de certaines préventions. Il a fallu se rendre à l'évidence, et reconnoitre que, si l'habit ne fait pas le mérite, le mérite doit être apprécié malgré l'habit.

à

>> Les frères donnent l'enseignement dans la ville, et dans cinq locaux Caférens, à près de mille enfans, appartenant pour la plupart aux classes ouvrières. Ils suivent une méthode simultanée qui leur est propre, et réunissent dans la même école jusqu à 200 enfans. Un avantage qui paroît leur être particulier, c'est de savoir maintenir l'ordre, le silence et une attention soutenue dans ces fourmilières de marmots; et ce qui paroît surtout remarquable, c'est que ces enfans se livrent aux exercices animés de leurs études avec le même empressement et cet air de satisfaction qu'ils apportent aux plaisirs ordinaires de leur âge. Ce point est important, car tout l'art d'enseigner n'est peut-être que l'art d'intéresser l'esprit et dé captiver l'attention.

« D'heureux succès devoient couronner ces soins. Nous avons vu des enfans de dix à douze ans lire bien couramment, écrire avec toute l'élégance de la calligraphie, posséder les élémens de l'arithmétique, avoir des notions de géographie et même d'histoire générale.....

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Ces écoles sont dignes de grands éloges; elles nous ont appris ce que peuvent des hommes qui agissent par vocation, poussés par un puissant véhicule, et dégagés des autres préoccupations de ce monde.

>> C'est donc à ces écoles, dans la personne de leur directeur, que le conseil académique a décerné la médaille d'argent, par sa délibération du 21 septembre dernier, sanctionnée par le conseil royal d'instruction publique.

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Puisse cette récompense être pour ces zélés instituteurs un nouveau motif d'encouragement, et, pour les autres, une excitation à l'application et au travail, afin de pouvoir la mériter à leur tour.

Il suffit d'avoir rempli le plus petit rôle politique pour mériter les éloges funèbres de quelque organe de la presse; pourquoi la charité n'auroit-elle pas aussi la parole pour dire, dans ce siècle de froid égoïsme, et les pertes qu'elle a faites, et les prodiges de dévoûment qu'elle a opérés? Une vie vient de s'écouler dont elle fut l'ame vie obscure, il est vrai, à travers le fracas de nos révolutions, mais bénie mille fois et bien connue du pauvre; elle a mérité les regrets des cœurs religieux et sensibles. Madame Eléonore Delphin, née Recamier, a terminé le 28 juillet dernier une existence certainement plus utile à la société que la vie retentissante

de plusieurs de nos grands hommes improvisés. Sa mort laisse un vide immense dans sa famille, dont elle étoit l'ange tutélaire par sa piété douce et affectueuse, par son caractère aimable et conciliant. Il y avoit dans cette ame un foud de bienveillance si universelle et si inépuisable, que ceux qui l'ont connue se rappelleront toujours qu'ils ne lui virent jamais d'autre passion que celle de la charité. Jamais aucune parole amère ne vint troubler la sérénité habituelle de ce visage, qui s'animoit d'une ardeur si belle quand il falloit plaider la cause des misérables ou peindre leurs besoins. Jamais l'ingratitude ou la perfidie de quelques-uns, la froideur repoussante de plusieurs ne refroidirent un seul instant cette religion du malheur, à laquelle elle avoit consacré sa vie. Elle fut souvent trompée, elle eut bien des refus et souvent bien des reproches à essuyer; elle s'imposa bien des privations dont personne ne lui sut gré, et tous ceux qui ont eu recours à elle peuvent dire qu'elle les accueillit toujours avec la même douceur, avec cet air de piété touchante qui déjà est une consolation pour ceux qui souffrent. Dans les temps de sa prospérité, Mme Delphin avoit chez elle unc salle de réception pour ses pauvres, où elle les entendoit à des heures marquées, comme le médecin ses malades, ou l'avocat ses cliens. Jamais elle ne se montra plus active que lorsqu'il s'agit d'arracher de jeunes ames à la corruption, en même temps qu'elle les arracheroit à la misère. Quand une maison de Providence s'éleva pour atteindre ce double but, elle en fut une des fondatrices les plus actives. Tous les genres de bonnes œuvres l'ont à la fois et constamment occupée: c'est dans ce commerce de charité qu'elle avoit tellement multiplié ses relations, qu'il n'y eut guère de personnages marquans de Lyon, prêtres, riches, ou administrateurs, avec qui elle n'ait eu quelque rapport de bienfaisance. Le trait suivant prouve d'une manière touchante quelle idée on avoit généralement de sa charité. Plusieurs officiers espagnols, arrivés à Lyon dans un dénûment total, furent adressés par une pauvre femme à madame Delphin, qui non seulement prodigua à leur misère actuelle les plus tendres soins, mais les mit de plus en état de gagner sans besoins nouveaux leur patrie. La première pensée que leur inspira la joie d'un retour, ce fut d'en exprimer en commun leur gratitude. Ne se rappelant pas la nom de leur bienfaitrice, ils lui destinèrent une lettre avec cette adresse: A la Dame la plus charitable de Lyon. Cette lettre parvint en effet à madame Delphin, et sa famille la conserve avec un soin religieux. On pourroit dire de la charité comme de la foi, qu'elle est capable de remuer les montagnes. Avec des moyens de fortune le plus souvent limités, madame Delphin a fait des choses incroyables. On la vit encore dans les dernières années de sa vie, pour arracher un père de famille honnête aux menaces impitoyables d'un créancier qu'elle n'avoit pu fléchir, faire à elle seule une quête à domicile, dont le

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