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produit rapide dépassa 8,000 fr. Combien étoit sublime, cette puissance de la charité qui, au fort de nos tempêtes révolutionnaires, forçoit la porte des prisons de s'ouvrir aux consolations et aux tendres soins; arrêtoit un instant cette fureur anti-religieuse qui traînoit à l'île de Rhé ses charretées de prêtres, pour donner aux victimes le temps de recevoir quelque adoucissement; trouvoit enfin le moyen de faire traverser une partie de la France aux secours pécuniaires qui alloient s'offrir à ces mêmes victimes jusque dans le lieu de leur déportation! Maintenant, l'ame qui concevoit toutes ces choses s'en est allée recevoir la récompense promise aux miséricordieux; mais la charité ne meurt pas, elle a dans l'exemple même de ses œuvres une filiation perpétuelle : un homme s'est déjà présenté pour réclamer comme un touchant héritage le soin des pauvres cachés que madame Delphin secouroit encore. Nous voudrions pouvoir nommer un des hommes les plus influens de notre

eité.

La veille de Noël, la mosquée qui a été cédée les Musulpar mans d'Alger, a été bénite par M. l'abbé Colin, préfet apostolique à Alger. La messe de minuit y a été célébrée, et le jour de la fête, l'état-major y assista en grande pompe à une messe militaire. L'affluence a été grande toute la journée, et des motifs de curiosité se mêloient aux autres raisons qui appeloient à l'église en ce jour solennel. Jusque-là, les égards pour les usages des Musulmans et les stipulations de la capitulation de 1830, s'étoient opposés à ce qu'on visitât les mosquées. L'intérieur de ces édifices étoit soigneusement dérobé aux regards des chrétiens. Ceux-ci ont donc observé avec une attention extrême la mosquée qui vient de leur être ouverte à Alger. Ce n'est pas tant les marbres, les dorures et la beauté des colonnes qui les frappoient, mais une foule d'objets tout nouveaux, ce sanctuaire où, pour la première fois, on pénétroit librement, ces versets du Coran gravés sur les piliers, ces galeries suspendues et ces chaînes qui tombent du haut du dôme et qui sont destinées à supporter des lampes d'argent dans les temps du Baïram. La foule n'a pas diminué pendant la journée. Le Moniteur algérien, d'où nous tirons ces détails, dit que la nouvelle église catholique d'Alger est la première qui ait été consacrée depuis quatorze siècles en Afrique et qui existe en ce pays. C'est une erreur, il y a des églises catholiques dans les établissemens espagnols et portugais en Afrique, à Ceuta, à Angola, à Saint-Thomas', etc.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Quelques journaux ont publié la lettre suivante adresssée, dit-on, par madame la duchesse de Berry à madame la Dauphine. Nous n'avons aucun renseignement sur l'authenticité de cette lettre, on dit que la copie a été apportée par une personne arrivée récemment de Prague. Quoi qu'il en soit, les pensées et le style

nous paroissent tout-à-fait conformes à ce qu'on sait du caractère de la princesse :

Le bruit de nos malheurs, dit l'auguste prisonnière, aura probablement devancé cette lettre. La loyauté et le dévoûment de nos fidèles Vendéens et Bretons n'ont pu me sauver. Un homme, un étranger qui me devoit plus que la vie, a trafiqué de ma liberté. Une conscience sans reproche et ma soumission aux décrets de la Providence, me donneront la force dont j'ai besoin pour supporter mes revers. Je penserai à vous, ma sœur, aux traitemens barbares que vous eûtes à endurer; aux horribles épreuves qu'il vous fallut subir dans un âge plus tendre; je penserai à vous, et votre exemple m'apprendra à souffrir avec patience. Le sang de MarieThérèse coule aussi dans mes veines. Je ne démentirai pas une si noble origine. Quant à toi, mon fils, garde-toi de rendre la France responsable de nos malheurs. Si elle pouvoit exprimer librement ses vœux, nous ne serions pas, toi, dans l'exil, et ta mère dans les fers. Prépare-toi aux hautes destinées qui te sont réservées, ne néglige aucune occasion de t'instruire. Pour commander aux hommes, ee n'est pas assez des avantages dus au hasard de la naissance; il faut surtout les surpasser en lumières, en sagesse, en bonté, en courage. Redouble d'efforts et d'application, et travaille sans relâche à te rendre digne de ta race et de la France.

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» Je termine par toi, ma Louise, ton cœur sensible sera déchiré au récit des souffrances de ta mère. Combien je suis heureuse, dans mon infortune, de penser que ton excellente tante me remplace près de toi, et que les soins de sa tendresse adoucissent tes chagrins! Tu es française, tu seras mère un jour; tu comprendras alors tout ce que j'ai dû faire pour mon fils et pour la France. »

La souscription ouverte à Marseille en faveur de madame la duchesse de Berry, qui s'est accrue depuis peu de 2,065 fr., s'élève maintenant à 28,943 fr. Celle de Grenoble est portée à 17,139 fr., au moyen de nouveaux dons, parmi lesquels M. le comte Emmanuel de Quinsonnas figure pour 1,000 fr.; M. le marquis Ch. de Murinais, madame la comtesse de Leusse de Beausemblant, et un anonyme, chacun pour 500 fr. On a recueilli à Pernes, arrondissement de Carpentras, 761 fr.; à Cavaillon, arrondissement d'Avignon, 501 fr.; à Pellissanne (Bouchesdu-Rhône), 232 fr. ; à Cannes (Var), 81 fr.

Un poète du dernier siècle a cru remarquer que la lumière venoit du Nord. S'il existoit de nos jours, il auroit à faire une observation plus justes et plus piquante: c'est que la tolérance religieuse vient maintenant d'Alger. Oui, d'Alger; de la côte d'Afrique; du pays des Bedouins. Ces gens-là en savent aujourd'hui plus long sur ce point que nos patriotes de juillet, que nos hommes progressifs et régénérateurs. Ces derniers n'ont pas souffert depuis trois ans que les fidèles de la religion catholique, que le peuple du royaume très-chrétien ait assisté aux offices de la nuit de Noël. Hé bien, ce qu'ils ne tolèrent pas en faveur du culte et de l'Eglise dans lesquels ils sont nés, les Algériens l'ont permis chez eux à des étrangers, sans aucune difficulté. Ils ont fait plus; ils ont cédé pour cela un de leurs propres temples. Ainsi vous voyez bien que les libéraux de France, malgré tout ce qu'ils nous disent des progrès de leur raison publique, sont moins avancés que les Bedouins de la côte d'Afrique. Cela est dur pour eux.

Un journal révolutionnaire, traitant la question du régicide d'une manière générale et large, pose en fait que, si la société peut disposer de la vie du dernier de ses membres, il n'y a pas de raison pour que la personne de Louis XVI ait été plus inviolable qu'une autre, et qu'un roi peut tout aussi bien être tué qu'un autre homme sur l'échafaud. Il nous semble que c'est pousser loin la passion de l'égalité, et ne pas tenir compte des différences de situation les plus frappantes. La société ne dispose de la vie des particuliers qu'en vertu d'une législation qui les avertit d'avance des dangers qui les menacent dans tel et tel cas. Elles ne les surprend point par des guet-apens et des coups imprévus. Ils savent enfin le sort qui les attend s'il leur arrive de commettre des crimes capitaux. Les mèmes règles ne sont point établies à l'égard des rois. Bien loin de les avertir comme les autres hommes de prendre garde d'encourir les rigueurs de la justice, les lois leur disent au contraire que leur personne est inviolable et sacrée ; que toute justice émane d'eux, et que la société a formeilement renoncé à leur égard au droit de vie et de mort qu'elle exerce envers tous ses autres membres. Il leur est donc bien permis de s'endormir sur la foi d'un ordre de choses ainsi établi. Et vous venez ensuite les réveiller tout à coup de cette sécurité, pour leur annoncer que vous voulez les faire mourir en vertu d'une loi que vous allez faire tont exprès pour cela ! Vous qui ne souffrez la rétroactivité en rien, et qui avez raison de ne la pas souffrir, vous arrivez inopinément avec une exception pour demander la tête d'un roi! Vous voyez bien qu'il y a quelque chose d'énorme dans votre attentat, et que, tout en disant que vous voulez traiter les rois comme les autres hommes, vous les immolez cependant par surprise et guet-apens.

Louis-Philippe est arrivé à Paris avec sa famille le samedi 19 janvier à huit heures et demie du soir. Le 16, après avoir visité l'hôpital et fait ses adieux au roi et à la reine des Belges, il avoit quitté Lille pour aller coucher à Douai. Le 17, il a passé en revue dans cette dernière ville l'artillerie du siége d'Anvers et la division Schramm. Le 18, il s'est mis en route pour Compiègne, en passant par Péronne et par Roye. Il a quitté Compiègne le 19 à trois heures. Léopold et son épouse sont partis de Lille pour Bruxelles le 18.

Les libéralités de Louis-Philippe, à Lille, consistent en 2,000 francs pour l'hôpital général et 4,000 fr. pour le bureau de bienfaisance. La reine et madame Adélaïde y ont ajouté 2,000 fr.

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M. le maréchal président du conseil est arrivé le samedi 19, à 3 heures, au ministère de la guerre. A la revue qui a été passée à Douai, M. Soult avoit reçu un coup de pied de cheval. La contusion qui en a été le résultat n'a cependant rien de grave. Le même cheval a en même temps mordu une autre personne, et heurté violemment un officier, dont le chapeau a été lancé à une assez grande distance.

M. l'ambassadeur de la Belgique est arrivé à Paris le même jour. Il a reconduit le roi et la reine des Belges jusqu'à la frontière.

MM. le duc d'Istrie et de Bassano, officiers de la garde nationale de Paris,

qui se sont rendus comme volontaires au siége d'Anvers, ont reçu la décoration de la Légion-d'Honneur.

Des ordres sont donnés pour la dislocation de la division de réserve d'infanterie de l'armée du Nord, commandée par le lieutenant-général Schramm. De nombreux congés sont successivement accordés de tous les points où sont rassemblés les militaires français. Ces mesures, disent les journaux ministériels, sont la conséquence de la certitude que l'on acquiert de plus en plus du maintien de la paix générale.

Le 58 régiment de ligne, qui faisoit partie de l'armée devant Anvers, est arrivée à Paris, où il remplace dans la garnison le 16° régiment, qui est parti pour Châlons-sur-Marne. La garde nationale de la banlieue de Paris a voulu accompagner jusqu'aux portes de Paris les militaires du 58° régiment.

Les journaux ministériels démentent le bruit qui s'étoit répandu d'une mésintelligence entre MM d'Argout et Gisquet.

Le portrait du maréchal Ney vient d'être placé, avec ceux des marécha ux morts, dans la salle du conseil des Invalides. Il ne reste plus aux Tuileries que les portraits des douze maréchaux vivans, ainsi que ceux de deux vice-amiraux.

L'Académie des inscriptions et belles - lettres a élu, pour correspondans français, MM. Jouannot et de Caumont (M. Delaporte, vice-consul à Tanger, a eu, après eux, le plus de suffrages); et, pour correspondans étrangers, MM. Labus et Quaranta en Italie, Millingen en Angleterre, Hermann à Leipsick. Les autres voix se sont portées principalement sur MM. Thiersch, Avellino et Inghixami.

- La cour de cassation a rejeté le pourvoi de M. Ledieu, condamné à 6 mois de prison et 500 fr. d'amende, pour outrage et diffamation envers le ministre de la guerre.

Le tribunal de première instance a prononcé le 18 son jugement sur le procès intenté à M. le duc Decazes par M. Courtois, fils de l'ex- conventionnel, pour obtenir la restitution de différens papiers, et notamment du testament de la reine Marie-Antoinette. Conformément aux conclusions de M. le substitut Ernest Descloseaux, le tribunal s'est déclaré incompétent, attendu que les faits sur lesquels est fondée la réclamation ont eu lieu, de la part de M. Decazes, lorsqu'il étoit ministre de la police et dans l'exercice de ses fonctions, et que les ministres ne sont pas sous ce rapport justiciables des tribunaux ordinaires.

La cour royale a évoqué l'affaire de M. Tardif, substitut du procureurgénéral.

C'est prématurément que l'on a annoncé que deux des individus arrêtés au sujet du coup de pistolet étoient renvoyés en cour d'assises. La ceur royale n'a pas encore statué sur les conclusions du procureur-général.

Le colonel Amoros, fondateur et directeur du gymnase militaire à Paris, a été chargé par le ministre de la guerre d'inspecter les gymnases régimentaires établis pour le génic à Arras, à Metz et à Montpellier.

Pendant l'année 1832, il y a eu à Paris 153 incendies et 1134 feux de cheminée où les pompiers aient été appelés.

- Plusieurs dames se sont chargées de recevoir à Paris les souscriptions ouvertes de toutes parts en faveur de Marie Bossi et Charlotte Moreau. Ce sont mesdames la princesse de Bauffremont, les marquises de Pastoret, de Fitz-James et de Béthisy, et les comtesses de Chastellux et d'Orglandes. Au 15 mars prochain, il sera donné connoissance du résultat général des souscriptions.

La Gazette du Midi est poursuivie, à raison de la publication de vingtsept adresses à madame la duchesse de Berry. C'est le 32° procès de cette feuille royaliste.

M. de Mesnars est arrivé le 12 à Montbrison. Le président des assises, le procureur du Roi et le préfet sont allés aussitôt le voir. M. de Mesnars a été mis au secret jusqu'à son interrogatoire.

M. de Blanchard de Val, chef de bataillon en solde de congé à Bordeaux, a été invité par le général Desparamont, commandant le département de la Gironde, à faire connoître par écrit si c'est bien lui qui a signé l'adresse de Bordeaux à madame la duchesse de Berry. Le commandant Blanchard n'a pas hésité à s'en déclarer signataire. Nous apprendrons sans doute au premier jour la mesure qui sera prise à son égard.

Dans la nuit du 10 au 11 janvier, un drapeau blanc a été suspendu au bâtiment qui servoit de corps-de-garde à Chamberteau (Vendée). On avoit placardé à la porte un écriteau, avec cette inscription: Vive Henri V!

Le tribunal correctionnel des Sables d'Olonne a condamné à 6 et 8 jours de prison 13 gardes nationaux de cette ville, qui avoient refusé de marcher avec un détachement levé contre les chouans.

Le lieutenant-général Soult est arrivé le 12 janvier à Toulon, pour prendre le commandement de la 10 division militaire, en l'absence du lieutenant-général Guyot, qui a obtenu un congé d'un mois.

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D'après les ordres du procureur du Roi, la police a saisi à Dijon les poignards, les pistolets à baïonnette, les cannes à sabre, à épée et à lance, qu'elle a pu rencontrer. Ces armes prohibées s'étoient fort multipliées dans ces derniers temps.

Le lieutenant-général Milhaud, ancien membre de la Convention nationale, et l'un de ceux qui votèrent la mort de Louis XVI, est mort le 8 janvier à Aurillac, à la suite d'une longue maladie. Il étoit âgé de 66 ans.

Dans la séance du 17, la chambre des représentans de Belgique a adopté la proposition du sénat tendant à offrir une épée d'honneur au maréchal Gérard, pour donner à l'armée française dans la personne de son chef un gage de la reconnoissance nationale. La discussion a eu lieu en comité secret. M. d'Huart pensoit que ce seroit manquer aux princes français et aux autres généraux que de n'offrir une récompense qu'à M. Gérard. M. de Rodenbach a répondu qu'en n'accueillant pas la résolution du sénat, on donneroit lieu à de fâcheuses préventions;

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