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car, en France, on se plaint déjà de l'ingratitude ou de l'indifférence des Belges envers l'armée française. Cet orateur vouloit toutefois, avec MM. Jaminé et Dumortier, que l'on fixât la somme à consacrer à la fourniture de l'épée, mais on a bientôt reconnu qu'il étoit plus convenable de laisser cet objet à la discrétion du gouvernement. Il y a eu unanimité dans le vote. MM. Gendebien et Coppens ont seulement refusé d'y prendre part, regardant la nouvelle mesure comme un double emploi avec la résolution par laquelle on a voté des remercîmens à l'armée du Nord.

- M. Farquharson, un des plus habiles reporters où sténographes attachés à la rédaction des journaux de Londres, a été condamné à l'emprisonnement, pour avoir rendu compte des débats à huis - clos, d'une manière infidèle et outrageante pour les commissaires de la cour de la chancellerie, dans l'affaire de la succession du duc d'Yorck.

9.

Lord Hervey est arrivé de Madrid à Lisbonne, le 9 janvier, chargé d'une mission près du gouvernement portugais. Il paroît qu'une offre de médiation entre les parties contendantes est sur le point d'avoir lieu de la part des cabinets d'Angleterrre, de France et d'Espagne. La première disposition seroit un armistice. Lord Hervey a déjà eu des entrevues avec les consuls anglais et français, et avec lord Russel et l'amiral Parker. Un courrier a été expédié à don Miguel, qui n'étoit pas alors à Lisbonne.

L'amiral Sartorius n'ayant pas obtempéré à l'injonction qu'il avoit reçue des autorités espagnoles d'évacuer le port de Vigo, le gouvernement a expédié à Cadix les ordres nécessaires pour qu'un vaisseau, 2 frégates et 3 bricks allassent contraindre ce commandant pédriste à quitter ce port espagnol, et l'empêcher de relâcher dans aucun autre port d'Espagne.

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Les duels s'étant multipliés à Madrid entre les gardes-du-corps partisans de la reîne et ceux qui professent du dévoûment à don Carlos, le gouvernement, pour y mettre un terme, a licencié parmi les seconds 52 des plus exaltés, et il leur a été enjoint de quitter immédiatement la capitale.

S'il faut en croire le Garde national de Marseille, un traité de paix vient d'être conclu entre le Grand-Seigneur et le pacha d'Egypte, par suite de l'intervention de la France.

CHAMBRE DES PAIRS.

Le 19, après le rapport de quelques pétitions sans intérêt, M. Siméon, rapporteur de la commission à laquelle a été renvoyée de nouveau la proposition tendant à abroger la loi du 19 janvier 1816, en propose l'ajournement pur et simple. La majorité de la commission, dit-il, n'a pas cru devoir, pour éviter un dissentiment entre les deux chambres, effacer la dernière trace du crime affreux dont Louis XVI a été victime. C'est dans un but de conciliation que la chambre des pairs avoit fait à ses précédentes conclusions des modifications susceptibles d'être accueillies. On ne peut que regretter que l'autre chambre, au lieu de chercher à se rapprocher réciproquement, ait repoussé sans examen ces propositions.

La chambre décide que la discussion aura lieu de suite.

La résolution de la chambre des députés est ainsi conçue : « La loi relative au deuil annuel du 21 janvier est abrogée. »

MM. Boyer et Cousin présentent chacun un amendement. Ils consentent seule. ment à donner une qualification au jour en question. L'un propose de dire: La loi relative à la journée à jamais déplorable du 21 janvier 1793; l'autre, relative à l'évènement funeste du 21 janvier 1793.

M. Cousin, auteur du second amendement, croit que l'on doit abolir une loi de réaction, qui, sous le prétexte de flétrir un attentat, accuse la France, et n'est propre qu'à nourrir des divisions. Il ue pense pas que ce seroit porter atteinte au principe de l'inviolabilité royale. Au reste, l'épithète qu'il propose constatera l'improbation générale du crime du 21 janvier.

M. Villemain relève deux assertions du préopinant, qui auroit dit que tout anniversaire est un contre-sens, et que les nations n'aiment pas à consacrer leurs fautes. On peut abolir l'anniversaire; mais on ne peut pas effacer le souvenir, et c'est un des principes qui à dirigé la commission. M. Cousin répond qu'il n'y a jamais eu d'anniversaire qui ne soit l'œuvre d'un parti. M. de Barante l'interrompt alors, en lui faisant observer qu'il va attaquer les journées de juillet, pour les quelles on a institué un anniversaire.

M. le garde-des-sceaux pense que les chambres sont d'accord au fond, puisqu'il y a unanimité pour flétrir l'attentat du 21 janvier. Il exprime le désir que l'on se ́ rattache aux deux nouveaux amendemens, afin de faire cesser entre les deux assemblées législatives un dissentiment que le gouvernement voit avec peine.

M. Phil. de Ségur soutient que la chambre ne doit pas, par une crainte de colli. sion, abandonner une résolution prise trois fois après un mûr examen. MM. Rederer, de Montébello et Bérenger appuient l'amendement de M. Cousin. M. Mounier se plaint de la chambre des députés, qui n'a pas daigné faire connoître les motifs qui l'ont dirigée dans le rejet des amendemens de la chambre des pairs.

La discussion générale étant close, MM. de Bastard, de Lascours et de Sacy demandent que l'on introduise dans l'article le mot attentat. MM. de Montalivet et de Barante sont d'avis que l'on se borne à réunir les épithètes proposées par MM. Boyer et Cousin. Une proposition est déposée à cet effet, par M.Villemain, dans les termes suivans:

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La loi du 19 janvier 1816, relative au jour funeste et à jamais déplorable du 21 janvier 1793, est abrogée. »

Plusieurs membres réclament en vain la priorité pour l'amendement plus énergique de M. de Bastard. On met aux voix celui de M.Villemain. Un grand nombre de pairs insistent pour que le vote se fasse au scrutin. Son adoption a lieu à la majorité de 93 (nombre remarquable) contre 65.

A l'autre tour de scrutin, auquel on procède suivant l'usage pour l'ensemble de la loi, réduit cependant au seul article ci-dessus, il y a 88 billets portant oui, et 63 portant non. La résolution est ainsi adoptée.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 19, on fait le rapport de pétitions du samedi. Une réclamation du sieur Dalbet, pharmacien à Valençay, au sujet de la distribution des médicamens par les Sœurs de Charité, est renvoyée au ministre du commerce, la commission pensant que la législation sur la police sanitaire est incomplète.

MM. Piscatory, rapporteur, et de Schonen, appuient un mémoire du sieur Bernard, proscrit sous la restauration, 'sollicitant une loi en faveur des condamnés politiques de cette époque. Renvoi an ministre de l'intérieur.

Un créancier des emprunts des cortès demande la suppression de la cote du 3 pour 100 espagnol sur la cote authentique de la Bourse de Paris. La commission propose l'ordre du jour, attendu que le gouvernement ne peut empêcher cette publicité. MM. Garcias et Joly appuient la réclamation. M. le ministre des finances, après avoir confirmé ce qu'a annoncé le rapporteur, dit que ce qui donne la vogue aux fonds espagnols c'est l'intérêt usuraire qu'offre leur cours, et que, s'il se commet des fraudes, les tribunaux sont là pour en connoître.

M. Odilon Barrot croit que le gouvernement ne doit pas rester étranger à ce qui se passe à la Bourse, et qu'il faudroit bien qu'il intervînt si, par exemple, un agent de Charles X s'y présentoit pour y négocier un emprunt tendant à fomenter la guerre civile. Toute spéculation qui prête à la fraude ne sauroit non plus étre tolérée. M. Humann soutient qu'à Paris la Bourse doit être libre comme dans les autres capitales, tant qu'il ne se passe rien de dangereux contre l'Etat. M. de Chamaraule se plaint de ce que le gouvernement espagnol ne veuille point reconnoître les bons des cortès. La pétition est renvoyée au ministre des finances et au conseil des ministres.

En ce moment, les ministres reviennent de la chambre des pairs, qui a statué sur la proposition relative au 21 janvier. La séance est interrompue. On la reprend ensuite dans l'espoir de voir venir le message.

Dans le reste de la séance, la chambre a écarté par l'ordre du jour, malgré les instances de M. Garnier-Pagès, une pétition de 56 Espagnols réfugiés à Blois, se plaignant de ce qu'on ne leur accorde plus de secours depuis l'amnistie; et elle a adopté la résolution par laquelle l'affaire du déficit Kessner est renvoyée à un nouvel examen.

Le 21, M. de Corcelles lit une proposition relative à la nomination des commissions et aux rapports des pétitions.

M. le président Dupin donne lecture du message de la chambre des pairs sur l'abrogation de la loi relative au 21 janvier. M. B. Delessert pense que l'on doit répondre au dernier vote de la chambre des pairs, en adoptant sans discussion, et sur-le-champ, sa résolution. M. Salverte s'y oppose avec ses amis. M. Debelleyme fait de vains efforts pour que l'on mette aux voix la proposition de M. B. Delessert. La parole reste à M. Salverte, qui s'attache à critiquer l'épithète donnée par la chambre des pairs, attendu que l'événement du 21 janvier appartient maintenant à l'histoire seule.

La clôture est aussitôt prononcée. M. de Corcelles demande le retranchement des mots à jamais déplorable. M. Berryer repousse ce sous-amendement et l'amendement lui-même de la chambre des pairs. L'orateur soutient, au milieu des interruptions, que la loi de 1816, au lieu d'accuser la France comme on l'a prétendu, est une protestation en son nom contre l'attentat du 21 janvier. La pensée de cette loi se trouve parfaitement exprimée dans le discours de M. Siméon, dont M. Berryer donne lecture. La loi de 1816 étoit un principe; l'abroger, c'est faire une déclaration d'opinion contraire au principe.

M. le garde-des-sceaux défend l'amendement de la chambre des pairs, comme peignant la pensée de tous les partis. Quant à la loi de 1816, il soutient qu'elle doit être abrogée comme réactionnaire et hypocrite. Ce n'est pas là, dit-il, un retour aux doctrines du régicide, argument spécieux dont on s'est servi en mainte occasion. M. Cabet prononce au milieu des murmures un discours dans lequeĮ il critique les scrupules de la chambre des pairs, et cherche à justifier la Convention. M. de Grammont relève ces observations. M. de Corcelles se décide à retirer son sous-amendement.

L'amendement de la chambre des pairs est adopté à une grande majorité, formée des deux centres et de quelques membres des extrémités, tels que MM. de Grammont el Duboys-Aymé. MM. Lafayette, Laffitte, Odilon-Barrot et plusieurs autres membres de l'opposition n'ont pris aucune part au vote. La résolution passe ensuite au scrutin, à la majorité de 262 contre 82.

La séance se termine par l'adoption de plusieurs projets de loi qui autorisent des départemens à s'imposer pour l'achèvement des routes ou pour d'autres travaux.

On trouve chez His, éditeur, rue de la Harpe, n° 119, une vue d'une partie de la ville de Prague et du Hradschin. Cette vue, qui sort des presses lithographiques de Kaeppelin, est bien exécutée. Elle est prise de l'autre côté de la Moldaw. Sur le premier plan est cette rivière et le pont qui la traverse. Plus loin est là basse ville, et sur la hauteur le Hradschin, où habite Charles X et sa famille. La façade de ce palais est fort imposante. Derrière est une grande église qui est sans doute la cathédrale. D'autres flèches et tours dominent par-dessus les maisons. Cette gravure, sur grand-raisin, est du prix de 1 fr. 50 c., et en papier de Chine de 2 fr. 50 c.

COURS DES EFFETS PUBLICS.

Le Gérant, Adrien Le Clere.

Bourse du 21 janvier 1833.

Trois pour 100, jouissance du 22 déc., ouvert à 73 fr. 70 c., et fermé à 73 fr. 80 c. Cinq pour 100, jouiss. du 22 sept., ouvert à 101 fr. 60 c., et fermé à 101 fr. 90 c. Actions de la Banque.

1665 fr. oo c.

IMPRIMERIE D'AD, LE CLERE et comp®.

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On avoit de fortes raisons de craindre que tous le partisans des doctrines signalées et condamnées par l'Enclique du 15 août ne fussent pas désabusés de leurs illusions. petit nombre avoient désavoué ces doctrines; d'autres avoient déclaré seulement ne pas vouloir se mettre en opposition formelle avec le Pape. Du reste, plusieurs avoient dit hautement qu'ils n'avoient pas changé de sentiment, mais qu'ils s'abstiendroient d'écrire contre l'Encyclique. Puisque le Pape actuel n'approuve pas mon sentiment, mandoit l'un d'eux, j'attendrai des temps plus favorables. Un autre écrivoit à un ami. L'Encyclique est adressée aux évêques, laissez-la lire aux évêques. Nous-même nous avons reçu des lettres qui prouvent à quel point l'engouement continue chez certaines gens. Dans une lettre qu'on nous écrit de Toulouse, pour nous exhorter à nous convertir et à ouvrir les yeux à la lumière, on nous dit que l'opinion est désormais irrévocablement fixée à l'égard du fondateur de l'Avenir, qu'à Rome même on est bien revenu sur son compte, et qu'on y est aujourd'hui un peu honteux d'avoir été dupe. Ainsi incessamment le Pape donnera une Bulle pour rétracter l'Encyclique. Ne faut-il pas avoir sur les yeux un bandeau bien épais pour se repaître de pareilles illusions! La lettre suivante, que nous recevons de Rome, montrera ce qu'on y pense des partisans des nouvelles doctrines. Cette lettre, d'une personne bien instruite, et qui a puisé aux bonnes sources, mérite toute confiance; elle n'est pas l'avis d'un seul. La rédaction en a été approuvée, et la publicité en a été jugée fort utile. L'invitation qui nous a été adressée à cet égard étoit trop bien motivée, et partoit d'autorités trop graves pour que nous n'y déférassions pas. Voici la lettre :

Rome, 5 janvier 1833.

« Monsieur, l'Encyclique de notre saint Père Grégoire XVI a été un sujet de consolation pour tous les catholiques, et les évêques de France l'ont reçue avec autant de reconnoissance que de soumission. Depuis long-temps, ils attendoient et sollicitoient une décision du saint Siége sur les doctrines qui avoient semé la divi

Tome LXXIV. L'Ami de la Religion.

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