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est sans remède; toutefois, je veux faire abnégation de ma volonté et me soumettre à tout ce que vous ordonnerez. Il ne se trompa pas; les remèdes n'arrêtèrent pas un seul instant les progrès du mal. Le lundi soir, il témoigna le désir de voir le respectable curé de sa paroisse. Quelque temps après minuit, sentant ses forces diminuer sensiblement et tout son corps se refroidir, sans rien perdre de sa présence d'esprit et de sa parfaite tranquillité, et sans donner le moindre signe d'impatience au milieu de ses douleurs, il appelle une épouse désolée, la console de son mieux, et la prie de faire venir le vicaire de la paroisse, ne voulant pas déranger le curé, qui est âgé et infirme, pour lui administrer les derniers sacremens. Le vicaire vient et donne au pieux malade l'extrême-onction, ses continuels vomissemens ne lui permettant pas, à son grand regret, de recevoir le saint Viatique. Lorsque le prêtre prit congé de lui, M. le vicaire, lui dit-il, je vous remercie beaucoup et suis trèsfâché d'avoir troublé votre repos; mais je craignois que ce ne fût trop tard demain matin. Quelques moniens après, sentant sa fin approcher, il fait mettre tous les assistans en prière, conjure un jeune médecin, qui ne l'avoit pas abandonné pendant toute sa maladie, de lui faire la recommandation de l'ame, envoie sonner son agonie, ordonne à son domestique d'aller le recommander aux prières dans les communautés religieuses qu'il visitoit, et expira doucement en s'efforçant de produire un dernier acte d'amour. Cette mort a fait une vive impression sur tous ceux qui en ont été témoins ou qui l'ont entendu raconter, mais surtout sur le jeune docteur qui l'a assisté jusqu'à la fin."

Au moment où la guerre paroît imminente, une réflexion s'offre naturellement à l'esprit des hommes religieux. Presque tous les soldats de l'armée belge sont catholiques; il est à peu près certain aussi que beaucoup d'entre eux ont conservé des sentimens de foi qui se ranimeroient avec plus de force à l'approche du danger, à cette heure, terrible pour les braves, qui précède une mêlée sanglante. Or, maintenant que les aumôniers militaires sont supprimés, quels moyens auront-ils de remplir leurs devoirs de chrétiens et de se préparer, comme il convient et comme ils le désireroient sans doute eux-mêmes, à mourir sans peur et sans reproche pour la défense du pays? Qui consolera les mourans sur le champ de bataille, en leur montrant le ciel, en leur parlant de l'heureuse immortalité qui les attend et des miséricordes infinies du Dieu des armées? Qui visitera les blessés dans les ambulances et dans les hôpitaux, pour les aider à souffrir? On a pu dire, avec quelque apparence de vérité, que les prêtres, qui exercent les fonctions du ministère ecclésiastique dans les villes de garnison et près des cantonnemens,, suffisent pour administrer aux soldats catholiques les secours de la religion. Le contraire ne seroit peut-être pas difficile à prouver; mais tout le monde conviendra qu'il en seroit autrement dans le

cas d'une entrée en campagne. MM, les curés ne peuvent abandonner leurs troupeaux; et, quand même ils le pourroient, leur zèle, quelque actif qu'on le suppose, seroit loin de répondre à tous les besoins. Ne conviendroit-il pas que le gouvernement s'entendît avec les chefs des diocèses pour que des aumôniers fussent attachés à l'armée, au moins en cas de guerre et jusqu'à la paix définitive? C'est une observation que je soumets à la sagesse des autorités que la chose concerne. On objectera peut-être que cette demande est contraire à la liberté des cultes, établie par la Constitution. Mais c'est précisément sur le principe de la liberté des cultes que je m'appuie pour motiver ma demande; car il est évident que des soldats catholiques ne sont pas libres de professer leur culte, si on leur refuse tous les moyens d'accomplir leurs devoirs religieux. D'autres personnes crieront encore à l'envahissement du clergé. Singulier envahissement en effet que le privilége de secourir et de consoler ses frères sur le champ de bataille et peut-être de mourir avec eux (*)!

— M. de Potter, qui a été membre du congrès belgique, qui alors ménageoit les catholiques, qui avoit fait des dupes parmi eux, et dont on nous parloit comme étant presque en voie de conversion; M. de Potter, qui mettoit des articles dans l'Avenir et qu'on y décoroit du titre d'honorable, vient de se démasquer. Il a, dit l'Union de Bruxelles, publié dans un journal de cette ville une lettre qui prouve que l'auteur de la Vie de Ricci et d'autres écrits anticatholiques est retourné à ses anciennes habitudes; on n'y aperçoit distinctement que la haine contre le chef de l'Eglise et l'intention de jeter la division dans les esprits. L'Union a l'air d'être étonnée de ce qu'elle appelle une dernière chute. Pour nous, qui n'avons jamais eu confiance dans les reliques de M. de Potter, et qui avons toujours été persuadés qu'il n'avoit paru ménager les catholiques qu'afin de se servir d'eux pour faire la révolution belgique, nous ne voyons dans son dernier écrit qu'une suite de cet esprit qui ne l'a jamais abandonné, qui a enfanté l'Histoire de l'Eglise, qui lui a inspiré tant de déclamations et de calomnies contre les catholiques, et qui auroit fait le malheur de la Belgique, si l'auteur fût resté plus long-temps au pouvoir. Républicain et ennemi des prêtres, tels sont les titres de M. de Potter à la confiance de ses compatriotes.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Quelques journaux prétendent savoir qu'on organise secrètement des émeutes pour simuler des dangers imaginaires, et faire tomber dans de nouveaux pièges d'innocentes victimes qui ne songent point à mal. Si cela étoit, nous serions certainement les premiers à désapprouver ceux qui auroient recours à ce machia

(*) Cet article, tiré du Courrier de la Meuse, nous a paru mériter d'autant plus d'être reproduit, qu'il ne s'applique pas moins à la France qu'à la Belgique.

vélisme pour produire des troubles et faire des coupables. Mais nous ne croyons pas qu'à Paris il soit besoin d'échauffer l'émeute, et de se constituer en frais de police pour cela. On n'a qu'à laisser faire tout simplement les gens de bonne volonté, et nous osons répondre qu'on aura plus d'anarchie qu'on n'en voudra. Ce seroit donc véritablement jeter l'argent par la fenêtre que de le dépenser à monter des émeutes, quand il suffit d'abandonner les choses à leur cours naturel pour voir bouillonner le mécontentement et la fureur.

Outre l'espionnage salarié, il en est un autre qui se fait par des amateurs, et dont il est bon que les honnêtes gens soient avertis, parce que c'est particulièrement à eux qu'il s'attaque. Il est à notre parfaite connoissance que les ecclésiastiques surtout sont provoqués de mille manières, tantôt par des questions politiques, tantôt par des consultations insidieuses sur des affaires de conscience, pour les amener à se compromettre et à se faire prendre dans quelque parole suspecte ou imprudente. Les fonctionnaires publics eux-mêmes ne rougissent pas toujours de ce vil métier, et nous en pourrions citer qui sont descendus dans ce rôle aussi bas qu'il est possible, pour chercher à se donner le mérite d'une dénonciation. Qui croiroit par exemple qu'un homme revêtu de fonctions municipales, et appelé comme témoin dans un procès politique devant la cour d'assises de Blois, auroit profité de ce qu'il n'étoit pas connu le long de sa route, pour se faire une sorte d'amusement de consulter des prêtres sur ce qu'il avoit à dire à charge ou à décharge, selon qu'il leur plairoit d'éclairer sa conscience sur des points politiques qu'il posoit lui-même avec la plus perside hypocrisie? Heureusement pour eux, il n'a pu rencontrer que des hommes qui ne connoissent pas deux manières de dire la vérité, et qui ont su lui indiquer la seule que la religion admette. Mais il n'en est pas moins vrai que ce n'étoit point celle-là qu'il cherchoit auprès d'eux, el que s'ils ne lui ont pas donné de mauvais conseils, ce n'est nullement sa faute. Nous n'avons pas besoin d'insister auprès des ecclésiastiques sur la nécessité d'être prudens jusqu'à la méfiance. Mais nous leur couseillons de s'observer dans les choses les plus indifférentes, parce qu'ils ont affaire à un espionnage qui n'en demande pas beaucoup pour les compromettre.

A la manière dont la plupart des journaux français parlent de la ville et de la citadelle d'Anvers, on croiroit qu'il s'agit de quelque forteresse de l'Asie mineure dont personne n'auroit approché, et que l'on ne connoîtroit que par ouïdire. Le Constitutionnel arrangeoit l'autre jour une marche d'armée qui, selon lui, ôteroit au général Chassé tout prétexte de tirer contre la ville ce seroit, disoit-il, de ne la point faire traverser par les troupes de l'expédition, et de les conduire par une autre route au siége de la citadelle. S'il n'y a que cette difficulté, le Constitutionnel peut être tranquille; à moins de prendre le chemin des écoliers, et de chercher les embarras pour le plaisir de les chercher, personne ne s'avisera de choisir le passage que notre prudent journaliste redoute si fort. De 'quelque côté, en effet, qu'on arrive de France et même de la Belgique, la citadelle d'Anvers se présente avant la ville, et parfaitement détachée de cette dernière. Il faudroit faire un détour énorme et très - embarrassant pour donner au

général Chassé le sujet de plainte et de représailles dont il est question. Ainsi, point de difficulté pour adopter le plan de campagne de notre bon Constitutionnel. D'autres journaux disposent leur siége, comme Vertot, du coin de leur feu, et en fixent la durée à quatre jours. Ils prétendent que c'est le général Bernard qui leur a dit cela. Comme il ne nous en a rien dit à nous, voici une petite observation à laquelle nous nous bornerons. Le général Bernard est effectivement un officier du génie très-distingué, et qui doit être fort bon connoisseur en cette matière. C'est lui que Bonaparte chargea d'exécuter les immenses travaux d'Anvers, et d'en faire une des plus fortes places de guerre de l'Europe. Mais est-il à croire qu'il ait dépensé tant de millions et employé plusieurs années à faire des fortifications qu'il auroit estimées devoir durer..... quatre jours ? Immédiatement après, Bonaparte l'avança en grade et le nomma son aide-de-camp. Or, nous doutons qu'il eût reçu autant de marques de satisfaction de la part de cet autre connoisseur, pour des travaux qui n'eussent été jugés bons que pour quatre jours de siége.

Le roi Charles X est arrivé le 24 octobre à Prague, et, quelques momens après, M. le duc de Fitz-James. Madame la dauphine est arrivée le 27 dans cette capitale de la Bohême.

- Une ordonnance du 20 septembre, qui vient seulement d'être publiée, porte qu'il sera formé auprès du ministère de la guerre un comité permanent de l'infanterie et de la cavalerie. Ce comité sera composé de 8 lieutenans-généraux, 3 maréchaux-de-camp et un intendant militaire. Les fonctions de secrétaire seront remplies par un officier supérieur; le président, qui sera à la nomination royale, et les membres, seront traités pour la solde et les indemnités comme les comités de l'artillerie et du génie.

Une ordonnance du 30 octobre en 86 articles organise de nouveau l'école Polytechnique, où il restoit quelques améliorations à faire en ce qui concerne l'administration. Cette ordonnance a principalement pour but de rendre le régime de l'école plus militaire et de déterminer les différentes punitions à infliger aux élèves. La pension annuelle sera de 1000 fr.; il y aura vingt-quatre pensions gratuites.

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Le vice-amiral Jurien et le contre-amiral Hamelin sont nommés inspecteursgénéraux du personnel et du matériel de la marine pour 1833.

M. Simon Duran est nommé directeur-général de l'hospice des Quinze Vingts, en remplacement de M. James Chabaud-Latour.

La cour de cassation a fait sa rentrée le lundi 5 novembre. M. le procureurgénéral Dupin aîné a prononcé un long discours sur l'essence de la justice civile. Il a terminé par quelques regrets sur les pertes que la cour a éprouvées celte année, et a parlé avec intérêt de M. Delacroix - Frainville. La cour a procédé ensuite à la réception du serment des avocats.

La peine des travaux forcés à perpétuité, prononcée par la cour d'assises de la Seine, à la suite des évènemens des 5 et 6 juin, contre les sieurs Geoffroy,

Blondeau, Hassenfratz, Pouyet et Laout, a été commuée en une détention perpétuelle; et la peine de 5 ans de détention, prononcée contre Léchevin et Bugeon, a été commuée en 2 ans d'emprisonnement.

- Les sieurs Bousselin, Detourbet, Bourré et Tissot, arrêtés le 6 juin derrière une barricade de la rue St-Martin, d'où ils faisoient feu sur la force armée, ont comparu le 5 devant la cour d'assises. Bousselin, convaincu d'homicide volontaire, duquel cependant on a retranché la circonstance de préméditation, a été condamné aux travaux forcés à perpétuité.

Le 6, la cour d'assises (1re section) a acquitté les sieurs Hesse et Lemaire, qui avoient construit une barricade sur le quai St-Paul, ainsi que la veuve André, âgée de 21 ans, qui avoit pris une part active à cette opération.

- La 2o section a condamné le même jour, à deux ans d'emprisonnement, le sieur Eve, épicier rue de Sartine, convaincu du pillage de la boutique de M. Faucheux, armorier rue J. J. Rousseau, son voisin; et à cinq ans de travaux forcés le nommé Dupain, fort de la Halle, qui, à la même époque, avoit tiré sur des gardes nationaux. Ce dernier avoit été précédemment condamné à vingt ans de détention par le conseil de guerre, sous le régime de l'état de siége.

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La nécessité de sévir contre les conducteurs de diligence, dont l'imprudence et la cupidité compromettent la sûreté des voyageurs, se faisant de plus en plus sentir, un eertain nombre ont été traduits devant le tribunal de police municipale. Cinq viennent d'être condamnés à l'amende, et deux d'entre eux à trois jours d'emprisonnement en sus.

En dépit de l'art. 3 de la loi du 14 décembre 1830 qui fixe à 4 centimes le port des journaux, quelle que soit leur dimension, le ministère vient de substituer à ce droit une taxe arbitraire de 12 centimes sur le Cabinet de Lecture, le Voleur et la Gazette médicale. Le premier de ces journaux a assigné en police correctionnelle l'employé qui a perçu ce droit.

Les tribunes de la chambre des députés sont disposées de manière à contenir 500 personnes.

Sur la demande du gouvernement belge, le ministre du commerce a ordonné une enquête sur les houilles, afin de savoir si l'on pouvoit supprimer ou diminuer les droits d'entrée sur ces objets d'importation.

- Il vient d'être nommé une commission pour examiner les moyens d'établir en France des établissemens de défrichement et de culture, à l'instar de ceux qui existent en Belgique et en Hollande sous le nom de colonies agricoles. Cette commission est composée de MM. Allent, Augustin Périer, Portal, pairs de France; Ch. Dupin, Bugeaud, Calmon, Renonard, députés; le général Bernard; Devillersdu-Terrage, Legrand, Macarel, conseillers d'Etat; Vincens, maître des requêtes; Yvart, Huerne-de-Pommeuse, membres de la Société royale d'agriculture.

- Il règne en ce moment à Paris une certaine fermentation dans quelques professions. Ontre les réclamations de divers ouvriers, qui ont eu lieu la semaine dernière, le préfet de police a reçu ces jours derniers une visite, par députation,

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