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au moins leur recommander de se contenir dans leurs prédications et de s'épargner les diffamations et les sarcasmes? Ne craint-on pas l'effet de ces déclamations fougueuses sur une multitude crédule et ignorante? Ils parlent de fanatisme; mais qu'y-a-t-il de plus fanatique que ces qualifications odieuses, que ces railleries amères, que ces accusations insultantes qu'ils prodiguent aux évêques? Nous avons yu ce que peuvent sur le peuple les calomnies les plus absurdes contre le clergé. Qui nous répondra que quelque jour, au sortir de ces prédications violentes, des adeptes échauffés par ce qu'ils venoient d'entendre, n'insulteront pas quelque prêtre qui auroit le malheur de passer par là, ou n'iront pas troubler les prières des fidèles dans quelqu'église? Voilà à quoi l'on s'expose avec cette tolérance si imprudente pour des déclamateurs passionés. Qu'on songe que Châtel est à la portée des boulevarts et que dans un temps d'effervescence, il ne faut qu'une étincelle pour exciter peut-être quelque incendie. Dans cette même séance du jeudi, le prétendu réformateur a parlé des progrès de son église dans les départemens; il a dit que le siècle étoit múr pour la réforme. Cette jactance est fort en usage dans l'église dite catholique française. Châtel, comme nous l'avons déjà remarqué, aimé assez à publier, après ses sermons, des correspondances ou des anecdotes en l'honneur de son fantôme de religion. Il veut qu'on croie que le nouveau culte prospère de jour en jour. Il a donné une espèce de statistique des progrès de son église à Paris. En 1830, dit-il, il n'avoit fait que quatre mariage et un baptême; il est vrai qu'il n'avoit ouvert son église schismatique qu'au mois de novembre. En 1831, il a fait, il le dit du moins, 184 mariages, 107 baptêmes et 11 enterremens, et en 1832, les mariages se sont élevés, suivant son calcul, à 251, les baptêmes à 225, et les enterremens à 100. En admettant l'exactitude de ces détails, ils ne prouveroient pas, ce semble, que l'église française jouit d'une immense popularité. Sans doute il est déplorable que des gens qui veulent recevoir les sacremens aillent s'adresser à des prêtres de cette sorte; mais 251 mariages dans cette année pour tout Paris, ne forment pas un nombre exorbitant relativement à la population de la capitale. Ce nombre donneroit même lieu de croire qu'il y avoit du charlatanisme dans les annonces des mariages qu'on faisoit à l'église française. Car un seul dimanche on annonçoit 15 ou 20 bancs de mariages, et voilà que dans le nombre total il ne s'en trouve pas la moitié par semaine. Ainsi on s'arrangeoit pour avoir des listes nombreuses à débiter au prône; c'étoit un moyen de tromper le public sur ce point comme sur beaucoup d'autres.

-Les habitans de Roissy, diocèse de Versailles, profondément touchés des soins et du dévoûment de leur curé pendant les ravages du choléra, ont voulu donner à ce charitable pasteur un

gage de leur reconnoissance et de leur attachement : en conséquence, le maire, l'adjoint et deux commissaires nommés par le conseil, se sont rendus au presbytère pour y offrir à M. le curé six couverts d'argent, sur lesquels on avoit eu soin de faire graver ces mots: A M. l'abbé Millet, la commune de Roissy, 1832. Donner à ce fait quelque publicité, c'est fournir une nouvelle preuve que, s'il existe malheureusement quelques paroisses où le prêtre catholique, malgré ses bienfaits, se trouve en butte à la calomnie et aux persécutions, il est encore des pays en France où le bon pasteur, qui expose sa vie pour ses brebis, est dignement entouré des hommages, des respects et des bénédictions du peuple.

Le Père de Geramb, depuis son départ de Palestine, a séjourné au mont Carmel et au mont Liban, a visité les cèdres, a vù les ruines de Balbek, et a voulu suivre à Damas les traces qu'y a laissées le grand apôtre destiné de Dieu à annoncer l'Evangile aux nations. De là il s'est embarqué à Beyrouth pour l'île de Chypre, d'où il s'est rendu à Alexandrie. Il est arrivé dans ce port le 26 novembre. Au départ du bâtiment qui apporte de ses nouvelles, le Père Marie-Joseph faisoit ses préparatifs pour aller visiter le mont Sinaï. On sait qu'il faut traverser un désert qui n'offre point d'eau. La route est longue et pénible, et se fait en chameau. Mais le courageux pélerin vouloit voir de près cette montagne si célèbre dans l'Ecriture, et d'où le Seigneur donna ses commandemens à Moïse, au milieu du tonnerre et des éclairs. Le pélerin devoit passer par le Caire et Soueys, et se proposoit à son retour de publier l'histoire de son voyage au mont Sinaï, indépendamment de la relation de son voyage en Palestine, à Jérusalem et en Syrie. Il hésitoit même s'il n'iroit point à Thèbes, et craignoit seulement qu'un voyage de simple curiosité ne parût déplacé de la part d'un Trappiste; mais il trouveroit là aussi matière à des réflexions profondes sur la vanité des grandeurs humaines.

.-M. Emmanuel de Schimonski, prince évêque de Breslau, est mort dans les derniers jours de décembre 1832. Ce prélat étoit né à Lobovitz, diocèse de Breslau, le 13 juillet 1752. Le 18 décembre 1797, il fut fait évêque de Léros in part., et suffragant du prince Joseph-Christian de Hohenlohe-Bartenstein, évêque de Breslau. Celui-ci étant mort, le siége resta vacant jusqu'après la conclusion des affaires ecclésiastiques entre le saint Siége et la Prusse. M. de Schimonski resta suffragant, et ne fut préconisé évêque de Breslau que le 3 mai 1824. Un journal dit qu'on lui désigne pour successeur le comte Leopold Sedlnitzki, chanoine de Breslau, qui a travaillé à l'organisation des écoles en Silésie.

-L'association Léopoldine, formée à Vienne par M. Rézé pour les besoins des missions catholiques des Etats-Unis, n'a pas été sté

rile (*). Elle a, dit-on, produit jusqu'ici 67,903 florins. Là-dessus, on a envoyé en Amérique 63,186 florins qui ont été répartis entre cinq diocèses. Comme M. Rézé est attaché au diocèse de Cincinnati, la part de ce diocèse a été plus forte; il a reçu 23,186 florins. Les quatres diocèses de Saint-Louis, du Kentuckey, de Charleston et de Philadelphie, ont reçu chacun 10,000 florins. Ces secours arrivent à propos pour ces diocèses; cependant nous ne voyons pas pourquoi les autres diocèses des Etats-Unis n'ont rien obtenu dans cette répartition. Ils n'ont ni moins de besoins ni plus de ressources que les précédens. New-Yorck et Boston, par exemple, éprouvent une égale disette et de missionnaires et de fonds. Une lettre de Cincinnati, insérée dans l'Union, dit que Baltimore et Philadelphie n'ont plus besoin des secours de l'Europe. Nous ne savons quel est le correspondant de Cincinnati qui écrit de telles choses. Nous ne supposons pas qu'il ait voulu attirer sur sa mission seule les libéralités des pieux fidèles d'Europe, mais il est bien mal informé de l'état des choses à Baltimore et en Pensylvanie. La dernière distribution des fonds de l'association Léopoldine prouve même contre l'assertion du correspondant, puisqu'on a assigné 10,000 florins à la Pensylvanie; donc elle avoit des besoins. Baltimore en a aussi, puisque l'archevêque est chargé d'une dette très-considérable pour sa cathédrale. Le 8 mars de l'année dernière, on a fait partir de Vienne pour Cincinnati 3 prêtres et 3 frères de l'ordre des Rédemptoristes. Un de ces prêtres, M. Baraga, a été chargé de la mission des sauvages Ottawas à l'ArbreCroche. M. l'évêque de Cincinnati l'y conduisit lui-même. L'ArbreCroche est situé sur le lac Michigan, à près de 300 lieues de · Cincinnati. M. Baraga est encore occupé à apprendre la langue des indigènes; en attendant, il se sert d'interprète pour ses prédications. Il dirige une école de 40 enfans. Dans l'espace de trois mois il avoit baptisé 86 individus. La même lettre ajoute que la religion fait des progrès à Cincinnati malgré les attaques continuelles des sectes rivales. On a établi des journaux pour y répondre. Celui de Cincinnati a pour titre, le Catholic Telegraph. Il y en a d'autres

(*) Nous avons extrait cet article d'un journal de Bruxelles, l'Union, qui a donné sur ce sujet des détails un peu plus étendus. Ces détails ne sont pas tous exacts. La mission des Ottawas n'est point à l'Arbre-Crochu, mais à l'ArbreCroche. Il paroît aussi y avoir quelque erreur sur la date de l'arrivée de M. Baraga à l'Arbre-Croche. Enfin, l'Union semble dire qu'il y a six journaux catholiques à Cincinnati, tandis que les six journaux catholiques paroissent en divers Etats; l'un à Boston, l'autre à Charleston, etc. Les nouvelles de ces missions lointaines ont besoin d'être lues avec un peu de critique; il n'est pas rare que, soit par la faute du copiste ou autrement, il s'y glisse quelques inexactitudes.

dans d'autres états de l'Union. Il est question d'établir à Cincinnati une église allemande, on réclame pour cela des secours. On a besoin aussi de missionnaires, mais on avertit que ceux qui veulent venir doivent être pleins de piété et de courage. Des difficultés inexprimables, dit la lettre, entourent nos missions; la pauvreté, les voyages longs et dangereux, les luttes éternelles contre les ennemis de l'Eglise, tel est notre sort.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Les précautions extraordinaires que prend l'autorité, pour empêcher que l'on ne connoisse ce qui se passe dans la citadelle de Blaye, ne permettent guère de savoir des nouvelles de madame la duchesse de Berry. Il paroît cependant qu'elle est souffrante depuis quelques jours. Le docteur Gintrac a été appelé de nouveau, le 17, de Bordeaux, et le gouvernement a fait partir de Paris pour Blaye, le 21, les docteurs Auvity et Orfila. Il résulte des détails donnés par M. de Menars que MADAME ne peut se promener, sans être accompagnée, que dans un petit jardin qui n'a que quarante pas de longueur : elle en profite rarement. Sa seule consolation est de se mettre à sa fenêtre, d'où elle peut voir la France; encore, cela ne lui est guère loisible Dernièrement, son valet de chambre, Joseph, ayant onvert cette fenêtre en plein jour, une voix du dehors recommanda avec menace de la fermer sur-le-champ. La princesse en témoigna son étonnement au frère du colonel Chousserie, qui étoit présent. M. Chousserie excusa comme il put cette manière d'agir le factionnaire fut toutefois puni.

Un journal des barricades paroît éprouver des dontes qui le tourmentent sur les sermens prêtés depuis deux ans. Il craint, entre autres choses, qu'il ne se trouve dans la pairie des hommes d'un attachement suspect pour la dynastie de juillet. A défaut d'épurations nouvelles, il voudroit que, pour la sûreté de la branche cadette, il fût demandé à chaque membre de la chambre des pairs une déclaration explicite par forme d'adhésion au principe actuel du gouvernement. Hélas! à quoi cela pourroit-il servir après tout ce que nous avons vu de sermens et d'adhésions emportés par le vent depuis quarante ans? Si c'étoit-là une sûreté vẻritable, dites-nous quel gouvernement auroit jamais dû être plus sûr de sou fait que celui de la branche aînée! D'ailleurs, vous qui partez du principe de juillet, pourriez-vous nous apprendre en quoi il consiste? Si vous ne le savez pas, il consiste dans une négation pure et simple, laquelle consiste elle-même à renier un principe de quatorze siècles, et à prométțre d'y rester infidèle. N'est-ce pas bien la peine de faire des sermens pour cela ?

Il paroit que M. Joseph Bonaparte n'a quitté l'Amérique que pour se rapprocher de la révolution de juillet, et se mettre à portée de l'aider de ses couseils. Il écrit de Londres, à M. de Cormenin, pour lui recommander les institutions des Etats-Unis, et particulièrement la liberté de la presse. Selon lui, c'est la clef de la voûte de l'édifice social; pour que tout aille bien, la liberté de la presse doit être absolue et sans limites. Nous ignorons jusqu'à quel point M. Joseph

Bonaparte est convainen de ce qu'il avance à ce sujet; mais, pour soutenir cette doctrine-là, il a certainement bien fait d'attendre que son frère Napoléon fût nort. Quoi qu'il en soit, il ne se borne pas à l'appuyer par ses paroles; il envoie à M. de Cormenin ce qu'il appelle obole du proscrit, afin de contribuer, autant que ses foibles facultés peuvent le lui permettre, à l'œuvre qui s'est formée pour la garantie de la liberté de la presse. Il ne reste plus qu'à savoir comment l'obole du proscrit pourra être reçue en France, dans un temps où l'on y regarde de fort près, à la source des offrandes. Après ce qui s'est passé relativement aux 12,000 francs envoyés par madame la duchesse de Berry au secours des pauvres cholériques de Paris, le gouvernement de Louis-Philippe vent que l'argent soit pur de toute proscription; et nous ne savons trop si le frère aîné de Napoléon Bonaparte est plus en règle de ce côté-là que la nièce du Roi des Français. On remarque avec plaisir que M. Humann ne laisse échapper aucune occasion d'attaquer vivement les systèmes de finances de la restauration. Cela autorise à penser que son intention est de faire mieux. Les contribuables en accepteront volontiers l'augure. En attendant, qu'il tâche seulement de faire aussi bien; et nous osons presque répondre qu'ils s'en contenteront.

Le Moniteur du 22 publie un rapport détaillé de M. Guizot sur l'instruction primaire. Ce rapport fait connoître l'emploi, par son administration, des crédits qui lui ont été accordés pendant l'année 1832. Une somme de 492,108 fr. a été consacrée à aider les communes pour l'acquisition, la construction ou la réparation de leurs maisons d'écoles. Le nombre des locaux, ainsi procurés à l'enseignement primaire, est de 598; 108,679 fr. ont été employés en frais de premier établissement, acquisition ou entretien du mobilier des écoles; 137,233 fr, à faire publier, réimprimer et distribner plusieurs ouvrages élémentaires; 79,158 fr. à des secours, encouragemens, complémens de traitemens aux instituteurs; 98,625 fr. à la fondation de nouvelles écoles normales primaires, à l'entretien et au développement de celles qui existoient déjà. Le nombre de ces dernières écoles s'est accru depuis deux ans de 13 à 47. Il s'est formé 536 nouvelles écoles d'enseignement mutuel. Enfin, en 1832, on comptoit 4,055 écoles, renfermant 231,375 élèves de plus qu'en 1829. Depuis cette époque, l'enseignement primaire s'est introduit dans 2,741 communes. Dans ce rapport, il n'est pas fait la moindre mention des Frères, qui n'ont pas paru mériter un seul regard du ministre.

- M. Suboys, substitut au Mans, est nommé substitut du procureur - général à Angers; MM. Fachard, Douet - d'Acq et Broussais sont nommés présideus des tribunaux de Pontarlier, Châlons-sur-Marne et Dreux; M. Devez, juge d'instruction à Bordeaux, devient vice-président du tribunal; MM. de Moulon, Cordier et Gravier sont nommés procureurs du Roi à Ancenis, Montbéliard et Lure.

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— M. le prince d'Eckmuhl (Napoléon Davoust), maréchal-de-logis de hussards, est nommé sous lieutenant au I' régiment de lanciers. M. Gustave Lannes de Montebello, sous - lieutenant au 4 régiment de chasseurs, est nommé lieutenant au même régiment.

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