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Les manifestations de dévoûment à madame la duchesse de Berry ne se raJentissent point. Dans toutes les localités du royaume, des voix se font entendre en sa faveur. Nous regrettons de ne pouvoir citer les nombreuses communes où il s'est encore signé des protestations et des adresses collectives. Nous mentionnerons seulement les villes d'Autun, Mamers, Thouars (Deux-Sèvres), La Ferté-Bernard, La Ferté-Macé (Orne), Viviers, Largentière (Ardèche), La Potherie (Maine-etLoire), Martres (Haute-Garonne), Concarneau (Finistère). Les dames de La Rochelle, de Moissac, d'Uzès et d'Autun, ont aussi signé des adresses à MADAME. Des habitans du département de l'Allier ont fait une protestation collective. Ceux de Castelnaudary et de Limoux ont adressé de nouvelles pétitions aux chambres en faveur de S. A. R.

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Il seroit bien difficile de savoir au juste ce que les doctes de la révolution de juillet exigent des Bourbons de la branche aînée. Une princesse de cette famille a voulu essayer de revoir la France. Vous savez de quelle manière le gouvernement du Roi son oncle a pris la chose. Hé bien ! cependant, le contraire de cela déplaît aussi aux casuistes de la révolution de juillet. C'est ce qui résulte de la manière dont M. le procureur-général Dupin s'est exprimé dans une occasion récente, devant la cour de cassation. En portant la parole contre M. Baudoin, conseiller à la cour royale de Rennes, et signataire d'une adresse en faveur de madame la duchesse de Berry, il a mis une sorte d'affectation à rappeler que les máles de la branche aînée, dans des circonstances bien autrement favorables à leur cause, n'ont jamais osé en faire autant que cette foible femme. On se demande, d'après cela, si, aux yeux de M. Dupin, ce sont les mâles de la branche aînée ou la foible femme qu'il faut inculper. Il nous semble que le blâme et les reproches de M. le procureur-général tombent ici sur les premiers, pour n'avoir pas osé, dans des circonstances bien autrement favorables à leur cause, ce que l'héroïque mère du duc de Bordeaux a osé dans des circonstances moins favorables à la sienne. Il est possible que M. Dupin n'ait voulu que railler le courage des autres princes; mais, pour les dénigrer, il a été forcé de rendre hommage au caractère de madame la duchesse de Berry. S'ils ont eu tort, selon lui, elle a donc raison? S'il accuse les uns d'avoir manqué de cœur, il doit donc excuser l'autre de n'en avoir pas manqué? Qu'il choisisse; mais, qu'après cela, il nous dise franchement qui a raison.

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Un des journaux du ministère annonce que tout va maintenant le mieux du monde dans la chambre des députés, et qu'à très-peu d'exceptions près, tous les sentimens y sont devenus monarchiques. Il ne reste plus qu'à savoir de quels sentimens monarchiques ce journal entend parler; car il y en a de deux espèces en France : les uns datent de quatorze siècles, les autres de trente mois. Comme personne n'a jamais douté que ce dernier sentiment monarchique ne dût se trouver dans la chambre des députés, puisque c'est elle qui l'a créé, il conviendroit de s'expliquer un peu sur la nature du changement qu'on dit s'être opéré en elle; car, pour devenir autre chose que ce qu'elle étoit en fait de sentimens monarchiques, il faudroit que son sentiment monarchique de juillet s'en fût allé.

Commie ce n'est pas là probablement ce qu'on veut nous dire, alors nous ne comprenons rien à ce qu'on nous annonce sur les sentimens monarchiques de là chambre des députés.

- Nous convenons sans difficulté que la restauration a fait grâce à un grand nombre d'ennemis qui ne valoient pas le maréchal Ney. Mais ce n'est point une raison pour que les journaux révolutionnaires trouvent són procès plus indigue et plus regrettable que celui de Louis XVI. Outre qu'il n'y a point de comparaisou à établir entre le caractère sacré de l'un et la personne de l'autre, il n'a été besoin de violer aucune loi de l'Etat pour juger le maréchal Ney; au lieu qu'il a fallu les violer toutes pour juger Louis XVI. Ce qui rend les disputes si difficiles et si interminables sur ces choses-là, c'est qu'en révolution rien ne se décide par la logique. Tout est haine ou affection. Ceux qui ont de l'affection pour les doctrines de 93 et pour la Convention nationale trouvent que Louis XVI a été bien jugé. Ceux qui détestent la restauration et la pairie trouvent que le maréchal Ney a été indignement assassiné. Dans ce temps de passions et de vertiges, n'attendez rien de plus en fait de raisonnemens.

Ce que la révolution de juillet à mis d'élémens de désordre est incalculable. C'est elle qui a fait l'état actuel de la Belgique et de la Hollande, de la Pologne, de l'Italie, de l'Angleterre et de l'Irlande, du Brésil et du Portugal. Encore a-t-il fallu qu'on l'ait retenue et bridée court pour cela. Si on l'avoit laissé aller à sa guise, jugez! Il ne lui a fallu que trois jours pour opérer ce vaste ébraulement. Cinquante années ne suffiront peut-être pas maintenant pour y remédier. Et voilà ce qu'on veut que nous admirions comme glorieux d'abord, et ensuite comme heureux. Pour glorieux, tant qu'on voudra; mais comme heureux, en vérité, nou.

Quelques mouvemens viennent d'avoir lieu parmi les préfets. La préfecture du département de la Gironde, dans lequel se trouve madame la duchesse de Berry, est retirée à M. de Preissac, qui passe au Pas-de-Calais, et donnée à M. de Lacoste, préfet du Gard; celui-ci est remplacé par M. Rivet, préfet de la HauteMarne. MM. Delamarre, Brun, Decourt et Ymbert de Montruffet, sous-préfets de Clamecy, Bazas, Béthune et Marvejols, deviennent préfets du Cautal, de Lotet-Garonne, du Lot et de la Haute-Loire.

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Le collége électoral de Condom (Gers), et ceux du 3 et 4° arrondissemens du département de l'Aisne à St-Quentin, sont convoqués pour le 14 février à l'effet d'élire chacun un département en remplacement de MM. Dufour-de- Nelle, Nyay et Gavarret, démissionnaires.

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M. de Schonen, liquidateur de l'ancienne liste civile, avoit assigné l'administration de la Quotidienne à payer les arrérages de deux actions qu'il prétendoit avoir appartenu à Charles X, bien qu'elles fussent au nom de M. de Valdéné. MM. de Brian, gérant, et de Levino, caissier du journal, dont les juges avoient ordonné l'interrogatoire sur faits et articles, sont convenus à l'audience que ces actions avoient appartenu au prince depuis 1822, mais ils ont sontenu que, quelque temps avant la révolution, le Roi les avoit données à M. Albert de Sauvigny,

qui en est aujourd'hui le véritable propriétaire. Le tribunal a déclaré M. de Schonen non recevable dans sa demande et l'a condamné au dépens, attendu que les deux actions de la Quotidienne sont devenues la propriété de l'Etat à son avènement au trône. Le directeur-général des domaines, qui étoit intervenu pour ce cas, a été débouté, parce qu'il ne s'étoit pas pourvu par action principale.

L'arrêt de la cour royale, dans l'affaire du coup de pistolet, n'est pas encore définitivement rédigé. Il ne sera connu que dans quelques jours. On assure que, s'il y a renvoi devant la cour d'assises, l'affaire sera soumise au jury dans la première quinzaine de février, sous la présidence de M. Duboys (d'Angers).

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M. Carpentier, ancien libraire, avoit porté plainte contre le gérant de la Tribune, dans laquelle son nom a été accolé avec les plus outrageantes épithètes, à celui de M. Chaltas, agent du duc de Brunswick. Le journaliste a été condamné à payer au plaignant 300 fr. de dommages-intérêts.

M. Philippon, directeur de la Caricature et du Charivari, détenu depuis près de deux ans, avoit obtenu d'être transféré dans une maison de santé. Il n'avoit plus que 14 jours de détention à subir, lorsqu'on l'a enlevé le 22 pour le reconduire à Ste-Pélagie, où il va achever sa peine. Un journal demande si cette rigueur n'est pas due au dessein publié par M. Philippon dans le Charivari du 21 janvier, représentant Philippe-Égalité à la tribune de la Convention, au

moment où il vote la mort de Louis XVI.

· On avoit attribué à M. de Peyronnet les détails ridicules donnés sur la vie privée de MM. de Polignac et de Chantelauze à la prison de Ham, dans l'ouvrage des Cent-et-Un, et l'on en avoit conclu qu'un dissentiment s'étoit manifesté entre les prisonniers. M. de Peyronnet vient d'écrire à la Quotidienne que ce n'est pas par lui que les détails dont il s'agit ont été donnés au libraire Ladvocat, an profit de qui se publie l'ouvrage des Cent-et-Un.

La commission des attributions départementales a nommé M. de La Pinsonnière pour son rapporteur.

M. Odilon-Barrot est nommé, comme l'année dernière, rapporteur de la proposition pour le rétablissement du divorce.

Le rapport du budget de l'instruction publique sera fait par M. Gillon.

Le ministre des affaires étrangères a expédié le 23 un courrier extraordinaire pour Constantinople.

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Le 6o régiment de dragons, depuis deux ans en garnison à Paris, avoit du ministre l'ordre de se rendre en garnison à Tours; trois escadrons étoient déjà partis pour Arpajon, lorsqu'un ordre inopiné vint les faire rétrograder et rentrer dans Paris. Officiers et soldats ne savoient à quoi attribuer ce contre-ordre, lorsqu'arrivés à Paris, ils ont su qu'on leur faisoit ainsi rebrousser chemin pour assister à la revue de Louis-Philippe.

L'exposition des tableaux, gravures et sculptures, au Musée du Louvre, est définitivement fixée au 1 mars prochain.

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-- La contusion que le ministre de la guerre a reçue à la jambe a plus de gravité que n'en comportent ordinairement les accidens de ce genre, et dans la journée du 22, il a été nécessaire de faire une opération chirurgicale. La gu érison de M. le maréchal sera plus retardée qu'on ne l'avoit annoncé.

Des journaux annoncent que M. Grinchard, ancien curé d'Arpajon (Seineet-Oise ), qui a fondé en cette commune un établissement pour les malades et un pour l'enseignement primaire, vient de recevoir la croix de la Légion-d'Honneur,

M.Roux-Carbonnel, administrateur des hospices de Nîmes, a été suspendu de ces fonctions, pour avoir signé une protestation et participé à une souscription en faveur de madame la duchesse de Berry.

- Une adresse à madame la duchesse de Berry ayant été signée dernièrement à Thouars (Deux-Sèvres), le procureur du Roi, qui fut informé de cette démonstration, fit mettre toute la police sur pied pour se saisir de cette pièce séditieuse. Il s'est même permis des visites domiciliaires.

- Dans différentes villes telles que Moulins, Clermond-Ferrand, etc., un grand nombre de personnes ont fait dire, le 21 janvier, des messes de Requiem pour Louis XVI et Marie-Antoinette.

- Un incendie a éclaté avec violence dans la soirée du 17, à Moyencourt, canton de Poix (Somme). En une demi-heure, viugt-deux maisons ont été la proie des flammes. MM. les curés de Moyencourt, de Courcelles et de Croixrault ont rivalisé de zèle et de courage dans cette malheureuse circonstance.

-II est arrivé en 1832, dans le port de Marseille, 7440 navires, dont 316 au long-cours, 1489 au grand cabotage, 5544 au petit çabotage, 74 bâtimens de guerre françois, 7 id. étrangers. Il a été expédié dans la même année 6975 navires et 3982 passagers. Ces chiffres sont supérieurs à 1831, mais inférieurs, quant aux arrivées, à l'année 1830.

- L'amiral Roussin, ambassadeur à Constantinople, s'est rendu le 19 à bord de la Galathée, pour se rendre sur-le-champ à son poste.

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M. de Lesseps, cousul-général de France à Tunis, est mort dernièrement à son poste. Il est remplacé provisoirement par M. Alex. Deval.

- Un des bâtimens de la station du Levant, la Truite, capitaine Tassain, a fait naufrage, par suite de mauvais temps, le 13 décembre, auprès de l'ile Longue, en se rendant de Nauplie à Smyrne. Les efforts extraordinaires de l'équipage, pour prévenir ce désastre, ont été inutiles. Les hommes qui montoient ce bâtiment sont parvenus à se sauver. Une embarcation du brick l'Actéon a péri en même temps avec les dix marins qui s'y trouvoient.

A la réunion de Guidhall, provoqué par le lord - maire de Londres, on comptoit 2,500 personnes de la Cité. Le lord-maire et M. Hunt ont paru à la tribune. On est convenu d'adresser différentes pétitions au parlement.

La marine anglaise compte en ce moment, non compris 20 bâtimens à vapeur, 574 bâtimens de guerre, dont 14 vaisseaux de 120 canons, 5 de 110,

3 de 108, 12 de 84 et 10 de 80. Cette flotte immense emploie 20,000 matelots et 12,000 soldats de marine.

Un courrier arrivé le 14, à l'ambassade française à Vienne, a apporté la nouvelle de la défaite de l'armée turque et de la prise du grand-visir déjà blessé. Au moment du départ du courrier, il régnoit une grande fermentation à Constantinople, et l'on redoutoit une commotion. Le sultan s'est adressé à l'ambassadeur russe, M. de Butenieff, pour obtenir du secours. L'amirauté russe de Sébastopol a reçu bientôt des ordres pour faire partir sans délai une escadre considérable, afin d'empêcher Ibrahim de passer le canal. Le comte Muraview, envoyé extraordinaire de l'empereur Nicolas à Constantinople, étoit sur le point de se rendre à Alexandrie pour entamer des négociations. On pense qu'il obtiendra une suspension d'armes, s'il n'éclate d'ailleurs aucune révolution à Constantinople, et si l'on n'attente pas aux jours de Mahmoud. Les nouvelles désastreuses de Turquie ont fait fléchir les fonds à Vienne.

Des nouvelles de Mexico, du 6 novembre, portent que pendant les trois semaines précédentes, cette ville avoit été assiégée par les troupes de Santa-Anna. La loi martiale avoit été proclamée dans la ville, où régnoit la plus grande consternation, parce qu'on craignoit, en cas d'attaque, une commotion populaire et le renouvellement des excès de 1828.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 24, M. le ministre des finances présente un projet de loi ayaut pour objet d'obtenir des chambres l'autorisation de garantir l'emprunt qui sera contracté pour le nouveau royaume de la Grèce.

M. Bellaigue fait un rapport favorable sur le projet de loi tendant à accorder un crédit supplémestaire de 54,450 fr., pour le service des pensions des orphelins de juillet.

Le rapport particulier ayant été fait sur le chapitre du ministère de la justice, dans le budget de 1833, la discussion s'ouvre sur cette partie. M. Réallier-Dumas présente des considérations générales sur l'administration de la justice. M. Renouard, commissaire du gouvernement, donne quelques explications sur les tra→ vaux de ce ministère, et combat les nouvelles réformes que l'on sollicite. On passe ensuite à l'examen des articles. Les premiers sont adoptés sans opposition. M. Portalis se plaint seulement de ce que le ministère occupe deux hôtels; il voudroit même que les ministres ne fussent pas logés aux frais de l'Etat.

M. Vatout trouve que le nombre des conseillers d'Etat est insuffisant, et demande à cet effet une augmentation de fonds. M. Dumon, rapporteur, s'y oppose. Cette disposition est rejetée, ainsi qu'une diminution proposée par M. Portalis. M. Taillandier se plaint que, comme sous la restauration, il y ait encore de hauts fonctionnaires qui cumulent leur emploi avec celui de conseiller d'Etat. M. Lherbette s'élève contre l'amovibilité des conseillers d'Etat. M. Bavoux raconte quelques anecdotes sur ce conseil. M. le garde-des-sceaux réfute ces différentes observations, et promet une loi sur le conseil d'Etat. M. Bavoux reparoît à la tribune pour de

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