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belles promesses, et fut obligé de le renvoyer définitivement. Ses mœurs n'annonçoient rien moins qu'un ecclésiastique. Cependant il persistoit à vouloir être prêtre, et il fit des démarches pour entrer au séminaire de Nanci. Quelques personnes abusées sur son compte sollicitoient en sa faveur; mais M. l'abbé Michel, alors supérieur, qui avoit eu des renseignemens sur lui, refusa constamment de le recevoir. L'Hôte vint à Paris avec des lettres de recommandation, et entra dans une pension comme maître d'études. Il obtint ensuite, sous M. de La Fare, d'être reçu au séminaire de Sens, et il s'y dissimula si bien, qu'il fut ordonné prêtre. On l'envoya professer la troisième au petit séminaire d'Auxerre. Il occupoit cette place en mai 1830; on lui confia ensuite la succursale de Perrigny : nous avons parlé, no 1823, de ses hauts faits en ce lieu. Il fallut l'en retirer, et on espéra qu'un petit séjour dans un séminaire lui seroit utile. Mais, au sortir de cette maison, il se retrouva le même, et demanda un exeat, que l'autorité ecclésiastique s'empressa de lui donner. Venu à Paris pour chercher fortune, il se jeta dans l'église Châtel, et s'ennuya ensuite d'être apostat en sous-ordre. Les Templiers l'attirèrent à eux, et l'appât d'une mitre le séduisit. On voit par des lettres qu'il écrivoit dans son pays quelle étoit la fatuité de cette ame vaine et ambitieuse. Tour-à-tour émerveillé de la réforme de Châtel et de la nouvelle religion des Templiers, il parloit de ces prétendues églises avec un ton d'enthousiasme et d'admiration qui avoient quelque chose de comique. Dans l'une de ces lettres que nous avons sous les yeux, et qui est du 22 novembre 1831, il disoit : Nous avons au moins les trois quarts de Paris; nous avons une trentaine de prétres placés dans les départemens. Il étoit alors avec Châtel, qui lui avoit recommandé apparemment de bien mentir; mais, trois mois après, il écrivoit que Châtel étoit un pauvre homme. Quoi de plus respectable que de tels réformateurs! Les Etats-Unis ont subi aussi leur épreuve du choléra; et, là comme en Europe, le clergé catholique et les Socurs de Charité se sont montrés dignes de leur vocation. Leur dévoûment a fait d'autant plus d'impression sur les protestans, que ceux-ci sont abandonnés de leurs ministres au moment du danger, et qu'ils ne pouvoient, à tout prix, trouver d'infirmières pour leurs hôpitaux. Aussi, à Philadelphie et à Baltimore, on demanda des Sœurs de la Charité d'Emmitzbourg; 13 partirent immédiatement pour Philadelphie, et quand, quinze jours après, la même demande arriva de Baltimore, gautres se mirent aussitôt en route. L'une d'elles mourut presque en arrivant; on en envoya 2 nouvelles. Cet empressement de ces bonnes filles à se jeter au milieu du danger pour se rendre utiles au prochain a été un grand exemple, et les gazettes du pays n'ont pu s'en taire. Les autorités civiles ont plus d'une fois payé leur tribut d'estime et de reconnoissance aux Soeurs. A Baltimore, le maire et son conseil ont fait à leur égard plus qu'elles n'auroient

voulu. Deux des Soeurs sont mortes à l'hôpital de cette ville, les Sœurs Marie-Françoise et Marie-Georges. Le maire voulut suivre leur convoi et écrivit à la maison de Saint-Joseph une lettre pleine de témoignages de respect et de regrets. Le ton seul de cette lettre eût paru fort singulier à ces libéraux impies et farouches qui, en Europe, rougiroient d'honorer du moindre regard un dévoûment inspiré par la religion. Puisqu'ils aiment à prendre l'Amérique pour modèle, qu'ils sachent combien on y admire une héroïque charité. Aujourd'hui, le choléra a beaucoup diminué à Philadelphie, et à Baltimore on commence à s'en croire quitte. New-York a été la ville la plus maltraitée. Quand le choléra y commença, l'évêque catholique, M. Dubois, faisoit au loin sa visite dans son vaste diocèse; il avoit 30,000 catholiques à visiter sur la ligne frontière du Canada. Il parcourut seul plusieurs milles, passant les journées entières à entendre les confessions de ces pauvres catholiques abandonnés et à assister leurs malades, car le choléra se répandoit aussi sur sa route. Son ministère a été pénible, mais consolant, et nous espérons en recevoir des détails. Le prélat ne put arriver à New-York qu'après le plus fort de l'épidémie. Tous les prêtres de la ville avoient été accablés de fatigues; un y est mort et un autre à Rochester. Aux dernières nouvelles, le choléra, quoique diminué, exerçoit encore des ravages; il y avoit quinze à vingt victimes par jour. Dans le Canada, le zèle du clergé n'a pas été moindre qu'ailleurs. Montréal a perdu un dixième de sa population, 2000 et quelques cents de ses habitans, du moins à en juger par les états qu'a publiés l'administration; car il se pourroit que le mal eût été encore plus grand. Pendant le fort de la maladie, les prêtres du séminaire avoient constamment des chevaux prêts jour et nuit, pour se transporter partout où on les appeloit. Ils ont été demandés par les protestans comme par les catholiques, et plusieurs des premiers se sont convertis. Les gazettes ont elles-mêmes remarqué le contraste de la conduite du clergé catholique et de celui protestant, et en effet tout le monde en étoit frappé. C'étoit le sujet ordinaire des conversations. On ne pouvoit s'expliquer l'extrême prudence des uns comparée à l'empressement des autres à braver tous les périls pour le salut de leurs frères. Mais, comment s'en étonner, quand un prélat protestant, l'archevêque anglican de Dublin, a dit formellement dans une lettre publique adressée à son clergé que, chez les protestans, les malades comme les morts n'avoient rien à attendre de leurs ministres, que les prières ne pouvoient rien pour eux, et qu'on étoit obligé de ne pas exposer son pasteur au danger de gagner la maladie en l'appelant auprès du lit d'un malade? Des maximes si froides, une religion si sèche et si dure, et des ministres si peu compatissans, ne sont sans doute pas dans l'esprit du bon pasteur qui a donné sa vie pour ses brebis. C'est la conclusion qu'on a tirée au Canada et aux Etats-Unis.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. L'arrestation de madame la duchesse de Berry vient d'avoir lieu. Cette catastrophe paroissoit inévitable du moment où l'on ne reculoit pas devant l'idée de la réaliser, et puis, qu'au lieu de favoriser secrètement l'évasion de l'auguste prisonnière, on la tenoit bloquée par toutes les forces de la police. Car on n'a jamais cru qu'une personne de cette importance pût échapper à des recherches vraiment sérieuses, où rien ne seroit épargné. L'opinion contraire étoit si forte, qu'en voyant toujours manquer le malheureux succès qu'on vient d'obtenir, tout le monde s'accordoit à en faire honneur à la sagesse et à la modération du pouvoir. Hier encore, au moment où la rumeur publique annonça cette sinistre nouvelle, on continuoit de répéter que la retraite de madame la duchesse de Berry ne pouvoit avoir été ignorée si long-temps de la haute police; mais qu'on avoit été bien aise de faire coïncider cette catastrophe avec l'époque de la session qui va s'ouvrir, afin de pouvoir se présenter devant les chambres avec cette action d'éclat. Pour l'honneur du nom français et des hauts dépositaires de la puissance législative, nous osons espérer que ce n'est point sous de tels auspices que les deux chambres seront flattées de s'ouvrir, et que si elles avoient le choix des évènemens heureux pour la patrie, ce n'est point celui-là qui les séduiroit. Jamais, nous en sommes sûrs, ce ne sera un besoin de nos mœurs et de notre caractère national, de voir une jeune et auguste veuve, amenée prisonnière, les mains liées, et les yeux encore humides du deuil qu'un assassinat lui fait porter. Si l'on veut interroger le sentiment public à ce sujet, qu'on laisse faire seulement comme pour Louis XVI : qu'on permette aux ôtages de se présenter. Nous verrons si, dans le royaume de Louis-Philippe, il en manquera pour sa nièce.

A présent que c'est un mérite d'avoir conspiré contre la branche aînée en faveur de la branche cadette, tout le monde veut avoir été de la partie. Les réclamations arrivent de tous côtés, et c'est à qui se trouvera le premier en date. Moi, je conspirois en 1827, dit l'un. Et moi, en 1825, répond l'autre. Et moi, en 1823, ajoute celui-ci. Et moi, dès le commencement, réplique celui-là. Toujours est-il qu'il se présente beaucoup de réclamans et bien des mérites à récompenser. Les Mémoires de M. Cabet sur la révolution de 1830 ont éveillé une foule de prétentions et de rivalités de ce genre. D'après les explications auxquelles tout cela donne lieu, on conjuroit déjà ouvertement la ruine de la famille réguante, dans le temps où le général Foy s'écrioit à la tribune : La Charte! toute la Charte! rien que la Charte! et, dès-lors, M. le duc d'Orléans se seroit laissé mettre dans toutes ces confidences par des amis impatiens de faire écrire leurs noms sur ses tablettes. MM. Thiers, Madier de Montjau, Casimir Périer, Sébastiani, etc., auroient été des premiers à retenir place sous le feuillage de la branche cadette. Selon les mêmes versions, M. de Schonen ne seroit qu'un retardataire, qu'un traînard, qui auroit attendu jusqu'en 1828, pour chercher à détrôner Charles X en vertu des ordonnances du 25 juillet 1830. Et M. le duc d'Orléans, encore plus prudent qu'eux tous, auroit eu la

patience d'attendre le dénoûment de la comédie de quinze ans, sans se mêler de rien autre chose que de garder religieusement le secret à tous les conspirateurs qu'il savoit être occupés à le faire roi malgré lui.

- De quelque côté qu'on regarde ou qu'on écoute, on trouve que ce sont deux entêtemens qui occupent partout l'attention publique; savoir, l'entêtement du roi de Hollande et celui de M. Dupin. On ne peut dire ce que l'un et l'autre a déjà coûté de messages, de négociations et de frais d'estafettes. Si les Grecs eussent fait le quart de ces démarches auprès d'Achille, lorsqu'il boudoit dans sa tente, le siége de Troie auroit certainement duré cinq années de moins. Quoi qu'il en soit, l'entêtement de M. Dupin commence à donner un peu d'espoir, et il paroît que c'est lui qui se laissera fléchir le premier. Déjà on est parvenu à le faire dîner aux Tuileries; et, du moment où la table s'en mêle, le reste viendra. Seulement, les journaux prétendent qu'il existe encore quelques points de discussion, entre Louis-Philippe et lui, au sujet de la meilleure des républiques. Mais enfin, ils dînent ensemble, et provisoirement cela suffit pour soutenir la rente. Quant au roi de Hollande, sa rancune paroît plus tenace; rien n'annonce que son entêtement diminue; et probablemeut il sera plus difficile de le faire diner avec le roi Léopold, qu'il ne l'a été de faire diner M. Dupin avec LouisPhilippe.

—Madame la duchesse de Berri est arrêtée... Le gouvernement a reçu le 8, à une heure, la nouvelle de cette arrestation, qui a eu lieu le 7, à 10 heures du matin, à Nantes, dans une maison de la rue Haute du château. La princesse y étoit retirée avec M. de Menars, mademoiselle de Kersabiec et M. Guibourg, avocat, qni s'est évadé dernièrement. Les recherches ont duré plusieurs heures; la police a fini par découvrir une plaque de cheminée, qui, tournant sur ellemême, donnoit entrée à une petite chambre où se trouvoient les quatre personnages. Madame la duchesse de Berri a été transférée sur-le-champ au château de Nantes, où elle a été mise sous la garde de la garnison et de la garde nationale. Le conseil des ministres s'est réuni à l'arrivée de la nouvelle, et il a été rendu le même jour 8 une ordonnance qui porte qu'un projet de loi sera présenté aux chambres, pour statuer sur le sort de la princesse.

M. Jauge, banquier à Paris, a été arrêté au moment où l'on recevoit la nouvelle de l'arrestation de madame la duchesse à Paris. Il est accusé d'avoir entretenu des communications avec la princesse et avec les chefs de l'insurrection vendéenne. Les perquisitions dans son domicile ont duré plus de six heures; d'autres arrestations ont été opérées le même jour.

En conséquence du refus opposé par le cabinet de La Haye, à la demande des cours de France et d'Angleterre, couformément aux stipulations de la convention signée à Londres, le 22 octobre, le gouvernement français a envoyé le 8, dans tous les ports français, l'ordre de mettre l'embargo sur les navires hollan c'est un premier acte d'hostilité.

dais;

- Le duc d'Orléans et le duc de Nemours partent dimanche prochain, 9,

pour l'armée du Nord. Le duc d'Orléans emmène avec lui ses aides-de-camp et ses

re

officiers d'ordonnance. Il sera accompagé du général Flahaut, ancien aide-de-camp de Bonaparte; M. le duc d'Elchingen, second fils du maréchal Ney, et capitaine des carabiniers, sera attaché auprès des princes en qualité d'officier d'ordonnance. D'après les nouvelles dispositions arrêtées par le ministre de la guerre, la composition de l'armée du Nord est arrêtée ainsi qu'il suit : INFANTERIE. La brigade d'avant-garde, qui sera commandée par le duc d'Orléans, formée du 20° léger, du 1er régiment de hussards et du 1er de lanciers. Première division, commandée par le lieutenant-général Tiburce Sébastiani; 1re brigade, général Harlet, 11 léger et 5o de ligne; 2o brigade, général Rumigny, 8o et 19o de ligne. Deuxième division, commandée par le lieutenant-général Achard; 1o brigade, général de Castellane, 8 léger et 12o de ligne; 2o brigade, général Voirol, 22o et 9o de ligne. Troisième division, commandée par le lieutenant-général Jamin ; Ire brigade, général Zoepfell, 19e léger et 12e de ligne; 2o brigade, général Georges, 52e et 58¢ de ligne. Quatrième division, commandée par le lieutenant-général Fabre; 1re brigade, général Rapatel, 7 et 25o de ligne; 2o brigade, général d'Hincourt, 61o et 65o de ligne. Cavalerie. Brigade du général Lawœstine, 7e el 8e régimens de chasseurs à cheval. Brigade du général Simonneau; 4o de chasseurs et 5e de hussards. Division du lieutenant-général Dejean; re brigade, général de Kigny, 2o de hussards et 1er de chasseurs ; 2o brigade, général Latour-Maubourg, 5e et roe de dragons. Divisi on du lieutenant-général de St-Alphonse (réserve); tre brigade, géneral Villatte, 1er et 3o de cuirassiers; 2o brigade, général Gusler, 9o et 10o cuirassiers.

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Une division de réserve d'infanterie va être organisée pour l'armée du Nord. Elle sera commandée par le lieutenant-général Schramm et aura deux brigades, qui auront pour chefs les maréchaux-de-camp Rulhière et Durocheret,

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M. Maurice, avocat-général à la cour royale de Donai, est nommé conseiller à la même cour, et est remplacé par M. Preux, substitut du procureur-général. MM. Gaillard et Merveilleux sont nommés avocat-général et substitut à la cour royale de Poitiers, en remplacement de MM, Mesnard et Arnault-Menadières, appelés à d'autres fonctions. M. Poilleu est nommé président du tribunal de Montargis. MM. Legentil-Laurence, Boudet, Girardin. et Garnier, sont nommés procureurs du Roi à Montmorillon, Château-Gontier, Luxeuil et Sarrebourg. Les colléges électoraux de la Linde (Dordogne), et Quimperlé (Finistère), sont convoqués pour le 30 novembre et le 1er décembre, à l'effet d'élire chacun un député, en remplacement de M. Valleton de Garraube, nommé colonel du 38e de ligne; et de M. de Kermorial, nommé lientenant-colonel du 54.

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Le sieur Sugier, signalé pour avoir porté le drapeau rouge qui a été vu au convoi du général Lamarque, étoit poursuivi par contumace, pour attentat tendant au renversement du gouvernement: il a été condamné à la peine de mort.

Dans son audience du 7, la cour d'assises a condamné à cinq ans de réclusion le sieur Arnat, corroyeur, prévenu d'avoir tiré sur les troupes le 6 juin, rue Planche-Mibray; et elle a acquitté les nommés Saint, menuisier, et Metgé, cordonnier, arrêtés pour participation à l'insurrection.

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