des planches de bois : les infcriptions fur-tout étoient ainfi faites, afin de pouvoir les imprimer fur le fable ou fur la terre préparée pour recevoir la fufion. Les anciens & nouveaux ouvrages de bronze, comme bas-reliefs, cloches, canons & autres, font prefque tous chargés d'infcriptions avec des caractères en relief, comme ceux de nos premières impreffions. L'ufage conftant des XIII, XIV & xv. fiècles, étoit d'accompagner les ouvrages de Peinture & de Sculpture de lettres, foit au bas des fujets, pour en expliquer fommairement le fens, ou à côté, pour en marquer les noms ou enfin fur des rouleaux ou bandes qui paroiffoient fortir de la bouche, pour faire dire ce que l'on vouloit ; ce qui fe remarque fur différens monumens qui nous reftent de ce temps, comme tableaux, tapifferies, vitres & bas-reliefs. Une partie des infcriptions ou lettres qui font au bas des Sculptures que l'on voit dans les anciennes Cathédrales, font tail lées fur la pierre en relief, avec la furface plate, comme les premières planches d'impreffion. Celles que l'on voit à Notre-Dame de Paris, font de deux façons, en creux & en relief. L'infcription gravée fur le portique qui eft du côté de l'Archevêché porte en fubftance que » le 12 de Fé»vrier de l'an 1257, ceci fut com» mencé en l'honneur de la Mère de » Jéfus-Chrift, du vivant de Jean » de Chelles, Maître Maçon. Cette infcription eft en lignes parallèles taillées en grandes lettres & de relief. Une autre infcription que l'on voit également à Notre-Dame, fous une petite figure repréfentant Jean Ravy, Sculpteur & Maçon, qui avoit commencé à sculpter les hiftoires qui font autour du Choeur de cette Eglife à l'extérieur, prouve combien cet ufage de graver des lettres eft ancien. C'eft Maitre Jean Ravy qui fut Maçon de Notre-Dame de Paris par l'efpace de vingt-fix ans, & commença ces nouvelles hiftoires. Priez Dieu pour l'ame de lui. Biv Et M. Jean le Boutelier, fon neveu, les a parfaits l'an 1351. On voit encore dans le Choeur & dans les cloîtres d'anciennes Eglises, des ornemens gothiques du xiv. fiècle fculptés fur le bois avec de ces fortes d'inscriptions, fur lefquels il n'y a que de l'encre & du papier à mettre pour en tirer l'impreffion. Voilà donc tout l'art & le méchanisme des planches en caractères de bois en ufage long-temps avant Guttemberg. Quant à l'impreffion, on peut la faire paroître encore avant lui. Les Cartes à jouer, qui, comme on fait, font imprimées avec des planches de bois ** gravées, & enfuite colorées, étoient en ufage en France, en Allemagne, en Italie & en Angleterre, avant l'invention de I'Imprimerie. M. Bullet, dans fon Livre intitulé Recherches hiftori Description de Paris de Piganiol, tom. I, pag. 359. ** Les premières cartes furent peintes, ou deffinées, & imprimées fi-tôt après que ce jeu commença à devenir à la mode. ques fur les Cartes à jouer, qu'il vient de faire imprimer à Lyon, fait remonter l'origine des Cartes vers l'an 1376, trois ou quatre ans avant la mort de Charles V, Roi de France. Il appuie fon opinion fur la chronique de Petit-Jehan de Saintré, qui dit que les Pages de ce Prince jouoient aux dez & aux Cartes. Il dit que Jean I, Roi de Caftille, défendit les dez & les Cartes dans fes Etats, par un Édit de 1387. Le P. Menestrier, Jéfuite, dans fa Bibliothèque curieuse & inftructive, cite une fomme paffée à la Chambre des Comptes pour un jeu de Cartes acheté en 1391, afin de divertir Charles VI, qui commençoit à être en démence; puis il ajoute que les Allemands ayant été les premiers qui aient gravé en bois furent auffi les premiers qui firent les moules des Cartes, qu'ils chargèrent de figures extravagantes. Il eft plus que vraisemblable que ceux qui gravoient ainfi des figures, & qui les imprimoient pour faire des Cartes, ne bornoient pas leurs talens à ce feul objet. Les anciennes gravures ou images en taille de bois confervées au Cabinet des Eftampes du Roi, & d'autres que l'on voit dans celui de quelques Curieux, fur lesquelles on n'aperçoit aucune marque de temps, de lieu, ni d'Artiste ; d'autres portant quelques marques ou monogrammes, mais que l'on n'a pû attribuer à aucun Graveur connu, font fans doute l'ouvrage de ces Artiftes qui exerçoient l'art de graver en bois avant l'Imprimerie. Il fuffit de fuivre ces anciennes impreffions, tant en images qu'en Livres, pour fe convaincre que les premières ont le droit d'aîneffe. Les plus anciennes en taille de bois qui nous reftent, font plufieurs Livres d'images qui font dans le précieux Cabinet d'antiquités Typographiques de M. le Préfident de Cotte; l'un en 46 planches, connu fous le nom d'hiftoire d'ancien & nouveau Testament; un autre en 47 planches, |