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dans de pareilles erreurs en parlant de l'Hiftoire Typographique; mais ce qui m'étonne, c'eft qu'après trois fiècles révolus de l'exercice d'un Art fi utile, on foit en général fi peu inftruit de ce qui concerne fon origine & fes progrès.

C'eft pour jeter un nouveau jour fur cette partie hiftorique, que je vais joindre ici la traduction fidèle de la pièce originale qui nous refte du procès entre Guttemberg & Fauft, dont Profper Marchand n'a donné qu'un précis qui ne fuffit pas.

TRADUCTION LITTÉRALE

D'une Pièce originale en ancien Allemand, concernant le Procès entre Guttemberg & Faust.

Au Nom de Dieu, ainfi foit-il. Soir notoire à tous ceux qui verront ou entendront lire cet Acte public, que l'an de la naiffance de Jefus-Chrift notre Seigneur 1455, Indiction troisième, un Jeudi, fixième jour du mois nommé en latin No

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vember, la première année du Couronnement de notre très-Saint Père & Seigneur, le Seigneur Calixte III, par la providence divine Pape, entre 11 & 12 heures du matin, à Mayence, dans la grande Salle des Moines Déchauffés, en préfence de moi Ecrivain public & des témoins nommés ci-deffous, s'eft préfenté en perfonne l'honnête & prudent JACQUES FAUST, Bourgeois de Mayence, & de la part de JEAN FAUST fon frère qui étoit auffi préfent, a produit, dit & déclaré, qu'entre ledit JEAN FAUST fon frère d'une part, & JEAN GUTTENBERG de l'autre, un jour certain à cette heure d'aujourd'hui avoit été nommé marqué & fixé dans ladite Salle dudit lieu audit Jean Guttenberg, pour voir & entendre ledit Jean Fauft prêter le ferment à lui ordonné & impofé, fe lon le contenu & la teneur du jugement entre les deux parties; & afin que les Frères dudit Couvent encore affemblés dans la Salle dudit lieu, ne fuffent point moleftés ni interrompus, ledit Jacques Fauft fit dire par un messager dans la fufdite Salle, que fi Jean Guttenberg,

,

étoit dans

ou quelqu'un de fa part, le Couvent pour le fujet fufdit, il eût à fe préfenter. Après un tel message & demande, vinrent dans ladite Salle l'honnête Sieur HENRY GUNTHER , ci-devant Curé à S. Chriftophe de Mayence, HENRY KEFFER & BECHTOLD de Hanau, ferviteur & valet dudit Jean Guttenberg; & après que ledit Jean Fauft leur eût demandé ce qu'ils faifoient-là & pourquoi ils y étoient, s'ils avoient auffi pouvoir dans cette affaire de la part de Jean Guttenberg, ils répondirent en général & en particulier, qu'ils étoient envoyés par le NOBLE Sieur JEAN GUTTENBERG, pour entendre & voir ce qu'on feroit dans cette affaire. Enfuite Jean Fauft protefta & témoigna que, voulant fe conformer à l'Ordonnance, il étoit venu, s'étoit affis & avoit auffi attendu après Jean Guttenberg fon adverse partie jusqu'à 12

* Cet endroit où Guttemberg eft qualifié de NOBLE, & fa retraite auprès d'Adolphe de Naffau, Electeur de Mayence, au fervice duquel il mourut, prouvent bien clairement ce que j'ai dit, qu'il n'étoit point Artifte, mais feulement homme intelligent & curieux, qui cherchoit à faire des découvertes & à former des entreprises, toutes choses qui s'allient parfaitement avec la Nobleffe.

heures, & qu'il l'attendoit encore, lequel ne s'étoit point présenté en perfonne à cette affaire. Il fe montra prêt à fatisfaire au jugement rendu fur le premier article de fa demande felon fon contenu, qu'il fit lire de mot à mot avec fa prétention & réponse dont voici la teneur : Et comme Jean Fauft avoit promis audit Jean Guttenberg, ainfi qu'il eft premièrement compris dans le billet de leur convention, qu'il avanceroit à Jean Guttenberg 800 florins en argent pour certain, avec lefquels il acheveroit l'ouvrage, & s'il en coutoit plus ou moins, cela ne le regarderoit pas, & que Jean Guttenberg lui donneroit de ces 800 florins 6 florins par cent d'intérêt. Or il a.. emprunté pour lui ces 800 florins à intérêt, & les lui a donnés, dont Guttenberg n'étant pas fatisfait, s'eft plaint qu'il n'avoit pas encore affez de ces 800 florins. Ainfi, ayant voulu le fatisfaire, il lui a donné, outre les premiers 800 florins, 800 autres, de forte qu'il lui a avancé 800 florins plus qu'il n'étoit obligé en vertu du billet fufdit, & qu'ainfi il lui avoit fallu donner 140 florins d'inté

rêt des 800 florins qu'il lui avoit avancés en dernier lieu. Et quoique le fufdit Jean Guttenberg fe fût obligé par le fufdit billet à lui donner 6 florins pour cent d'intérêt des premiers 800 florins, néanmoins il n'a rien payé dans aucune année, mais il a fallu qu'il payât lui-même ledit intérêt, ce qui monte de bon compte à 250 florins; & comme Jean Guttenberg ne lui a jamais payé cet intérét, favoir les 6 florins des premiers 800 florins, non plus que l'intérêt des 800 derniers, & qu'il a été obligé luimême d'emprunter enfuite cet intérêt parmi les Chrétiens & les Juifs, & d'en donner 36 florins de bon compte pour la recherche ce qui monte enfemble, avec l'argent principal, à 2020 florins pour certain, il lui demande préfentement qu'il lui paye le tout fans qu'il en fouffre de dommage. A cela JEAN GUTTENBERG a répondu que Jean Fauft lui avoit donné 800 florins, afin de préparer & faire fes uftenfiles avec cet argent, à condition qu'il fe contenteroit de cette fomme, & l'employeroit à fon utilité; que les outils fe roient engagés au fufdit Jean Fauft, & que

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