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le Polorois écoute les propofitions des Tarmares, & que de l'autre le Doge termine cette Baerre à des conditions que les Turcs lui Kieront fans doute raifonnables, voila l'Empereur qui aura feul fur les bras toute la Puifance Ottomane, à laquelle je le vois bien noins en état de réfifter qu'il n'a jamais été, or bar fon propre affoibliffement.

M. PAGET.

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Pourquoi? Ne fçavez vous pas l'orage qui fe forme en Allemagne touchant l'érection du nouvel Electorat Et penfez vous que les Princes mécontents en demeurent-là ? Ils ont tellement pris feu que le Nørt en eft échauffé, & le Roi de Danemark picqué d'ailleurs par une infinité d'infultes faites fes Vaiffeaux & à fes Sajets, fe declare Chef de ce parti.

M. PAGET.

Et voici des Lettres que je viens de recevoir d'Angleterre, par lefquelles on me mande qu'on a contenté le Duc de Wolfembutel, qui étoit le plus intereffé & le plus animé de tous les Mécontens; & l'on me donne ordre de ne pas manquer de le publier ici comme on prend foin de le débiter par-delà dans les Gazettes, afin que les Turcs n'aillent pas croire legerement ce qu'on pouroit leur dire fur ce fujet, & qui les éloigneroit Encore plus de la Paix.

HEMSKERKE.

Je ne doute pas qu'on ne vous mande la chofe comme vous la dites, mais entre vous & moi n'en croyez rien. J'ai des avis plus furs que les vôtres. Des Ambaffadeurs de nôtre calibre, & dans la fituation des affai res prefentes, font des gens payez expres pour mentir; & afin qu'ils débitent plu affirmativement ce qui n'eft pas, on ne leur aprend les chofes que de la maniere dont o veut qu'ils les difent. Ainfi quoique mes Lettres publiques me content comme à vous que l'on apaife Wolfembutel, je ne le croi pas, & j'ajoûte bien plus de foi à celles de mes amis particuliers, qui me mandent qu'il n'en eft rien, & qu'au contraire on fe prépare fortement à la Guerre.

M. PAGET.

Cependant il faut bien que l'Empereur f fente plus fort, puifqu'il prétend mettre deux Armées fur le Rhin, & que le Prince de Bade quitte le Commandement en Hongrie pour venir prendre celui de Pune de ces deux Armées.

HEMSKERKE.

Ne voyez-vous pas que ces deux Armées qu'on promet fur le Rhin, & ce changement du Prince de Bade, font les avant-coureurs de la nouvelle Guerre que prévoit le Minif tere de Vienne? Cette Armée fur le bas Rhin qui fera compofée des Troupes des Princes qui prennent le plus de part à foûtenir le Duc d'Hanover, cft uniquement deftinée

contre

A contre les Princes mécontents, & j'aprend même que c'eft celle que Bade pretend commander comme la plus importante au fervice Ja de l'Empereur. Il ne faut donc point comptér plus de forces à l'Empereur contre les Turcs & les François qu'il n'en avoit la derniere Campagne, il eft au contraire impoffible qu'il en opofe autant à ces deux Puiffances, puifqu'il faut qu'il fe divife encore pour foutenir l'innovation qu'il a faite par complaifance pour nôtre Roi Statouder.

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Je commence à concevoir qu'il pouroit fabien être vrai que l'Empereur fût plus foible :& fes Ennemis plus forts que la Campagne derniere, & qu'ainfi je pourois bien ne pas trouver ici autant de difpofitions à la Paix qu'on m'en faifoit efperer.

HEMSKERKE. Cependant nôtre Gazetier fe pendroit plûtôt que de laiffer paffer deux Gazettes fans promettre aux Peuples cette bienheureuse Paix du Turc pour laquelle l'Empereur pouf fe depuis quatre ans tant de foupirs inutiles; mais cette nouvelle érection de l'Electorat l'éloigne terriblement, puifqu'il eft impoffible qu'elle ne caufe dans l'Empire un trouble, dont les Turcs feront ponctuellement informez. Mais voulez-vous fçavoir ce qu'un François difoit hier aux Bains touchant cette ércétion de l'Electorat ?

M. PAGET.

Et que difoit-il ?

3. Partie.

B

HEMSKERKE.

Que les Princes d'Allemagne par leur union avec l'Empereur, lui avoient reconquis la Hongrie, & gagné des Victoires; mais que rendu plus puiffant par leurs fecours, il em. ployoit cette Puiffance acquile à empiéter fur leurs droits & à les détruire, & fur cela il me remettoit en memoire un certain Conte que vous aurez peut-être déja vû ailleurs, lc voici.

FABLE

De la Coignée Démanchée.
Ertain Bucheron autrefois,
C Portoit, en paffant dans un Bois,
Le fer d'une Hache fans manche:

Mais en levant les yeux il vit heureusement
Que d'un Chêne pendoit une fort belle branches
Pour Dieu prêtez-la moi, dit-il fort humble

ment.

L'Arbre répond d'un coup de téte

A cet honnête compliment,

Et d'une complaisance bête

Fournit à l'inftrument

Un juste affortiment.

A remplir fon devoir la Coignée ainfi prête,

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Que fait mon Bucheron? A bons grands coups

de bras

Contre le pié du Chêne il frape,

L'entame, le ming, le fape,

Le renverse par terre, & mot le refte à bas', ** Si bien que de son fer pas un Arbre m'échape.

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De fa faute trop tard la Forest s'aperçûst:

Mais quand des coups qu'elle reçût
Elle fe vil tombée; ingrat, s'écria-t-elle,
Eft-ce là me recompenfer ?

Ah! fi je n'avois point armé ta main cruelle,
Cette main n'auroit pas dequoi me renverser.

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Il eft fans doute fort ailé d'apliquer cette avanture du Chêne aux Princes de l'Empire qui fe font épuifez de forces & d'argent pour la gloire de l'Empereur, tandis qu'il renverfe leurs droits, & qu'il tourne contre eux la Hache qu'ils ont emmanchée. Mais auffi peut-il rien refufer de ce que mon Maître exige de lui ?

HEMSKERKE,

Mais à propos de vôtre Maître, n'avezvous point vu la forme ou la figure de certain Serment nouveau que l'on fait jurer aux Angloist:

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