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Pot, arlequin fera pour eux la quête à Popéra (1).

Tandis que les établissemens religieux ont disparu en France, et que bientôt il n'en restera plus de trace dans la Belgique, l'Angleterre en recueille avec respect les débris vénérables; et par une de ces admirables dispositions de la Providence, qu'il est impossible de méconnoître, le même pays dans lequel, il n'y a pas long-temps, un prêtre catholique étoit pani de mort pour avoir célébré la messe, voit s'élever des monasteres où se pratiquent publiquement toutes les regles de la vie religieuse. Ceci nous rappelle l'aveu d'un fa meux philosophe anglais, qui dit que la seule chose qui manque en Angleterre, ce sont des maisons religieuses, et qu'il regrette la suppression totale qui en a été faite, lors de l'établissement de la religion anglicane. Ces colonies précieuses de saintes filles et de solitaires fervens, qui vont donner en Angleterre, le spectacle de leurs vertus, seroient

(1) C'est au sortir de l'opéra, comme autrefois au sortir des sermons, que l'on fait, à Paris, la quête pour les pauvres. Ce sont des coureuses de spectacles, ou des femmes vêtues à la grecque, quoique cependant très-françaises, qui suppléent dans cette fonction le zele des curés, et de ces femmes pieuses et respectables qui composoient, dans chaque paroisse, les assemblées de charité. C'est tout ce que les philosophes ont trouvé, dans la fécondité de leur génie, pour signaler leur bienfaisance, et tout ce qui tient lieu des établissemens sans nombre que la religion avoit Consacrés au soulagement des infortunés.

elles un germe de catholicité, qui peut-être prospérera avec le temps, et qui pourra porter des fruits, quand le moment marqué dans les desseins de Dieu sera arrivé? Quoi qu'il en soit, nos lecteurs seront sans doute satisfaits de trouver ici les détails suivans dont rendent compte certains papiers publics.

Vous prenez grand intérêt, monsieur, à la petite colonie (1) de trappistes qui se proposoit de passer dans le Canada, et qui s'est arrêtée en Angleterre. Je présume donc vous faire plaisir -en vous faisant part de ce qui suit:

Le bienfaiteur et fondateur de cette communauté de trappistes en Angleterre, est un très-pieux et très-charitable catholique, nommé Thomas Weld. Ayant appris, par les papiers publics qu'il y avoit à Londres des religieux trappistes, il voulut aussi-tôt les recueillir et les établir auprès de son château; il leur en fit faire la proposition. Une proposition semblable leur fut faite en même-tenips par milord

(1) Pour entendre mieux le contenu de cet extrait, il faut savoir que les religieux de la Trappe, forcés de sortir de leur monastere, se retirerent presque tous dans le canton de Fribourg, et sous la protection du gouvernement, s'établirent dans une chartreuse vacante, qui portoit le nom de Valsainte; que les religieux qui se sont multipliés à la Valsainte, ont formé des établissemens dans d'autres contrées de l'Europe; qu'ils se proposoient d'en former un dans le Canada, où ils étoient appellés; mais que les religieux qui se rendoient dans cette partie de l'Amérique, et qui passoient par P'Angleterre, ont été retenus par les Anglais, et y sont actuellement établis.

d'Arundel, riche et pieux catholique : ce milord offroit de les établir dans une maison à lui appartenante, à quelques lieues de Londres. Les religieux, après avoir pris quelques jours pour prier et connoître la volonté de Dieu, ac cepterent l'établissement offert par M. Weld, et se rendirent auprès de lui, à Luneworth. Le comité ecclésiastique avoit jusqu'alors fourni à leurs besoins, pour logement et nourriture: M. Weld les logea dans une maison près de son eháteau, pendant qu'il leur faisoit bâtir un monastere, selon le plan qu'ils en avoient tracé eux-mêmes, au milieu d'un bois, à un quart de lieue du château, près de la mer. Ils habitent le monastere depuis le carême.

Cependant le ministre anglican du bourg de Luneworth, mécontent de tout cela, a cherché à traverser la bonne œuvre de M. Weld; il a fait et distribué un pamphlet contre le seigneur, où il le blâme de l'accueil qu'il a fait à ces religieux, et de ce qu'il leur a fait bâtir on monastere; et M. Weld craignant les suites de cette affaire, a pris le parti de s'adresser à l'évêque anglican de Bath, dans le ressort duquel est le bourg de Luneworth. Cet évêque lui a répondu très-gracieusement, l'a loué de sa bonne œuvre et engagé à la poursuivre, sans se mettre aucunement en peine du ministre anglican. Celui-ci s'est alors adressé au parlement, et a fait distribuer à plusieurs de ses membres. un imprimé tendant à faire censurer et arrêter l'entreprise de M. Weld. Tous les évêques anglicans qui, comme vous savez, sont membres du parlement, se sont assemblés à cette occasion; et le résultat de leur délibération a été,

que tous unanimement ont approuvé M. Weld, et ont chargé deux d'entr'eux de lui écrire, en leur nom, de n'avoir aucune inquiétude, et de continuer sa bonne œuvre. C'est au commencement de février dernier qu'il reçut cette lettre. Les trappistes pratiquent toutes les observances de leur regle, et portent leur habit de religieux, en observant de se couvrir d'un habit de toile, lorsqu'ils sortent pour le travail du dehors.

Vous apprendrez encore avec plaisir que les chartreux ont profité des bonnes dispositions que milord d'Arundel avoit témoignées pour les trappistes. Ils sont réunis dans une maison qui appartient à ce seigneur, et où il fournit à leurs besoins. Il exerce la même charité en faveur des carmélites anglaises d'Anvers, réfugiées en Angleterre. M. Weld, bienfaiteur des trappistes, en agit de même à l'égard d'une communauté de trente-neuf bénédictines anglaises d'une ville du Brabant, réfugiées à Winchester, à quinze lieues de Londres : il y a loué, pour elles, un ancien monastere, avec un jardin clos de murs; elles y sont réunies, et y observent leur regle : la supérieure de cette communauté est une des filles de M. Weld. Toutes les communautés de religieuses anglaises, des Pays-Bas ou de France, qui se sont retirées en Angleterre, y ont été très-favorablement accueillies par le gouvernement et par des particuliers catholiques et protestans; elles sont réunies en différens lieux, suivent leurs regles, et portent leurs habits. Elles ont part aux secours du comité ecclésiastique. On donne par mois une guinée pour chaque religieuse vivant en communauté, et une guinée et demie

à celles des religieuses françaises qui n'ont pu se réunir. Leur travail supplée au reste. La célebre madame de Levi, supérieure des religieuses de Montargis, passa en Angleterre avec toute sa communauté, dès le commencement de la révolution. Elles furent très-bien reçues, et abondamment secourues. Elles vivent en communauté, à quelques lieues de Londres.

Lettre au Rédacteur des Annales Catholiques sur le synode de Versailles de cette année et sur son président.

Citoyen, vous ignorez tous les faits concernant le synode dont vous parlez. Vous les composez d'imagination. Je n'en ferai pas un objet de controverse avec vous. Il me suffit de vous renvoyer à ce qu'en a publié le journal de l'Imprimerie Chrétienne, pour vous en instruire. Je ne m'étendrai pas davantage sur les caracteres que vous vous permettez de me prodiguer d'homme absurde, extravagant barre de fer, et (par dérision) de sagace, de tête forte, de robuste théologien, d'ambi tieux, courant la carriere des honneurs, etc. Je laisse à l'opinion publique à faire justice de ces injures, et j'y mets ma confiance, parce que je tâche de suffire à mes devoirs, et que je ne me sens pas d'autre ambition, J'ai toujours éprouvé d'ailleurs qu'il importe autant de garder son cœur des illusions de l'estime, que du ressentiment contre les calomniateurs. Pour les sentimens intérieurs de mon ambition, je laisse à Dieu d'en juger, son témoignage me doit

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