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pas être durables: cet être foible et périssable ne peut faire un ouvrage à l'épreuve du temps, de la fortune et des conquérans. L'ouvrier ne peut donner à son ouvrage un caractere de durée et d'immortalité qu'il n'a pas lui-même. Si le législateur des Hébreux n'est qu'un sage, il est donc le seul sage qui ait paru dans l'uni vers, puisque nous ne voyons chez aucun autre peuple une constitution durable, à l'épreuve du temps, de la fortune et des conquérans. La plus forte preuve qué la constitution judaïque n'est pas l'ouvrage de l'homme, est qu'elle ne convient pas à tous les hommes, et qu'en même-temps qu'elle est inaltérable chez un peuple, elle est impraticable chez les

autres.

Dieu même avoit éclairé l'esprit, avoit surtout échauffé le cœur de Moyse; c'est-à-dire, que lui ayant donné une intelligence plus capable de comprendre, un cœur plus capable d'aimer, des sens plus capables d'agir, il lui avoit menagé dans l'éducation la plus soignée

dans les autres circonstances de ses premieres années, les moyens de perfectionner ses acultés et de se rendre propre aux grands deseins de Dieu sur lui. C'est ainsi que l'EtreSuprême éclaire l'esprit, échauffe le cœur, forifie même les sens des hommes extraordinaires, nxquels il donne la mission sublime de former ude rétablir les sociétés. Moyse devient donc le gislateur du peuple juif, c'est-à-dire, que Dieu esert de ce grand homme pour parler et écrire parole, et il renferme dans dix Commandeens ou Préceptes, les premiers principes du alte de Dieu et de la société humaine. Remar

quez que M. Bossuet, de qui sont ces paroles, joint ici la société politique à la société religieuse.

A l'instant que le peuple juif sortoit de l'Egypte, et qu'il alloit entrer dans la terre dont il devoit faire la conquête, c'est-à-dire, lorsqu'il dépose les chaînes de l'esclavage pour s'élever à la dignité d'un peuple indépendant et d'une société extérieure, Moyse ordonne aux Juifs, au nom du Seigneur, de lui consacrer tous les premiers nés mâles; et en établissant une distinction aussi marquée entre l'aîné et ses freres, il constitue la famille comme le seul et véritable élément de la société extérieure et politique.

Dieu se place lui-même à la tête du code qu'il donne aux sociétés. Je suis le Seigneur votre Dieu, dit-il sublime préambule de la loi la plus auguste qui fût jamais! Moyse n'ordonne pas au peuple de croire à l'existence de Dieu. Il n'en fait pas un décret; c'est un fait indépendant de la croyance des hommes; Dien, si j'ose le dire, expose son titre et se réserve de le prouver.....

Ce n'est pas assez d'établir le principe de l'unité de Dieu chez ce peuple si porté à multiplier les dieux; le Dieu jaloux lui défend expressément d'adorer les dieux étrangers, de se faire aucune figure taillée, aucune image de la Divinité, ni de la représenter sous la ressemblance d'aucun corps animé ou inanimé.

L'intelligence pure se manifeste aux sens par la parole, mais elle ne veut pas encore s peindre aux yeux. Elle est sensible, mais ell ne veut pas être visible chez un peuple porte à n'adorer que des Dieux qu'il puisse voir.

Dieu interdit aux Juifs d'adorer de faux dieux, non adorabis neque coles; et il distingue ainsi l'adoration du culte. En défendant à son peuple de se faire des figures taillées ou des représentations visibles de la Divinité, Dieu emploie ces paroles remarquables: Je punirai les iniquités des peres sur les enfans, jusqu'à la troisieme et quatrieme génération, dans tous ceux qui me haïssent; preuve évidente que l'idolâtrie est une religion de haine ou de crainte sans amour.

. Dieu menace de punir jusqu'à la troisieme et quatrieme génération, les iniquités de ceux qui le haïssent; il promet de faire miséricorde jusqu'à mille générations, à ceux qui l'aiment et gardent ses préceptes. Après la défense que Dieu vient de faire, de fabriquer et d'adorer de faux dieux, on ne peut entendre par ceux qui le haïssent, que les idolâtres sectateurs de la religion de haine, et par ceux qui l'aiment que les sectateurs fideles de la religion de l'unité de Dieu, religion d'amour.

Dieu lui-même établit entr'eux une différence remarquable; il borne au nombre déterminé de trois ou quatre générations la punition de l'idolátre, c'est-à-dire, la durée de l'idolâtrie, ce s qui annonce que la religion publique du polythéisme ne peut avoir qu'un temps, et qu'elle doit prendre fin; au-lieu qu'il étend au nombre infini de mille générations sa miséricorde envers ceux qui l'aiment, c'est-à-dire, qui conservent la religion de son unité.

Dieu a proscrit le polythéisme, il condamne Pathéisme qui est l'excès opposé. Vous ne prendrez point le nom du Seigneur en vain.

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C'est-à-dire, vous ne regarderez pas la Divinité comme si elle n'existoit pas. L'interprétation différente qu'on peut donner à ce passage, rentre au fonds dans celle que je donne; car jurer à faux le nom de Dieu, est nier tacitement şon existence.

Dieu a établi la religion intérieure ou l'adoration; il établit la religion extérieure ou le culte. Souvenez vous de sanctifier le jour du sabat; et comme la religion aussi ancienne que l'homme se lie dans tous ses préceptes, à quelque motif tiré de la nature de l'homme, le culte, aussi ancien que la société, se lie dans toutes ses pratiques, à quelque époque de l'histoire et de la nature de la société. Dieu rappelle à son peuple qu'après avoir créé l'univers durant six jours, il s'est reposé le septieme; il veut que tous les septiemes jours lui soient consacrés en mémoire de la création; et en donnant un jour de repos utile à l'homme physique, il se le réserve tout entier, pour occuper à son culte l'homme intelligent. Dans la religion judaïque, religion de crainte, mêlée d'attente, Dieu défend le jour du sabat, jusqu'aux occupations les plus innocentes, de peur que ce peuple indocile et grossier ne passat bientôt jusqu'aux occupations les moins utiles et peut-être jusqu'à méconnoître la loi. Dans la religion chrétienne, religion d'amour, l'extrême rigueur de cette loi a été modérée, restreinte aux seules occupations lu cratives. On remarque que la premiere loi donnée aux Juifs, celle qui devoit être un souvenir toujours subsistant de l'acte de la puissance infinie, de la création, est précisément celle que le malheureux peuple observe par

tout avec la plus religieuse fidélité, quoiqu'elle soit celle dont l'exécution est la plus répétée et la plus pénible.

La loi religieuse de l'observation du sabat est une conséquence nécessaire dérivée de la foi fondamentale de l'existence de Dieu, et elle est fondée aussi sur la nature de l'homme. Car s'il existe un Dieu, il doit être honoré; et si l'homme n'est jamais occupé que de ses besoins physiques, il négligera le culte de la Divinité; l'homme intelligent négligera de former société avec l'Etre-Suprême, et par conséquent cessera de se conserver lui-même dans sa perfection.

Il a paru, il y a quelque temps, un Mandement de M. l'archevêque de Lyon au clergé et aux fideles de son diocese. Cet écrit est très-instructif et très-propre à diriger les catholiques dans les circonstances présentes. Nous aimons à croire que la conclusion de la paix, en rendant les communications plus faciles rendront en même-temps ces sortes d'instructions plus fréquentes, en attendant que la Providence, touchée enfin de nos maux, ramene parmi nous nos pasteurs légitimes que la violence a dispersés, et que réclament de plus en plus la justice, la liberté de notre culte, et l'intérêt du bien public.

Il paroît encore une Instruction des administrateurs du diocese de Rhodez, en communion avec le saint-siege et l'évêque légitime,

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