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vers la république françoise, doivent engager celle-ci à user de réciprocité, et à leur prêter assistance;

2.° Que la république françoise, au moyen dela demande faite par les Grisons, est devenue médiatrice et comme l'arbitre du sort des peuples;

3. Qu'il est hors de doute. que les Grisons ont violé les capitulations qu'ils étoient tenus d'observer envers les peuples de la Valteline, Chiavenna et Bormio, et que conséquemment ceux-ci sont rentrés dans les droits que la nature donne à tous les peuples;

4.° Qu'un peuple ne peut être sujet d'un autre peuple, sans violer les principes du droit public et naturel;

5.° Que le vœu des habitans de la Valteline, Chiavenna et Bormio, est très-prononcé pour leur réunion à la république cisalpine;

6.° Que la conformité des religions et des langues, la nature des localités, communications et du commerce, autorisent également cette réunion de la Valteline, Chiavenna et Bormio à la république cisalpine, de laquelle d'ailleurs les trois pays ont éte autrefois démembrés;

7.° Que, depuis le décret des communes qui composent les trois ligues Grises, le parti qu'auroit dû prendre le médiateur, d'organiser la Valteline en quatrième ligue, se trouve rejeté; que par conséquent il ne reste plus de refuge à

d'Udine.

la Valteline contre la tyrannie, que dans la république cisalpine; le général en chef, au nom de la république françoise, arrête, en vertu du pouvoir dont la république françoise est investie par la demande que les Grisons et les Valtelins ont faite de sa médiation, que les peuples de la Valteline, Chiavenna et Bormio sont maîtres de se réunir à la république cisalpine.

Négociations Le directoire exécutif avoit chargé le général Buonaparte de négocier la paix définitive avec l'empereur, comme chef de la maison d'Autriche; mais, pendant que ce général s'arrêta à Montebello ou dans d'autres villes de l'Italie, occupé de l'organisation de la nouvelle république, l'affaire de la pacification avançoit fort peu. Le marquis de Gallo et le comte de Meerveldt avoient, à la vérité, ouvert, dès le 19 mai, les négociations avec Buonaparte; mais, des deux côtés, on ne témoigna pas un grand zèle, parce qu'on s'attendoit à un changement dans le directoire. La majorité de ce corps ne pouvoit pas se décider à renoncer à l'espérance d'obtenir la cession d'une grande partie ou de la totalité des provinces situées sur la rive gauche du Rhin; elle fut donc bien aise de trouver, dans la difficulté qu'offroit la fixation définitive du sort de l'Italie, un prétexte pour retarder la conclusion de la paix. D'un autre côté, le gouvernement autrichien n'éprouvoit pas moins de peine à renoncer à la possession de Mantoue que les préliminaires de Léoben lui avoient laissée; il vouloit

conserver cette place avec la partie des états de Venise, située entre l'Oglio, le Pô et la mer Adriatique, que ces mêmes préliminaires lui avoient adjugée. Le directoire exécutif, au contraire, vouloit que Mantoue formât la frontière de la république cisalpine. Buonaparte ne partageoit pas tout-à-fait l'opinion du directoire sur l'importance de cette forteresse; d'après lui, Pizzighetone pouvoit la remplacer; il pensoit qu'il valoit mieux laisser Mantoue à l'Autriche et conserver l'indépendance de Venise. Obligé finalement de céder aux ordres de son gouvernement, il offrit à l'Autriche la ville de Venise; mais il demanda, à titre de compensation, non seulement que les trois légations pussent être réunies à la république cisalpine, mais aussi qu'une partie au moins de la rive gauche du Rhin fût cédée à la France.

Le directoire n'étoit pas satisfait de ces propositions ; il vouloit et réunir Mantoue à la république cisalpine, et rompre plutôt les négociations que de laisser Venise à l'Autriche. Cette résolution causa une discussion fort animée dans le sein du directoire, où Carnot et Barthélemy protestèrent solennellement contre le projet de rompre les négociations; leur résistance fut cause que Buonaparte reçut l'ordre de se rapprocher des plénipotentiaires autrichiens. П se rendit, en effet, le 25, au château de Passeriano, près Udine, où le marquis de

Gallo étoit arrivé le 18; mais comme il avoit le secret de la conspiration qui se tramoit à Paris, il ne se pressa pas d'aller en avant.

Cette conspiration éclata le 4 septembre; elle rejeta la France dans les horreurs de la révolution, et prépara le renversement du régime républicain; mais elle accéléra la conclusion de la paix. Aussitôt que Buonaparte reçut à Udine la nouvelle du triomphe de son parti, il déclara positivement aux plénipotentiaires autrichiens qu'il ne se relâcheroit pas de ses prétentions. Le comte de Meerveldt alla, le 13 septembre, à Vienne, pour prendre de nouvelles instructions; il revint, le 20, à Udine, suivi du comte Louis de Cobenzl, chargé de mettre la dernière main à l'œuvre de la pacification. Les conférences recommencèrent le 25 septembre; et, après quelques séances orageuses, dans lesquelles Buonaparte prit ce ton tranchant qui par la suite lui devint habituel, on put, le 1.o octobre, envoyer à Paris et à Vienne l'ultimatum des demandes réciproques à l'égard des trois points qui avoient éprouvé le plus de contradiction; savoir la réunion de Mantoue à la république cisalpine, l'établissement du Rhin, comme limite, et l'application des lois françoises aux émigrés belges.

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. Il faut observer le changement qui s'étoit opéré dans la politique du directoire françois. Jusqu'au 4 septembre (18 fructidor), il vouloit

la guerre, qui lui offroit le moyen de renverser le parti de l'opposition, composé de la majorité des membres du corps législatif; mais aussitôt qu'il se fut emparé du pouvoir absolu, et que le corps législatif ne fut plus qu'un instrument de sa volonté suprême, il se décida pour la paix, qui devoit consolider son autorité, en faisant croire à la nation que le parti renversé s'étoit opposé à ce que le vœu général ne fût rempli. Mais comme, d'un autre côté, il ne pouvoit se maintenir à la longue, sans donner une occupation à ses armées, il eut soin de conclure une paix qui portât en elle-même le germe de sa dissolution. Il résolut d'offrir à l'empereur, à la place de Mantoue, la ville de Venise, dont la possession auroit été infiniment plus utile à la république cisalpine, en lui donnant un port de mer dont elle manquoit entièrement. Dès le 27 septembre, Buonaparte proclama la réunion de Mantoue à la république isalpine, et ne laissa ainsi à la cour de Vienne que 'alternative entre la guerre et la renonciation cette place, regardée comme la clef de l'Italie. Le ministère autrichien s'étant décidé à céder ur ce point, se relâcha aussi sur celui de l'inégrité de l'Empire du côté du Rhin, et se laissa blouir par un système de compensation dans equel on lui présenta la perspective de pouvoir s'agrandir du côté de la Bavière. Enfin, u lieu de décider la troisième question litigieuse, qui regardoit les émigrés de la Bel

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