SACÉLÈBRE ACTRICE. — 1736. hay né
QUE vois-je! quel objet, quof! ces lèvres charmantes, Quoi! ces yeux d'où partaient ces flammes éloquentes," Éprouvent du trépas les livides horreurs!
Muses, Grâces, Amours, dont elle fut l'image, susA O mes dieux et les siens, secourez votre ouvrage.
Que vois-je! c'en est fait, je t'embrasse, et tu meurs!R Tu meurs; on sait déjà cette affreuse nouvelle; Tous les cœurs sont emus de ma douleur mortelle. 9! J'entends de tous côtés les beaux-arts éperdus S'écrier en pleurant Melpomene n'est plus! Que direz-vous, race future,
Lorsque vous apprendrez la flétrissanté injure
Qu'à ces arts désolés font des hommes cruels ?inr, 150 Ils privent de la sépulture
- ta olla suck Celle qui dans la Grèce aurait eu des autels, 478 Quand elle était au monde, ils soupiraient pour elle; Je les ai vus soumis, autour d'elle empresses: Sitôt qu'elle n'est plus elle est donc criminelle! Elle a charmé le monde, et vous l'en punissez! Non, ces bords désormais ne seront plus profanes: Ils contiennent ta cendre, et éë triste tombeau, Honoré par nos chants,' consacré par tes manes Est pour nous un temple nouveau. Voilà mon Saint-Denis; bui, c'est là que j'adore Tes talens, ton esprit, tes grâces, tes appas: Je les aimai vivans; je les encense encore, Malgré les horreurs du trepas, Malgré l'erreur, et les ingrats
Que seuls de ce tombeau l'opprobre deshonore. verrai-je toujours ma faible nation,A Incertaine en ses voeux, flétrir ce qu'elle admire; Nos mœurs avec nos los toujours se contredire; Et le Français volage endormi sous l'empite en V De la superstition? 4097 207 9Ɑ
Quoi! n'est-ce donc qu'en Angleterre zisq si of Que les mortels 'osent penser?07 2007
O rivale d'Athène! 'Londre! heureuse terrenal
* Elle est enterrée sur le bord de la Seine, près le pont Royal."
Ainsi que les tyrans, vous avez su chasser Les préjugés honteux qui vous livraient la guerre. C'est là qu'on sait tout dire, et tout récompenser; Nul art n'est méprisé, tout succès a sa gloire. Le vainqueur de Tallard, le fils de la Victoire, Le sublime Dryden, et le sage Addisson, Et la charmante Ophils, et l'immortel Newton, Ont part au temple de mémoire;
Et Le Couvreur à Londre aurait eu des tombeaux Parmi les beaux esprits, les rois et les héros. * Quiconque a des talens à Londre est un grand homme. L'abondance et la liberté
Ont après deux mille ans chez vous ressuscité L'esprit de la Grèce et de Rome.
Des lauriers d'Apollon, dans nos stériles champs, La feuille négligée est-elle donc flétrie ?.. Dieux! pourquoi mon pays n'est-il plus la patrie Et de la gloire et des talens?
LA POLICE SOUS LOUIS XIV.** Le grand art de régner est le premier des arts: Il ne se borne point aux fatigues de Mars; Il n'est point renfermé dans le soin politique D'abaisser la fierté d'un voisin tyrannique, Ou d'ébranler l'Europe, ou d'y donner la loi. Le devoir d'un monarque est de régner chez soi, D'y former un état redoutable et tranquille De rendre heureux son peuple en le rendant docile: C'est ainsi que Louis sut passer autrefois Des tentes de Bellone au temple de nos lois. Il montait sur un trône environné d'abîmes, De débris, de t tombeaux, de meurtres et de crimes, Au milieu des flambeaux de nos divisions, Aux cris de la discorde, au bruit des factions. 11 parut, il fut et l'état fut paisible. La discorde à son joug ut sa soumit sa tête horrible,
Parmi les beaux esprits les rois, et les héros,
on lisait ceux-ci dans une édition de 1738:
ant de la Grèce et de Rome Le génie étonnant Enfant de l'abondance et de la libertésY) Semble après deux mille ans chez eux ressuscité. O toi, jeune Sallé, (*) fille de Terpsicore, Qu'on insulte à Paris, mais que tout Londre honore, Dans tes nouveaux succès, reçois avec mes vœux Les applaudissemens d'un peuple respectable; De ce peuple puissant, fier, libre, généreux.
Aux malheureux propice, aux beaux-arts favorable. Des lauriers d'Apollon, etc.
(*) Mademoiselle Sallé, célèbre danseuse de l'Opéra de Paris, était alors en Angleterre.
** On croit que cette pièce a concouru pour le prix de l'académie française.
LA POLICE SOUS LOUIS XIV.
Et la confusion fit silence à sa voix.
Tout prit un nouveau cours, tout rentra dans ses droits. Le magistrat fut juste, et l'église fut sainte;
Paris vit prospérer dans son heureuse enceinte Des citoyens soumis, au travail assidus,
Qui respectaient les grands, et ne les craignaient plus. La règle avec la paix sous des abris tranquilles, Aux arts encouragés assura des asiles. L'orphelin fut nourri, le vagabond fixé; Le pauvre, oisif et lâche, au travail fut forcé; Et l'heureuse industrie, amenant l'abondance, Appela l'étranger qui méconnut la France : L'étranger étonné qui, prompt à s'irriter, Fut jaloux de Louis, et ne put l'imiter. Ainsi, quand du Très-Haut la parole féconde, Des horreurs du chaos eut fait naître le monde' Il en fixa la borne, il plaça dans leurs rangs Ces trésors de lumière et ces globes errans ; De l'immense Saturne il ralentit la course; Fit dans un cercle étroit rouler le char de l'Ourse; De la lune à la terre assura les secours; Distingua les climats, et mesura les jours, Il dit à l'Océan, «Que ton orgueil s'abaisse ; urd Que l'astre de la nuit te soulève et t'affaisse; »> Il dit aux flancs du Nord, « Enfantez les autans; » Aux eaux du ciel, « Tombez, fertilisez les champs, Et que tantôt liquide, et tantôt endurcie, L'onde revole au ciel en vapeurs obscurcie; Il dit, et tout fut fait, et des ces premiers temps Toujours indestructible en ses grands changemens, La nature entretient, à son maître fidele, D'élémens opposés la concorde éternelle. Si l'on peut comparer aux chefs-d'œuvre divins Les faibles monumens des efforts des humains, Sous un roi bienfesant parcourons cette ville Obéissante, heureuse, agissante, tranquille. Quelle âme incessamment conduit ce vaste Quelle invisible main préside à ces ressorts? Quel sage a su plier à nos communs services *** Nos besoins, nos plaisirs, nos vertus et nos vices? Pourquoi ce peuple immense, avec sécurite, Vit-il sans prévoyance et sans calamité? b L'astre du jour à peine a fini sa carrière, me De cent mille fanaux l'éclatante lumière Dans ce grand labyrinthe avec ordre me luit, Et forme un jour de fête au milieu de la nuit. L'aurore ouvre les cieux, le besoin se réveille, Il appelle à grands cris le travail qui sommeille; Vertumne avec Pomone apporte au point du jour Les fruits prématurés hâtés par leur amour.
LA POLICE SOUS LOUIS XIV.
Ces rivages pompeux qui resserrent ces ondes
Sont couverts en tout temps des trésors des deux mondes. Ici l'or qu'on filait s'étend sous le marteau;
La main de l'artisan lui donne un prix nouveau; La vanité des grands, le luxe, la mollesse, Nourrissent des petits l'infatigable adresse. Je vois tous les talens, par l'espoir animés, Noblement soutenus, sagement réprimés : L'un de l'autre jaloux, empressés à se nuire, L'intérêt les fit naître, il pourrait les détruire; fera Un sage les modère, et de leurs factions Fait au bonheur public servir les passions. Mais ce n'est pas assez qu'un sage soit utile; Le magistrat français doit penser en édile: Il doit lever les yeux vers ces nobles Romains
Que le ciel fit en tout l'exemple des humains. md. 0 C'était peu de tracer de leurs mains triomphantes, Du Tibre au Pont-Euxin, ces routes étonnantes; De transporter les flots des fleuves captivés, Sur cent arcs triomphaux jusqu'au ciel élevés; Rome en grands monumens de tous côtés féconde, Donna des lois, des arts, et des fêtes au monde; L'univers enchaîné dans un heureux loisir, Admira les Romains jusqu'au sein du plaisir. Paris ne cède point à l'antique Italie;
Chaque jour nous rassemble aux temples du génie, A ces palais des arts, à ces jeux enchanteurs, A ces combats d'esprit qui polissent les mœurs: Pompe digne d'Athène où tout un peuple abonde, École des plaisirs, des vertus et du monde. Plus loin la presse roule, et notre ceil étonné, Y voit un plomb mobile en lettres façonné, Mieux que chez les Chinois, sur des feuilles légères Tracer en un moment d'immortels caractères. Bar Protégez tous ces arts, ô vous, soutiens des lois, Ministres confidens ou précepteurs des rois; Méritez que vos noms soient écrits dans l'histoire Par la main des talens, organes de la gloire. Colbert et Richelieu, les palmes dans les mains,. De l'immortalité vous montrent les chemins. Regardez auprès d'eux ce vigilant génie, Successeur généreux du prudent La Reynie, A qui Paris doit tout, et qui laisse aujourd'hui Pour le bien des Français deux fils dignes de lui. Ma voix vous nommerait, vous, dont la vigilance Étend des soins nouveaux sur cette ville immense, Si vos jours, consacrés au maintien de nos lois, Vous laissaient un moment pour entendre ma voix : J'oserais, emporté par une heureuse ivresse, De mon roi bienfesant célébrer la sagesse;
SUR LA CAMPAGNE D'ITALIE.
Mais l'éloge est pour lui, malgré son bruit flatteur, La seule vérité qui déplaise à son cœur.
SUR LA CAMPAGNE D'ITALIE.
Au pied de ces monts redoutables,
Où fleurit la nature au milieu des hivers, Vers ces climats rians, près des rives aimables Où tous ses trésors sont ouverts,
J'ai vu les enfans de la guerre, Semblables aux torrens qui fondaient avec eux, A travers les glaçons apporter le tonnerre Qu'allumaient dans leurs mains les aquilons fougueux. De la cour de Louis l'éclatante jeunesse
Part du sein des plaisirs qu'elle aime et qu'elle a fui; Voyageurs sans regret, et guerriers sans faiblesse, Élevés comme Achille, ils volent comme lui, Des lieux où dans les fleurs les berçait la mollesse, Au carnage où l'honneur les appelle aujourd'hui. Le monarque des monts, l'héritier d'Amédée Voit naître un camp superbe, où s'élève l'appui Dont sa valeur est secondée.
Quand Mars tonne aux rives du Rhin, La ligue du vengeur foudroie en Italie L'aigle impérieux du Germain,
Que Villars confondra, que Berwick humilie. Villars couvert de tout l'éclat
Dont brilla jadis sa carrière,
Voit encor les dangers, et franchit la barrière. Eugène est au conseil, et Villars au combat; Sous d'éternels lauriers blanchit sa tête altiere, Et son triomphe illimité
Met au rang des vaincus l'âge qu'il a dompté. Au réveil soudain de la France
L'Ibère ouvre les yeux, le fer brille, et Madrid Voit le triple serment que la vengeance écrit Sur les drapeaux de l'alliance
Et l'aigle sur sa proie, où le vainqueur s'élance, Jette un dernier regard dont l'Europe sourit. Déjà sur ces rives sanglantes On voit ses sujets dépouillés Échapper en tremblant aux débris foudroyés De vingt citadelles brûlantes. Pizzighitone en feu nous laisse encor des traits Dont Milan frappé doit se rendre.
Tortone et ses rochers en cendre
Sont l'auguré éclatant des rapides progres
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