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que de théologiens. L'abbé de Bourzeys travailla, par ordre du même ministre, sur des matières qui regardoient le service du Roi, et il eut la principale part à la recherche des Droits de la Reine. Les divers traités qu'il fit à ce sujet, surtout celui où il démontre la nullité de la renonciation de la Reine, firent voir qu'il étoit aussi grand jurisconsulte que grand théologien'. Il fit même une réponse au livre intitulé Bouclier d'État et de justice, que la paix empêcha de publier. Ces différents travaux d'esprit ne furent interrompus que par le voyage qu'il fit en Portugal, par l'ordre du Roi, l'an 1666, pour y travailler à la conversion du comte de Schomberg, depuis maréchal de France'. Il mourut à Paris, le 2 août 1672. »

Voilà ce que les nouveaux éditeurs de Moréri ont extrait d'une vie de M. de Bourzeys, composée par un de ses

1 De ces traités, dit le P. Niceron, aucun n'a été publié. Le P. Le Long en cite un, no 12003 de sa Bibliothèque historique, sous le titre de: Nullités des renonciations faites par la reine marie-Thérèse d'Autriche, prouvées par soixante-quatorze raisons invincibles. Cet ouvrage étoit alors conservé dans la bibliothèque des prêtres des Missions étrangères.

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2 Le P. Niceron ajoute : « Quoique ce fût là le principal objet de son voyage, il ne laissa pas d'avoir part aux grandes affaires qui se traitèrent dans ce royaume. Il y fut honoré de la confiance du Roi et de la Reine, cette princesse n'ayant pas dédaigné de recevoir de lui des avis importants pour sa conduite, et ce prince lui ayant donné à son départ des marques de son estime par un présent considerable. S'il ne réussit pas dans son espèce d'apostolat, il eut du moins la consolation d'avoir persuadé le comte de la vérité de la religion catholique, sa conversion ayant été arrêtée par quelques considérations humaines. » (Mémoires pour servir à l'histoire des hommes illustres dans la république des lettres, t. XXIV, p. 366.)

neveux', et dont l'original est aujourd'hui, avec tous les manuscrits de M. de Bourzeys, entre les mains de M. de La Fautrière, conseiller au parlement de Paris. Personne n'a plus de goût que ce magistrat, ni n'est plus capable de mettre quelques-uns de ces manuscrits en état de voir le jour. (0).

II. Antoine GODEAU, évêque de Grasse et Vence', né à Dreux. Ses œuvres imprimées jusqu'ici, suivant le catalogue qu'on m'en a donné, sont la préface du Dialogue des causes de la corruption de l'Eloquence, traduit par M. Giry; celle des OEuvres de Malherbe. La Paraphrase des Épîtres de S. Paul et des Épîtres canoniques. La Vie de S. Paul. Instructions et prières chrétiennes, pour toutes sortes de personnes. Ordonnances et instructions synodales. Méditations sur l'Oraison dominicale. L'Oraison funèbre du roi Louis XIII; celle de M. l'évêque de Bazas. L'Idée du bon Magistrat, en la vie et en la mort de M. de Cordes. Traité de la Tonsure ecclésiastique. Autre, de la Vocation ecclésiastique. Elévations à Jésus-Christ en forme de Méditations, et de nouvelle Paraphrase sur l'Épître aux Hébreux. Remontrance faite au Roi contre le Parlement de Toulouse. Exhortation aux Parisiens touchant l'aumône et la charité envers les pauvres de Picardie et de Champagne. Avis aux Parisiens touchant la procession faite en l'année 1652, pour la descente de

1 M. Olier de Bessat, maître des comptes, selon l'Histoire des Journaux de Camusat et la Telémacomanie de Faydit.

2 Il fut nommé évêque de Grasse le 21 juin 1636, et de Vence en 1638 ou 1639.

la chásse de sainte Geneviève, sous le nom d'un curé de Paris. La Vie de saint Augustin, in-quarto. L'Histoire ecclésiastique des quatre premiers siècles, en deux volumes in-folio. Ses Poésies imprimées sont : un volume d'OEuvres chrétiennes. La Paraphrase de tous les Psaumes en vers françois, qui a été mise en musique par le sieur Gouy. Une Ode pour le roi Louis XIII. L'Institution du Prince chrétien

pour le roi Louis XIV. La grande Chartreuse. La Sorbonne. Hymne de saint Charles Borromée. Hymne de sainte Geneviève. Il a fait un Poëme de saint Paul en cinq chants, qui n'est pas encore publié, non plus que plusieurs autres hymnes, discours, ou épîtres en vers adressés à ses amis particuliers'.

Il était un peu parent de M. Conrart; il logeoit chez lui, quand il venoit à Paris, et ce fut pour entendre la lecture des poésies qu'il apportoit de Dreux que M. Conrart assembla pour la première fois ces gens de lettres, dont les conférences bientôt après donnèrent naissance à l'Académie.

Il fit en 1636 une paraphrase du cantique Benedicite omnia opera domini Domino, bien versifiée, et d'un style

Chapelain, dans son Mémoire des gens de lettres vivants en 1662, parle ainsi des nombreux ouvrages de Godeau : « Peu de gens ont autant écrit et aussi élégamment que lui. Son caractère est plutôt de douceur et d'élégance que de force et de régularité.» Et il ajoute «< Surtout, c'est une âme noble, candide et franche, qui va toujours à la justice et au bien sans intérêt. »

2 Il étoit fils d'Antoine Godeau, employé des eaux et forêts dans le comté de Dreux, et de Marie Terge, et naquit le 24 septembre 1605. (Gallia Christiana.)

noble et riche. Elle plut si fort au cardinal de Richelieu, qu'après l'avoir lue et relue en présence de l'auteur, il lui dit : « Vous me donnez le Benedicite, et moi je vous donne Grasse'.» Jeu de mots que l'occasion fit naître : car l'évêché de Grasse vaquoit heureusement pour M. Godeau, et le Cardinal, qui connoissoit d'ailleurs son mérite, fut par là déterminé à le placer sur-le-champ2.

On voit par les lettres imprimées de M. Godeau3, que ce fut en effet un évêque très-appliqué à ses devoirs, d'une grande innocence de mœurs, d'une piété exemplaire, d'un prodigieux travail, et d'une fermeté, ou plutôt d'une intrépidité qui n'est pas commune.

Puisqu'ici je dois particulièrement le regarder comme poëte, il ne m'est pas permis de me taire d'un libelle qui parut contre lui en 1647, sous ce titre : Antonius Godellus utrum poëta ? J'appellerois ce petit écrit une satire très-ingénieuse,

1 Le Menagiana retire ce mot à Richelieu pour en faire honneur à Bautru. Celui-ci auroit dit que le roi donnoit à M. Godeau Grasse pour Benedicite.

2 Malgré cette protection du Cardinal, il essaya en vain d'obtenir la réunion définitive des évêchés de Vence et de Grasse, et, forcé de choisir entre les deux, il opta pour Grasse, où il fit en 1650 son entrée solennelle. On voit par une lettre de Godeau à Chapelain (12 septembre 1639) que Richelieu lui donna l'évêché de Grasse sans qu'il l'eût demandé, et contre son attente: « Il n'y avoit que huit jours, dit-il, que j'étois prêtre. »

3 Les « Lettres de M. Godeau sur divers sujets » ont été imprimées en 1713. Paris, Ét. Ganeau, 1 vol. in-12.

L'auteur de cette satire est le P. Vavasseur, jésuite, connu par son traité du burlesque, « de ludicra dictione.» Voici le double titre de cet ouvrage : Antonius Godellus, episcopus Grassensis, an elogii Aureliani scriptor idoneus; idemque utrum poeta? — Constantiæ, 1650, in-8°. — Vavasseur a donné le premier de ces écrits, dit Nicéron, sous le nom de « Paulus Romanus » et l'adresse

et même assez solide, si la censure ne portoit que sur les vers de M. Godeau. Mais comme sa personne y est attaquée, je I ai traité de libelle; et par cette raison je supprime le nom du critique, qui a été le meilleur humaniste de son temps.

On demandera, en voyant la liste des ouvrages de M. Godeau, comment il a pu tant écrire. C'est une facilité, c'est une fécondité sans exemple. Il disoit « que le paradis d'un auteur, c'étoit de composer; que son purgatoire, c'étoit de relire et de retoucher ses compositions; mais que son enfer, c'étoit de corriger les épreuves de l'imprimeur. »

Il tomba en apoplexie le 17 avril 1672, et mourut à Vence le 21 du même mois, âgé de 67 ans '.

On peut voir dans la Bibliotheca aprosiana, imprimée à Boulogne en 1673, un catalogue de ses ouvrages, envoyé par lui-même à un de ses amis, peu de temps avant sa mort. Mais il n'y renferma pas ceux qui pouvoient alors lui paroître un peu profanes, et il y parle de quelques livrets, tels qu'un Recueil des exorcismes, un Office de l'ange gardien, et les Paraphrases des litanies du saint enfant Jésus, que je n'ai pu découvrir.

III. François DE METEL 2, sieur de BOISROBERT, abbé de Châtillon-sur-Seine, conseiller d'Etat et aumônier du Roi, né en la ville de Caen en Normandie. Il a composé, outre quelques lettres en prose et quelques poé

« Candido Hesychio. » Le second, signé « Candidus Hesychius, est une sorte de réponse « Paulo Romano. »

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1 Le Gallia Christiana fixe sa mort à la date du 21 avril, jour de Pâques, et ajoute qu'il fut enterré dans son église cathédrale. 2 Voyez le tome II de cette Histoire, seconde partie, art. III.On lit dans les Origines de Caen de M. Huet, non pas De Métel, mais Le Mélel, et c'est ainsi qu'il faut dire. (0.)

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