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sies qu'on voit de lui en divers Recueils, un livre séparé d'Épîtres, ou de discours en vers à la manière d'Horace. Plusieurs Poëmes dramatiques. Une tragédie intitulée la Didon chaste, ou les Amours d'Hyarbas. Deux tragi-comédies, qui sont, le Couronnement de Darie, et Palène. Trois comédies: la première, qui est de son invention, intitulée les trois Orontes; et les deux autres qui sont la Jalouse d'ellemême et la folle Gageure, tirées de Lopez de Véga,

IV. Henri-Louis HABERT, sieur de MONTMOR', conseiller du Roi en ses conseils, maître des requêtes de son hôtel, né à Paris.

Il étoit cousin de Philippe et de Germain Habert, acadé miciens l'un et l'autre. C'est une famille qui a été féconde en hommes illustres. Celui-ci étoit omnis doctrina et sublimioris et humanioris amantissimus3, comme le dit M. Huet dans ses mémoires, page 166. Un jour par semaine il se tenoit chez lui une assemblée de savants, où l'on traitoit des matières de physique. Sorbière, dans sa lettre LXXIX, rapporte les

1 Il existe un bizarre volume intitulé: Explicationem nominis de Montmor, 1647, in-4o; la dédicace est signée: Hector-AntoineGaillard de Saint-Cyr. Cet ouvrage est un poëme latin en stances alcaïques, où l'auteur joue sur la triple étymologie du mot: mons mortis, mons moris, mons mori, sans oublier que le nom se termine par une syllabe précieuse (or).

2 Sorbière, dans sa Vie de Gassendi, rapporte que le père de Habert de Montmor étoit petit-neveu du célèbre Budée.

3 « MONTMOR.-Il a beaucoup d'esprit, et l'a plus témoigné dans plusieurs épigrammes latines qu'en autre chose. Son amour pour les lettres et pour les lettres est très-ardent et quelquefois libéral.

règlements faits pour cette espèce d'Académie'. Gassendi, le plus savant philosophe du dernier siècle, et comparable lui seul à tous ceux qui sont venus depuis Aristote, éprouva dans la maison de M. de Montmor que la possession d'un bon ami peut tenir lieu de tout. Il y vécut plusieurs années, il y mourut, et M. de Montmor, après avoir recueilli ses derniers soupirs, non-seulement lui érigea un mausolée dans Saint-Nicolas-des-Champs; mais ce qui valoit encore mieux pour la gloire de son ami, et pour l'utilité du public, il rassembla tous les ouvrages de ce grand homme en six volumes in-folio. A la tête de cette édition se trouve une pré

A force de subtilités et d'affectation de méthode dans ses raisonnements, il tombe dans la langueur et dans l'embarras. On n'a rien vu d'imprimé de lui, quoiqu'on dise qu'il a force choses commencées en matière de philosophie. Il fait profession de cartésianisme, et le bruit est qu'il n'a érigé une assemblée académique chez lui que pour établir cette nouveauté et pour détruire la doctrine d'Aristote en quoi il a trouvé de grandes contradictions.»> (Chapelain, Mémoire de quelques gens de lettres vivants en 1662.) 1 Voyez aux Pièces justificatives.

2 Voici comment Sorbière, dans sa Vie de Gassendi, parle de l'hospitalité de Montmor: « In ædibus tuis renidentibus, Monmori illustrissime, exceptus fuit tanta comitate tua, lectissimæque conjugis tuæ, ac tanta famulorum tuorum reverentia, ut herus alter videretur. » (Cf. Loret, Muse historique, Gazette du 23 nov. 1652 et du 2 oct. 1655.)

$ Publié à Lyon en 1658. Gassendi avoit la plus grande confiance dans l'amitié et le savoir de Montmor; celui-ci dit en effet «Tanta fuit viri erga me benevolentia, ut scripta mihi uni adjudicaret, quæ omnibus litteratis potiori jure debebantur; tanta denique modestia, ut quæ ad amussim limata et expolita erant, judicio meo qualicumque subjiceret. » Montmor fit cette édition, dit-il lui-même, « adjutore Henrico Borneo, in curia parisiensi patrono consultissimo, et communicato labore cum Claudio

face latine de M. de Montmor, écrite sensément et de bon goût. C'est presque le seul ouvrage par où sa plume nous soit connue, à trois ou quatre épigrammes près, qui se sont conservées dans les recueils de son temps. Mais le poëme De rerum natura, où, à l'envi de Lucrèce, il avoit développé toute la physique, n'est point venu jusqu'à nous. Il mourut à Paris, le 21 janvier 16791.

V. Jean Ogier DE GOMBAULD 2, né en Xaintonge, à Saint-Just-de-Lussac, près de Brouage. Ses ouvrages imprimés sont : l'Endymion; l'Amarante, pastorale; un volume de Poésies; un volume de Lettres. Les suivants n'ont point encore été publiés : les Danaïdes, tragédie; Cidippe, tragi-comédie; Trois livres d'Epigrammes; plusieurs autres Poésies, Lettres et Discours de prose.

Hardyæo, senatore parisiensi, Francisco Henryæo, patricio lugdunensi, Joanne Capellano, viris doctissimis, mihi et Gassendo carissimis.» (Præfatio ad lectorem.) Toutefois, dit un avis des imprimeurs, « ut editio ad unguem foret conformis autographio, voluit D. Montmorius recognita singula operum folia suo ipse nomine consignare, et cautionem à nobis exigere ut ne apice quidem immutato, ad designatum tempus perficeretur editio. »

1 Il étoit fils de Jean Habert de Montmor, trésorier de l'extraordinaire des guerres; une de ses sœurs épousa le maréchal d'Estrées, une autre le président de Bercy, et la troisième le marquis de Rochefort. Lui-même épousa Henrye de Buade et fut, par cette alliance, beau-frère du marquis d'Épinay-Saint-Luc et de Louis de Buade, comte de Frontenac et de Palluau, qui fut gouverneur du Canada en 1672.

2 Voyez le tome II de cette Histoire, seconde partie, art. x. (0.)

Je ne sais si la tragi-comédie de Cidippe' a été imprimée. Ce qui m'en fait douter, c'est qu'en 1669, trois ans après la mort de l'auteur, elle ne l'étoit pas encore; comme nous l'apprenons dans l'avertissement de Conrart à la tête des traités posthumes de Gombauld. « Il a laissé encore, dit Conrart, une tragi-comédie de Cidippe, et de quoi faire un nouveau recueil de vers, particulièrement de sonnets et d'épigrammes qui, pour être entre les mains de personnes peu intelligentes en ces sortes de choses-là, n'ont pu encore être mis en lumière. »

VI. Marin CUREAU DE LA CHAMBRE, conseiller du Roi en ses conseils, et son médecin ordinaire, né au Mans. Ses œuvres imprimées sont, les Nouvelles pensées sur les causes de la lumière, du débordement du Nil et de l'amour d'inclination. Les Nouvelles conjectures sur la Digestion. Deux volumes des Caractères des passions. Traité de la connaissance des animaux. Nouvelles observations et conjectures sur l'Iris. S'il achève ce qu'il a commencé, nous verrons la suite des Caractères des passions. Le traité de la beauté humaine; celui du naturel et des mœurs des peuples, et les autres qui composent le plan qu'il a fait pour l'Art de connoître les hommes. Il a fait une traduction françoise des huit livres de la Physique d'Aristote 2, qui n'est pas imprimée, et fait espérer dans peu de temps un Commen

1 Il existe une pastorale de ce nom publiée en 1633 par le chevalier de Baussaye. La pièce de Gombauld n'a pas été imprimée.

2 Sorbière dit, dans sa Vie de Gassendi, que La Chambre « primus Aristotelæam philosophiam et Platonica ratiocinia cultiore cultu ornata deduxit in aulam nostram. »

taire sur les Aphorismes d'Hippocrate, qu'il appelle Usus Aphorismorum, où son dessein est, après avoir marqué le sens d'Hippocrate en chaque aphorisme, de l'appliquer à d'autres sujets, et de faire voir tous les usages qu'on en peut tirer.

Il avoit naturellement beaucoup d'éloquence, il étoit savant en toute sorte de littérature, et ces qualités étoient soutenues par un grand fonds d'honneur et de probité. Il étoit à tous les hommes de lettres un ami qui ne leur manquoit jamais au besoin. La réputation que son esprit lui avoit acquise le fit connoître au chancelier Seguier, et ce magistrat voulut avoir La Chambre auprès de lui, non-seulement comme un excellent médecin, mais encore comme un homme consommé dans la philosophie et dans les belleslettres. Le cardinal de Richelieu en porta le même jugement et en fit une estime singulière. Il le destina pour être un des ornements de l'Académie françoise, qu'il avoit établie depuis peu. La Chambre fut reçu dans cette illustre compagnie au commencement de l'an 1635. Depuis, le même Cardinal le choisit dans le grand nombre d'écrivains qui s'étoient attachés à sa fortune, pour répondre à un ouvrage séditieux, intitulé: Optatus Gallus de cavendo schismate'. Le roi Louis XIV l'honora d'une affection particulière, et il la lui fit connoître en le nommant un des premiers entre les gens

1 « Le cardinal de Richelieu... le chargea en 1640, de répondre au livre de Hersant en faveur des prétentions de la Cour de Rome. Ce livre fut regardé en France comme séditieux, et l'on ordonna des recherches contre l'auteur, qui chercha un asile auprès de ceux dont il avoit défendu la cause. Mais à Rome même il fut poursuivi par l'inquisition comme janseniste, et excommunié pour n'avoir point comparu.» (Condorcet, Eloges, t. 1).

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