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le regarde'. J'ai déjà parlé de sa famille ci-dessus, dans l'article de François d'ARBAUD. Il mourut en 1654 2.

XI, Germain HABERT, abbé de la Roche, et abbé et

1 Voyez ci-dessus la notice sur Porchères d'Arbaud. Il y a toujours eu grande confusion entre les deux Porchères. Ainsi SaintÉvremont donne à Porchères d'Arbaud le titre d'intendant des plaisirs nocturnes que prit Porchères Laugier, selon Tallemant des Réaux, parce que la princesse de Conti, qui l'aimoit, lui avoit fait avoir « l'emploi de faire les ballets et autres choses semblables, » avec trois cents écus de pension. Dans les premières années du dix-septième siècle, il étoit à Turin avec quelque charge auprès du duc de Savoie on le voit par une pièce de lui qui se trouve dans le Temple des muses (1611) sous ce titre : Stances du sieur de Porchères sur les courses et la pastorale du pare faite à Turin, etc. Ses poésies, éparses dans ce recueil de 1611 et dans d'autres, fournissent plusieurs renseignements sur sa vie.

2 Cette date est fausse. La Muse historique de Loret rapporte ainsi cette mort, arrivée le dimanche 26 octobre, dans sa Gazette du 8 novembre 1653:

L'illustre monsieur de Porchères
Dont les Muses furent si cheres
A tous les esprits bien tournés
Qui pour les sciences sont nés,
Quoiqu'il fût un homme aussi rare
Qu'étoit jadis monsieur Pindare,
La mort toutefois le ferut

Le jour que Renaudot mourut,

Et vit sa dernière journée

En l'octante et douzième année.

C'étoit un génie excellent,
Et jadis son plus beau talent,
Admire des âmes choisies,
Paroissoit dans ses poésies
Qui les sœurs des reines et rois
Ont charme quantité de fois,
La cour leur servant de theatre
Dès le règne de Henri quatre....

comte de Notre-Dame de Cérisy, Parisien. Il a fait imprimer la Vie du cardinal de Bérulle en prose. Il y a diverses poésies de lui dans quelques recueils de vers, quelques Paraphrases de Psaumes et la Métamorphose des yeux de Philis en astres. Il a fait beaucoup d'autres vers non imprimés.

Il mourut en 1655'. C'est de lui dont les Dictionnaires disent dans leur requête de Ménage :

Sans nous Habert n'entendoit note

Dans la Morale d'Aristote.

On voit par là qu'il traduisoit ce savant ouvrage; mais sa traduction n'a point vu le jour. Ménage, dans ses Observations sur Malherbe, dit que cet académicien étoit un des plus beaux esprits de son temps'.

1 Cette date est fausse. Loret (Muse historique) rapporte sa mort, dans sa Gazette du 6 juin 1654, en ces termes :

L'autre semaine on mit en terre,
Sous un triste cercueil de pierre,
Monsieur l'abbé de Cérisy,

Esprit rare, et jadis choisy

Par messieurs de l'Académie

Pour son sçavoir et preud'homie,

Qui le rendoient en vérité
Digne de leur communauté.

Il excelloit sur toute chose

Aux beaux vers, en la belle prose;

Il étoit parfait orateur,

Il étoit grand predicateur,

Il étoit doux, courtois, affable,

Et mesmement si charitable

Que quand on l'ensepultura

Maint pauyre à son sujet pleura.

Balzac confirme cet éloge, il écrit à l'abbé de Cérisy, à la date du 29 avril 1656: «... Vous travaillerez aujourd'huy à mon affaire puisqu'il y a conseil, et demain à mon salut puisqu'il y aura pré

XII. Jean DESMARESTS, Parisien, conseiller du Roi, contrôleur général de l'extraordinaire des guerres, et secrétaire général de la marine de Levant. Ses œuvres imprimées pour la prose sont l'Ariane, roman en deux parties. Rosane, autre roman qu'il n'a pas achevé, et dont il n'y a qu'un volume. La vérité des Fables, en deux volumes. L'Erigone, comédie en prose. Les Jeux des cartes des Rois de France, des Reines renommées, de la Géographie et des Fables, lesquels il inventa par l'ordre du cardinal de Richelieu, pour l'instruction du roi Louis XIV, en son enfance, et lorsqu'il n'étoit que Dauphin. Une Réponse aur dames de Rennes, pour son jeu des Reines renommées. Un livre de Prières et de Méditations chrétiennes. Pour les vers, un volume d'OEuvres poétiques, qui contient, entre autres choses, six pièces de théâtre : Aspasie, Roxane, Scipion, les Visionnaires, Mirame et l'Europe. Un livre de Prières

dication... Ce que vous devez prononcer avec les grâces de l'action qui ne peuvent se communiquer à l'écriture n'a pas laissé de me plaire déjà infiniment sur le papier. Je ne vis jamais nos mystères éclaircis par tant de lumières d'éloquence, ni la raison employée plus utilement au service de la foy, ni la morale chrétienne mieux adoucie pour la faire goûter aux profanes. Mais je voudrois en cet endroit vous avoir moins d'obligation, afin d'avoir plus de liberté et vous pouvoir assurer sans aucun soupçon d'intérêt ni aucune marque de reconnoissance que j'admire generalement toutes vos Muses, autant les douces que les sévères, autant celles qui savent faire des hymnes et chanter les louanges de Jesus-Christ, que celles qui savent résoudre des questions et traiter de la doctrine chrétienne, >>

en vers. Le poëme des Vertus chrétiennes, en huit chants. Il avoit fort avancé deux autres pièces de théâtre, que la mort du cardinal lui fit abandonner, intitulées : L'Annibal et le Charmeur charmé. Il y en a une autre de lui achevée, et toute comique, en petits vers, appelée le Sourd, qu'il n'a point mise au jour. Le sonnet qui sert d'inscription au Roi de bronze de la place Royale est de lui. Il travaille à un poëme héroïque du baptême de Clovis, dont il y a déjà neuf chants d'achevés. Il a aussi travaillé, par ordre du duc de Richelieu son maître, à un ouvrage de prose considérable, qu'il appelle l'Abrégé de la science universelle, et qui contient en près de mille chapitres, des connaissances sommaires sur la plupart des choses qui tombent dans l'entretien ordinaire.

Pour le bien connaître, voyons d'abord ce qu'en dit le judicieux et l'équitable Chapelain dans son Mémoire des gens de lettres vivants en 1662:

a

C'est, dit-il, un des esprits faciles de ce temps, et qui, sans grand fonds, fait une plus grande quantité de choses, et leur donne un meilleur jour. Son style de prose est pur, mais sans élévation; en vers il est abaissé et élevé, selon qu'il le désire; et, en l'un et l'autre genre, il est inépuisable et rapide dans l'exécution, aimant mieux y laisser des taches et des négligences que de n'avoir pas bientôt fait. Son imagination est trop fertile, et souvent tient la place du jugement. Autrefois il s'en servoit pour des romans et des comédies, non sans beaucoup de succès. Dans le retour de son âge, il s'est tout entier tourné à la dévotion, où il ne va pas moins vite qu'il alloit dans les lettres profanes.

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Rien de mieux dit en 1662. Mais depuis ce temps-là

M. Desmarests fit bien un autre chemin. Il devint prophète. On trouvera dans le Dictionnaire de Bayle plus d'éclaircissement qu'il n'en faudroit là-dessus '. Qu'a-t-on à faire que de tristes réflexions, lorsqu'on voit des hommes d'un rare mérite donner à la fin de leurs jours dans d'épouvantables travers?

Au reste, c'est M. Desmarests, qui le premier de tous les académiciens s'est aperçu qu'Homère et Virgile ne valoient pas nos modernes. Mais cette découverte, il la fit dans ce

1 Nous ne pouvons que renvoyer nous-même au Dictionnaire de Bayle; l'article MARETS (des) est appuyé de curieuses notes, mais trop longues pour être ici rapportées, même en substance.

2 Ce n'est pas là précisément la thèse de Desmarets; l'auteur du Clovis soutient seulement les trois points suivants :

1o La langue française est supérieure à toutes les autres ; 2o Les modernes sont, ou peuvent être égaux ou supérieurs aux anciens ;

3o Le merveilleux chrétien est supérieur au merveilleux du paganisme.

Ces opinions sont soutenues par lui dans son livre intitulé: La comparaison de la langue et de la poésie françoise avec la langue et la poésie grecque el latine. Paris, 1 vol. in-4o, 1670. Il dit au début... Je défends en général notre langue et notre poésie contre ceux qui la méprisent par des écrits publics; et, sans cette attaque hors de propos, jamais je n'eusse eu la pensée d'en faire connoître toute la beauté et l'excellence, et les plus grands défauts des anciens... J'entreprends de repousser l'injure et je m'expose le premier aux coups, marchant à la tête de tous les intéressés à soutenir leur honneur. Je ne prétends pas aller au combat en qualité de chef d'aucune bande, mais aller tête baissée comme un des enfants perdus. Je marche toutefois avec une telle assurance que je ne crains aucun des savants en grec et en latin; mais je m'attends bien que quelques-uns de notre armée de poëtes et d'autres intéressés dans l'honneur de notre nation lui seront si traîtres qu'ils me tireront des coups au lieu de les tirer contre les enne

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