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23 octobre 1596, à Laval, où leur père, Daniel Hay, étoit juge civil, criminel et de police. Il y eut, dès l'âge de vingtcinq ans, le doyenné de l'église collégiale, avec le prieuré de Notre-Dame de Vitré. Cette raison, jointe à son goût naturel pour la retraite, le retint presque toujours dans sa patrie, et il y mourut le 20 avril 1671. On m'a mandé de Laval, qu'il était grand controversiste et grand mathématicien; qu'il avoit même beaucoup écrit sur ces matières; mais que le marquis du Chastelet, qui est auteur d'une Politique militaire, et d'un Traité de l'éducation de M. le Dauphin, ne connoissant rien aux manuscrits de son oncle, et ne voulant pas qu'un autre les débrouillât, prit le parti de les jeter au feu.

XXIII. Louis GIRY, Parisien, avocat au Parlement et au conseil. Ses ouvrages imprimés sont les versions suivantes: La Pierre de touche, traduite de l'italien, de Boccalini. Le Dialogue des causes de la corruption de l'Eloquence. L'Apologétique de Tertullien. La quatrième Catilinaire, qui est une des huit oraisons de Cicéron, traduites par divers auteurs et imprimées en même volume. Les Harangues de Symmaque et de saint Ambroise sur l'autel de la Victoire. La louange d'Helène, d'Isocrate. L'Apologie de Socrate et le dialogue appelé Criton, de Platon. L'Histoire sacrée de Sulpice Sévère. Le dialogue appelé Brutus, ou des illustres Orateurs, de Cicéron. Il a traduit aussi quelques Épîtres choisies de saint Augustin, qui ne sont pas encore imprimées '.

1 Giry a traduit aussi presque toute la Cité de Dieu de saint Augustin. (In-8°, 2 vol., 1665, 1667, Paris.)

Il mourut à Paris en 1665, âgé de soixante et dix ans. Le père François Giry, célèbre minime, étoit son fils unique'. On a écrit la vie de ce religieux, et nous y trouvons un grand éloge de M. Giry, de sa probité, de son savoir, de sa piété, de son désintéressement2; qu'aux chambres royales des amortissements et des francs fiefs, il eut la commission d'avocat général du Roi; que le cardinal de Mazarin le mit de son conseil particulier 3.

1 Louis Giry eut, avant ce fils, deux autres enfants: un garçon, dont on ne sait rien, et une fille qui fut religieuse à l'abbaye royale des dames de Saint-Dominique de Poissy. Louis Giry avait épousé Anne Pijart, femme d'une rare piété, qui mourut vers 1650. De ce mariage naquit, en 1635, François Giry, qui fut provincial des Minimes de la province de France, connu par de nombreux écrits; sa vie, qui a été écrite en 1691 par le P. Claude Raffron, minime (un vol. in-12), nous a fourni ces détails. Nous y voyons aussi que l'académicien Giry avait une fort belle bibliothèque, et que ses consultations écrites étaient en grand crédit. Quand son jeune fils entra, à son insu, chez les Minimes, il obtint un arrêt du Parlement pour l'en faire sortir; depuis, sur l'avis de Godeau, son ami, qui avait essayé vainement de détourner François de son dessein, il permit à son fils d'obéir à sa vocation: celui-ci fit sa profession en septembre 1652.

2 Voici le jugement qu'en porte le Mémoire de Chapelain : « Personne n'écrit en françois plus purement que lui ni ne tourne mieux une période. Il est de la profession du Palais, dans laquelle il est estimé. Il a peu plaidé. Ses ouvrages ne sont que des traductions, où le porte son inclination, et où il réussit entre les bons... Son style est net, mais sans nerfs et sans vivacité, dans le peu qu'on a vu de ses compositions propres. » Godeau, dans la lettre que nous citons (ci-dessous, note 3), lui dit de son style: « Votre style est pur et fort tout ensemble; il n'y a rien d'affecté ; es ornements y sont dans toute leur force, et les figures y brillent de tous côtés.»— Cf. Baillet, Jugements des savants, t. III, p. 132.

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3 En 1636, Giry était déjà avocat au Parlement, comme on le

XXIV. Nicolas PERROT, sieur d'ABLANCOURT, né en Champagne. Ses ouvrages imprimés sont la préface de l'Honnête femme et les traductions suivantes : l'Octavius de Minutius Félix. Quatre des huit Oraisons de Cicéron, qui sont celles pour Quintius, pour la loi Manilia, pour Marcellus, pour Ligarius. Arrian, des guerres d'Alexandre, La Retraite des dix mille, par Xénophon. Toutes les OEuvres de Tacite. Les Commentaires de César. Il traduit maintenant Lucien 1.

Il naquit à Châlons-sur-Marne le 5 avril 1606, et mourut à sa terre d'Ablancourt, auprès de Vitry, le 17 novembre 1664, Comme sa vie se trouve dans les OEuvres de M. Patru, qui sont entre les mains de tout le monde, je n'en donnerai point ici d'extrait. On perdroit trop à ne la pas lire d'un bout à l'autre. J'y ajouterai seulement deux ou trois petits articles.

I. Touchant la traduction des sermons italiens du Père Narni, imprimée sous le nom du Père du Bose, et que Colomiés dit être de M. d'Ablancourt, il est vrai que M. d'Ablancourt, à l'âge de vingt ans, se destinant à prêcher, traduisit quelques bons endroits de ses sermons, et que cinq ou six ans après, ayant tout de nouveau embrassé le calvinisme, il donna le peu qu'il avoit traduit de ses sermons au Père du

voit par la suscription d'une lettre que lui adressait Godeau, évêque de Grasse, au sujet de la traduction des Harangues de Symmaque et de saint Ambroise. Godeau, qui était fort lié avec Giry, fit précéder d'une préface la traduction du Dialogue des causes de la corruption de l'eloquence (1650). Depuis, dans son Histoire de l'Église, IVe siècle, sect. vi, à la date 394, il parle encore de son ami avec éloge.

1 Nous donnerons la liste plus complète de ses ouvrages à la fin du second volume de cette Histoire.

Bosc, qui par là fut déterminé à faire le reste. Ainsi le discours de Colomiés n'est pas sans fondement; mais d'autre côté, cela ne suffit pas pour qu'on doive, comme a fait Bayle, mettre cette traduction en son entier sur le compte de M. d'Ablancourt.

II. Quand M. Colbert se fit donner des mémoires sur les gens de lettres vivants en 1662, son principal dessein étoit de voir en quel genre chacun pourroit travailler à la gloire du Roi. Or M. d'Ablancourt fut jugé le plus propre de tous à bien écrire l'histoire de ce grand prince'. Il accepta la proposition, qui lui en fut faite par l'ordre de M. Colbert, avec

1 L'abbé d'Olivet fait ici allusion au Mémoire de Chapelain que nous avons déjà eu occasion de citer; mais si quelqu'un a paru mériter l'éloge absolu d'être le plus propre à écrire l'histoire du Roi, c'est peut-être plutôt Silhon que d'Ablancourt. Voici, du reste, ce que dit Chapelain :- « ABLANCOURT. Il est de tous nos écrivains en prose celui qui a le style plus dégagé, plus ferme, plus résolu, plus naturel. Son génie est sublime; et, quoiqu'il soit sans comparaison le meilleur de nos traducteurs, c'est dommage qu'il se soit réduit à un emploi si fort au-dessous de lui; car il a de la force de son chef, de l'éloquence, de la doctrine, et n'est pas foible dans le raisonnement. S'il avoit voulu entreprendre une histoire, il n'y a que son peu de pratique des affaires du monde qui l'eût pu empêcher de la faire très-bonne; car il a acquis souverainement l'air de la bonne narration par tant d'historiens du premier rang qu'il a rendus avec applaudissement dans sa langue; et il ne seroit nouveau ni dans les harangues, ni dans les matières de guerre; enfin, le seul de nos bons ouvriers que je connois qui pourroit s'acquitter éminemment de cette sorte de travail, s'il avoit de bons Mémoires, et qu'il fut plus instruit des intérêts de l'Europe, présents et passes; car encore qu'il ait bonne opinion de lui, et avec justice, comme il n'est point vain et que la raison le ramène quand elle lui est montrée, il recevroit les avis qu'on lui donneroit. >>

une pension de mille écus. Il alloit venir à Paris et s'y établir, pour être à portée de recevoir les instructions dont il auroit besoin. Mais M. Colbert, lorsqu'il en rendit compte au Roi, ayant dit à Sa Majesté que M. d'Ablancourt étoit protestant, tout fut rompu. « Je ne veux point, dit le Roi, d'un historien qui soit d'une autre religion que moi; » ajoutant néanmoins qu'à l'égard de sa pension, puisque cet écrivain avoit du mérite d'ailleurs, il entendoit qu'elle lui fût payée. Je trouve ces particularités dans les lettres manuscrites de Chapelain.

III. On garde dans la Bibliothèque du Roi une copie du testament de M. d'Ablancourt, daté du 5 octobre 1664, et par conséquent antérieur de quarante-quatre jours à sa mort. Joignons à cela le récit bien circonstancié de M. Patru, et nous verrons si l'on peut, avec quelque sorte de vraisemblance, accuser M. d'Ablancourt d'avoir volontairement abrégé ses jours, comme on l'a dit premièrement dans le Menagiana', et puis dans une infinité de mauvais livres. Mais lorsqu'une fois quelque sottise a été imprimée, c'est assez pour qu'elle soit éternellement répétée par de misérables compilateurs.

XXV. Jacques ESPRIT, né à Béziers, conseiller du Roi en ses conseils. Il n'y a rien de lui d'imprimé que des Paraphrases de quelques Psaumes.

Il naquit à Béziers le 22 octobre 1611. A l'âge de dix-huit

'Cependant Ménage pouvait être bien renseigné, puisqu'il était, comme Patru, ami de d'Ablancourt et en correspondance avec lui; quand parut le Menagiana, Patru avait déjà écrit depuis longtemps sa vie de d'Ablancourt, et Ménage, qui la connaissait certainement, n'a pas hésité à affirmer le contraire. (Voy. Menagiana, 2e édit., 1694, t. I, pp. 306-307.)

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