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particuliers voudront mettre au jour, sans approbation et sans la qualité d'Académicien, il sera en leur liberté de se servir de tel imprimeur que bon leur semblera.

49. Cet imprimeur sera élu par les suffrages des Académiciens et fera serment de fidélité à la Compagnie entre les mains du Directeur ou de celui qui présidera.

50. Il ne pourra associer personne avec lui pour ce qui regardera les ouvrages de l'Académie ou ceux qu'elle aura approuvés, dont il n'imprimera aucune chose que sur la copie qui lui sera mise en main sous le seing du Directeur ou du Secrétaire, et lui sera fait défense d'y rien changer sans la permission de la Compagnie, à peine de répondre en son nom de tous les inconvénients, de refaire l'impression à ses dépens, et d'être déclaré déchu de la grâce qui lui aura été accordée par l'Académie.

Signé Le Cardinal DE RICHELIeu.

Et scellé de ses armes. Et plus bas :

Par mondit Seigneur,

1.

Signé CHARPentier.

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Tout ce qui se rattache au nom de Corneille présente un tel intérêt, que nous croyons être agréable à nos lecteurs en reproduisant les extraits suivants des lettres de Chapelain: ils complètent la série de ceux qu'a présentés M. Jules Taschereau dans son excellente histoire de Corneille ( Biblioth. elzév., liv. II, texte et notes), et servent à faire apprécier le rôle de Chapelain dans cette affaire:

I. A M. DE BALZAC. « Je vous écrivis mercredi dernier,.. tumultuairement à mon ordinaire, et je vous témoignai l'applaudissement qu'avoit eue en pleine Académie la lettre que j'envoyai de votre part à M. de Scudéri. Jugez après cela ce que ce sera lorsque je la ferai revoir retouchée par vous. Mais je suis étonné comment vous croyez que nous puissions donner cause gagnée à l'Observateur du Cid, après que vous avez écrit une si belle apologie pour lui, et montré en quelque sorte que vous avez pris cette pièce en votre protection.» (7 août 1637.)

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II. A M. GODEAU, évêque de Grasse. « Dans quinze jours, Camuzat vous enverra le procès du Cid, qu'enfin nous avons été contraints de donner au public. » — vembre 1637.)

(12 no

III. A M. DE SAINT-CHARTRES, à Poitiers. « Dans la

1 Voy. pp. 86 et 89.

fin de la semaine qui vient, les Sentiments de l'Académie contre le Cid, ou, pour mieux dire, sur le Cid, seront achevés d'imprimer, et je crois que vous serez encore assez longtemps chez vous pour recevoir l'exemplaire que le sieur Camuzat vous enverra. » — (27 novembre 1637.)

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IV. A M. L'ABBÉ DE BOURZÉIS. Chapelain lui écrit qu'il ne peut aller le voir le mercredi suivant à l'heure dite : «Dans la passion que j'avois d'entendre l'action (le discours) que vous me dites, il ne me souvenoit pas qu'un moment devant l'abbé de Cérisy avoit tiré parole de moi que ce même jour et à l'heure même j'irois chez lui pour travailler, conjointement avec lui et M. Desmarets, à ce que la Compagnie avoit résolu que l'on diroit à la louange des beaux endroits du Cid. Ainsi, monsieur, une fort mauvaise affaire me prive d'une fort bonne. » (30 novembre 1637.) V. A M. DE SAINT-CHARTRES, à Poitiers. «Vous aurez sans doute reçu le travail de l'Académie sur le Cid, et par là reconnu qu'il n'y a rien d'impossible à... [Richelieu]; car cette publication étoit une des plus difficiles choses à nous faire exécuter qu'aucune qu'il ait encore entreprise. Mais est factum quodcunque cupit. » 1637.)

-

VI. A M. GODEAU, évêque de Grasse.

-

(24 décembre

« Je ne vous

envoie pas... le Discours de l'Académie sur le Cid, quoique, pour la grande part que j'y ai, à mon très-grand regret, je vous en dusse faire une présentation de cérémonie. » (25 décembre 1637.)

-

VII. Au même. « La Pucelle a perdu tout l'été passé, où elle croyoit faire de notables progrès et avec quelque apparence, si le misérable fanfaron espagnol qu'on nomme Cid ne la fût point venue traverser. » (8 janvier 1638.) VIII. A M. DE BALZAC. « Pour les Sentiments de

l'Académie, si vous y estimez autre chose que l'exorde et la péroraison, je n'en serai pas marri, puisqu'ils sont tous de moi, et que c'est ce qui me semble de plus solide; et, quand vous ne feriez cas que de ces deux parties, je ne laisserois pas d'en être bien aise, puisque de celles-là mème toute la contexture, toute l'idée et tout le raisonnement sont de son cru, et qu'une bonne partie des pensées et de l'expression m'appartiennent. Avec tout cela, je suis ravi qu'on l'attribue à tout le Corps ou à ces Messieurs que je vous ai nommés, pour les raisons que je crois vous avoir touchées, et qui me tiennent lieu de raison d'État. » — (21 février 1638.)

IX. A M. BOUCHARD, à Rome. - Chapelain lui envoie, par l'entremise de l'abbé de Retz, un paquet de livres que M. de Balzac lui adresse : « Je me suis servi de son couvert pour y mettre les Sentiments de l'Académie sur le Cid, que le monde me donne et que je n'avoue point. J'en attends votre jugement sévère et succinct. » 1638.)

(25 avril

X. A M. DE BALZAC. -« Je ne sais ce qui m'a fait paroître de mauvaise humeur pour M. de Scudéri, si ce n'est l'importunité qu'il m'a donnée pour le sujet de mon portrait... Du reste, il a noblesse d'esprit, et souvent des expressions très-fortes. Dans cet Amour tyrannique, il s'est surpassé soi-même; mais pour cela il n'a pas surpassé le Cid, quelque défectueux que nous l'ayons trouvé. » (11 septembre 1639.)

ÉPITRE DE BOIS-ROBERT A BALZAC

SUR

LES OCCUPATIONS DE L'ACADÉMIE '.

Divin Balzac, prince de l'éloquence,
Tu veux qu'enfin je rompe mon silence;
Tu me choisis entre tes favoris

Pour te mander ce qu'on fait à Paris.
Tu me choisis au milieu de nos maîtres
Qui vont partout, qui savent tous les êtres
Du double mont que doit bien fréquenter
L'esprit hardi qui te veut contenter...
Or, commençons par notre Académie.
Quoique toujours puissamment affermie,
Elle ne va qu'à pas lents et comptés
Dans les desseins qu'elle avoit projetés
Sous Richelieu, l'ornement de notre âge,
Qui lui donna crédit, force et courage.
Le grand Seguier, qui marche sur ses pas,
Par ses bienfaits entretient ses appas;
Il lui témoigne une tendresse extrême,
Mais il faudroit que le Roi fit de même.
C'est là qu'on voit tous ces rares esprits

1 Voy. p. 89 et p. 110.

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