LA HENRIADE, AVEC LES VARIANTES, NOUVELLE ÉDITION. SECONDE PARTIE. A PARIS, Chez DUCHESNE, Libraire, rue S.-Jacques. M. DC C. L X V. Avec Approbation & Privilége du Roi, LA HENRIADE. DISSERTATION SUR LA MORT DE HENRI IV. Le plus horrible accident qui foit jamais arrivé en Europe, a produit les plus odieufes conjectures. Prefque tous les mémoires du temps de la mort de Henri IV jettent également des foupçons fur les ennemis de ce bon Roi, fur les Courtisans, fur les Jéfuites, fur fa maîtreffe, fur fa femme même. Ces accufations durent encore, & on ne parle jamais de cet affaffinat fans former un jugement téméraire. J'ai toujours été étonné de cette facilité malheureufe, avec laquelle les hommes les plus incapables d'une méchante action aiment à imputer les crimes les plus affreux aux hommes d'État, aux hommes en place. On veut fe venger de leur grandeur en les accufant; on veut fe faire valoir en racontant des anecdotes étranges. Il en eft de la converfation comme d'un fpectacle, comme d'une tragédie, dans laquelle il faut attacher par de grandes paffions & par de grands crimes. Des voleurs affaffinent Vergier dans la rue; tout Paris accufe de ce meurtre un grand Prince. Une rougeole pourprée enléve des perfonnes confidérables, il faut qu'elles aient été toutes empoisonnées. L'abfurdité de l'accufation, le défaut total de preuves, rien n'arrête; & la calomnie paffant de bouche en bouche, & bientôt de livre en livre, devient une vérité importante aux yeux de la poftérité toujours crédule. Depuis que je m'applique à l'Hiftoire, je ne ceffe de m'indigner contre ces accufations fans preuve, dont les Hiftoriens fe plaisent à noircir leurs ouvrages. La mère de Henri IV mourut d'une |