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d'un Aftre autour de lui-même. Son mouvement annuel, c'est-à-dire, autour du Centre du Monde, on auroit dû le voir dès le commencement de l'Aftronomie.

Le Soleil feroit dans ce cas comme dans un Epicycle, qu'il parcourroit, ainfi que Mercure & Venus le font par rapport à nous.

Il auroit par conféquent comme ces Planetes des directions, des ftations, des rétrogradations; & on le verroit quelquefois aller plus vîte, quelquefois lentement, quelquefois s'arrêter, quelquefois rétrograder comme les autres Planetes.

On le verroit, dis-je, & la chose ne feroit pas imperceptible, non plus que le changement absolu ou relatif de cet Aftre, comparé aux Etoiles fixes.

Pour le moins trouveroit-on dans l'apparence de fon mouvement, des inégalités relatives à ce mouvement inconnu, & dont ce mouvement découvert enfin par Newton, donneroit aujourd'hui le dénouement & l'explication.

Pour le moins les Taches folaires par qui nous connoiffons la révolution diurne, nous feroient connoître auffi tout-à-fait la Révolution annuelle.

Ces Taches auroient (cela eft certain ) des directions, des stations, des rétrogadations; & ne fe rapporteroient jamais juste à une Révolution de 27 jours bien décidés. c. q. f. d.

Mais c'eft bien pis, s'il eft vrai felon l'expreffion de Newton, que le Soleil n'ait point de mouvement périodique & reglé, que fon mouvement soit purement trou

blé, in omnes partes, en tout fens, ab hoc & ab hác. Car alors ce mouvement convulfif doit fe rendre tout-à-fait sensible, furtout dans les taches du Soleil, qui doivent avoir des directions, des accélérations, des ftations, des rétrogadations, des disparitions même & des occultations d'autant plus remarquables qu'elles feroient moins périodiques & moins régulieres.

Or je ne fçais qu'en dire, & l'expreffion de Newton in omnes partes me paroît indiquer un vrai trouble & des mouvemens vraiment irréguliers.

Ailleurs ce Géometre Phyficien indique un mouvement régulier & périodique dans le Soleil comme dans les autres Planetes, autour du Centre du Systême plane

taire.

Mais ici c'eft un vrai trouble in omnes partes, combiné fi l'on veut avec ce mouvement périodique, & qui doit l'altérer beaucoup, l'orbe folaire étant dans ce cas fort petit.

XIV.

VINGT-UNIE'ME PROBLEME.

Si les Troubles du Soleil exemptent de Troubles les Planetes.

T

ELLE eft l'intention de Newton, Il a fenti qu'il avoit fondé un Systême de Trouble dans fon attraction univerfelle; & il n'a vifé enfuite qu'à en adoucir l'idée, & à le diminuer.

Pour cela il a tout rejetté sur le Soleil : & après l'en avoir chargé, il l'a rendu si corpulent, fi lourd, si masfif, qu'en le rendant moins mobile, il a cru l'exempter d'autant, de fe troubler. Si modo Sol denfior effet & major, ut minus moveretur.

Mais il n'a pas pris garde que, fi malgré fa maffe, le Soleil eft troublé in omnes partes pro vario, comme il dit, Planetarum fity, les Planetes, furtout les petites, doivent être infiniment plus troublées in omnes partes, pro vario Planetarum fitu.

Elles doivent être troublées en raison renversée de leurs Maffes, la Terre 4 millions de fois plus que le Soleil, la Lune 27 ou 30 fois plus que la Terre & 120 millions de fois plus que le Soleil ; & Mercure & les Satellites, &c.

Enforte que quelquefois par ce Trouble, la Lune devroit trébucher jufqu'à terre, & Mercure aller donner de la tête contre le Soleil ou contre Venus.

Et toutes les Planetes devroient être agitées de mouvemens convulsifs, très - irréguliers & très - fenfibles, étant déterminées par les diverses Pofitions relatives les unes des autres, & même par les divers Troubles les unes des autres.

Voici comment je conçois le Systême des Planetes fuivant l'idée de Newton. Je conçois des fils qui partent du Centre de chacune, & vont aboutir au centre de toutes les autres.

Ces fils je les conçois toujours tendus & en reffort quoique capables de s'allonger & de s'accourcir, felon qu'elles s'éloignent ou fe rapprochent les unes des autres. Par cette tenfion & ce reffort toujours bandé, elles s'attirent toutes, & cela en raifon réciproque des quarrés de leurs longueurs.

Là-deffus je conçois encore, que par un mouvement de Projection ou de révolution on faffe tourner tous ces corps, de la façon dont ils tournent les uns autour des

autres.

Er je demande, fi avec toutes ces attractions, rétractions & contre-attractions, parlons clair, avec tous ces tiraillemens, il eft poffible d'imaginer un mouvement, • une révolution réguliere?

Pour peu qu'on foit au fait de l'Aftronomie & du Systême céleste, on fçait affés qu'elle précision il y regne dans les mouvemens & dans les Phénomenes; &

que pour y approcher du vrai des chofes, l'unique fecret eft d'y apporter une précision la plus grande qu'on peut, foit dans les inftrumens d'obfervation, foit dans la façon de les employer, foit dans les calculs.

Or on fçait auffi qu'une Planete placée un peu plus haut ou un peu plus bas, ou même un peu à côté plus ou moins, elle a une vîteffe de révolution plus ou moins grande.

Suppofons que la Lune, par exemple, foit attirée un peu plus bas que l'orbe qu'elle devroit décrire régulierement; fa Révolution en deviendra donc plus courte d'autant, & la fuivante d'autant, & la troifiéme auffi, &c.

Ou même si après avoir été attirée trop bas par une certaine position des Planetes pendant une révolution, elle vient par une contre-pofition à être placée trop haut dans la révolution fuivante, voilà une inégalité confidérable dans les tems de deux révolutions confécutives.

Voici, je crois, quelque chofe de plus fort & de plus net fur l'article.

Newton n'admet tout au plus què deux Principes de Révolution dans le Ciel : un mouvement fimple & uniforme affés indécis en lui-même, lequel à chaque pas fe décide à fuivre la tangente de l'orbe, & l'autre un mouvement centripete des Planetes les unes vers les

autres.

Suppofons d'abord la Lune attirée par toutes les Pla netes immobiles. Il est question de déterminer la route

qu'elle

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