Images de page
PDF
ePub

:

certaine puifque la raifon des corps est toujours la même. J'aide à la Démonftration.

Ainfi les Distances changeant, elles doivent changer semblablement, c'est-à-dire, de maniere que leur raifon foit toujours la même. Ce qui fait alors des figures femblables dans la Révolution égale de ces deux corps autour du centre C.

Car confidérant les diftances AC, BC comme un levier infléxible qui tourne tout d'une pièce, ou comme dit Newton, d'un mouvement angulaire égal autour de C, & qui s'allonge ou s'accourcit proportionellement des deux côtés, les figures décrites par les corps A, B, doivent être évidemment semblables, par exemple, deux ovales concentriques, comme le dit Newton, mais plus bas.

Newton eft plus concis que cela dans fa démonstration, qui en même tems a plus d'étendue que je ne lui en donne.

Car non feulement il veut que ces Corps décrivent des figures femblables autour du Centre C, mais autour l'un de l'autre, difant formellement

[ocr errors]

Corpora duo fe invicem trahentia defcribunt, & cir» cùm commune Centrum gravitatis, & circùm se mutuò, figuras fimiles.

[ocr errors]

Je ne fçais pas comment il l'entend, quoique je voye bien où il en veut venir. Car (Fig. ci-def.) le Corps A le plus éloigné de C peut bien être dit absolument décrire une Ellipfe ou tout autre orbe autour de B dont Forbe lui eft intérieur,

[ocr errors]

Mais je ne vois pas comment ce corps B peut être dit décrire fon orbe autour de A dont l'orbe enveloppe le fien.

Toute concife qu'eft la Démonftration de Newton, il ne laiffe pas d'y avoir d'autres fuperfluités, comme lorfqu'il conclut que les diftances AC, BC étant en raifon donnée, elles le font auffi avec la diftance totale AB des deux corps.

Cela est vrai, mais à quoi cela va-t'il? A rien pour la Propofition présente & pour la Démonstration: mais à beaucoup pour la fuivante; l'Auteur ayant les raisons pour accoutumer à cette idée en la gliffant dès l'entrée de la 1 1o. Section, dont elle eft le noeud fecret. Je fuppofe que j'ai l'honneur de parler à des Lecteurs attentifs, attentifs ici plus qu'ailleurs. Newton aime les Lecteurs diftraits.

III.

VINGT-CINQUIEME PROBLEME.

Analyfe particulière du MOUVEMENT Angulaire, propofe dans la u. Section.

ELO

ELON le fçavant Auteur que je tâche de fuivre de près, crainte qu'il ne m'échape dans ce labyrinthe géométrique, les Tourbillons font un grand obftacle au mouvement des Planetes.

C c

Et par fon Syftême des vuides céleftes, il fe déclare hautement le Vengeur ou le Défenfeur de la liberté des mouvemens des Aftres.

Il faut dans un Etat en régle fe défier de ceux qui prêchent trop la liberté. Ils ne veulent rompre les liens naturels qui uniffent les fujets à leur maître naturel, que pour les charger fouvent des pesantes chaînes de la tyrannie la plus infupportable. Sans fortir de l'Angleterre, Cromwel eft un exemple moderne de ce que je dis. Newton feroit-il le Cromwel de la Philofophie?

Newton après avoir rompu l'unité, la continuité, la liaifon, l'enchaînement naturel de tous les corps de l'univers, a bien fenti qu'il falloit pourtant des liens dans les parties d'un corps fi bien afforti.

Je crains bien qu'ayant cherché un fupplément aux liens fouples, mais forts de la nature, & l'ayant cherché dans la Géométrie, qui eft purement ferme & rigide, il ne l'ait entravée elle-même en lui ôtant dans le fond toute fa liberté.

Car elle en a une, & il est étonnant que je fois obligé de l'établir ici contre Newton, qui anéantit prefque toute la maffe de l'univers pour en procurer l'ombre, puifqu'il faut parler clair, bien plus que la Réalité.

Oui malgré leur Régle éxacte, les Aftres, les Planetes au moins jouiffent entr'elles d'une certaine liberté au moins honnête, qui ne les affujetit à aucun aspect, à aucune pofition relative.

Affujettie à rouler autour de la Terre, la Lune s'en éloigne, s'en rapproche, & se balance fans aucune con

trainte trop marquée, tantôt vers le Nord, tantôt vers le Sud, n'ayant du refte aucun affujettiffement marqué par rapport aux autres Planetes.

Et celles-ci affujetties au Soleil jufqu'à un certain point feulement, paroiffent fort dégagées de toute fervitude réciproque les unes avec les autres.

Du refte leurs Phénomenes au moins font fort indépendans les uns des autres. Tantôt ils fe levent enfemble, tantôt l'un se leve lorfque l'autre fe couche : tantôt Mars devance Jupiter, tantôt c'est Jupiter qui a le pas fur Mars.

Tantôt ils font en conjonction, tantôt en opposition, & tantôt avec les uns, & tantôt avec les autres.

Tantôt l'un rétrograde lorsque l'autre avance ou est ftationaire, & tantôt, &c.

Et qu'on les prenne deux à deux, trois à trois, quatre à quatre, & furtout tous ensemble, on leur verra toujours former des figures, des contrastes, des positions relatives toutes nouvelles, que tous les Aftrologues font défiés d'attrapper.

Et peut-être, & fans peut-être, depuis le commencement du monde, ne fe font-ils pas vûs deux fois en conjonction ou en oppofition tous ensemble, ni dans le mê. me aspect ou la même position relative.

Selon M. Newton cependant ( on ne le croira pas) rien ne devroit être plus ordinaire que le retour des Planetes, de toutes même, & pour le moins de deux, de trois, de quatre, &c. aux mêmes pofitions, points diftances & afpects d'où nous les voyons partir à chaque instant.

Cc2

?

Car enfin il nous les représente deux à deux, trois à trois, & en vérité toutes enfemble comme affujetties aux bouts de deux, & de plufieurs leviers roides & impliables qui les entraînent en fe mouvant orbiculairement, tout d'une piéce & d'un mouvement angulaire égal, autour d'un centre commun.

Ce mouvement angulaire égal, & cette idée d'un levier roide & impliable n'eft point une fiction de ma part. Dès la premiere Propofition de cette 11o. Section où il jette exclufivement à tout autre endroit de fes Principes, les Principes immédiats de tout le Systême du Ciel, il parle ainfi.

"

Feruntur autem hæ diftantiæ circum terminum fuum » communem æquali motu angulari, proptereà quod in directum femper jacentes, non mutant inclinationem ad » fe mutuò.

[ocr errors]

Remarquez, 10. ces mots bien formels & bien exprès æquali motu angulari, qui caractérisent le propre mouvement des deux branches d'un levier autour d'un même

centre.

2o. Newton craignant fans doute de ne l'avoir pas encore affés caractérisé par-là, ajoute que ces deux branches, 1o. sont toujours allignées en droiture l'une avec l'autre, 2°. qu'elles ne changent point leur inclination mutuelle, c'est-à-dire, leur allignement.

3o. Cette expreffion feruntur autem hae diftantiæ cir cum terminum fuum communem, ces diftances AC, BC (Fig. ci-def.) des Corps A & B font emportées autour de leur terme commun, autour de leur Centre C.

« PrécédentContinuer »