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qu'il les a crus amiffibles & convertibles l'un en l'autre ; quoiqu'il reconnut fort bien dans la nature une quantité de mouvement, & fans doute de repos auffi toujours la même, mais non dans les mêmes parties.

Il avoit de l'esprit de refte, & vouloit expliquer la generation de la matiere fubtile & de tous fes Elemens. C'eft toucher à l'ouvrage de Dieu, qui a pu feul fabriquer les premieres Roües, & les premiers Refforts d'une Machine fi conftament la même.

Ses Difciples ont eu encore plus d'efprit, je ne dis pas plus de genie que lui. Donnez-moi de la matiere & du mouvement, dit Malebranche, je ferai un monde.

Sa matiere est toute molle, toute divifée à l'infini, & n'a que du mouvement. Il faut donc qu'avec du mouvement pur il faffe du repos. Car il faut du repos pour former des parties folides, & confiftantes qui ayent des figures fpécifiques & des maffes convenables.

L'air n'eft air, l'eau n'eft eau, la terre n'eft terre que par fes atômes mefurés, figurés, conditionnés de telle & de telle maniere. Or il y a toujours une même quan tité de terre, d'eau & d'air, & le globe de la terre n'a pas changé à cet égard depuis 6000. ans, non plus que celui de la Lune, celui du Soleil &c, ni le refte de l'Uni

vers.

Tout le fait par une contranitence, par un contrebalancement de forces & de Principes antagonistes, par action & par Réaction, par impulsion & par Répulfion, par effort & par contreffort, en un mot parEquilibre.

A tout mouvement il faut un point fixe. A tout poids

il y a contre-poids. A tout mouvement centripete, il y a un mouvement centrifuge opposé.

Toute la force de la nature, qu'on eft en poffeffion d'appeller la force du mouvement, & qu'on devroit tout auffi bien appeller la force du repos, dépend de la maffe autant que de la vîteffe des Corps.

Qui dit vîteffe dit mouvement, défunion, féparation d'un Corps d'avec les Corps voifins. Mais qui dit masse dit union de parties, contact, repos en un mot.

Le mouvement n'eft, comme j'ai dit, qu'une modification fuperficielle & extérieure: Le repos eft tout intérieur & dans la profondeur intime du Corps.

Plus il y a de repos dans un Corps, de denfité, d'union, de folidité, plus il a de parties folides, plus il a de force, foit pour se reposer, foit même dans le mou

vement.

Un n repos parfait n'a point de force active, un mouvement parfait n'a point de force réactive. Il faut les deux pour agir & réagir, pour pouffer & repouffer, pour faciliter & pour réfifter.

Il faut donc un mêlange intime de folidité parfaite, & de parfaite fluidité dans l'Univers. c. q.f.d.

SECONDE PARTIE

DE LA SEPTIE' ME ANALYSE. OU HUITIEME ANALYSE

Du Systême de Newton fur LA LUMIERE, comparé avec celui de Defcartes.

L

I.

A matiere eft abondante, & puifque m'y voilà engagé, j'ai pris mon parti de la traiter un peu fond, fous l'étendue & le titre d'une huitiéme Analyse, prévoyant même que la matiere des couleurs, dont je devois faire une fous-divifion de cette feconde partie, pourra remplir l'étendue d'une analyfe neuvième en titre.

Je vais d'abord difcuter les Démonstrations, c'est-àdire, les objections de Newton contre Descartes & contre le Syftême commun, d'une Lumiere par pression, par impulfion ou par Répulfion.

Car Newton, Géometre par excellence, fans difficulté, fait les honneurs de la Géométrie, & s'y donne de grands droits, traitant tout de Démonstration, & mettant en affertion, en Théorême, en Propofition mathématique, fes affertions les plus hypothétiques & les plus litigieufes.

Je discuterai ensuite le Systême même de ce profond Géometre fur la lumiere, par des Ecoulemens de la fubftance même des Corps lumineux, où, comme on dit, par des Emiffions & des Elancemens.

I I.

SOIXANTE-SEPTIEME PROBLEME.

Difcuffion de la 42. Propofition du fecond Livre des Principes Section huitième fur la Propagation du mouvement dans les fluides.

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ETTE Propofition 42°. eft précedée d'une autre 41. qui eft la premiere de cette 8°. Section. J'aurois dû, ce femble, commencer par cette 41°. qui va plus directement contre Descartes; mais cette raison là même m'oblige à commencer par celle-ci, qui eft plus generale.

Newton n'y parle pas fi expreffément de la Lumiere. Mais toute la Section eft terminée Section eft terminée par une Scholie generale, qui nous avertit qu'il s'agit de la Lumiere & du fon dans toute cette Section.

Il y compare ces deux Phénomenes de la nature, quí font effectivement tout ce qu'il y a de plus fufceptible de comparaison,

Il y trouve de grandes différences. Et la nature en effet eft toujours une & diverse dans tous fes Mécha

nifmes. Mais Newton ne trouve ici que de la Diverfité, fans unité.

Le fon, felon lui, fe propage, comme felon tout le monde, par l'action, la preffion, l'impulfion de l'air, de la part du corps fonore. Mais la lumiere ne peut, à fon avis, fe propager de même. Son Raifonnement eft celui-ci.

Le fon fe propage en Rond & par des Cercles qui deviennent toujours plus grands, comme la chute d'une pierre dans l'eau y excite des Ronds, des Cercles, qui s'aggrandiffent toujours.

Qu'on rompe, par un obstacle interpofé, la Circonférence de ces Ronds. Le mouvement empêché dans fa direction, ira par les côtés de l'obstacle ou corps interpofé, former de nouveaux Ronds derriere ce Corps; & le mouvement & les Cercles iront se propager au-delà, presque comme fi une partie n'en avoit pas été intercep

tée.

Je n'aime pas à multiplier les figures: on peut les voir prodiguées à ce fujet chez Newton, à l'endroit cité. Mais enfin le fon fe propage & fe fait entendre, derriere & au-delà des Corps qui rompent fa direction.

Au lieu, dit Newton, que la Lumiere se répand en Rond il eft vrai, mais par des Rayons roides & étendus en ligne droite; de forte que fi on les intercepte, l'objet n'est point vû par un œil placé derriere un Corps interpofé, entre lui & le Lucide, & la Lumiere ne fe propage que dans les lignes qui rafent ce Corps, s'il est

opaque.

Fff

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