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trouvent préservés de la manière la plus complète. Le poumon et le foie, qu'il est presque impossible de conserver d'une autre manière, se transforment en une masse spongieuse, légère, sans la moindre trace de désorganisation.

Il est extrêmement probable que les anatomistes pourront tirer un parti des plus avantageux de ce procédé pour l'examen microscopique du pancréas, des reins, etc., et en général des organes pour lesquels la solidification par l'acide chromique avait été jugée indispensable jusqu'à ce jour. Les membranes animales présentent souvent l'apparence de peaux mégissées.

Dans beaucoup de cas, l'on peut obtenir la dessiccation en plaçant les substances dans l'éther même qui surnage le chlorure de calcium. En place du chlorure de calcium, on peut aussi employer d'autres substances très-hygroscopiques, telles que le sulfate de cuivre bien desséché, la chaux vive, etc. L'emploi de cette dernière matière fournit un moyen facile d'enlever d'une solution aqueuse des acides solubles dans l'éther, ce dernier les cédant immédiatement à l'alcali.

SUR LA RECherche du SUCRE DANS L'URINE.

Orbec, le 26 septembre 1867.

Monsieur et honoré Maître,

J'ai l'honneur de vous adresser la formule d'un réactif pour

déceler la présence du sucre dans l'urine :

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On ajoute pour 2 grammes de ce liquide environ 5 centigrammes du soluté ci-dessus.

Si l'urine contient du sucre, il se développe une belle couleur rouge qui ne tarde pas à disparaître; dans le cas contraire, la liqueur se trouble immédiatement et se colore en gris.

Veuillez agréer, etc.

J. A****
Élève en pharmacie.

BOTANIQUE MÉDICALE.

DOCUMENTS HISTORIQUES SUR LA THAPSIA.

La thapsia, thapsia garganica (ombellifères) n'est point un médicament nouveau. Plus de trois cents ans avant l'ère chrétienne, Théophraste l'avait citée dans son Histoire des plantes. Il regardait sa racine comme vomitive et purgative, et son usage externe comme capable de résoudre toutes sugillations et de produire sur la peau de petites ampoules.

Bien longtemps après, sous le règne de Néron, un médecin grec, Dioscoride, connaissait parfaitement la thapsia, et il la décrivit avec soin dans sa Matière médicale. Suivant lui, elle tirait son nom de l'île de Thapsos, où elle avait été découverte. « Elle a, dit-il, les caractères de la ferula. » Cependant sa tige est plus menue. Ses feuilles ressemblent à celles du fenouil; ses ombelles à celles de l'aneth; ses fleurs sont jaunes. Sa racine est noire à l'extérieur, blanche à l'intérieur. Son suc est fétide et caustique. Les personnes chargées de son extraction ne manquent pas d'oindre préalablement leur visage d'un mélange d'huile et de cire, pour se préserver de ses vapeurs âcres et vésicantes. Quant à ses vertus, ce suc agit sur les téguments comme attractif; il est antipsorique...; uni à parties égales de cire et d'encens, il forme un topique qui efface les meurtrissures; mais,

au bout de deux heures d'application, on doit enlever l'emplâtre et laver aussitôt l'endroit avec de l'eau salée chaude. Pris à l'intérieur, ce suc sollicite le vomissement et purge. Il convient dans les asthmes, les pleurésies chroniques, dans la goutte.

Un peu plus tard, sous Vespasien, l'infatigable Pline écrivait son Histoire naturelle. Rien n'échappait à cet esprit investigateur. Lui aussi fit mention de la thapsia. Il rapporte qu'elle prit crédit à Rome par l'usage qu'en faisait Néron. « Ce prince, à son avénement à l'empire, allant ribler la nuit, s'en revenait souvent le visage tout meurtri; mais, à l'aide d'un mélange de thapsia, d'encens et de cire, il parvenait à dissimuler tellement les lésions que, le lendemain, il n'y paraissait plus. >>

Sous Marc-Aurèle, l'archiatre Galien, au milieu de ses immenses travaux, n'omit point de parler de la thapsia. Il regardait cette plante comme âcre et chaude, attirant violemment au dehors les humeurs profondes et en opérant la résolution. Au XVIe siècle, le commentateur Matthiole, suivant pas à pas son devancier Dioscoride, ajoute: la thapsia croît en abondance dans la Pouille, et principalement au mont Saint-Ange. Elle vient aussi sur nos côtes maritimes, et ressemble tellement à la ferula, dont on tire le sagapenum, que les plus habiles ont beaucoup de peine à les distinguer l'une de l'autre. On la cultive en Italie, dans les jardins. Sa racine est vendue souvent pour celle de turbith, ce qui lui a fait donner le nom de faux turbith ou turbith bâtard du mont Saint-Ange; il y a deux espèces de faux turbith: la première est la racine de thapsia; la seconde est la racine de pityuse. »

D'après ce qui précède, la thapsia, si usitée de nos jours, à cause de sa résine, comme topique révulsif, n'est autre, ce me semble, que la thapsia de Théophraste, de Dioscoride, de Pline, de Galien et de Matthiole. Ce n'est point, à proprement parler, une plante africaine, bien que les Arabes en aient usé de tout

temps sous les noms de driz et l'hiantum, et qu'elle se rencontre sur les plateaux de l'Algérie.

Du temps de Théophraste, elle croissait aux environs d'Athènes; puis c'est sur le promontoire dit Gargano ou mont Saint-Ange qu'on la trouve le plus abondamment. De là l'épithète de garganica donnée avec raison à cette plante par les botanistes. La plupart des auteurs modernes de matière médicale l'ont passée sous silence. Ceux qui en ont parlé paraissent ne l'avoir guère connue, puisque les uns la nomment thapsia fætida, les autres thapsia villosa, thapsia asclepium, laserpitium latifolium, et l'ont confondue avec d'autres espèces, et même d'autres genres.

FALSIFICATIONS.

BOIS DE GAÏAC COMME MOYEN DE RECONNAÎTRE LE KIRSCH

VÉRITABLE.

On met dans un verre à réaction une petite quantité de bois de gaïac râpé, et on y ajoute environ 6 à 8 gr. du kirsch qu'on veut examiner. Si la liqueur est véritable, il se produit presque immédiatement une couleur bleu indigo qui ne disparaît qu'au bout d'une heure.

Le faux kirsch, préparé avec l'essence d'amandes amères, l'eau de laurier-cerise, ou par infusion de noyaux de cerises concassés dans l'alcool, donne avec le bois de gaïac une teinte jaunâtre, mais aucune trace de coloration bleue. Comme l'alcool dans lequel on a infusé les noyaux de cerises ne se colore pas en bleu, on attribue cette coloration à un nouveau corps oxydant qui se serait formé par la chaleur exigée pour la distillation du kirsch. Au lieu de cette substance, il se forme peut-être un autre corps qui provoque catalytiquement une absorption immédiate d'oxygène de l'air, et produit de cette manière la réaction indiquée.

FALSIFICATION DU SAFRAN.

L'Espagne nous envoie si souvent du safran falsifié avec du 'miel qu'il nous a semblé convenable d'avoir toujours sous la main un moyen pratique de reconnaître cette fraude.

Nos essais nous ayant conduit à découvrir dans les stigmates du crocus sativus une matière sucrée normale à celle qui découle en grande quantité de certains cactus cultivés dans nos serres ou à celle que contient la sève de l'érable, nous avons dû, pour arriver à un résultat, consulter les travaux de MM. Biot, Mitscherlich, Soubeiran, Dubrunfaut, Chatin et Buignet sur les sucres de canne, de raisins, de fruits, sur le glucose et le miel. Nous nous sommes assuré que le polarimètre pouvait servir à déceler la présence du miel, mais qu'il était impossible d'employer la distillation et d'opérer de la manière suivante : on lave le safran avec de l'eau distillée, froide ou filtrée, sans exprimer le résidu; on évapore la colature au bain-marie pour l'amener à consistance de sirop, on lui ajoute une suffisante quantité de levûre pour y développer la fermentation; lorsqu'elle est terminée, on distille pour retirer l'alcool qui s'y est formé.

Si le safran a été falsifié, on peut, en consultant les belles expériences de M. Berthelot sur la transformation du sucre en alcool, déterminer, d'une manière à peu près exacte, la quantité de miel qu'on a employée.

Pourquoi les fraudeurs ont-ils préféré, pour cette œuvre coupable, le miel au sucre ou à toute autre matière sucrée ? C'est que, tout en donnant du poids, le miel a une propriété hygrométrique qui se communique au safran, qui l'empêche de sécher et lui donne au toucher du moelleux sans adhérence à la main.

La falsification du safran avec le miel a d'autres inconvénients, même lorsqu'il n'est mis qu'en très-minime quantité; il retarde la dessiccation des stigmates si on désire les réduire en poudre,

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