Images de page
PDF
ePub

L'audace

croit peu à

peu.

» avec ses complices, encore qu'il en ait été un » peu repris par les autres ».

[ocr errors]

peu.

LXXXVII. Voilà comme l'audace croissoit peu à Les sectateurs de Valdo scandalisés de la vie de beaucoup de prêtres, « croyoient, dit encore Pylicdorf(1), être mieux absous par leurs gens, » qui leur paroissoient plus vertueux, que par » les ministres de l'Eglise » : ce qui venoit de l'opinion dans laquelle consistoit principalement l'erreur des Vaudois, que le mérite des le mérite des personnes agissoit dans les sacremens plus que l'ordre et le caractère.

LXXXVIII.

des Vaudois

Mais les Vaudois poussèrent ce mérite nécesDoctrine saire aux ministres de l'Eglise jusqu'à n'avoir sur les biens rien de propre; et c'étoit un de leurs dogmes, d'Eglise. que pour consacrer l'Eucharistie il falloit être pauvre à leur manière : tellement << que les prê>> tres catholiques n'étoient pas de véritables et légitimes successeurs des disciples de Jésus>> Christ, à cause qu'ils possédoient du bien en » propre (2) » : ce qu'ils prétendoient que JésusChrist avoit défendu à ses apôtres.

LXXXIX.

Nulle er

sacremens.

[ocr errors]

Jusques ici toute l'erreur. que l'on voit sur les reur sur les sacremens ne regardoit que les personnes qui les pouvoient administrer : le reste étoit en son entier, comme dit expressément Pylicdorf. Ainsi on ne doutoit en aucune sorte, ni de la présence réelle, ni de la transsubstantiation; et au contraire, cet auteur vient de nous dire que ce

(1) Pet. Pylicd. cont. Vald. c. 1, t. 1v. Bib. PP. II. part. p. 780. − (2) V. sup. Pet. de Vall. Cern. Refut. error. ibid• p. 819.

laïque, qui s'étoit mêlé de donner la communion, croyoit avoir fait le corps de Jésus-Christ. Enfin de la manière dont nous avons vu commencer cette hérésie, il semble que Valdo ait eu d'abord un bon dessein; que la gloire de la pauvreté, dont il se vantoit, ait séduit et lui et ses sectateurs; que dans l'opinion qu'ils avoient de leur sainte vie, ils se soient remplis d'un zèle amer contre le clergé et contre toute l'Eglise catholique; qu'irrités de la défense qu'on leur fit de prêcher, ils soient tombés dans le schisme, et comme dit Gui le Carme, du schisme dans l'hérésie (1).

XC.

Mauvaise

tans, et de

mencemens

des Vaudois,

Par ce fidèle récit et les preuves incontestables dont on le voit soutenu, il est aisé de juger foi manifeste combien les historiens protestans ont abusé de des histola foi publique, dans le récit qu'ils ont fait de riens protesl'origine des Vaudois. Paul Perrin, qui en a écrit Paul Perrin l'histoire, imprimée à Genève, dit qu'en l'an 1160, sur les comlorsque la peine de mort fut apposée à quiconque ne croiroit pas la présence réelle, « Pierre Valdo citoyen de Lyon fut des plus courageux pour » s'opposer à telle invention (2) ». Mais il n'y a rien de plus faux : l'article de la présence réelle avoit été défini cent ans auparavant contre Bérenger; on n'avoit rien fait de nouveau sur cet article; et loin que Valdo s'y soit opposé, on a vu, cinquante ans durant, et lui et tous ses disciples dans la commune croyance.

[ocr errors]

M. de la Roque, plus savant que Perrin, n'est

(1) Guid. Carm. de hæres. in hæres. Vald. init. des Vaudois, c. I.

[ocr errors]

(2) Hist.

XCI.

Le ministre

de la Roque, pas plus sincère, lorsqu'il dit que « Pierre Valdo » ayant trouvé des peuples entiers séparés de » la communion de l'Eglise latine, il se joignit » à eux avec ceux qui le suivoient, pour ne faire » qu'un même corps et une même société par » l'unité d'une même doctrine (1) ». Mais nous avons vu au contraire: 1.° que tous les auteurs du temps (car nous n'en avons omis aucun) nous ont montré les Vaudois et les Albigeois comme deux sectes séparées : 2.° que tous ces auteurs nous font voir ces Albigeois comme Manichéens; et je défie tous les Protestans qui sont au monde, de me montrer qu'il y eût dans toute l'Europe, lorsque Valdo s'éleva, aucune secte séparée de Rome, qui ne fût ou la secte même, ou quelque' branche et subdivision du manichéisme. Ainsi on ne pourroit faire le procès à Valdo d'une manière plus convaincante, qu'en accordant à ses défenseurs ce qu'ils demandent pour lui, c'est-àdire qu'il se soit joint en unité de doctrine aux Albigeois, ou à ces peuples séparés alors de la communion romaine. Enfin quand Valdo se seroit uni à des Eglises innocentes, ses erreurs particulières n'auroient pas permis qu'on tirât avantage de cette union; puisque ces erreurs sont détestées non-seulement par les Catholiques, mais encore par les Protestans.

XCH.

Si les Vau

dois ont

Mais continuons l'histoire des Vaudois, et voyons si nos Protestans y trouveront quelque changé dans chose de plus favorable depuis que ces héréleurs progrès tiques ne gardèrent plus aucune mesure avec

(1) Hist. de l'Euch. II. part. ch. xvш, p. 454.

ristie.

l'Eglise. Le premier acte que nous trouvons leur doctrine contre les Vaudois après le grand concile de sur l'EuchaLatran, est un canon du concile de Tarragone, qui désigne les Insabbatés comme gens «< qui dé» fendaient de jurer et d'obéir aux puissances >> ecclésiastiques et séculières, et encore de pu>> nir les malfaiteurs, et autres choses sembla» bles (1) », sans qu'il paroisse le moindre mot sur la présence réelle, qu'on auroit non-seulement exprimée, mais encore mise à la tête, s'ils l'avoient niée.

XCIII.

Preuve du contraire par

Dans le même temps et vers l'an 1250, Renier tant de fois cité, qui distingue si soigneusement les Vaudois, ou les Léonistes et les pauvres de Renier. Lyon d'avec les Albigeois, en marque aussi toutes les erreurs, et les réduit à ces trois chefs: contre l'Eglise, contre les sacremens et les saints, et contre les cérémonies ecclésiastiques (2). Mais loin qu'il y ait rien dans tous ces articles contre la transsubstantiation, on y trouve précisément parmi leurs erreurs, que « la transsubstantiation » se devoit faire en langue vulgaire; qu'un prêtre » ne pouvoit pas consacrer en péché mortel (3) » ; que lorsqu'on communioit de la main d'un prêtre indigne « la transsubstantiation ne se faisoit pas » dans la main de celui qui consacroit indigne» ment, mais dans la bouche de celui qui recevoit » dignement l'Eucharistie; qu'on pouvoit consa» crer à la table commune », c'est-à-dire dans les repas ordinaires, et non- seulement dans les

(1) Conc. Tarrac. tom. x1 Conc. part. I. an. 1242, col. 593. — (3) Ren. c. v, t. 1v..Bib. PP, II. part. p. 749. — (3) Ibid. p. 750.

XCIV. Dénombre

Eglises, conformément à cette parole de Malachie: L'on me sacrifie en tout lieu, et on offre une oblation pure à mon nom (1); ce qui montre qu'ils ne nioient pas le sacrifice ni l'oblation de l'Eucharistie; et que s'ils rejetoient la messe, c'étoit à cause des cérémonies, la faisant uniquement consister dans les paroles de Jésus-Christ récitées en langue vulgaire (2). Par-là on voit clairement qu'ils admettoient la transsubstantiation, et ne s'étoient éloignés en rien de la doctrine de l'Eglise sur le fond de ce sacrement; mais qu'ils disoient seulement qu'il ne pouvoit être consacré par de mauvais prêtres, et le pouvoit être par de bons laïques; selon ces maximes fondamentales de leur secte, que Renier ne manque pas de bien remarquer, « que tout bon » laïque est prêtre, et que la prière d'un mau» vais prêtre ne sert de rien (3) »; par où aussi ils prétendoient la consécration de ce mauvais prêtre inutile. On voit aussi en d'autres auteurs (4), selon leurs principes, « qu'un homme sans être » prêtre, pouvoit consacrer, et pouvoit admi>>nistrer le sacrement de Pénitence, et que tous >> laïques, et même les femmes, devoient prê» cher ».

Nous trouvons encore dans le dénombrement ment des er- de leurs erreurs, tant chez Renier que chez les reurs vaudoi- autres, « qu'il n'est pas permis aux clercs (c'està-dire, aux ministres de l'Eglise) d'avoir des

ses.

» biens; qu'il ne falloit point diviser les terres,

(1) Malach.1. 11.—(2) Ren. c. v, t. 1v. Bib. PP. II. part. p. 750. — (3) Ibid. p. 751. — (4) Frag. Pylicd. ibid. 817. Ren.ibid. 751.

« PrécédentContinuer »