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» ni les peuples (1) », ce qui vise à l'obligation de mettre tout en commun, et à établir comme nécessaire cette prétendue pauvreté apostolique dont ces hérétiques se glorifioient; « que tout » serment est péché mortel; que tous les princes » et tous les juges sont damnés (2), parce qu'ils >> condamnent les malfaiteurs contre cette parole: » La vengeance m'appartient, dit le Seigneur (3); » et encore: Laissez-les croítre jusqu'à la mois» son (4) » : Voilà comme ces hypocrites abusoient de l'Ecriture sainte, et avec leur feinte douceur renversoient tous les fondemens de l'Eglise et des Etats.

XCV.

Autre dé

nombre

le mention d'erreur sur

l'Eucharis

tie.

On trouve cent ans après dans Pylicdorf une ample réfutation des Vaudois article par article, sans qu'il paroisse dans leur doctrine la moindre ment, et nulopposition à la présence réelle ou à la transsubstantiation. Au contraire, on voit toujours dans cet auteur, comme dans les autres, que les laïques de cette secte faisoient le corps de JésusChrist (5), quoiqu'avec crainte et avec réserve dans le pays où il écrivoit (6) : et en un mot il ne remarque dans ces hérétiques aucune erreur sur ce sacrement, si ce n'est que les mauvais prêtres ne le faisoient pas, non plus que les autres sacre

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err. ibid. 831, 923. (3) Rom. XII. 19.

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(5) Pylicd. cont. Vald. t. v. Bibl. PP. II. part. p. 778 et

seq. an. 1395. ibid. c. 20, p. 893. c. 16, 18.

(6) Ibid. c. 1. — (7) Ibid.

XCVI.
Autre dé-

nombre- avons de leurs erreurs, ou dans la bibliothèque ment. des Pères, ou dans l'inquisiteur Emeric (1), on

XCVII.
Démon-

stration que

ne trouve rien contre la présence réelle; encore qu'on y remarque jusqu'aux moindres différences de ces hérétiques d'avec nous, et jusques aux moindres articles sur lesquels il les faut interroger: au contraire l'inquisiteur Emeric rapporte ainsi leur erreur sur l'Eucharistie : « Ils veulent » que le pain ne soit point transsubstantié au » corps de Jésus-Christ, si le prêtre est un pé>> cheur ». Ce qui démontre deux choses; l'une, qu'ils croyoient la transsubstantiation; l'autre, qu'ils croyoient que les sacremens dépendoient de la sainteté des ministres.

On trouve dans le même dénombrement toutes les erreurs des Vaudois que nous avons remarquées. Les erreurs des nouveaux Manichéens, qu'on a fait voir être les mêmes que les Albigeois, sont aussi rapportées à part dans le même livre (2). On voit par-là que ce sont deux sectes entièrement distinguées; et parmi les erreurs des Vaudois, il n'y a rien qui ressente le manichéisme, dont l'autre dénombrement est tout rempli.

Mais pour revenir à la transsubstantiation d'où

que

pourroit venir les Catholiques eussent éparles Vaudois gné les Vaudois sur une matière aussi essentielle, n'avoient au- eux qui relevoient avec tant de soin jusqu'aux sur la trans- moindres de leurs erreurs? Est-ce peut-être que substantia- ces matières, et surtout celle de l'Eucharistie, tion. n'étoient pas assez importantes, ou n'étoient pas

cune erreur

(1) Bibl. PP. t. xv. II. part. p. 820, 832, 836. Director. part. II. q. XIV, p. 279. — (2) Ibid. q. x111, p. 273.

assez connues après la condamnation de Bérenger par tant de conciles? Est-ce qu'on vouloit cacher au peuple que ce mystère étoit attaqué? Mais on ne craignoit point de rapporter les blasphêmes bien plus étranges des Albigeois, et même contre ce mystère. On ne taisoit pas au peuple ce que les Vaudois disoient de plus atroce contre l'Eglise romaine, comme qu'elle étoit «< l'impudique mar» quée dans l'Apocalypse, son pape le chef des » errans, ses. prélats et ses religieux des Scribes » et des Pharisiens (1) ». On avoit pitié de leurs excès; mais on ne les cachoit pas : et s'ils avoient rejeté la foi de l'Eglise sur l'Eucharistie, on leur en auroit fait le reproche.

XCVIII. même dé

Suite de la

de Claude Séyssel en 1517. Défaite grossière d'Aubertin.

Encore au siècle passé, en 1517, Claude Séyssel, célèbre par son savoir et par ses emplois sous Louis XII et François Ier, et élevé pour son mé- monstration. rite à l'archevêché de Turin, dans la recherche Témoignage qu'il fit de ces hérétiques, cachés dans les vallées de son diocèse, afin de les réunir à son troupeau, raconte dans un grand détail toutes leurs erreurs (2), comme un fidèle pasteur qui vouloit connoître à fond le mal de ses brebis pour les guérir et nous en lisons dans son écrit tout ce que les autres auteurs nous en racontent, ni plus ni moins. Il remarque principalement avec eux comme la source de leur égarement,

qu'ils faisoient dépendre l'autorité du ministère » ecclésiastique du mérite des personnes (3) » ; d'où ils concluoient, « qu'il ne falloit point obéir (1) Ren. c. iv, ibid. 750. Emeric. ibid. (2) Adv. error. Vald. part. an. 1520. f. 1 et seq. (3) Ibid. f. 10, 11.

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XCIX.

Vaine objection d'Aubertin.

» au Pape, ni aux prélats, à cause qu'étant mau» vais, et n'imitant pas la vie des apôtres, ils » n'ont de Dieu aucune autorité, ni pour consa» crer ni pour absoudre; que pour eux, ils >> avoient seuls ce pouvoir, parce qu'ils obser» voient la loi de Jésus-Christ; que l'Eglise n'étoit » que parmi eux, et que le Siége romain étoit » cette prostituée de l'Apocalypse, et la source » de toutes les erreurs ». Voilà ce que ce grand archevêque dit des Vaudois de son siége. Le ministre Aubertin s'étonne de ce que, dans un si exact dénombrement qu'il nous fait de leurs erreurs, on ne trouve point qu'ils rejetassent ni la présence réelle ni la transsubstantiation (1); et ce ministre n'y trouve point d'autre réponse, si ce n'est que ce prélat qui les avoit si vivement réfutés dans les autres points, s'étoit senti ici trop foible pour leur résister (2): comme si un si savant homme et si éloquent n'avoit pas pu du moins copier ce que tant de doctes Catholiques avoient écrit sur cette matière. Au lieu donc d'une si vaine défaite, Aubertin devoit reconnoître que si un homme si exact et si éclairé ne reprochoit point cette erreur aux Vaudois, c'est qu'en effet il ne l'avoit pas reconnue parmi eux : en quoi il n'y a rien de particulier à Séyssel, puisque tous les autres auteurs ne les en ont non plus accusés que cet archevêque.

Aubertin triomphe pourtant d'un passage du même Seyssel, où il dit, « qu'il n'a pas trouvé » à propos de rapporter que quelques-uns de (1) Lib. 11, de Sacram. Euch. p. 986, col. 2. — (2) Ibid. 987.

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» cette secte, pour se montrer plus savans que » les autres, babilloient, ou railloient plutôt qu'ils ne discouroient sur la substance et la vé>> rité du sacrement de l'Eucharistie; parce que » ce qu'ils en disoient, comme un secret, étoit >>si haut, que les plus habiles théologiens peuvent » àp eine le comprendre (1) ». Mais loin que ces paroles de Séyssel fassent voir que la présence réelle fût niée par les Vaudois, j'en conclurois au contraire, qu'il y en avoit parmi eux qui prétendoient raffiner en l'expliquant; et quand on voudroit penser, gratuitement toutefois et sans aucune raison, puisque Séyssel n'en dit mot, que ces hauteurs de l'Eucharistie où les Vaudois se jetoient, regardoient l'absence réelle, c'està-dire la chose du monde la moins haute et la plus conforme au sens de la chair; après tout, il paroît toujours que Séyssel nous raconte ici, non la croyance de tous, mais le babil et le vain discours de quelques-uns de sorte que de tous côtés il n'y a rien de plus certain que ce que j'ai avancé : qu'on n'a jamais reproché aux Vaudois d'avoir rejeté la transsubstantiation; au contraire, qu'on a toujours supposé qu'ils la croyoient.

C.

Autre preuve par Séyssel, que les

Vandois croyoient la transsub

En effet, le même Séyssel, en faisant dire à un Vaudois toutes ses raisons, lui met ce discours à la bouche contre un mauvais évêque et un mauvais prêtre (2): « Comment l'évêque et le prêtre » qui est ennemi de Dieu pourra-t-il rendre Dieu » propice envers les autres? Celui qui est banni stantiation. (1) Adv. error. Vald. part. an. 1520. fol. 55, 56. — (2) Ibid.

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