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CI.

toire des Vau

>> du royaume des cieux, comment pourra-t-il » en avoir les clefs? Enfin puisque sa prière et >> ses autres actions n'ont aucune utilité, com» ment Jésus-Christ à sa parole se transformera>> t-il sous les espèces du pain et du vin, et se >> laissera-t-il manier par celui qu'il a entièrement » rejeté » ? On voit donc toujours que l'erreur consiste dans le donatisme, et qu'il ne tient qu'à la bonne vie du prêtre que le pain et le vin ne soient changés au corps et au sang de JésusChrist.

Et ce qui ne laisse aucun doute dans cette maInterroga- tière, c'est ce qu'on voit encore aujourd'hui parmi dois, dans la les manuscrits de M. de Thou, présentement bibliothèque ramassés dans la riche bibliothèque de M. le marquis de Sei- quis de Seignelai; on y voit, dis-je, les enquêtes

de M. le mar

gnelai.

en original faites juridiquement contre les Vaudois de Pragelas et des autres vallées en 1495, recueillies en deux grands volumes (1), où se trouve l'interrogatoire d'un nommé Thomas Quoti de Pragelas; lequel interrogé si les Barbes leur apprenoient à croire au sacrement de l'autel, répond << que les Barbes prêchent et enseignent » que lorsqu'un chapelain qui est dans les ordres » profère les paroles de la consécration sur l'au» tel, il consacre le corps de Jésus-Christ, et

qu'il se fait un vrai changement du pain au » vrai corps; et dit en outre que la prière faite » à la maison ou dans le chemin est aussi bonne » que dans l'Eglise ». Conformément à cette doctrine, le même Quoti répond par deux fois, (1) Deux volumes cotés 1769, 1770.

« qu'il

« qu'il recevoit tous les ans à Pâque le corps de » Jésus-Christ; et que les Barbes leur ensei» gnoient que pour le recevoir il falloit être bien » confessé, et plutôt par les Barbes que par les » chapelains ». C'est ainsi qu'ils appeloient les prêtres.

CII.

Suite du

La raison de la préférence est tirée des principes des Vaudois si souvent répétés; et c'est en même interconformité de ces principes que le même homme rogatoire. répond « que messieurs les ecclésiastiques me» noient une vie trop large, et que les Barbes >> menoient une vie sainte et juste ». Et dans une autre réponse, « que les Barbes menoient la vie » de saint Pierre, et avoient puissance d'absoudre » des péchés, et qu'il le croyoit ainsi; et que si » le Pape ne menoit une sainte vie, il n'avoit pas pouvoir d'absoudre ». C'est pourquoi le même Quoti dit encore en un autre endroit, « qu'il » avoit ajouté foi sans aucun doute aux discours >> des Barbes plutôt qu'à ceux des chapelains; » parce qu'en ce temps nul ecclésiastique, nul » cardinal, nul évêque ou prêtre ne menoit la » vie des apôtres : c'est pourquoi il valoit mieux >> croire aux Barbes qui étoient bons, qu'à un >> ecclésiastique qui ne l'étoit pas ».

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Il seroit superflu de raconter les autres interrogatoires, puisqu'on y entend partout le même langage, tant sur la présence réelle que sur le reste; et surtout on y répète sans cesse « que les >> Barbes alloient dans le monde comme imita>>teurs de Jésus-Christ et des apôtres, et qu'ils » avoient plus de puissance que les prêtres de BOSSUET. XX.

I I

CIII.

Suite.

CIV.

Nécessité

de la confes

sion.

CV.

Suite de la même matié

re.

>>

l'Eglise romaine, qui menoient une vie trop >> large».

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Rien n'y est tant répété que ces dogmes, « qu'il >> falloit confesser ses péchés; qu'ils les confes» soient aux Barbes qui avoient pouvoir de les >> absoudre; qu'ils se confessoient à genoux; qu'à chaque confession ils donnoient un quart (c'é» toit une pièce de monnoie); que les Barbes leur imposoient des pénitences qui n'étoient ordi»> nairement qu'un Pater et un Credo, et jamais » l'Ave Maria; qu'ils leur défendoient tout ser»ment, et leur enseignoient qu'il ne falloit ni

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implorer le secours des saints, ni prier pour » les morts ». C'en est assez pour reconnoître les principaux dogmes et le génie de la secte; car au reste, de s'imaginer dans des opinions si bizarres, de la règle et une forme constante dans tous les temps et dans tous les lieux, c'est une erreur.

Je ne vois pas qu'on les interroge sur les sacremens administrés par le commun des laïques, soit que les inquisiteurs ne fussent pas informés de cette coutume, ou que les Vaudois à la fin l'eussent changée. Aussi avons-nous vu que ce ne fut pas sans peine et sans contradiction qu'elle s'introduisit parmi eux à l'égard de l'Eucharistie (1). Mais pour la Confession, il n'y a rien de plus établi dans cette secte que le droit des laïques gens de bien : « Un bon laïque, disoient-ils, avoit >> pouvoir d'absoudre » : ils se glorifioient tous « de remettre les péchés par l'imposition des » mains ils entendoient les confessions; ils en

(1) Pylicd. c. 1, t. 1v. Bibl. PP. II. part. p. 780.

CVI.

Que les

térieur les devoirs de Catholiques.

» joignoient des pénitences: de peur qu'on ne » découvrît une pratique si extraordinaire, ils » écoutoient très-secrètement les confessions, et >> recevoient même celles des femmes dans des >> caves, dans des cavernes, et dans d'autres lieux >> retirés : ils prêchoient en secret dans les coins » des maisons, et souvent pendant la nuit (1) ». Mais ce qu'on ne peut assez remarquer, c'est qu'encore qu'ils eussent de nous l'opinion que Vaudois fainous avons vue, ils assistoient à nos assemblées. soient à l'ex« Ils y offrent, dit Renier (2), ils s'y confessent, » ils y communient, mais avec feinte ». C'est qu'enfin, quoi qu'ils pussent dire, « il leur res» toit quelque défiance de la communion qui se » faisoit parmi eux (3) ». Ainsi « ils venoient com» munier dans l'église aux jours qu'il y avoit le » plus de presse, de peur qu'on ne les connût. » Plusieurs aussi demeuroient jusqu'à quatre et jusqu'à six ans sans communier, se cachant ou » dans les villages ou dans les villes, au temps de Pâque, de peur d'être remarqués. On conseil»loit aussi parmi eux de communier dans l'E» glise; mais seulement à Pâque : et ils passoient » pour chrétiens sous cette apparence (4) ». C'est ce qu'en disent les anciens auteurs (5), et c'est aussi ce qu'on voit très-souvent dans ces interrogatoires dont nous avons parlé (6). « Interrogé s'il » se confessoit à son curé, et s'il lui découvroit

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--

(1) Ind. err. ibid. p. 832. n. 12. Ren. ibid. 750. Pylicd. ibid. c. 1. p. 780. Ibid. c. 8, p. 782, 820. (2) Ren. ibid. c. 5. p. 752. (3) Ibid. 7. p. 765. (4) Ind. err. n. 12, 13. Ibid. 832. lied. c. 25. Ibid. 796. (6) Interrogatoire de Quoti et des autres.

(5) Py

CVII.

Si les Vau

que

» la secte, a répondu qu'il s'y confessoit tous » les ans, mais qu'il ne lui disoit pas qu'il fût » Vaudois; et que les Barbes défendoient de le » découvrir ». Ils répondent aussi, comme on a vu, « que tous les ans ils communioient à Pâque, » et recevoient le corps de Jésus-Christ, et que » les Barbes les avertissoient devant que de » le recevoir, il falloit être bien confessé ». Remarquez qu'il n'est parlé que du corps seul et d'une seule espèce, comme on la donnoit alors dans toute l'Eglise, et après le concile de Constance, sans que les Barbes s'avisassent de le trouver mauvais. Un ancien auteur a remarqué «< qu'ils >> recevoient très-rarement de leurs maîtres le » Baptême et le corps de Jésus-Christ; mais que >> tant les maîtres que les simples croyans les » alloient demander aux prêtres (1) ». On ne voit pas même que pour le Baptême ils eussent pu faire autrement sans se déclarer; car on eût bientôt remarqué qu'ils ne portoient pas leurs enfans à l'Eglise, et on leur en eût demandé compte. Ainsi séparés de cœur d'avec l'Eglise catholique, ces hypocrites, autant qu'ils pouvoient, paroissoient à l'extérieur de la même foi que les autres, et ne faisoient en public aucun acte de religion qui ne démentît leur doctrine.

Les Protestans peuvent connoître par cet exemdois ont re- ple ce que c'étoit que ces fidèles cachés qu'ils tranchéquel nous vantent avant la Réforme, qui n'avoient qu'un des sacremens: La pas fléchi le genou devant Baal. On pourroit douter si les Vaudois avoient retranché quelques

Confirma

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